LA RENTE PETROLIERE REPENSEE :

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Dutch Disease, tertiarisation de l’économie et propagation du travail informel en Algérie
Aïssa Mouhoubi1, Université de Béjaïa, Algérie
Résumé
Cet article s’intéresse à analyser l’effet mouvement de ressources cité dans le modèle du Dutch disease. D’après le
modèle théorique de la maladie, l’effet des dépenses gouvernementales, généré par une nouvelle pléthore financière,
cause le déplacement des facteurs de production (capital et travail). Dans le cas de l’Algérie, où la part la plus
importante du capital de l’économie est gérée par l’Etat, le déplacement de ce facteur de production est biaisé. Il reste
alors à analyser le déplacement du facteur travail, lors d’un boom des prix pétroliers. En l’absence de secteurs
économiques capables d’absorber l’afflux de la ressource, le travail informel apparaitra.
Mots-Clefs : Dutch disease, désagriculturisation, effet mouvement de ressources, informel, non-échangeables.
JEL: D33, E24, E26, J62.
Dutch Disease, service sector of the economy and the spread of informal work in Algeria
Abstract
This article focuses on analyzing the resources movement effect cited in the model of Dutch disease. According to
the theoretical model of the disease, the effect of government spending, generated by a new financial plethora, causes
the movement of factors of production (capital and labor). In the case of Algeria, where the largest capital share of
the economy is managed by Government, the movement of this production factor is biased. It remains to analyze
the movement of labor, during a boom in oil prices. In the absence of economic sectors able to absorb the influx of
this resource, informal work appears.
Keywords: Dutch disease, désagriculturisation, resource movement effect, informal, non-traded.
1
[email protected], Pôle universitaire d’Aboudaou, Route de Tichy, Béjaia, 06000, Algérie.
1. Introduction
Dès le début de la seconde moitié du vingtième siècle, une première génération d’économistes a
schématisé les processus économiques suite à une pléthore financière d’origine naturelle : Seers (1964),
Krueger (1974), Gregory (1976), Fekrat (1979) et Alam (1982). Par la suite, une seconde génération
d’économistes, tels que Gelb (1988), Sid Ahmed (1989, 2000), Auty (1994), Ross (2001), Stevens (2003), a
expliqué la pathogénèse d’un phénomène maléfique causé par l’abondance financière d’origine naturelle.
Chaque auteur cité a eu un apport considérable à l’économie des ressources naturelles, mais les apports
des deux tandems Corden et Neary (1982) structurant le modèle du Dutch disease et Sachs et Warner (1995 ;
2001) évaluant, avec un modèle appelé la malédiction des ressources naturelles, la défaillance économique due à
l'existence de ressources naturelles, constituent les écrits scientifiques les plus consultés pour cerner la
macroéconomie des pays riches en ressources naturelles. Ces études des corollaires de la rente des
ressources naturelles portaient sur le diagnostic de l’impact de l’activité minière sur l’économie.
Dans un pays comme les Pays-Bas, où a été remarqué, pour la première fois, le phénomène du Dutch
disease, les retombées sur le facteur travail étaient un déplacement de cette ressource de production des
secteurs moins générateurs de valeur ajoutée vers les secteurs qui génèrent davantage de celle-ci. En
Algérie, le cas est que le chômage atteint des niveaux bas en périodes de booms pétroliers, mais, on en
enregistre des niveaux élevés en périodes de crise des prix pétroliers. D’une manière globale, les
principales préoccupations de la décision publique est la résorption du chômage et d’offrir un cadre de vie
serein au peuple.
« Bannir à jamais le chômage, tel est l’un des objectifs les plus pressants du socialisme en Algérie » (FLN, 1976, 32).
Déjà, dans la charte nationale de 1976, la politique de développement en Algérie était "anxieuse" d’abolir le
chômage sans pour autant laisser ce fléau disparaître par les externalités positives des politiques industrielle
et agricole lancées en parallèle. A quoi ont abouti les politiques de redistribution de la rente, est le
questionnement auquel cet article tentera de répondre.
2. Dutch disease et effet sur mouvement des facteurs de production
L’élargissement du modèle de Gregory par Corden et Neary (1982) est mis en évidence par un modèle
d’une petite économie fictive ouverte composée de trois secteurs :
Le secteur en boom B : toute industrie minière primaire d’exportation dans une phase de prix croissants,
de découverte majeure de richesses naturelles ou d’un progrès technique dont l’effet est une réduction des
coûts relativement au profit.
Le secteur en retard L : couvre toutes les autres activités économiques qui produisent des biens
exportables et les substitutions à l’importation tant dans le secteur manufacturier que dans le secteur
agricole.
