UQAM Plan de cours PHI-4333 PHILOSOPHIE ET LITTERATURE Session : Hiver 2006 Code du cours : PHI 4333 (Groupe 20) Horaire : Vendredi 9.30-12.30 Local : DS-M-460 Responsable : Mario Dufour Téléphone : 987-3324 (boîte vocale : 9360) Courriel : [email protected] DESCRIPTION (du cours selon l'annuaire) « Présentation des différentes façons dont la philosophie peut se situer par rapport à la littérature, compte tenu de la double direction de cette relation : constitution d’une philosophie ayant la littérature pour objet ; position de la philosophie parmi les genres littéraires. Exploration des contributions de la philosophie à la théorie littéraire (esthétique, herméneutique, logique de la fiction). Thématisation des aspects littéraires de l’exercice de la philosophie : sémiotique et rhétorique de la philosophie. » PROBLÉMATIQUE ET CONTENU 1 Même si la littérature demeure un objet marginal de la philosophie, la réflexion philosophique sur la littérature est aussi ancienne que la philosophie elle-même. La philosophie n’a jamais eu de cesse, parfois dans son articulation la plus décisive, de se définir par rapport à la littérature au sens très large du terme. C’est que le souci philosophique pour la littérature est aussi ancien que le souci pour la vérité et le dépassement du mythe par la raison, de l’image par le concept et ainsi de suite. Inversement, la littérature n’a eu de cesse le plus souvent à son meilleur d’être philosophique, de rendre compte de ce qui universel et fondamental… Et si l’infériorisation classique de l’art en général, lequel par Platon fut à l’origine associé au domaine du jeu et de l’illusion, de l’apparence et du mensonge, précéda son autonomisation critique ainsi que sa survalorisation romantique presque simultanée, rien ne permet de conclure dans ce coup de force fondateur à un simple rapport d’extériorité, de disjonction ou d’opposition … Aussi la littérature elle-même est-elle une expérience de pensée et certaines oeuvres littéraires ont une valeur philosophique manifeste. On ne saurait par le fait même exclure de la théorie tout rapport à la « littérarité ». Bien que la littérature ne soit pas de la philosophie et que la philosophie ne soit pas de la littérature, aucune philosophie n’est tout à fait différente de la littérature et inversement. Par conséquent, la littérature ne saurait être simplement un « objet » extérieur à la philosophie ou à l’esthétique. C’est dans cette optique que nous aborderons le thème la relation de corrélation réciproque (tension complexe de conjonction et de disjonction) entre philosophie et littérature. Ces rapports entraînent un champ d’investigation possible très vaste. Où en effet commencent et finissent et la littérature et la philosophie ? Sans perdre de vue la dimension historique, la dimension conventionnelle des genres et la complexité du problème, nous favoriserons comme fil directeur les développements de la pensée française contemporaine, laquelle ne cessera d’interroger, à partir du Qu’est-ce que la littérature? (1948) de Sartre, l’expérience de la littérature et son rapport avec l’expérience philosophique. Nous aborderons dans le cours quelques-uns des moments les plus marquants de ce développement : l’existentialisme de Sartre (1905-1980) et de Camus (1913-1960) ; la phénoménologie de la perception et de l’expression de Merleau-Ponty (1908-1961) ; la pensée de l’autre radical de Lévinas (1905-1995) ; la pensée de l’écriture et de l’expérience de la mort de Maurice Blanchot (1907-2003) ; la déconstruction de Jacques Derrida (1930-2004), l’archéologie de Michel Foucault (1926-1984) et l’herméneutique de Paul Ricoeur (1913-2005). Enfin nous insisterons sur le débat entre le développement de la pensée française et l’éthique de la discussion (Habermas) dans le cadre du problème qui oppose l’esthétisme (critique de la rationalité) dans son fondement romantique et le modernisme (défense de l’idéal de la modernité). 2 OBJECTIFS Ce cours vise à introduire et à initier ses participants aux enjeux, aux questions et aux problèmes que posent certains des philosophes dont les réflexions sur la littérature sont marquantes. Il vise à fournir aux participants les outils nécessaires à la compréhension de certains des grands moments du développement des rapports entre la littérature et la philosophie et, sur cette base, à les conduire non seulement à une saisie plus juste et plus satisfaisante ces auteurs, mais également à une réflexion sur leurs limites et les objections qu’ils suscitent. Types d'activités d'enseignement A chaque cours, il y aura un exposé magistral de la part du professeur. Les étudiants sont invités à intervenir pendant les cours en vue de poser des questions, d’éclaircir les problèmes traités ou pour communiquer leurs réflexions sur la matière du cours. La deuxième partie de la session sera consacrée à des ateliers de discussion autour d’interventions orales des étudiants à partir des textes à l’étude et commentées par le professeur. La possibilité reste ouverte d’inviter des conférenciers. ÉVALUATION 1. Participation active aux ateliers de discussion et