CARTOGRAPHIE DES RISQUES
2016
Risques et tendances 17
Division Études, stratégie et
risques
Juillet 2016
Cartographie 2016
Risques et tendances n°17 Juillet 2016 2
Autorité des marchés financiers
Achevé de rédiger le 24 juin 2016
Cette étude a été coordonnée par la Division Études, stratégie et risques de l’Autorité des
marchés financiers, et rédigée par les personnes citées en dernière page. Elle repose sur
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peuvent être garanties. Sauf mention contraire, les données chiffrées ou autres informations
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Risques et tendances n°17 Juillet 2016 3
Autorité des marchés financiers
ÉDITORIAL
Le vote du jeudi 23 juin en faveur du Brexit ouvre une période de
fortes incertitudes qu’il faut souhaiter la plus courte possible en dépit
de la complexité et de la nature très politique de la négociation à
venir. L’impact final du Brexit dépendra naturellement du statut
qu’obtiendra le Royaume-Uni vis-à-vis de l’Union, du plus proche
(rattachement à l’Espace économique européen) au plus éloigné
(absence de tout accord spécifique avec l’Union).
Le poids de la City de Londres dans le monde financier rend ces
négociations très importantes pour l’organisation des marchés
financiers dans l’Europe des 27. A ce stade, notre vigilance se porte
sur les conditions dans lesquelles le régime des « pays tiers » prévu
dans de nombreux textes européens pourrait s’appliquer. En outre,
nous devrons veiller à ce que soit maintenue notre capacité à surveiller efficacement les
marchés qui implique un accès aux données des référentiels centraux britanniques ou aux
données déclarées par les prestataires de service d’investissement et les plates-formes
britanniques. Il faudra surtout poser la question du rapatriement dans l’Union européenne de
la compensation d’instruments financiers libellés en euros.
Le choc créé par le Brexit intervient dans un contexte international déjà marqué par des
risques géopolitiques particulièrement élevés. En conséquence, les marchés financiers ont
été fortement impactés dans les jours suivant le résultat du référendum. Le choix
britannique montre aux acteurs de marché que la construction européenne n’est pas un
processus irréversible. La probabilité que d’autres pays européens remettent en cause le
projet de l’Union va sans doute être revue à la hausse. C’est pourquoi il est impératif que les
États qui portent le projet européen relancent ensemble la construction communautaire.
Au-delà, c’est surtout l’environnement de taux d’intérêt très bas en zone euro, provoqué par
les politiques monétaires, qui appelle à la plus grande vigilance. En effet, un tel niveau de
taux est lourd de menaces et d’effets perturbateurs pour les acteurs de la banque et de
l’assurance comme pour les marchés et les épargnants. La capacité à sortir de manière
ordonnée de cet environnement est incertaine et l’exemple du Japon - l’inflation n’a
jamais repris - illustre les difficultés et les limites associées aux politiques d’expansion du
bilan des banques centrales.
Dans cet environnement, la capacité des marchés financiers à donner un prix au temps, à
tarifer le risque, et à orienter les décisions d’investissement est questionnable. Sur le
marché obligataire, ce sont désormais 10 000 milliards de dollars de dette souveraine qui
servent un taux nominal négatif, tandis que les primes de risque ou de terme apparaissent
très faibles au regard des caractéristiques fondamentales des émetteurs. Ces derniers
bénéficient de conditions de financement exceptionnelles qui ont cependant des effets
décevants sur l’investissement productif et la croissance. De plus la liquidité des marchés
obligataires reste incertaine en cas de stress, ce qui pourrait accroître les ajustements de
prix en cas de correction sur ces marchés, avec une volatilité exacerbée quand les
valorisations devront revenir vers des niveaux en ligne avec les fondamentaux.
Au total, le statu quo ne paraît pas être une option. Nous devons, avec nos partenaires
européens, approfondir l’Union bancaire en répondant aux questions posées sur les
exigences de fonds propres, et sur la garantie des dépôts ; réaffirmer la solidité et la
crédibilité des infrastructures de marché situées en zone euro, et organiser la compensation
dans l’Europe à 27 des instruments financiers libellés en euros ; relancer la coordination des
politiques économiques en vue de la croissance et de l’emploi ; ne pas craindre enfin de
faire valoir les atouts de la Place de Paris qui dispose d’une tradition de régulation solide et
d’acteurs économiques et financiers forts à l’échelle européenne.