Le secteur des biens non-échangeables N : couvre la production de tous les secteurs de services ;
Bâtiments et travaux publics (BTP), transports, … etc.
Les deux premiers secteurs sont exposés à la concurrence internationale et confrontés aux prix mondiaux,
alors que le troisième est abrité. Chaque secteur est en possession d’un stock spécifique de capital. Seul le
travail est mobile entre les trois secteurs. Internationalement, les deux facteurs de production sont
immobiles. Les prix des facteurs sont flexibles afin de maintenir le plein-emploi.
Un boom surgit dans le secteur B. Il peut être la cause de trois raisons : un progrès technique exogène, une
nouvelle découverte inattendue de nouvelles richesses ou une augmentation du prix du produit du secteur
B. Dans ce cas, l’impact aura deux bifurcations : un ‘‘effet-mouvement de ressources’’, un effet-dépense et un effet de
perte de savoir-faire.
Le boom dans le secteur minier augmente les produits marginaux des facteurs mobiles employés et donc
cause le déplacement des facteurs de production (capital et travail) des autres secteurs, c’est l’’‘effetmouvement de ressources’’. Si le secteur minier utilise des ressources relativement petites de façon qu’il puisse
transférer en dehors de l’économie, cet effet est négligeable et l’impact majeur du boom découle
directement de l’effet-dépense. Le revenu réel élevé résultant de ce boom conduit à des dépenses
supplémentaires sur les services qui relancent leurs prix.
Suite au boom dans B, les dépenses dans N doivent croître les prix de N si l’élasticité-revenu de la
demande de N est positive. A court terme, la monnaie domestique doit s’apprécier en terme réel.
Relativement aux prix de N, les prix de L restent fixes, étant commandés par des prix mondiaux. Le
surcroît de la demande de L conduit à l’augmentation des importations. Le déclin de L à cause de l’effet
des importations cause l’émergence du travail de L pour rejoindre le secteur N, secteur qui connaît une
prospérité. En conséquence, la production de L se décroîtra. Le boom a favorisé l’accroissement de la
productivité marginale du travail dans B stimulant, ainsi, le mouvement du facteur travail des deux secteurs
L et N vers B ; ce qui causera la désindustrialisation.
Van Wijnbergen (1984) remarque un effet dans une économie atteinte du Dutch disease. Une des
externalités positives du secteur industriel est l’apprentissage par la pratique (learning by doing). Le
progrès technique et l’innovation qu’exige la compétitivité oblige l’industrie d’un pays à se situer au moins
au niveau de la moyenne internationale pour garantir sa compétitivité. Les innovations sont alors partagées
avec les autres industries du pays. Ainsi, toute l’économie profite du progrès technique. Par ailleurs, le
secteur minier, qui est un secteur enclavé, ne fait pas profiter les autres secteurs de l’économie de son
innovation. Avec la concentration des facteurs de production dans le secteur en boom, la
désindustrialisation accélérera davantage et l’apprentissage va de soi.
La situation précédente est décrite par la figure 1 Sur l’axe des abscisses sont représentés les biens nonéchangeables. Sur l’axe des ordonnées sont représentés les biens échangeables. Le secteur des biens
échangeables est composé du secteur minier et du secteur manufacturier.
Figure 1 : Effet du boom sur le marché des biens et services
Source : Corden et Neary (1982). * Les projections sont rajoutées par l’auteur.
La distance OS OT représente l’offre totale de travail de chaque secteur. La courbe TS représente les
possibilités de production. L’équilibre initial s’établit au point a où la courbe d’indifférence I0 est tangente
à la courbe des possibilités de production. L’équilibre entre l’offre et la demande des deux biens est rendu
possible grâce à des quantités de travail respectives des secteurs des biens échangeables et des biens nonéchangeables de Ta et Sa.
A la suite du boom minier, la frontière des possibilités de production se déplace à T’S. La distance
verticale est égale aux revenus externes en dessus de TS en tout point. L’équilibre se situe maintenant au
point b grâce à des quantités de travail Tb et Sb. L’accroissement des revenus induira une augmentation de
la demande des biens échangeables manufacturiers et des biens non-échangeables (sauf si l’élasticitérevenu de la demande implique que l’un des biens est inférieur).
L’accroissement des biens non-échangeables provoquera une augmentation des prix1 et l’appréciation du
taux de change (Corden, 1982) (qui découle des nouvelles exportations de produits miniers). La croissance
de la production des biens non-échangeables est traduite par une baisse de celle des biens échangeables
manufacturiers. C’est de la sorte que l’équilibre glisse de b pour se situer à g, avec des quantités de travail Tg
et Sg. Ainsi, l’’‘effet-mouvement de ressources’’ provoque la désindustrialisation. La distance horizontale (j –
b) correspond à l’excédent de demande des biens non-échangeables lorsque l’équilibre s’est établi à b, car le
boom qui est survenu dans le secteur minier a, subitement, aspiré la main d’œuvre du secteur des biens
non-échangeables.