une présentation orale (de type compte rendu critique ou de type réflexion libre) à partir de l’un ou des textes au programme des ateliers de discussion notée Succès ou Échec. Ces présentations serviront de base aux ateliers de discussion. De plus cette présentation peut servir de base pour la rédaction d’un compte rendu critique écrit ou pour la dissertation finale. Les participants de chaque atelier devront se rencontrer pour préparer l’ordre de leurs interventions lors de la séance de discussion : 20% 2. Un compte rendu critique (5 pages) d’un des textes au programme (ou de tout autre matériel pertinent accepté par le professeur) à remettre à la mi-session ou après les ateliers de discussion 30% 3. Évaluation finale (50%) 1. Soit deux comptes rendus critiques (5 pages) portant sur des textes au programme du cours ou de tout autre texte pertinent à l’accord du professeur et à remettre au plus tard au dernier cours de la session (2 x 30%) 50% 3 2. Soit une dissertation personnelle (10 pages) pertinente — à partir d’un ou de plusieurs des textes au programme, ou de tout autre matériel pertinent accepté par le professeur — à remettre au dernier cours de la session : 50 % Exigences. Présence aux ateliers. Le compte rendu critique vise à souligner l’essentiel d’un texte et à en apprécier la valeur. La dissertation finale est un travail écrit qui consiste à présenter de manière organisée et réfléchie le fruit de vos recherches et de vos lectures personnelles. Elle vise à développer plus amplement un thème pertinent selon une problématique définie chez un auteur ou à confronter des auteurs entre eux à partir d'une problématique commune. Critères. Les travaux sont évalués à partir de la pertinence et de la rigueur de la pensée, de la clarté de la formulation et de la consistance de l'argumentation, de la maîtrise des sujets traités (références, citations, bibliographie à l’appui), de l’esprit critique et créatif dont ils feront montre. En outre, la qualité de l’expression (orthographe, syntaxe, style) sera prise en considération. Les travaux devront tous être remis à la date exigée, à moins d'exception justifiée (papier du médecin, etc.). 4 CALENDRIER 1. Présentation du cours. Bibliographie commentée 2. Philosophie et littérature : une perspective historique 3. L’existentialisme : Sartre et Camus 4. Merleau-Ponty : la phénoménologie de la perception et de l’expression 5. Lévinas : la phénoménologie de l’autre et la question de l’oeuvre 6. Blanchot : la pensée de l’espace littéraire 7. Derrida et la déconstruction de la métaphysique. L’archéologie de Michel Foucault 8. Semaine de lecture 9. Ricoeur : l’herméneutique du soi et le rôle de la fiction 10. Atelier I : Sartre et Camus : Qu’est-ce que la littérature? et le Mythe de Sisyphe 11. Atelier II : Merleau-Ponty : « Le langage indirect et les voix du silence » 12. Atelier III : Lévinas : « Sens et signification », « La réalité et son ombre » 13. Atelier IV : Blanchot : « La littérature et le droit à la mort » 14. Atelier V : Derrida et Foucault : « Le théâtre de la cruauté et la clôture de la représentation » ; « La pensée du dehors », « La folie, l’absence d’œuvre » 15. Atelier IV : Ricoeur : « La fonction herméneutique de la distanciation », « Narrativité phénoménologie et herméneutique » Textes à l’étude 5 Un recueil de textes qui suit le développement du cours sera disponible à la COOP UQAM. Parmi ceux-ci, certains serviront de base aux ateliers de discussion de la session. 1. SARTRE, J.-P., « Qu’est-ce qu’écrire ?», dans Qu’est-ce que littérature? (1948), Gallimard, Idées, 1975, p. 11-48. CAMUS, A., « La création absurde », Le mythe de Sisyphe (1942). Paris, Gallimard, Folio, 1994, p. 127-159. 2. MERLEAU-PONTY, M., « Le langage indirect et les vois du silence » (1951),Signes, Paris, Gallimard, 1960, 49-104. 3. LÉVINAS, (1) « La signification et le sens » (1964) dans L’humanisme de l’autre homme, Paris, Grasset-Biblio, 1987, p. 15-1970 ; (2) : « La réalité et son ombre » (1942, Revue des sciences humaines, no. 185 « La littérature dans la philosophie », 1982. 4. BLANCHOT, M., « La littérature et le droit à la mort » (1947), La part du feu, Paris, Gallimard, 1949, p. 291-331. 5. DERRIDA, J. « Le théâtre de la cruauté et la clôture de la représentation » (1966), L’écriture et la différence, Paris, Seuil, 1967, p. 341-368. 6. FOUCAULT, M., « La pensée du dehors » (1966), Dires et écrits, Tome I, Paris, Gallimard, 1994, p, 518-539. « La folie, l’absence d’œuvre » (1964), Dires et écrits, Tome I, Paris, Gallimard, 1994, p, 412-420. 7. RICOEUR, Paul « La tâche de l’herméneutique : en venant de Schleiermacher et Dilthey », « La fonction herméneutique de la distanciation » Du texte à l’action. Essais d’herméneutique, II, Paris, Seuil, 1986, p. 75-117; « Narrativité phénoménologie et herméneutique », dans Encyclopédie philosophique, dir. A. Jacob, Paris, PUF, 1987, p. 63-71. Bibliographie ADORNO, T., Théorie esthétique, trad. M. Jimenez, Paris, Klincksieck, 1989. Notes sur la littérature (1963), tr. S. Muller, Paris, Flammarion, 1985. 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