Prédire et prévenir le diabète de type 1 dossier thématique Utilisation en pratique clinique des marqueurs d’auto-immunité antipancréatique Pancreas-specific autoimmune markers in clinical practice »»Le diagnostic étiologique d’un diabète sucré a un intérêt pronostique et thérapeutique. »»La recherche d’une auto-immunité pancréatique est indispensable dans une situation clinique évocatrice du diabète de type 1 ou dans une situation clinique évocatrice d’un diabète de type 2 atypique. »»Le dosage d’au moins 3 types d’anticorps anti-pancréas a un intérêt. Highlights p o i nt s f o rt s Clara Leroy *, Isabelle Fajardy **, Pierre Fontaine * Mots-clés: Diabète sucré – Auto-immunité pancréatique – Anticorps – Diagnostic étiologique. L * Service de diabétologie, hôpital Huriez, CHRU de Lille. ** Laboratoire de ­biochimie et biologie pathologique, CHRU de Lille. 48 e diabète de type 1 (DT1), ou “diabète de type auto-immun”, est la conséquence finale d’un processus d’insulite en général d’origine virale, responsable de la destruction des cellules β des îlots de Langerhans qui aboutit à la carence complète en insuline. Les autoanticorps antipancréatiques sont le témoin de la destruction cellulaire libérant du “matériel antigénique”. Quatre types d’anticorps sont d’utilisation courante. Ils sont dirigés contre des enzymes ou protéines membranaires ou cytoplasmiques : la décarboxylase de l’acide glutamique (anticorps antiGAD), la tyrosine phosphatase (anticorps anti-IA2), l’insuline (IAA), les structures intracytoplasmiques des cellules d’îlots (ICA) [1]. Les anticorps anti-îlots sont recherchés et semi-­ quantifiés par immunofluorescence indirecte sur coupes de pancréas humain du groupe sanguin O. Pour des raisons éthiques et dans la démarche d’accréditation en biologie, la technique est actuellement réalisée à partir de trousses commercialisées avec des coupes de pancréas provenant de singes. La Etiologic diagnosis has crucial implications in patients with diabetes mellitus, both for the therapeutic management and for the prognosis. Evaluation of the pancreatic auto-immunity must be systematic in a clinical situation suggestive of type 1 diabetes or in a clinical situation suggestive of an atypical type 2 diabetes. Determination of at least 3 types of pancreatic antibodies is required. Keywords: Diabetes mellitus – Pancreatic autoimmunity – Antibody – Etiologic diagnosis. semi-­quantification est réalisée par étalonnage avec un standard international. L’unité choisie est l’unité de la Juvenile Diabetes Foundation (UJDF). Les taux sont considérés comme bas lorsqu’ils sont inférieurs à 20 UJDF, moyens entre 20 et 80 UJDF, et élevés au-delà de 80 UJDF. Les anticorps anti-GAD et anti-IA2 sont dosés par des techniques radio-immunologiques, et les IAA par immunoprécipitation. Autrefois, l’intérêt des médecins se portait principalement sur les traitements permettant de prévenir l’apparition des complications. Nous sommes maintenant entrés dans l’ère du diagnostic étiologique et prédictif, et nous sommes confrontés à l’augmentation de l’incidence de tous les types de diabète. Le challenge actuel est donc de distinguer un diabète de type 2 (DT2) précoce d’un DT1 de présentation inhabituelle ou d’un diabète monogénique ou syndromique. Les diabétologues s’accordent pour dire que la classification historique du diabète doit être révisée. Cette classification doit rester basée sur les mécanismes physiopathologiques multiples et pos- Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 3 - mars 2013 Utilisation en pratique clinique des marqueurs d’auto-immunité antipancréatique siblement intriqués mais doit proposer également l’utilisation de nouveaux marqueurs d’aide au diagnostic afin d’éviter les diagnostics étiologiques erronés. Le dosage des anticorps antipancréas pourrait être un de ces marqueurs. C’est en pratique clinique que cette utilisation est la plus intéressante. Par ailleurs, le dosage peut être utilisé à d’autres fins telles que le dépistage familial ou la recherche des polyendocrinopathies auto-immunes. Phénotype clinique évocateur du diabète de type 1 chez l’enfant ou chez l’adulte Phénotype clinique évocateur du diabète de type 2 chez l’enfant Acidocétose et/ou peptide C indosable Dosage des anticorps (GAD, IA2, ICA, ± anti-insuline si < 