1
Contrairement à celle des biens échangeables manufacturiers dont les prix sont déterminés internationalement.
Nous remarquons donc, que la projection de j tombe directement sur a, ce qui veut dire que cette
demande ne serait satisfaite qu’avec une quantité de travail de Sa. La distance horizontale (c – g) représente
la différence entre la nouvelle demande des biens non-échangeables et la nouvelle offre des mêmes
produits après déplacement d’une partie de la main d’œuvre du secteur des biens échangeables provoqué
par l’effet-dépense.
La courbe consommation-revenu On coupe la courbe TS en a, explique la demande subvenue en situation
de pré-boom. Quant à la courbe T’S en c explique l’excès de demande des biens non-échangeables en
situation d’après- boom, demande qui ne pourra être subvenue qu’en cas d’appréciation du taux de change
favorisant des importations ou une soustraction de travail au secteur des biens échangeables.
3. L’évolution de la population et le taux du chômage
Directement après l’indépendance, avec l’amélioration du cadre de vie et de la sérénité qui commencent à
régner, le taux de croissance de la population algérienne est en ascension. Parallèlement, une
réorganisation de la population qui compose la ville et de celle qui compose la compagne est apparue. La
figure 2 montre que la répartition de la population urbaine et de la population rurale s’est totalement
inversée. En 1962, la ville contenait 66% de la population et la compagne en contenait 34%, tandis qu’en
2009, la ville contient 34% de la population et la compagne en contient 66%.
Figure 2 : Evolution des populations urbaine et rurale
urbaine
100%
Rurale
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
0%
Source : Construite à partir des données de World Bank (2011).
Analysons cette situation de plus près. Pour un peuple paysan, pendant longtemps, exploité et maltraité, il
lui est légitime de réclamer un bien-être digne de son sacrifice. Ainsi, un exode rural massif a été constaté
de 1962 à 1965. La population urbaine crût annuellement de 4,2% (tableau 1). Après le changement du
régime politique en 1965 jusqu’à 1970, ce taux a été réduit à 1%.
Tableau 1 : Evolution moyenne des populations urbaine et rurale par périodes (en %)
1962-65 1966-70 1971-75 1976-80 1981-2009
Population urbaine 4,2
1,0
0,4
1,5
1,4
Population rurale
-2,1
-0,6
-0,2
-1,1
-1,7
Source : Construit à partir des données de World Bank (2011).
Le lancement de la révolution agraire a été un moyen de sédentarisation de la population rurale, mais
pendant seulement cinq ans. Le lancement du modèle des industries industrialisantes et les velléités de la
charte nationale de 1976 ont été un déclencheur d’un second exode jusqu’à 1980. Avec la restructuration
des entreprises et la nouvelle politique économique des années quatre-vingt, le taux de croissance de la
population urbaine a une tendance quasi linéaire jusqu’à 2009, qui a tendance à diminuer.
Ce changement de structures des populations, qui composent la ville et la compagne, a contribué à gérer le
chômage et l’emploi par secteurs économiques en Algérie. Ceci dit, une analyse de l’évolution du chômage
semble primordiale avant d’entamer l’analyse de l’emploi par secteurs.
La lecture de la figure 3 est simple, du moment que l’évolution du chômage obéit directement à la
variation des prix du pétrole. Lorsque le niveau de ce dernier est notable, le taux du chômage est en
diminution. C’est le cas d’avant 1985. Après cette date, à la veille de la crise pétrolière, le taux du chômage
est passé de 8,7% à 30% en 1999. Juste au début des années deux mille, le taux du chômage a commencé
une chute libre avec l’augmentation du prix du pétrole, pour atteindre un taux de 10% en 2010 (voir sur ce
sujet Arhab, 2011).
Figure 3 : Evolution du chômage (en %)
35
30
25
20
15
10
5
0
Source : Construit à partir des données de l’ONS
A l’aide d’un modèle de régression linéaire simple où l’on a rattaché l’évolution du taux de chômage C
avec l’évolution des prix du pétrole P en terme constant, la variation de ce dernier explique, à hauteur de
63%, l’évolution du chômage.
Ainsi, le modèle s’écrit :
Où * signifie extrêmement faible.
