liquidité qui bloque l’achat des véhicules, mais une attitude générale tenace qui, dans notre pays,
est la préférence pour l’épargne.
Le secteur de la consommation tout entier, automobile, mais aussi textile, électroménager, et bien
évidemment bâtiment, souffre de l’incertitude économique régulièrement dramatisée par la crise à
répétition de l’euro dans les pays du Sud de l’Europe. Plus encore l’absence de croissance qui pèse
autant sur le chômage que sur la croissance des revenus, associée à l’augmentation des
prélèvements sociaux et fiscaux dans toutes les catégories de la population ne fait que pousser les
ménages à protéger leur épargne pour financer un avenir incertain pour eux et pour leurs enfants.
Ce principe de précaution est plus fort que toutes les incitations à la dépense. D’ores et
déjà les Français, qui ne cessent d’augmenter depuis plusieurs années leur épargne liquide,
disposent d’une épargne largement suffisante pour financer le renouvellement de leur automobile
personnelle. La question politique majeure dans notre pays est bien en revanche d’orienter
les 16,8% d’épargne des ménages vers l’investissement productif.
C’est pourquoi il faut ajouter à cette incertitude générale les paramètres propres au marché de
l’automobile. Depuis plusieurs années, les conducteurs ont appris à compter le vrai coût de
possession de leur véhicule qui ne se limite pas à l’achat, mais implique de façon récurrente, de
multiples dépenses qui ne baissent pas : carburant, assurance, péage, stationnement, amendes,
pièces détachées… Ils tendent donc à prolonger la vie de leur véhicule actuel le plus longtemps
possible. Dans un marché où 90% des ménages sont déjà motorisés et qui n’est donc
qu’un marché de renouvellement, ils cherchent à limiter leur budget automobile global
dont une part est déjà contrainte et inéluctable.
Relancer la demande automobile en France relève d’une alchimie complexe dont les éléments sont
contradictoires. D’un côté le secteur automobile produit des revenus privés et des taxes publiques,
vecteurs de créations d’emploi dont l’économie a bien besoin. De l’autre, l’automobile génère des
déséconomies externes - encombrement, pollutions, émissions de CO2, accidents - contre lesquelles
tous les gouvernements luttent. L’économie de l’automobile est un équilibre précaire aux équations
multiples pour lesquelles il n’existe pas de solution simple. Il semble toutefois que, rationnellement,
l’avenir appartient aux véhicules à faible émission, légers et peu consommateurs de ressources,
dont l’énergie et l’espace. Mais, effectivement, les consommateurs ne sont pas attirés par ces
véhicules-là. Le trop lent décollage du véhicule électrique et hybride montre que la raison
ne gouverne pas encore complètement le marché automobile.
Tant que les signaux économiques seront sombres, les ménages resteront attentistes en ce qui
concerne leur deuxième poste de dépense après le logement. Les efforts des constructeurs pour
baisser le coût d’achat, ou multiplier une offre de produits nouveaux sans réelle rupture dans le coût
d’usage, se heurteront au principe de réalité. Il reste aux constructeurs et au pouvoir public à
répondre aux deux questions fondamentales du marché : pourquoi changer tant que mon véhicule
me donne satisfaction pour un prix et une technologie rassurants ? Quelle nouvelle offre me fera
craquer dans un contexte sociétal plus favorable à un usage pacifié de l’automobile individuelle ?
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