12 ans) ≥ 2 types d’AC présents Place du dosage des anticorps parmi les différents marqueurs d’aide au diagnostic étiologique Les anticorps dirigés contre le pancréas sont un des marqueurs incontournables lors du diagnostic étiologique du diabète et apporte une orientation très utile dans les situations cliniques les moins typiques. C’est pourquoi ce dosage est très largement pratiqué. Dans le diabète de type auto-immun (1) Dans le diabète de type auto-immun, la présence des anticorps est un bon critère diagnostique positif. Un des 4 types d’anticorps est présent dans environ 95 % des cas au diagnostic. ✓✓ La présence des ICA est extrêmement fréquente lors de la révélation du diabète (85 à 90 % des patients), mais ces anticorps disparaissent dans les premières années qui suivent le diagnostic. ✓✓ Les anticorps anti-GAD sont présents chez 85 % des patients diabétiques de type 1. ✓✓ Les anticorps anti-IA2-A sont présents dans 55 à 75 % des cas au moment du diagnostic de diabète de type 1. Ils apparaissent en général après les anticorps anti-insuline et les anticorps anti-GAD. ✓✓ Les anticorps anti-insuline sont présents chez environ 50 % des patients présentant un DT1 à la découverte de la maladie. Ils sont plus fréquemment mis en évidence chez l’enfant (de moins de 12 ans) que chez l’adulte. Par la suite, la mise en place de l’insulinothérapie favorise l’apparition des anticorps anti-insuline exogène. Ils ne doivent donc être dosés qu’avant l’instauration de toute insulinothérapie chez les jeunes enfants. Ces anticorps disparaissent avec les années d’évolution de la maladie (sauf les anticorps anti-insuline), mais 50 à 65 % des patients diabétiques de type 1 gardent des taux d’anticorps positifs 10 ans après le diagnostic. La présence des 3 spécificités d’autoanticorps devient cependant rare avec le temps (2). Sans ou avec cétose et/ou peptide C adapté ou non 1 type d’AC présent Absents Dosage AC anti-ZnT8 Dosage AC anti-ZnT8 et IA2-β2 Absents Présents Diabète de type 1 Absents Autres types de diabète à évoquer (de l’Africain, néonatal, monogénique, syndromique) Figure 1. Situation clinique orientant vers un diabète de type 1. La présence d’un seul des 4 types d’anticorps chez un diabétique n’est pas prédictive de la survenue d’un diabète auto-immun (3, 4) et ne représente donc pas un critère d’exclusion pour évoquer le diagnostic de diabète monogénique ou de DT2 (figure 1). Ainsi, on évalue à 10 à 40 % le taux d’enfants et de jeunes adultes souffrant d’un DT2 et présentant des anticorps du DT1 (5). Chez les adultes présentant un diabète qualifié de type 2, la prévalence des anticorps anti-GAD est estimée à 9 à 12 % (6). De même, la prévalence des anticorps est de 1 à 17 % (6) chez les patients présentant un diabète de type MODY (Maturity Onset type Diabetes of the Young), et, dans ces rares cas, ce sont les anti-GAD qui sont retrouvés. Pour finir, dans des études de dépistage en pédiatrie, la présence d’autoanticorps est mise en évidence dans 2 à 3 % des cas de la population non diabétique. Situations atypiques sur le plan clinique ou biologique Diabète de l’enfant ou de l’adulte sans surpoids, avec cétose ou acidocétose Ce phénotype évoque le diabète de type auto-immun mais peut également être observé dans d’autres types de diabète. En effet, la présence de corps cétoniques lors de la révélation du diabète est classique dans la cause auto-immune, mais également fréquente Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 3 - mars 2013 49 Prédire et prévenir le diabète de type 1 dossier thématique dans le diabète néonatal, ou dans le diabète de l’Africain, et possible dans tous les autres types de diabète (diabètes monogéniques, et diabètes syndromiques tels que le syndrome de Wolfram ou le diabète mitochondrial). ✓✓ Un taux de peptide C indosable, même dans les premiers jours du diagnostic, plaide en faveur d’un DT1 (7). Par contre, une altération de l’insulinosécrétion (peptide C dosable, mais abaissé) peut être rencontrée à un stade très précoce de DT1, à un stade avancé de DT2, et dans les autres types de diabète tels que les diabètes monogéniques, de l’Africain ou syndromiques. Ainsi, il semble que ce marqueur soit un bon critère diagnostique du DT1 lorsqu’il est indosable, mais il n’est pas discriminant pour toutes les autres