Embryologie Chapitre 4 : la première semaine de développement
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Quantitativement ces synthèses sont faibles, car le volume cellulaire total n'augmente pas : si le
diamètre du blastocyste est deux fois plus élevé que celui du zygote c'est à cause de la formation de
la cavité blastocystique.
Au début de la segmentation ces synthèses protéiques résultent uniquement de la traduction des
ARN d’origine maternelle stockés par l’ovocyte durant sa maturation. La preuve en est qu'à ce
stade l'administration d'inhibiteurs de la transcription, comme l'α-ammanitine, n'empêche pas ces
synthèses. C'est seulement à partir du stade 4-8 blastomères appelé MZT (Maternal to Zygote
Transition), que le génome embryonnaire diploïde commence à fonctionner et à synthétiser ses
propres ARN.
Le degré de maturation ovocytaire est donc déterminant pour la viabilité embryonnaire : si les ARN
maternels sont insuffisants, le relais est rompu entre leur utilisation et le démarrage du génome
embryonnaire, et il y aura blocage précoce du développement.
4 ) Autonomie de la cellule-œuf
La cellule-œuf n’est pas autonome malgré l’absence de contact avec l’organisme maternel pendant
la migration tubaire. En effet l’organisme maternel produit des métabolites indispensables à
l'embryon et aussi des hormones comme l'insuline, qui a un effet mitogène, des facteurs de
croissance comme EGF (Epidermal Growth Factor) et TGF (Transforming Growth Factor) qui ont
des effets mitogènes et morphogénétiques, PDGF (Platelet Derived Growth Factor) qui a des effets
sur le blastocyste par l'intermédiaire de la protéine c-myc elle-même codée par l'embryon.
A l'inverse l’embryon sécrète des substances (des peptides) qui sont reçues par les muqueuses tubaire
et utérine; il a été montré dans certaines espèces que ces signaux embryonnaires (kentsine, PAF ou
Platelet Activating Factor) peuvent modifier la motricité tubaire ou même les sécrétions ovariennes.
Il y aurait donc tout au long de cette période pré-implantatoire un échange d'informations
réciproques, entre organisme maternel et embryon, dont la finalité est, sinon d'améliorer, tout au
moins de préserver la viabilité embryonnaire.
5 ) Distinction trophoblaste – embryoblaste
Il s’agit là du premier événement d’orientation ou d'engagement cellulaire. Les deux groupes de
cellules commencent à se distinguer avec leurs précurseurs, micromères et macromères, qui prennent
leur orientation définitive en fonction de leur disposition spatiale.
Au stade blastocyste, elles diffèrent par leur activité de synthèse, leur rythme mitotique et leurs
caractères morphologiques ultrastructuraux. Les cellules du trophoblaste ressemblent à des cellules
épithéliales, avec des jonctions intercellulaires adhérentes (desmosomes, avec la plakoglobine), un
réseau spécifique de microfilaments (cytokératine) et une polarité (disposition des organites,
microvillosités du côté externe). Les cellules du bouton embryonnaire ne possèdent pas cette polarité
et sont caractérisées par la présence de nombreux ribosomes et de jonctions communicantes (gap
jonctions).
La destinée de ces cellules est désormais fixée: celles du bouton embryonnaire fourniront
l'embryon et celles du trophoblaste le placenta. Le bouton embryonnaire va fournir aussi les
annexes de l'embryon.