D’après l’analyse des données ci-dessus, si le prix réel du pétrole augmente d’un dollar, le taux de chômage
diminue de 0,27%. Et dans le cas où le prix serait égal à zéro, ou si jamais l’Algérie ne disposerait plus
d’hydrocarbures, le taux du chômage sera de 31,8%. Ainsi, le secteur des hydrocarbures prouve encore
une fois, son apport considérable à l’économie. L’analyse qui vient d’être avancée montre, d’emblée, que la
rente des hydrocarbures offre à l’État un pouvoir distributif, du moment que les postes d’emploi son
éphémères et disparaissent avec la disparition graduelle de la rente des hydrocarbures. En effet, la
réduction du taux du chômage de 20 points de pourcentage en l’espace de onze ans (1999-2010), est
difficile à saisir (voir sur ce sujet Musette, 2010, 40-47).
En dépit de l’aspect capitalistique du secteur des hydrocarbures, qui n’emploie pas une quantité
importante du facteur travail, l’apport de celui-ci est tentaculaire comme l’évolution du taux du chômage
en est dépendante.
4. L’évolution de l’emploi par secteur économique
La situation avant le premier boom pétrolier de 1973-74 est caractérisée par un secteur agricole qui a le
fardeau de prendre en charge une économie déshéritée après l’indépendance. Les finalités de ce secteur
sont de : nourrir les villes, fournir les matières agricoles nécessaires à l’industrie, fournir des débouchés aux
produits industriels, fournir un surplus pour l’investissement (particulièrement en devises) et entretenir la
force de travail que l’industrie et l’émigration ne peuvent pas absorber (Bedrani, 1981, 7-8).
En additionnant à ces propos, le caractère rural de la population, la quasi-moitié de la force de travail
algérienne était accaparée par le secteur agricole, pendant cette période (tableau 2). En 1969, le secteur des
hydrocarbures ne faisait travailler qu’un deux-centième de la population active. Vient alors, le boom
pétrolier pour changer la structure de la répartition de l’emploi. Juste à la veille du premier boom pétrolier,
un réaménagement, dans la répartition sectorielle de l’emploi, est apparu. Le secteur agricole a desservi les
autres secteurs de l’économie, en matière de force de travail. Toutefois, au lendemain du boom, l’effetdépense a favorisé l’accroissement de la demande des biens du secteur des biens non-échangeables. Le
secteur des hydrocarbures, qui joue le rôle du secteur en boom, est intensif en capital et ne demande que la
main d’œuvre qualifiée et à la technologie de pointe. Au sens du modèle du Dutch disease, une
‘‘désagriculturisation’’ directe pourrait apparaître. En effet, le cas de l’Algérie est spécifique. Vu l’absence d’un
secteur industriel performent, au sens de Corden et Neary (1982), qui occupe les facteurs de production, le
secteur agricole joue ce rôle1.
Tableau 2 : Evolution de la structure de l’emploi par secteur (en %)
1969 1973 1980 1985 1992 1996 2003
Agriculture
49,3
40,0
30,7
25,8
17,3
17,4
21,1
Industrie HH
8,0
9,7
10,6
10,2
14,5
9,8
9,5
Hydrocarbures 0,5
1,5
3,0
3,1
3,3
3,5
2,5
BTP
4,3
8,7
14,9
17,1
13,9
13,3
12,0
Services
37,9
40,1
40,8
43,8
51,0
56,0
54,9
Total
100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Source : Construit à partir des données de l’ONS.
2010
11,7
11,7
2,0
19,4
55,2
100,0
La croissance de la demande des biens non-échangeables a favorisé le phénomène de l’"exode agricole"
(Benachenhou, 1982, 184). Ainsi, en l’espace de seize ans (1969-1985), la part de l’effectif relatif de
l’emploi dans le secteur agricole a été réduite de moitié. Les deux principaux secteurs, qui se sont chargés
d’absorber la plus importante partie de la force de travail libérée, sont les secteurs des services et de BTP
(biens non-échangeables).
Il est important de signaler, encore, que cette situation avait engendré un phénomène qui caractérise les
économies pétrolières, à laquelle Sid Ahmed (1989, tome 2, 205-213) fait allusion. En fait, la sururbanisation dans les économies pétrolières s’explique par la politique implicite mise en place, d’autant
plus importante qu’elle était alimentée par la rente des hydrocarbures (subvention de toute sorte, dont
celles allant aux produits de base, politique commerciales et de change favorisant l’importation par rapport
à la production nationale, politique d’implantation de grands pôles industriels sans recourir à des politiques
d’aménagement du territoire, … etc.). Toutes ces politiques adoptées par l’Algérie ont favorisé l’exode de
masses de la population rurale vers la ville.
