TH3.1. Les États-Unis et le monde depuis les « 14 points » du

TH3.1. Les États-Unis et le monde depuis les « 14 points » du
président Wilson (1918)
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depuis-les-14-points-du-president-wilson-1918-t_his_09
L'entrée en guerre des États-Unis lors de la Première Guerre mondiale fut une véritable révolution
dans les règles de la diplomatie américaine, car le pays ne souhaitait pas s'engager dans une guerre
européenne. Il fallut donc justifier cet engagement en s'appuyant sur de grands principes. C'est ce
que fit Wilson en énonçant ses « 14 points ». Depuis lors, l'engagement américain dans le monde
n'a cessé de s'appuyer sur des valeurs représentant la « défense du monde libre ». Grâce à cela, les
États-Unis ont pu justifier un engagement de plus en plus marqué dans le monde et bénéficier d'un
formidable accroissement de leur puissance.
Quels sont les aspects et les fondements de l'engagement des États-Unis dans le monde ? Quelles
sont les limites que leur puissance a rencontrées ? Comment ont-ils articulé promotion de valeurs
universelles et défense de leurs intérêts ?
1. Deux guerres mondiales pour construire une superpuissance (1918-1945)
La Première Guerre mondiale : l'entrée en scène des États-Unis
• Un engagement qui rompt avec l'isolationnisme
Depuis 1823, l'action des États-Unis dans le monde s'appuie sur la doctrine Monroe : pas
d'engagement des Européens en Amérique et pas d'engagement des Américains en Europe.
Cependant, les États-Unis sont déjà présents dans le monde par leur économie et par le fait qu'ils
administrent les Philippines, cédées par l'Espagne lors de sa défaite en 1898, à l'issue de la guerre
hispano-américaine. L'attaque allemande du navire Lusitania et plus largement le risque d'une
hégémonie allemande et de ses conséquences poussent les États-Unis à s'engager du côté de
l'Entente (France, Royaume-Uni, Russie) en avril 1917.
• Les « 14 points » de Wilson : une caution morale pour la guerre
Le président Wilson doit cependant justifier cet engagement par des valeurs conformes à la
Constitution des États-Unis et non pas sur une volonté d'établir une hégémonie. Le 8 janvier 1918,
il prononce devant le Congrès un discours dans lequel il énonce quatorze points qui résument les
conditions nécessaires à l'établissement d'une paix durable après la guerre. On y défend le droit
des peuples à disposer d'eux-mêmes, le refus d'une guerre de conquête et l'idée de régler les
conflits futurs par une grande organisation internationale.
• L'idée d'un nouveau type de rapports entre les nations
Les États-Unis sortent renforcés du conflit. Leur puissance économique s'accroît. Grâce aux
emprunts des Européens, ils possèdent un tiers du stock d'or mondial. Lors de la conférence de
Versailles qui règle la Première Guerre mondiale, Wilson tente de défendre ses nouveaux
principes, mais les rivalités entre les puissances européennes l'emportent. Les États-Unis n'ont pas
encore une influence politique suffisante.
Le retour à l'isolationnisme entre les deux guerres
• Le refus d'entrer dans la SDN
Malgré les efforts de Wilson, le Congrès refuse que les États-Unis intègrent la Société des nations,
pourtant créée suite aux conditions des « 14 points ». Les Américains restent avant tout
isolationnistes.
• Un engagement mondial pourtant nécessaire
Cependant, les impératifs économiques conduisent les États-Unis à poursuivre un certain nombre
d'engagements en Europe, comme la question des réparations allemandes, ou encore celle de
l'équilibre monétaire. Le dollar a en effet intégré le système du Gold exchange standard en 1922.
La Seconde Guerre mondiale : les États-Unis puissance mondiale
• À la tête de la Grande Alliance
L'attaque japonaise à Pearl Harbour le 7 décembre 1941 précipite les Américains dans la guerre. Ils
s'engagent auprès de la Grande-Bretagne et de la France libre contre les forces de l'Axe. Leurs
armées sont ainsi présentes sur tous les continents.
• L'acteur principal de la victoire
La puissance américaine fait la différence. Son territoire, inaccessible aux attaques de l'Axe,
devient le centre de production des armes des Alliés. Par les lois prêt-bail et « cash and carry », elle
les exporte largement et fait tourner sa machine économique à plein régime.
• Une puissance qui dessine le nouveau monde après la victoire
En 1945, les États-Unis sont présents partout dans le monde grâce à leurs forces armées qui ont
contribué à libérer l'Europe et l'Asie. Ils posdent une zone d'occupation en Allemagne et en
Autriche et occupent le Japon. Ils détiennent deux tiers du stock d'or mondial et deviennent le
centre économique du monde. Ils ont le monopole de l'arme atomique depuis 1945, qu'ils utilisent
sur Hiroshima et Nagazaki.
2. Un des deux pôles de la guerre froide (1945-1991)
Une superpuissance à la tête d'un bloc
• Une présence mondiale
Pendant la guerre froide, les Américains tissent un réseau de bases militaires. Leurs flottes
contrôlent les océans.
• Une puissance économique
La gouvernance économique mondiale mise en place à la conférence de Bretton Woods fait du
dollar la seule monnaie convertible en or. Les négociations du GATT sont largement dominées par
les États-Unis.
