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Voici un court texte emprunté au dictionnaire de théâtre de PATRICE PAYIO
qui nous servira de point de départ à une réflexion sur le comique et la
comédie : « Le comique n’est pas limité au genre de la comédie, c’est un
phénomène que l’on peut saisir sous plusieurs angles et dans divers
domaines. Phénomène anthropologique, il répond à l’instinct du jeu, au goût
de l’homme pour la plaisanterie et le rire, à sa faculté de percevoir des
aspects insolites et ridicules de la réalité physique et sociale. Arme sociale, il
donne à l’ironiste les moyens de critiquer son milieu, de masquer son
opposition par un trait d’esprit ou une farce grotesque. Genre dramatique, il
centre l’action autour de conflits et de péripéties qui témoignent de
l’inventivité et de l’optimisme humains devant l’adversité ». Dictionnaire de
théâtre Article « comique » P.PAYIO
Cette définition par son caractère général, met en lumière l’universalité du
comique, la pluralité de ses manipulations, l’abondance de ses procédés et la
diversité de ses objectifs.
Phénomènes anthropologiques
Rabelais n’a pas dit autre chose sur le rire comme phénomène
anthropologique, c’est-à-dire comme particularité de l’homme.
« Mieux est de ris que de larmer, écrire pour ce que rire est le propre de
l’homme » (Gargantua, Aux lecteurs)
La paraphrase de ces deux vers serait : il vaut mieux écrire sur le rire que sur
les larmes, parce que le rire est une qualité distinctive de l’homme.
Le comique répond donc à un penchant naturel pour la plaisanterie et le jeu.
• Arme sociale : Le comique suppose une attitude d’homme libre à l’égard
de tout ce qui est de nature à contrarier, à choquer. Le comique est
dévastateur. Pour celui qui s’en sert, c’est un moyen de lutte au nom de
l’harmonie et de la vérité. Le comique utilise la mystification pour démystifier
tout ce qui entrave l’équilibre, la justice et le bonheur.
• Genre dramatique : Selon Molière, le but suprême de la comédie est « de
faire rire les honnêtes gens ». Dans la critique de l’Ecole des femmes, il invite
le spectateur à « se laisser prendre aux choses, (à) n’avoir ni prévention
aveugle, ni complaisance affectée, ni délicatesse ridicule. » (5ème scène).