De sa part, Benachenhou (1982, p. 184) critique la planification du développement économique de
l’Algérie, qui accorde relativement peu d’attention à la croissance de l’emploi agricole par rapport à
l’objectif de la croissance de la production nationale. Ainsi, le phénomène de l’exode agricole s’est
transformé en exode rural. Selon l’auteur, dans ces conditions démographiques additives, la question de
création de l’emploi productif est désormais une question centrale. Pour absorber la force de travail, la
rente des hydrocarbures avait permis la création de l’emploi dans le secteur manufacturier. En effet,
l’emploi avait cru au taux annuel de 6,9% entre 1969 et 1985 ramenant le taux de chômage de la
population active de 30% en 1969 à 8,7% en 1985. Néanmoins, ce développement n’avait pas de
contrepartie productive ; c'est-à-dire que la productivité marginale du facteur travail est inférieure ou égale
à zéro et que les rendements d’échelle étaient décroissants. Ainsi, le phénomène du Learning by Doing
apparaît (van Wijnbergen, 1984 ; Torvik, 2001) est apparu. La perte du savoir-faire est un des problèmes
dont le modèle économique algérien souffre jusqu’à nos jours, malgré les dépenses publiques colossales
effectuées.
Le tableau 3 montre que les vitesses des taux d’accroissement des effectifs absolus du secteur des
hydrocarbures et du secteur des BTP sont supérieures. En 1985, les effectifs, respectifs des deux secteurs
ont été multipliés par 12,5 et 8. Les effectifs des secteurs des services et de l’industrie hors hydrocarbures
ont connu, de leur part, une évolution digne d’être citée, mais le secteur agricole a vu son effectif absolu
quasiment stagné et son effectif relatif contracté.
Tableau 3 : Evolution indiciaire de la structure de l’emploi par secteur (1969 = 100)
1969 1973 1980 1985 1992 1996 2003 2010
Agriculture
100
94
104
106
86
79
151
122
Industrie HH
100
140
153
259
442
273
419
752
Hydrocarbures 100
346
692
1258 1609 1562 1765 2057
BTP
100
233
399
807
788
690
985
2320
Services
100
122
124
234
328
330
511
749
Total
100
115
115
203
244
223
353
514
Source : Construit à partir des données de l’ONS.
1
Comme c’est indiqué plus haut.
Par ailleurs, si la part de la force de travail du secteur des hydrocarbures avait évolué de 1258% de 1969 à
1985, ceci n’insinue, en aucun cas, que le secteur ait aspiré une très grande partie de la main d’œuvre se
trouvant sur le marché du travail. Le cas, s’explique par la part infime de travail qu’emploie ce secteur
avant le boom et avant la perturbation des prix du début des années soixante-dix. Ainsi, après le boom de
1973-74 et l’expansion du secteur des hydrocarbures, la moindre variation des effectifs sera ressentie
relativement à 1969.
L’effet mouvement de ressource, cas du facteur travail, ne saurait apparaître massivement à destination du
secteur des hydrocarbures. Cependant, le tableau 3 montre, virtuellement, que les courbes de l’évolution
indiciaire de l’emploi des secteurs industriels et des services s’accompagnent conjointement tandis que
celle du secteur agricole schématise, ainsi, le mouvement de ressource (facteur travail) de ce dernier secteur
vers les deux premiers.
A partir de la crise de 1986 jusqu’à 1996, la rigidité de l’emploi total est traduite par de petites
augmentations de l’emploi dans les secteurs des services, de l’industrie hors hydrocarbures. Si l’on
compare l’évolution de l’emploi dans ce dernier secteur, entre 1992 et 1996, le tableau 6.7 montre qu’une
diminution de l’indice 442 à l’indice 273 a été observée. Ceci revient à la contraction des effectifs des
entreprises publiques imposée par le plan d’ajustement structurel. L’emploi a connu une diminution dans
le secteur agricole à cause de l’augmentation des prix des inputs et de la diminution des subventions, et
dans le secteur des BTP, à cause du blocage des plans de développement et d’infrastructures.
Les secteurs ayant plus bénéficié pendant cette conjoncture est le secteur des hydrocarbures, d’une part,
grâce à la loi 86-14 et la loi 91-21, relatives au secteur des hydrocarbures, qui ont appelé à l’intensification
des extractions d’hydrocarbures, et le secteur des services avec une part de l’emploi total.
De 1996 à 2003, l’évolution digne d’être citée est celle de l’emploi dans le secteur agricole. La part de ce
secteur est passée de 17,3% à 21,1% (tableau 2). Le lancement successif des deux plans : le PNDA et le
FNRDA à partir des années deux mille, ont encouragé la force de travail oisive, générée par la crise des
années quatre-vingt-dix, à regagner l’activité agricole. Ainsi, l’emploi dans le secteur a augmenté de 91%.