• Une puissance diplomatique
Les États-Unis tissent un réseau d'alliance très dense : OTAN en 1949 OTASE en 1954, pacte de
Bagdad en 1955. Le but est d'encercler le bloc de l'Est pour empêcher la diffusion du communisme.
Un modèle pour le « monde libre »
• Le modèle américain
La présence des États-Unis dans le monde doit beaucoup au prestige du modèle américain. Il est
fondé sur le libéralisme politique (défense des libertés) et économique (liberté d'entreprendre). Il
est associé à la société de consommation et à un mode de vie, l'« American way of life ». Ce
modèle se diffuse largement par le biais des modes et des médias dès les années 1950.
• La défense du « monde libre »
Parallèlement à cela, les Américains développent l'idée qu'ils défendent le monde libre face au bloc
soviétique. En 1947, le président Truman développe la doctrine de l'endiguement du communisme.
L'aide Marshall proposée aux États de l'Europe en 1947 avait également pour but d'empêcher la
diffusion du communisme.
Une puissance engagée
• La dissuasion nucléaire
Pour défendre cette politique, les Américains se lancent dans une course aux armements face à
l'Union soviétique. Le principe de la dissuasion nucléaire conduit à la multiplication des armes
pour garantir l'« équilibre de la terreur », qui empêche le déclenchement d'une guerre.
• Les crises et conflits périphériques
Les États-Unis s'engagent donc dans de nombreux conflits périphériques, c'est-à-dire indirects et
limités, pour lutter contre l'avance soviétique : guerre de Corée de 1950 à 1953, guerre du Vietnam
du début des années 1960 à 1973. Des crises ponctuent également la guerre froide, comme celle de
Berlin de 1958 à 1961, ou celle de Cuba en 1962.
• Un bilan en demi-teinte
Durant la guerre froide, les États-Unis connaissent des sucs mitigés. Dans les années 1970, leur
action est violemment contestée par l'opinion publique, en partie hostile à leur engagement au
Vietnam. Les États-Unis voient les Soviétiques progresser en Asie et en Afrique.
3. Une « hyperpuissance » remise en question (de 1991 à nos jours)
Le « gendarme du monde » ?
• La fin de la guerre froide
Le président Ronald Reagan, élu en 1980, poursuit la lutte contre l'Union soviétique. Il se lance
dans une politique de fermeté (crise des euromissiles) et a de nouveau recours à des valeurs
idéologiques contre l'adversaire, qualifié d'« empire du mal ». Surtout, il utilise la supériorité
économique des États-Unis pour venir à bout de l'adversaire. Malgré les réformes engagées par
Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique, le bloc de l'Est disparaît en 1989 et l'Union soviétique
en 1991.
• Dix ans de pax americana
De 1991 à 2001, les États-Unis apparaissent comme la seule superpuissance. On parle
d'« hyperpuissance ».
• Des engagements nombreux
Les États-Unis s'engagent alors contre les pays qualifiés d'« États parias », soupçonnés de vouloir
se doter d'armes de destruction massive ou violant les droits de l'homme. La plupart de ces actions
se font sous le mandat de l'ONU : première guerre du golfe en 1991, engagement en Somalie
en 1992, en Bosnie avec l'OTAN en 1993. Les États-Unis sont qualifiés de « gendarmes du
monde ».
Une puissance contestée
• Le 11 septembre et ses conséquences
De nouvelles menaces apparaissent, comme le terrorisme islamiste avec les attentats du
11 septembre 2001 contre le World Trade Center de New York. Le président George W. Bush se
lance alors dans une guerre contre « l'axe du mal » et entreprend sans mandat de l'ONU la seconde
guerre du golfe contre l'Irak en 2003. Depuis 2001, l'OTAN est engagée sous mandat de l'ONU en
Afghanistan contre les talibans.
• Une image contestée
Les engagements américains sont souvent critiqués par une partie de l'opinion, qui les accuse de
défendre leurs intérêts et ceux de leurs alliés, dans le but notamment de contrôler la région
stratégique du Moyen-Orient. En Amérique latine, l'hégémonie américaine est contestée par des
hommes comme Hugo Chavez, président du Venezuela, qui crée une Alliance bolivarienne pour les
Amériques, à laquelle adhèrent neuf pays.
• De nouveaux concurrents
Par ailleurs, de nouvelles puissances émergentes s'affirment, comme la Chine, ce qui pose la
question de la place des États-Unis dans un monde devenu multipolaire.
Une puissance encore bien réelle
• Le « hard power » américain
Cela étant, seuls les États-Unis disposent dans le monde d'une puissance militaire déployée sur la
planète entière. La moitié des dépenses militaires dans le monde leur revient.
• Le « soft power » américain
Bien qu'elle soit contestée, l'hégémonie culturelle des États-Unis demeure. Les produits
américains restent les plus diffusés, même s'ils sont de plus en plus récupérés par les cultures
locales. Du point de vue économique, si l'Asie orientale s'affirme comme nouvelle zone de
production, le marché américain et son potentiel d'innovation restent les premiers du monde.
Ainsi, la présence des États-Unis dans le monde a répondu à la fois à des idéaux et à des intérêts.
La place des États-Unis sur l'échiquier mondial est le reflet d'une puissance sans cesse réajustée en
fonction du contexte international.
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