1. Introduction
Dès le début de la seconde moitié du vingtième siècle, une première génération d’économistes a
schématisé les processus économiques suite à une pléthore financière d’origine naturelle : Seers (1964),
Krueger (1974), Gregory (1976), Fekrat (1979) et Alam (1982). Par la suite, une seconde génération
d’économistes, tels que Gelb (1988), Sid Ahmed (1989, 2000), Auty (1994), Ross (2001), Stevens (2003), a
expliqué la pathogénèse d’un phénomène maléfique causé par l’abondance financière d’origine naturelle.
Chaque auteur cité a eu un apport considérable à l’économie des ressources naturelles, mais les apports
des deux tandems Corden et Neary (1982) structurant le modèle du Dutch disease et Sachs et Warner (1995 ;
2001) évaluant, avec un modèle appelé la malédiction des ressources naturelles, la défaillance économique due à
l'existence de ressources naturelles, constituent les écrits scientifiques les plus consultés pour cerner la
macroéconomie des pays riches en ressources naturelles. Ces études des corollaires de la rente des
ressources naturelles portaient sur le diagnostic de l’impact de l’activité minière sur l’économie.
Dans un pays comme les Pays-Bas, où a été remarqué, pour la première fois, le phénomène du Dutch
disease, les retombées sur le facteur travail étaient un déplacement de cette ressource de production des
secteurs moins générateurs de valeur ajoutée vers les secteurs qui génèrent davantage de celle-ci. En
Algérie, le cas est que le chômage atteint des niveaux bas en périodes de booms pétroliers, mais, on en
enregistre des niveaux élevés en périodes de crise des prix pétroliers. D’une manière globale, les
principales préoccupations de la décision publique est la résorption du chômage et d’offrir un cadre de vie
serein au peuple.
« Bannir à jamais le chômage, tel est l’un des objectifs les plus pressants du socialisme en Algérie » (FLN, 1976, 32).
Déjà, dans la charte nationale de 1976, la politique de développement en Algérie était "anxieuse" d’abolir le
chômage sans pour autant laisser ce fléau disparaître par les externalités positives des politiques industrielle
et agricole lancées en parallèle. A quoi ont abouti les politiques de redistribution de la rente, est le
questionnement auquel cet article tentera de répondre.
2. Dutch disease et effet sur mouvement des facteurs de production
L’élargissement du modèle de Gregory par Corden et Neary (1982) est mis en évidence par un modèle
d’une petite économie fictive ouverte composée de trois secteurs :
Le secteur en boom B : toute industrie minière primaire d’exportation dans une phase de prix croissants,
de découverte majeure de richesses naturelles ou d’un progrès technique dont l’effet est une réduction des
coûts relativement au profit.
Le secteur en retard L : couvre toutes les autres activités économiques qui produisent des biens
exportables et les substitutions à l’importation tant dans le secteur manufacturier que dans le secteur
agricole.
Le secteur des biens non-échangeables N : couvre la production de tous les secteurs de services ;
Bâtiments et travaux publics (BTP), transports, … etc.
Les deux premiers secteurs sont exposés à la concurrence internationale et confrontés aux prix mondiaux,
alors que le troisième est abrité. Chaque secteur est en possession d’un stock spécifique de capital. Seul le
travail est mobile entre les trois secteurs. Internationalement, les deux facteurs de production sont
immobiles. Les prix des facteurs sont flexibles afin de maintenir le plein-emploi.
Un boom surgit dans le secteur B. Il peut être la cause de trois raisons : un progrès technique exogène, une
nouvelle découverte inattendue de nouvelles richesses ou une augmentation du prix du produit du secteur
B. Dans ce cas, l’impact aura deux bifurcations : un ‘‘effet-mouvement de ressources’’, un effet-dépense et un effet de
perte de savoir-faire.
Le boom dans le secteur minier augmente les produits marginaux des facteurs mobiles employés et donc
cause le déplacement des facteurs de production (capital et travail) des autres secteurs, c’est l’’‘effet-
mouvement de ressources’’. Si le secteur minier utilise des ressources relativement petites de façon qu’il puisse
transférer en dehors de l’économie, cet effet est négligeable et l’impact majeur du boom découle
directement de l’effet-dépense. Le revenu réel élevé résultant de ce boom conduit à des dépenses
supplémentaires sur les services qui relancent leurs prix.
Suite au boom dans B, les dépenses dans N doivent croître les prix de N si l’élasticité-revenu de la
demande de N est positive. A court terme, la monnaie domestique doit s’apprécier en terme réel.
Relativement aux prix de N, les prix de L restent fixes, étant commandés par des prix mondiaux. Le
surcroît de la demande de L conduit à l’augmentation des importations. Le déclin de L à cause de l’effet
des importations cause l’émergence du travail de L pour rejoindre le secteur N, secteur qui connaît une
prospérité. En conséquence, la production de L se décroîtra. Le boom a favorisé l’accroissement de la