ERIKSATIE
(Honfleur,le17mai1866‐Paris,le1erjuillet1923)
« J’aidûoubliermonparapluiedansl’ascenseur.Monparapluie
doitêtreinquietdem’avoirperdu».
Voilalegenredephrasequ’aimaitàdireErikSatie,cethomme
originalqui,danssavieetdanssamusiquenevoulutjamaisfaire
commetoutlemonde.
SonenfanceàHonfleuresttriste,samèremeurtquandila7ans.
Aprèsdesétudessuperficiellesdepianoetdesolfègeàparis,il
composedèsl’âgedevingtans.Ogives(1886)montresapassion
pourleMoyenAge.Toutaussiétrange,Sarabande(1888)etlesSix
Gnossiennes(1890‐1891)connaitrontlafaveurd’ungrandpublic.
PianisteaccompagnateurauCabaretduChat–Noir,puisà
l’aubergeduclouoùilrencontreDebussy,Satieexplore,mélange
lesgenres,composepourunechanteusedecabaret,s’amuseavec
leFrenchcancanetdevientmême,danssesrythmes,un
précurseurdujazz.Partoutilpromènesonairdandydegéniebarbusanslesou.
RéfugiéàArcueil,ilécritd’autresrecueilspourpianoauxtitresburlesques:TroisMorceauxen
formesdepoires(1903),VéritablesPréludesflasquespourunchien(1912),TroisValsesdistinguées
duprécieuxdégouté(1914).C’estàTrente‐neufansqu’ilentreprenddesétudessérieusesàlaSchola
Cantorum,afind’enrichirsamusique.Maisilensortencoreplusrévolté:anti‐académique,anti‐
impressionniste,anti‐tout.Ilcompose,plusquejamais:«Avantd’écrireuneœuvre,j’enfais
plusieursfoisletour,encompagniedemoi‐même»affirme‐t‐il.
En1917,ilécritunballet,Parade,encollaborationaveclepoèteCocteau.Ilestsiétonnant
qu’Apollinaireinventepourluilefameuxmotde«surréaliste».en1918,Socrate,pourTroismezzo‐
sopranos,sopranoetorchestredechambre,estconsidérécommeundeseschefsd’œuvre.Erik
Satie,souventincompris,parfoismoqué,admirépardejeunescompositeurs,ainventélamusique
répétitive,la«musiqued’ameublement»,introduitdanssescompositionsdessonsdelarue.
Parfois,parplaisir,ilsupprimelesbarresdemesure,dessinesurlespartitions.Ilestaussiundes
premiersmusiciensàs’intéresseraucinéma.Enavancesursontemps,ilfutparfoisenretardsursa
vieetnevécutpastrèsheureux.
C’estvraiqu’illuiarrivades’écriredeslettresàlui‐même.«Sij’étaisriche,j’auraispeurdeperdre
mafortune»,répétait‐ilaussipourplaisanter.Iln’eneutjamaisl’occasion.
IlmourutpauvreetsolitaireàParisen1925
CarlNorac