Le constat avancé plus haut, à propos de la spécificité du cas algérien, concernant la destination du
mouvement des ressources est corroboré pendant le troisième boom pétrolier de 2004. En l’occurrence, le
seul secteur qui été lésé (diminution des effectifs) par l’effet-dépense est le secteur agricole (voir la sixième
conclusion de Alam, 1982). La contraction de l’effectif du facteur travail est de 19% au profit d’une
augmentation de 136% dans le secteur des BTP. Ainsi, le scénario du premier et du deuxième boom
pétrolier était revécu pendant le troisième boom.
L’analyse de l’effet-dépenses et de la ‘‘désagriculturisation’’ ne peut être exhaustive seulement à partir du seul
angle du facteur travail. Dans la section prochaine, cette analyse sera perçue à travers l’angle du facteur
capital et l’angle de la croissance de la valeur ajoutée.
5. L’évolution des salaires
Les écrits relatifs à l’économie des ressources naturelles citent toujours l’influence de l’augmentation de
l’output sur la demande des salaires. Le modèle du Dutch disease prend en charge ce changement organique
du secteur. Rétrospectivement, dans son article analysant les mécanismes d’une économie pétrolière, Seers
(1964) notes que lorsqu’il y a une rapide ascension des exportations pétrolières, les demandes
d’augmentation de salaires peuvent être concédées par les compagnies pétrolières, du fait que le coût du
facteur travail constitue une infime partie des coûts totaux. Dans ce cas, un rapide mouvement de
protestation de demande d’augmentation des salaires de tous les secteurs suivra, lesquels ne peuvent
résister à cette pression.
La considération de l’opération de l’extraction des hydrocarbures comme un processus de "production",
confère aux salariés du secteur pétrolier le sentiment d’être mal-rémunérés. Cette logique, développée par
Cobb et Douglas (1928) est prônée par plusieurs économistes, insistent sur le fait que le résultat de
l’entreprise doit être partagé entre le facteur travail et le facteur capital selon leurs degrés respectifs
d’intervention dans le processus de production. Si l’on tient compte de la définition de Mouhoubi (2011),
relative au processus d’obtention des hydrocarbures, les ouvriers du secteur pétrolier n’auront pas à
demander des salaires qui sortent de la ligne des salaires des autres secteurs économiques.
En effet, au lendemain du troisième boom pétrolier de 2004, les ouvriers de Sonatrach ont organisé un
mouvement de protestation pour rehausser leurs salaires. Qualifiés de dérisoires devant les salaires de leurs
confrères expatriés des multinationales pétrolières opérant en Algérie, les salaires des ouvriers de
Sonatrach ne sont pas appréhendés ni en terme de parité du pouvoir d’achat (PPA), ni en terme
d’alignement avec les autres secteurs économiques1. Les données de la figure 4 montrent le contraste
existant2. Les salaires élevés du secteur des hydrocarbures et le taux de chômage, qui est de l’ordre de 28%
en 1996, font apparaître le "paradoxe typique de l’économie pétrolière" (Seers, 1964), qui va encourager la
population rurale à quitter la compagne en direction des villes.
Figure 4 : Niveaux des salaires bruts moyens par secteur d’activité en 2002 (en dinars)
50 000
45 000
40 000
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
Hydrocarbures agriculture
Industrie
BTP
Transports
Source : Construit à partir des données du ministère du travail.
Commerce
Services
Parallèlement aux augmentations des salaires, obtenues dans le secteur des hydrocarbures, les syndicats des
autres secteurs économiques ont organisé à leur tour des mouvements de protestations pour augmenter
leurs salaires. Aït Amara (2006), sur la base de démonstrations macroéconomiques qui apparaissent
logiques, essaie de démontrer que le salaire moyen algérien est dérisoire en comparaison avec les salaires
moyens des pays industrialisés. A travers les enseignements de la comptabilité nationale, l’auteur rappelle
que la valeur ajoutée est constituée de la rémunération du travail : le salaire, et de la rémunération du
capital : le profit.
En comparant la part de la masse salariale dans le PIB de 2004 en Algérie avec celle de la Tunisie (37,4%),
de la France (59,1%) et des États-Unis (47,2%), Aït Amara remarque que le taux n’est que de 20,4% (ce
qui est vérifié dans la figure 5. Le rapport dans celle-ci est de 20,8%).
Figure 5 : Evolution de la masse salariale relativement au PIB et au PIBHH (en %)
70
Masse salariale/PIB
Masse salariale HH/PIBHH
60
50
40
30
20
10
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
0
Source : Construit à partir des données de l’ONS et du ministère du travail.