situations. ✓✓ Pour ces raisons, l’International Society for Pediatric and Adolescent Diabetes (ISPAD) a recommandé, en 2011, de doser de manière systématique au diagnostic les anticorps, en plus du peptide C urinaire. Le SEARCH Study Group, en 2004 (8), a établi un arbre décisionnel d’aide à la classification du diabète chez le jeune. La première étape de cet arbre décisionnel est la recherche et le dosage des anticorps. Diabète de l’enfant et de l’adolescent en surpoids avec cétose ✓✓ Le DT2 chez les enfants et les jeunes adultes voit son incidence augmenter rapidement. Actuellement, chez les adolescents en Europe, on estime que le DT2 dans un contexte d’obésité représente 5 % des nouveaux cas de diabète (9) [NT 2001/03]. Aux ÉtatsUnis, ce chiffre s’élève à 50 %. Dans cette population d’adolescents, la présentation du DT2 peut être très différente de celle rapportée chez les adultes. Ainsi, la perte de poids sévère ou même la cétose au diagnostic peuvent orienter à tort vers un diabète de type auto-immun. Dans cette situation, la cétose est donc un marqueur d’utilisation délicate et ne signe pas le diagnostic de diabète auto-immun. ✓✓ De plus, chez les patients obèses, l’insulinorésistance est responsable d’une élévation relative des taux d’insuline et de peptide C qui peut être trompeuse à la phase initiale d’un réel diabète de type auto-immun avec persistance d’une insulinosécrétion partielle. Dans cette présentation clinique, là encore, le dosage des anticorps se révèle d’une utilité précieuse. Diabète de l’enfant et de l’adulte sans surpoids, sans cétose ✓✓ Autrefois, le diabète de type auto-immun se révélait chez les enfants au stade de la cétose ou de l’acido- 50 cétose. Grâce aux campagnes de sensibilisation, le diagnostic de DT1 est actuellement posé à un stade précoce de la dégradation des cellules β (avant le stade de l’insulinopénie sévère), et la présentation clinique en est donc considérée comme atypique. Ainsi, sur ces dernières années, le nombre d’acidocétoses inaugurales (rapporté par les registres finlandais) a nettement diminué. En effet, l’hyperglycémie peut être dépistée avant que n’apparaisse la cétose. ✓✓ Dans ce même contexte chez l’adulte, la mise en évidence d’un diabète de type LADA (Latent Autoimmune Diabetes in Adults) par le dosage positif des anticorps permet de donner une information claire au patient et de l’éduquer à la symptomatologie évocatrice de l’insulinopénie devant l’amener à consulter en urgence pour mise en route d’une insulinothérapie. À la différence du DT1 classique, dans le LADA, il est mis en évidence 1 à 2 types d’anticorps positifs et à taux faible. ✓✓ Cette présentation clinique (absence de surpoids et de cétose) peut également être rencontrée dans les diabètes plus rares de type syndromique et mono­ génique. Dans cette situation, la persistance d’un peptide C dosable après 1 à 2 années d’évolution de la maladie plaidera en défaveur du DT1. De plus, le dosage des anticorps sera d’utilité précieuse. L’absence d’anticorps antipancréatique lors de la découverte d’un diabète, chez un patient jeune et sans surpoids (on parle de diabète de type 1B), doit amener à considérer les autres types de diabètes (10). Shields et al., en 2012 (11), ont fait apparaître le dosage des anticorps dans leur calculateur de la probabilité d’être atteint d’un diabète de type MODY. Écarter le diagnostic de diabète auto-immun à l’aide du dosage des anticorps permet de ne pas méconnaÎtre un diabète monogénique ou syndromique et donc de prédire l’évolution de la pathologie, et de la traiter de manière adaptée. Établir avec précision le diagnostic étiologique conduit à une prise en charge thérapeutique adaptée et permet de surseoir à une insulinothérapie dans de nombreuses situations. Cela conduit également à rechercher et prendre en charge rapidement les atteintes extrapancréatiques fréquemment observées dans ces types de diabète. Diabète de l’adulte en surpoids avec cétose ✓✓ Chez le diabétique de type 2, une altération de l’insulinosécrétion (peptide C dosable, mais abaissé) responsable d’une cétose peut être rencontrée à un stade avancé malgré la persistance d’un surpoids. Cette situation est habituelle et ne pose pas de problème diagnostique. Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 3 - mars 2013 Utilisation en pratique clinique des marqueurs d’auto-immunité antipancréatique ✓✓ En raison de l’incidence croissante du surpoids et de l’obésité, le diabète de type auto-immun chez l’adulte en surpoids peut être méconnu, et le patient est alors à tort considéré comme diabétique de type 2. Ce diagnostic erroné fait courir au patient un risque d’acidocétose en cas de traitement inadapté. Le dosage positif des anticorps chez ces patients permet de ne pas méconnaître un diabète de type auto-immun qui nécessite une insulinothérapie (figure 2). Diabète de la femme enceinte ✓✓ Le diabète gestationnel est retrouvé par le dépistage dans 10 à 17 % des grossesses. Il constitue un facteur de risque d’évolution vers un DT2 dans les 10 ans qui suivent. ✓✓ Chez les patientes présentant un diabète gestationnel sans facteurs de risque connus (antécédents familiaux de diabète au premier degré, antécédent personnel de diabète gestationnel ou d’enfant macrosome, âge supérieur à 35 ans, surpoids), l’enquête étiologique doit être minutieuse et comporter l’évaluation des réserves pancréatiques endogènes et le dosage des anticorps afin de ne pas méconnaître un diabète de type auto-immun. Au total, il semble que le dosage des 4 types d’anticorps doive être réalisé de manière systématique dans le cadre du bilan étiologique, surtout si l’on envisage la réalisation d’examens étiologiques complémentaires coûteux, tels que des examens d’imagerie ou la recherche d’anomalies génétiques en faveur d’un diabète monogénique. Un intérêt pronostique dans certaines situations particulières Mise en évidence d’une auto-immunité dans le diabète de type 2 La revue de la littérature faite en 2005 par Van Deutekom et al. (12) a mis en évidence que les patients diabétiques adultes caractérisés par la présence de plusieurs types d’anticorps ou de taux élevés d’anticorps anti-GAD sont plus jeunes, présentent plus rarement un syndrome métabolique, ont un taux de peptide C à jeun bas (évocateur de la défaillance pancréatique endocrine) et requièrent plus fréquemment une insulinothérapie. Dans l’étude UKPDS (United Kingdom Prospective Diabetes Study), la présence d’autoanticorps antiGAD ou d’ICA est prédictive, chez les patients considérés comme diabétiques de type 2, de la survenue de l’insulinorequérance dans les 6 premières années Phénotype clinique évocateur du diabète de type 2 chez l’adulte Absence de cétose peptide C normal ou élevé, autres éléments du syndrome métabolique, ATCD familiaux de diabète de type 2, etc. Oui : pas de dosage des AC Non Dosage des anticorps (GAD, IA2, ICA) et recherche d’argument pour un autre type de diabète Absents Diabète de type 2 AC présents Arguments pour un autre type de diabète Diabète de type 1 Autres types de diabète dans un contexte à évoquer (de l’Africain, de surpoids néonatal, monogénique, syndromique) Figure 2. Situation clinique orientant vers un diabète de type 2. de la maladie. Le risque est d’autant plus important que les 2 types d’autoanticorps sont présents. Ainsi, selon les recommandations de l’ISPAD de 2011, le dosage des anticorps doit être réalisé chez les patients au phénotype de type 2, puisqu’il est prédictif de la survenue précoce de l’insulino­ requérance. Mise en évidence d’une auto-immunité dans l’hyperglycémie de stress de l’enfant Zéro à 30 % des enfants ayant présenté une hyper­ glycémie de stress révéleront dans les années qui suivent un diabète. Le risque est d’autant plus important si ces enfants présentent, lors de l’épisode d’hyper­glycémie, des marqueurs sérologiques d’autoimmunité. Dosage des anticorps dans le cadre d’une atteinte auto-immune multiorgane ✓✓ Le diagnostic de diabète auto-immun nous conduit également à être plus vigilants devant une symptomatologie qui pourrait être évocatrice d’une maladie cœliaque ou d’une autre affection autoimmune spécifique d’organe fréquemment associée (dysthyroïdie, insuffisance surrénale ou hypophysaire, etc.). Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 3 - mars 2013 51 Prédire et prévenir le diabète de type 1 dossier thématique L’ISPAD recommande la recherche d’anticorps antithyroïdiens dans cette situation. La Haute Autorité de santé (HAS), en 2012, ne recommandait pas le dosage systématique des anticorps impliqués dans une autre maladie auto-immune, mais le suggérait en cas de symptomatologie clinique évocatrice de la patho­logie auto-immune. ✓✓ Lors du diagnostic ou du suivi d’une autre endocrinopathie auto-immune, le dosage des anticorps antipancréatiques peut être proposé en fonction de la symptomatologie. Dosage des anticorps dans le cadre du dépistage familial Le diagnostic du diabète de type auto-immun peut être réalisé de manière précoce, avant même l’apparition de l’hyperglycémie, grâce au dosage des autoanticorps. Ces derniers sont présents plusieurs années avant la survenue d’un diabète, et on sait que la présence de plusieurs anticorps est corrélée à l’insulite. De nombreuses études ont prouvé que la présence d’autoanticorps du diabète a une valeur prédictive positive importante dans des situations de dépistage de prédiabète, surtout chez les personnes présentant un terrain génétique prédisposant (13, 14). Dans le cadre du dépistage familial, le dosage des anticorps permet d’identifier les patients à risque de développer un diabète de type auto-immun. Jusqu’à aujourd’hui, aucune étude interventionnelle n’a permis d’empêcher la survenue du diabète chez ces patients, mais cela permet de leur proposer un suivi rapproché afin que le mode de révélation du diabète ne soit pas celui de l’acidocétose. Chez les apparentés au premier degré, l’absence d’auto­a nticorps a une bonne valeur prédictive négative. À l’inverse, la présence des anticorps dans le sérum des apparentés au premier degré a une valeur prédictive positive variable selon le type et le nombre d’autoanticorps mis en évidence. Ainsi, la présence d’un seul type d’anticorps ne semble pas prédictive de la survenue d’un diabète autoimmun et confère au sujet un risque équivalent à celui de la population générale. La présence d’anticorps anti-GAD et anti-IA2 confère un risque de 50 % de développer un diabète insulino­dépendant dans les 5 ans. La présence, chez les apparentés, des IA2-A associés aux ICA ou aux GAD implique un risque élevé de développer un diabète. Dans le cadre du dépistage familial, 52 les études concluent à la nécessité de réaliser au minimum le dosage des IA2-A et des GAD ou ICA. La présence de 3 ou 4 types d’autoanticorps confère à l’individu un risque de développer la maladie allant de 60 à 100 % dans les 5 à 10 années suivant la mise en évidence (15). Perspective : l’utilisation des anticorps anti-ZnT8 Récemment, 2 nouveaux types d’anticorps antipancréatique ont été mis en évidence, qui peuvent être utilisés comme marqueurs pour aider au diagnostic du diabète de type auto-immun : les anticorps antiZnT8 (transporteur du zinc spécifique de la cellule β du pancréas) et les anticorps anti IA2-β2 (16). Environ 10 % des patients au phénotype extrêmement évocateur de diabète de type auto-immun et présentant un typage HLA susceptible pour le diabète auto-immun ne présentent aucun des 4 types d’anticorps présentés ci-dessus. Le dosage des anticorps anti-ZnT8 trouve dans cette situation sa place, puisqu’ils sont mis en évidence chez 15 à 26 % de ces patients (17). Le dosage des anticorps IA2-β2 n’a en revanche pas d’intérêt dans cette situation. Chez les patients ne présentant que 1 des 4 types classiques d’anticorps, un dosage positif des anticorps anti-ZnT8 ou IA2-β2 est en faveur du diabète auto-immun et de l’insulinorequérance (17). Ces nouveaux marqueurs permettront probablement de redéfinir les diabètes qualifiés aujourd’hui de “type 1B”. Conclusion Ainsi, le dosage des anticorps doit être intégré à la démarche du diagnostic étiologique, et son résultat vient étayer le faisceau d’arguments plaidant pour un type de diabète sucré. Cependant, ils ne peuvent être utilisés de manière isolée, surtout lorsqu’un seul type d’anticorps est mis en évidence, pour poser le diagnostic de diabète de type auto-immun. Le risque serait de proposer des diagnostics étiologiques erronés ayant un retentissement thérapeutique et pronostique non négligeable. L’utilisation de nouveaux marqueurs d’auto-­immunité s’avère intéressante mais doit être proposée dans des situations choisies et non de manière systématique. ■ Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 3 - mars 2013 Utilisation en pratique clinique des marqueurs d’auto-immunité antipancréatique Références 1. 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