Gérard Rameix,
Président de l’Autorité des marchés financiers
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Autorité des marchés financiers
SOMMAIRE
SYNTHÈSE DES RISQUES IDENTIFIÉS .............................................................................. 5
CHAPITRE 1 : LE FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE .......................................................... 8
1.1. La détérioration de l’environnement économique et financier a pesé sur la
perception du risque .......................................................................................... 13
1.2. L’activité primaire a dans l’ensemble bien résisté à la détérioration de
l’environnement financier … jusqu’à la fin 2015 ................................................. 21
CHAPITRE 2 : ORGANISATION DES MARCHÉS ET INTERMÉDIATION ........................ 30
2.1. Une augmentation de l’activité sur les marchés d’actions essentiellement
expliquée par la chute sur les marchés chinois à l’été 2015 .............................. 30
2.2. Une liquidité des marchés obligataires qui continue de susciter
des inquiétudes .................................................................................................. 32
2.3. Des marchés de dérivés qui poursuivent leur mutation ...................................... 37
2.4. Une électronisation croissante des marchés qui favorise l’émergence de
nouveaux risques ............................................................................................... 45
CHAPITRE 3 : L’ÉPARGNE DES MÉNAGES ..................................................................... 49
3.1. Un attrait des ménages toujours marqué pour les dépôts bancaires et
l’assurance vie ................................................................................................... 49
3.2. La persistance des offres d’investissement en produits atypiques voire
irréalistes ........................................................................................................... 58
3.3. Le développement des offres digitales : entre opportunités et dangers .............. 60
CHAPITRE 4 : LA GESTION COLLECTIVE ....................................................................... 62
4.1 Une augmentation des encours importante en 2015, tirée par l’Europe et les
pays émergents ................................................................................................. 62
4.2 Une vigilance particulière vis-à-vis des fonds monétaires .................................. 69
4.3 Doit-on s’inquiéter du recours au levier par les fonds d’investissement ? .......... 76
4.4 Évaluation du risque des fonds immobiliers........................................................ 80
4.5 Quels sont les risques liés à la croissance du marché des ETF ? ...................... 83
LISTE DES ACRONYMES ............................................................................................................ 88
LISTE DES GRAPHIQUES ........................................................................................................... 89
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................... 89
LISTE DES ENCADRES .............................................................................................................. 90
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Autorité des marchés financiers
SYNTHÈSE DES RISQUES IDENTIFIÉS
Le vote du Royaume-Uni en faveur d’une sortie de l’Union européenne accroît
durablement l’incertitude et devrait surtout jouer négativement via le canal de la
confiance (hausse de la volatilité et des primes de risque).
Les effets de la sortie du Royaume-Uni dépendront étroitement des conditions de cette
sortie et du statut que le pays obtiendra finalement vis-vis de l’Union européenne. Cette
incertitude ne sera levée qu’au terme de négociations qui devraient durer plusieurs années.
Pendant tout ce processus, le Royaume-Uni conservera son statut de membre à part
entière de l’Union, l’incertitude devrait conduire à une hausse des primes de risques et à un
accroissement de la volatilité.
Outre les effets directs liés aux négociations propres au Royaume-Uni, l’événement sans
précédent que constitue la sortie d’un pays de l’Union européenne va rendre un peu plus
plausibles les scénarios dans lesquels d’autres pays pourraient renégocier leur
appartenance à l’Union voire en sortir. Cette probabilité sera accentuée par d’importantes
échéances électorales à venir dans plusieurs pays européens : elle est à apprécier au
regard des initiatives politiques qui seront prises en Europe dans les prochains mois. La
hausse des primes de risque et l’augmentation de la volatilité devraient être amplifiées au
titre de ces anticipations concernant d’autres pays que le Royaume-Uni.
Ces effets d’anticipation et de hausse de la prime de risque devraient l’emporter dans un
premier temps sur les autres canaux de transmission qui peuvent affecter l’environnement
macro-financier. Ces canaux joueraient ultérieurement (comme le canal commercial, dont
l’impact est conditionné à l’issue des négociations à venir sur les accords douaniers et
tarifaires).
L’organisation des marchés financiers (surtout activités de marché, de post-marché,
et de gestion d’actif) sera d’autant plus affectée si le Royaume-Uni devient un pays
tiers de l’Union européenne sans aucun accord spécifique.
La décision prise par le Royaume-Uni aura un impact d’autant plus fort que ce pays
s’éloignera beaucoup des règles en vigueur dans l’Union. Pour cet exercice de cartographie
des risques, il est ainsi utile d’examiner le scénario extrême les négociations de sortie
aboutissent à ce que l’Union considère le Royaume-Uni comme un pays tiers, sans aucun
accord spécifique.
Sous cette hypothèse, la prestation de services d’investissement entre l’Union et le
Royaume-Uni serait très impactée (pour assurer cette prestation, les entreprises devront
établir selon les cas une succursale ou une filiale, et obtenir un agrément local). Les
référentiels centraux établis au Royaume-Uni devront quant à eux faire l’objet d’une
procédure d’équivalence et de reconnaissance pour continuer à fournir des services aux
clients de l’Union. Cette procédure n’a encore jamais été exploitée en pratique et elle paraît
très complexe à mettre en œuvre. De plus, le Royaume-Uni devra créer un régime de
supervision de ses référentiels centraux (actuellement directement supervisés par l’Autorité
européenne des marchés financiers), afin que puisse s’exercer la surveillance des marchés.
Cette dernière requiert aussi l’accès aux données déclarées par les prestataires de services
d’investissement et les plateformes britanniques. Enfin, en cas de non reconnaissance des
chambres de compensation britanniques par l’Union, les adhérents compensateurs
européens utilisant ces chambres pourraient se voir imposer des charges prudentielles
supérieures. De plus, la compensation des contrats libellés en euros pourrait souffrir, au
Royaume-Uni, de l’éventuelle fermeture de l’accès à la liquidité en euros provenant
actuellement de la BCE via la Banque d’Angleterre. Cette compensation pourrait même ne
plus être autorisée (si l’Union décide d’imposer qu’une telle compensation se fasse sur son
territoire).
En ce qui concerne la gestion d’actifs, les fonds britanniques représentent 5 % du nombre
de fonds entrant en France (et le Royaume-Uni est la destination de 9 % des fonds français
sortant). Faute de régime de passeport « pays tiers » disponible, tant pour les FIA (pour
lesquels ce régime est prévu mais pas encore activé) que pour les OPCVM (pour lesquels
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