Prédication pour le dimanche Cantate
9 mai 2004
Texte : Colossiens 3/12-17
Dieu vous a choisis, saints et bien-aimés. Revêtez-vous donc d'ardente compassion, de bonté,
d'humilité, de douceur et de patience.
Supportez vous les uns les autres et pardonnez si quelqu'un a un reproche à faire à un autre.
Le Seigneur vous a pardonné, agissez comme lui !
Et surtout, aimez-vous : l'amour est le lien qui unit parfaitement.
Que la paix du Christ dirige vos cœurs ! Dieu vous a appelés à cette paix pour former un seul
corps. Dites-lui toujours votre reconnaissance.
Que la parole du Christ habite parmi vous avec toute sa richesse. Donnez-vous des
enseignements et des conseils avec toute la sagesse possible. Remerciez Dieu de tout votre
cœur, en chantant des psaumes, des hymnes et des cantiques qui viennent de l'esprit Saint.
Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en remerciant par
lui Dieu le Père.
Ce matin, on frappe à ma porte. On insiste même beaucoup. L'homme qui est là, gentil et
sympathique tend une enveloppe. Puis il disparaît sans rien dire, sans même attendre le
traditionnel pourboire. En fait, je ne l'ai pas vu partir, je suis trop absorbé par l'enveloppe
curieuse qu'il m'a remise. A l'intérieur, un carton d'invitation, en bonne et due forme, sur un
bristol chic et élégant. Je suis invité… Je vous laisse choisir l'invitation. Cela peut-être une
invitation pour la garden-party de l'Elysée, celle du 14 juillet, vous le savez bien. Ou bien,
c'est une invitation à partager une journée avec ma vedette préférée, artiste, acteur ou actrice,
sportif. Ou bien, au diable la folie, c'est le pape lui-même qui m'invite au Vatican, à Saint-
Pierre. Ou alors, Elisabeth II, pour une semaine à Buckingham. Extraordinaire, n'est-ce pas ?
J'ai été choisi. Quelqu'un d'important me connaît, au point de vouloir m'avoir à ses côtés pour
un moment. Quelqu'un veut être honoré de ma présence…
Le plus extraordinaire, c'est qu'au moment où je me pose une foule de questions du style :
comment je vais y aller ? Qu'est-ce que je vais mettre ? Qu'est-ce que je vais dire ? Et le
protocole, comment vais faire avec le protocole ? Et qui est invité avec moi ? Suis-je le seul ?
Eh bien, à ce moment-là, en plein milieu de la torture des questions, on refrappe à ma porte.
On insiste même beaucoup. L'homme qui est là, gentil et sympathique tend un paquet. Puis il
disparaît sans rien dire, sans même attendre le traditionnel pourboire. En fait, une fois de plus,
je ne l'ai pas vu partir, je suis trop absorbé par le paquet insolite qu'il m'a remis. A l'intérieur,
un carton plein de vêtements chics et élégants. Tout ce qu'il me fallait pour être beau, chic et
présentable.
Bien sûr ceci, c'est de la fiction. Enfin, pas trop tout de même. Enfin peut-être pas du tout. Car
ce matin, je suis invité, et je ne suis pas seul. Chacun d'entre vous est invité aussi. C'est Dieu
qui m'invite à une gigantesque garden-party dans son éternité, dans le jardin extraordinaire de
la vie. Dieu vous a choisis, saints et bien-aimés. Dieu m'a choisi, Dieu nous a choisis. Dieu
me dit : "J'aimerai bien t'avoir à mes côtés, je me réjouis d'avance de ta présence. C'est moi,
Dieu qui t'invite. Je ne t'invite pas pour quelques heures, pour une après-midi, ou pour un jour,
je t'invite pour toujours, pour le temps indéfini de l'éternité. N'aie pas peur, j'ai tout prévu pour
toi, les habits, le voyage et même le guide, surtout le guide." "Je suis le bon berger. Je suis le
chemin…" Et il passe devant.
Car ce Dieu qui m'invite a prévu mon costume. C'est l'apôtre Paul qui nous l'explique :
Revêtez-vous donc d'ardente compassion, de bonté, d'humilité, de douceur et de patience. Je
t'offre les habits qui feront de toi un être nouveau. Car l'habit fait le moine, et ces habits te
rendront beau, beau comme le Christ lui-même.