Cependant, une erreur méthodologique a induit l’auteur à placer l’Algérie parmi les pays qui ne
rémunèrent pas suffisamment le facteur travail. Comme c’est déjà indiqué plusieurs fois, le secteur des
hydrocarbures occupe une place prépondérante dans l’économie algérienne. Ainsi, la part du PIBH est
importante dans le PIB total. Par ailleurs, du moment que le secteur des hydrocarbures est intensif en
capital, la part de la masse salariale de ce secteur dans le PIBH est infime. D’une manière plus impartiale,
c’est le calcul de la part de la masse salariale des secteurs hors hydrocarbures dans le PIBHH qui donne un
résultat comparable avec les cas cités par Aït Amara (2006).
L’Algérie et les pays pétroliers qui endurent le problème de fuite des cadres, pourrait obliger les compagnies pétrolières
étrangères à signer un accord qui interdit le recrutement des ouvriers non-licenciés des compagnies nationales et à respecter un
code des salaires maximums.
2 Vu l’indisponibilité des données pour plusieurs années et surtout les années récentes, la figure 6.13 ne représente que les
données de l’année 2002.
1
De cette façon, si l’on tient compte de la comparaison avancée pour le cas de la Tunisie, les salaires
algériens doivent être contractés. En effet, en 2004, la part de la masse salariale hors hydrocarbures dans le
PIBHH est de 45,2%, au lieu de 37,4% en Tunisie. Ce taux est comparable aux parts des masses salariales
dans les PIB de plusieurs pays de l’OCDE.
Ce faisant, la valeur ajoutée réalisée dans les secteurs hors hydrocarbures est presque partager
équitablement entre le facteur travail, d’une part, et les autres facteurs, d’autre part. Ainsi, les
augmentations des salaires doivent être accompagnées d’une augmentation de la valeur ajoutée des
secteurs hors hydrocarbures pour que celles-ci deviennent légitimes.
Par ailleurs, l’aspect capitalistique du secteur des hydrocarbures ne donne aucun droit aux salariés du
secteur de demander des augmentations de salaire, sous prétexte de l’importance des résultats financiers
réalisés par Sonatrach et ses filiales. Le problème de la redéfinition de l’exploitation des gisements
d’hydrocarbures vient pour renforcer la thèse. Ce résultat n’est pas une production, mais une rente.
En 1964, Seers signalait déjà que le problème de l’économie pétrolière s’aggrave lorsque les prix des
importations deviennent relativement bon marché, grâce aux augmentations de salaires. Et l’inégalité des
revenus due à l’accaparement de la rente par les ouvriers du secteur des hydrocarbures et des rent-seekers
sera la cause de l’écartement du contraste entre revenu.
Ainsi, en Algérie, les 20% les plus riches de la population s’accaparent 47,18% des revenus en 1988 et à
cause de la crise financière des années quatre-vingt-dix, cette part est réduite à 42,6% (tableau 6). Ainsi, les
20% les plus aisés de la population sont 7,21 fois et 6,11 fois plus riches que les 20% les plus démunis,
respectivement, en 1988 et 1995. Le rapport inter-décile en 1988 qui est de 12,76, avant de se réduire à
9,37 en 1995.
Tableau 6 : Répartition des revenus par catégories (en %)
Catégories de la population 1988 1995
Premier décile
2,56
2,87
Premier quintile
6,54
6,97
Deuxième quintile
10,79 11,55
Troisième quintile
14,82 16,23
Quatrième quintile
20,67 22,63
Cinquième quintile
47,18 42,62
Dixième décile
32,67 26,89
Rapport inter-quintile
7,21
6,11
Rapport inter-décile
12,76 9,37
Indice de GINI
38,42 34,19
Source : Construit à partir des données de World Bank (2011).
Ces statistiques montrent qu’au moment où la rente des hydrocarbures était abondante, la concentration
des revenus est aggravée et lorsque celle-ci est moindre, la concentration des revenus diminue (fig. 7).
Avec un indice de Gini de 38,42% et 34,19% pour 1988 et 1995, respectivement, la remarque est
corroborée.
Figure 7 : Courbe de Lorenz de concentration des revenus
1988
1995
100
80
60
40
20
0
0
20
40
60
80
Source : Construite sur la base des données du tableau précédent.
100
La tendance à la tertiairisation de l’économie accroît la richesse des plus riches et la pauvreté des pauvres.
