Ewa SIEMIENSKA
Université Nicolas Copernic
Torun, Pologne
Les investissements directs
étrangers en Pologne
(note de synthèse)
millions de dollars en 2000, 4123 en 2003) mais
sont reparties à la hausse en 2004 avec un afflux
de 6159 millions de dollars
2
. Leur rythme est lié à
la croissance économique. Les IDE ont suivi après
2000 la baisse du taux de croissance du PIB
polonais de 6,9% en 1997 à 1% en 2001 (fig. 2).
Mais leur dynamique épouse surtout les étapes de
l’entrée dans l’économie de marché des pays post-
socialistes : la phase de croissance des IDE
correspond aux grandes vagues de privatisation
de l’appareil économique, alors que désormais les
investissements e x - n i h i l o (green field) prévalent.
Sur la période 1999-2000, les dernières grandes
privatisations ont été réalisées avec l’apport de
capitaux étrangers. Elles ont concerné le secteur
bancaire (PKO S.A., Bank Zachodni S.A.), la société
d’assurance PZU S.A., une centrale thermique à
Varsovie, la centrale électrique Polaniec et
l’entreprise pharmaceutique POLFA S.A. à Poznan.
Après la privatisation de l’entreprise de
télécommunication Telekomunikacja Polska en
2000 - avec des capitaux français -, ces opérations
ne concernent plus que quelques PME. De 1990 à
2003 on compte ainsi 7 056 privatisations. Leur
nombre diminue logiquement au fur et à mesure
de la restructuration économique : 501 en 1995,
253 en 2000, 98 en 2002 et 73 en 2003. La
répartition sectorielle des IDE est dominée par
l’industrie, le secteur bancaire, les transports et
communications qui à eux trois concentrent 90%
des investissements (tabl. 2). En 2003 les services
aux entreprises et l’immobilier ont toutefois capté
12% des IDE.
UNE RÉPARTITION SPATIALE DES IDE À L’IMAGE
DU RÉSEAU URBAIN
D’une façon générale, les investisseurs préfèrent
s’installer dans les régions plus développées, et
disposant de bonnes infrastructures : c’est
pourquoi la plus grande concentration de capitaux
étrangers se trouve dans les grandes
agglomérations du pays et privilégie par ordre
décroissant : Varsovie et sa région (la voïvodie de
Mazovie), Katowice et l’ensemble de la
conurbation de Haute-Silésie, Wroclaw en Basse-
Silésie, Poznan en Grande Pologne, Cracovie en
Petite-Pologne. Les voïvodies dans lesquelles sont
situées ces villes absorbaient 82% des IDE en 1998,
et toujours 84% en 2003. En somme, les IDE, en
renforçant le potentiel économique des grandes
agglomérations, perpétuent voire renforcent les
déséquilibres régionaux. Sur le total des
entreprises ayant des capitaux étrangers, 32% se
trouvent dans la voïvodie de Varsovie (et elles ont
apporté 57% des capitaux étrangers installés en
Pologne), 11% en Silésie (7% des capitaux investis)
et 11% en Basse Silésie (5% des capitaux investis).
Ces chiffres indiquent la polarisation des
investissements manufacturiers en Silésie, et celle
des implantations tertiaires à forte valeur ajoutée
dans la région capitale (fig. 3).
Le processus de globalisation dans lequel est
entrée la Pologne a de nombreuses origines,
parmi lesquelles la mobilité des capitaux, décisive
par sa dimension transnationale. En retour,
l’importance des investissements directs étrangers
(IDE) dans la vie économique du pays d’accueil est
incontestable, surtout au niveau régional : le
transfert des capitaux résulte de la mise en
concurrence de différents marchés, et contribue
par conséquent aux inégalités de développement
dans le territoire national. Toute la question est de
savoir alors s’il les résorbe ou s’il les accentue.
LA PLACE MODESTE DES PAYS ÉMERGENTS DE
L’EUROPE POST-SOCIALISTE
Les investissements directs étrangers dans le
monde ont atteint en 2000 leur plus haut niveau
( 1 392 957 millions de dollars), et déclinent depuis :
le montant des flux entrants était de 548 146
millions de dollars en 2004, soit environ la moitié
du niveau de 2000. La majorité des IDE mondiaux
afflue dans les pays de l’Union Européenne (57%
en 2003, 33% en 2004). En revanche, les pays
d’Europe centrale et orientale (PECO)
1
o c c u p e n t
une place très modeste : ils accueillaient 1,4% en
2000 des flux d’IDE dans le monde en 2000, et
4,1% en 2004 (tabl. 1). La Pologne constituait une
cible privilégiée des investissements dans cette
partie de l’Europe puisqu’elle en accueillait un tiers
dans la première moitié des années 1990. Mais ce
leadership s’est érodé, et elle n’en capte plus que
le quart. Au total, la Pologne a reçu 25% des stocks
d’IDE des PECO depuis leur ouverture à
l’économie de marché, ce qui en fait effectivement
le premier pays bénéficiaire, mais elle est suivie de
près par la République Tchèque et la Hongrie.
LES IDE, UN VECTEUR DE L’EUROPÉANISATION
DE L’ÉCONOMIE POLONAISE
Les IDE destinés à la Pologne proviennent dans
des proportions écrasantes du continent européen
(Figure 1). Les pays européens totalisaient 98% des
IDE réalisés en Europe médiane en 2000, et si leur
part s’est réduite jusqu’à 76% en 2003, c’est au
bénéfice d’investisseurs asiatiques plutôt
qu’américains. La part des USA reste assez stable
depuis 1997, autour de 400 millions d’euros par an.
Au total, les premiers investisseurs présents sur le
marché polonais depuis quinze ans sont la France
(20% des IDE cumulés, soit 16 milliards de $ en
2004) suivie des Pays-Bas (14%), des Etats-Unis et
de l’Allemagne. Toutefois l’année 2004 est
marquée par une entrée remarquée de la Corée
(202 millions de $) et du Japon (108 millions), dans
le secteur automobile.
UNE DYNAMIQUE LIÉE AUX ÉTAPES DE LA
CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Les arrivées d’IDE en Pologne comme dans
l’ensemble du monde ont ralenti après 2000 (8 1 7 1
1 - Estonie, Lettonie, Lituanie,
Pologne, République Tchèque,
Slovaquie, Hongrie, Bulgarie,
Roumanie, Slovénie.
2 - On trouve des valeurs plus
élevées si l’on se reporte aux
données de l’agence Polonaise
pour les Investissements
Etrangers PAIZ en raison d’une
méthodologie différente de
celle des Nations Unies :
10601 millions d’euros en
2000 et 7860 en 2004,
65
ÉOCARREFOUR VOL 80 1/2005