Les habits qui me sont proposés sont magnifiques : la veste remarquable, splendide, de la
compassion ; la chemise toute en couleurs de la bonté ; le doux châle de l'humilité et le
manteau, le chaud manteau de la patience. Ce qui extraordinaire dans ces habits que Dieu
m'offre, c'est qu'ils ne m'embellissent pas seulement, ils ne changent pas uniquement mon
look, mon apparence, mais, voyez-vous, ils sont confortables à porter. J'ai le droit de les
porter, ces habits; Tous les jours, j'ai le droit de vivre avec, de travailler avec, de manger, de
boire, de rire et de danser avec, d'aimer et de pleurer avec. Alors, je peux mettre à la poubelle
mes vieilles hardes, à la poubelle, car je ne peux même pas les offrir à Emmaüs, ce ne serait
pas très charitable. Alors, à la poubelle, les vieilles fripes, le vieux pull de la rancœur, les
chaussettes trouées de la jalousie et de l'envie, le pardessus élimé de l'égoïsme, le gilet pare-
balles des préjugés et l'armure rouillée de la haine. A la poubelle.
Cette invitation, ces habits, Dieu nous les remet lors du baptême. Il n'y a que quelques
énergumènes qui se promènent avec leurs vieux habits déchirés et troués en gardant les
nouveaux dans les cartons au fond des armoires. Alors, ces habits, mettons-les. Ce n'est qu'en
les portant que ces habits deviennent vraiment les nôtres.
Peut-être est-ce utile de revenir sur le baptême, et le baptême de nos enfants, celui que nous
avons célébré aujourd'hui, pour Paloma et Louis. L'enfant, le petit enfant ne s'habille pas de
lui-même. C'est ainsi au début de la vie. Mais au fur et à mesure, on apprend à s'habiller, c'est
valable pour les pantalons et les robes, pour les chaussures, pour les chaussettes. Petit à petit
se forme notre goût, bon ou mauvais.
C'est valable pour les habits de l'épître aux Colossiens. Revêtez-vous donc d'ardente
compassion, de bonté, d'humilité, de douceur et de patience. Tout cela n'est pas inné. Tout
cela demande à être appris, c'est cela la tâche des parents, mais aussi celle des parrains et des
marraines. Apprendre à passer les habits de la compassion, de la bonté, de l'humilité, de la
douceur et de la patience. Et nous le savons, la meilleure éducation, c'est toujours la valeur de
l'exemple…
Arrivé à l'âge adulte, on a décidé de s'habiller tout seul, comme des grands. On met
maintenant ce que l'on veut, plus ce que l'on nous impose. On suit la mode, on se démarque.
C'est valable pour les habits de l'armoire de la chambre à coucher, comme pour les habits qui
viennent de la grande armoire de Dieu. Certains habits de cette armoire, certaines valeurs,
semblent vieillots, démodés. Encore que… La compassion n'est pas passée de mode et la
bonté est toujours d'actualité. Un peu d'humilité dans ce monde du "chacun pour soi" fait
véritablement du bien. La douceur dans ce monde de brutes et la patience dans cet univers du
"tout tout de suite" rendent vraiment la vie plus agréable.
Au soir de la vie, les habits prennent moins d'importance. On le sait, on le sent, il va bien
falloir, un jour ou l'autre, enlever les habits périssables et mortels de ce monde. Mais la
promesse de Dieu reste présente : Celui qui se débarrasse du vieil habit de l'humanité sera
revêtu de la robe lumineuse de l'éternité.
Ainsi, revêtir les habits de Dieu, c'est laisser grandir en nous l'homme nouveau, l'homme
transformé, l'homme qui ressemblera, de plus en plus, à Jésus. Jusqu'à revêtir, dans l'éternité,
le dernier habit, l'habit de lumière, celui que l'Apocalypse décrit comme une robe d'une
blancheur immaculée. Revêtez-vous donc d'ardente compassion, de bonté, d'humilité, de
douceur et de patience.
Cet apprentissage, cette vie de douceur et de compassion d'humilité, de bonté et de patience se
construit grâce au Christ Jésus, grâce à sa parole de vie et d'amour, et avec l'aide des autres,
frères et sœurs, revêtus, je l'espère, des mêmes habits divins : Supportez vous les uns les
autres et pardonnez si quelqu'un a un reproche à faire à un autre. Le Seigneur vous a
pardonné, agissez comme lui !
Et surtout, aimez-vous : l'amour est le lien qui unit parfaitement. Rien de plus logique, rien
de plus normal que ceux qui ont revêtu les habits de Dieu, ceux qui vivent dans la paix qui
vient d'en haut, ceux-là se retrouvent dans la reconnaissance, dans la louange et dans l'action
de grâce : Remerciez Dieu de tout votre cœur, en chantant des psaumes, des hymnes et des
cantiques qui viennent de l'esprit Saint. Et Paul résume ce discours sur la vie nouvelle offerte
par Dieu avec cette dernière phrase : Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom
du Seigneur Jésus, en remerciant par lui Dieu le Père. Amen !
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