Car, rétrospectivement, les actions correctrices de la redistribution du revenu national préconisées, pour
accompagner la forte croissance des années quatre-vingt et lutter contre ses effets pervers, n’ont même
pas pu atténuer la tendance à l’importante et la concentration des populations dans des pôles urbains. De
même, la concentration des investissements privés et des commerces - faute de politiques d’aménagement
du territoire inadéquates - ont constitué autant d’autres facteurs qui avaient joué dans le sens inverse du
souhait d’une répartition aussi équilibrée que possible des nouveaux emplois et de la distribution des
revenus (voir sur ce sujet Benallaoua, 2010).
Le bien-être des algériens est alors tributaire de la rente des hydrocarbures. Le test, pour le cas algérien, de
l’équation (8), indiquée dans Kader (1980), mesurant la dépendance de la croissance du revenu intérieur
par tête (
) de la taille de la population ( ), du revenu par tête et du revenu pétrolier par tête
(
), donne des résultats qui ne sont pas statiquement satisfaisants. Cependant, en prenant en
considération l’équation (7), mettant en relation la croissance du PIB/h avec la croissance du PIBH/h, le
résultat devient statistiquement significatif.
Ainsi, le modèle s’écrit :
Où * signifie extrêmement faible.
Ce résultat traduit le degré de dépendance du bien-être absolu des algériens, exprimé par le PIB/h, de la
performance du secteur des hydrocarbures. Subséquemment, la croissance du revenu intérieur par tête
dépend à hauteur de 74% de la croissance du revenu pétrolier par tête.
6. Conclusion
La théorie du Dutch disease a été évoquée dans le but d’expliquer les effets d’un boom des prix pétroliers
sur les mouvements des facteurs de production. Ainsi, il a été remarqué que la spécificité de l’économie
algérienne a fait que l’effet mouvement du facteur travail favorise le secteur des biens non-échangeables
(surtout les BTP), pour laisser la place à une "désagriculturisation" massive. Ceci est comparable à la
désindustrialisation du modèle théorique de Corden et Neary (1982). A constater, encore, un contraste de
rémunérations du facteur travail flagrant entre le secteur des hydrocarbures et les autres secteurs
économiques, grâce à l’augmentation de la productivité moyenne du facteur travail, en valeur nominale.
Ainsi, l’effet-dépense sur les prix relatifs n’est apparu qu’à partir du troisième boom pétrolier à cause de la
subvention des prix à la production et des prix des services avant la crise pétrolière de 1986.
Le taux du chômage dépend négativement de la variation des prix du pétrole. Cela prouve que l’emploi
reste tributaire des performances réalisées par le secteur des hydrocarbures. Les statistiques indiquent que
l’emploi informel représente plus de 25% du total de l’emploi en Algérie (voir sur ce sujet Bellache, 2011).
En partant des postulats de la théorie du Dutch disease, la faible absorption des secteurs agricole et
industriel au facteur travail est allée dans le sens de créer le gonflement du secteur des services. Les effets
du Dutch disease étaient tels que l’augmentation des résultats financiers extérieurs ont avantagé les
importations des biens et services. D’un côté, les termes de l’échange, en amélioration, en périodes de
boom, ont amorcé l’afflux massif des importations, qu’elles soient contrôlées ou non contrôlées. Ces
dernières ont être l’objet de création d’un marché de biens et services parallèle. De l’autre côté, le niveau
de vie et l’exode rural, qui ne cessent d’augmenter, ont abouti à une urbanisation "anarchique". Celle-ci
demande beaucoup de main d’œuvre. C’est la raison pour laquelle le secteur des BTP emploi une frange
de travailleurs non-assurés supérieure à tous les secteurs (plus de 28%, selon les données de l’ONS).
Un autre détail digne d’être cité. Il s’agit des dispositifs d’emploi, engagés par l’Etat, qui manquent de
politiques d’accompagnement. En fait, le dispositif "Ansej" limite l’âge des demandeurs de crédits pour
l’investissement à un maximum de 40 ans, sachant que beaucoup de professionnels sont âgés de plus 40
ans. Toutefois, les dispositifs "Cnac" et "Angem" offrent à la tranche d’âge qui dépasse cette tranche
d’âge, la possibilité de contracter un crédit-investissement, mais à condition que les demandeurs soient en
chômage. C’est une forme d’incitation à un abandon des postes d’emploi. C’est la raison pour laquelle, les
entreprises peinent à embaucher une main d’œuvre qualifiée.
En général, la redistribution de la rente en Algérie a nettement contribué à stabiliser les équilibres
macroéconomiques, à améliorer le niveau de vie des algériens, à doter l’économie d’une infrastructure
relativement importante. Cependant, celle-ci a abouté, à des velléités illusoires de croissance économique,
à travers des crédits d’investissements non-orientés.
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