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Gref actualités n° 28– Octobre 2009
Ces trois principes de gouvernance ont été défendus par les 25 pays de l’Union auprès des Nations unies lors du
Sommet mondial sur la société de l’information en 2005. Revenir sur ces principes d’architecture, pour créer un réseau
en étoile (comme c’était le cas du minitel), pourrait avoir de lourdes conséquences techniques, économiques et
politiques. Cela reviendrait à centraliser la création des innovations qui sont diffusées via le réseau et cela pourrait
aussi limiter les capacités de diffusion des idées et des informations sur le réseau.
2 - Cartographie de l’internet
Le système de gestion des noms de domaines (Domain Name System ou DNS)
L’un des éléments clés pour le développement de l’internet est lié à la création d’un identifiant unique pour chaque
machine connectée : l’adresse IP. Or ces adresses IP (comme en d’autres temps les numéros de téléphone) sont
difficiles à mémoriser. D’où la nécessité de créer un système de conversion entre ces adresses et des noms usuels
facilement mémorisables. C’est le rôle du système de gestion des noms de domaine ou DNS. L’utilisateur tape un nom
de domaine (ex : www.engref.fr), le DNS convertit ce nom de domaine en une adresse numérique immédiatement
accessible par toutes les machines du réseau.
Ce système est organisé autour de 13 machines dites « serveurs racines » (10 serveurs racines aux États-Unis, 2 en
Europe) et un « serveur A » qui contrôle la répartition des noms de domaines en fonction des zones géographiques
(ex : eu, fr…) ou des secteurs d’activité (.com,..org…). Les informations présentes sur ce serveur A tiennent sur
une clé USB (environ 300 noms extensions ainsi que les coordonnées des personnes qui sont chargées de leur
gestion) . Mais ce serveur représente à lui seul un enjeu stratégique majeur pour l’ensemble des États. Ce serveur est
actuellement géré et contrôlé par le département du Commerce des États-Unis. Ceci pourrait donner, en cas de
conflit, un atout aux USA qui pourrait progressivement effacer de la carte de l’internet les ressources d’un
pays tout entier.
La gouvernance des noms de domaine :
Une société de droit privé californien l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), a été
créée en 1998 à la demande du Gouvernement des États-Unis pour assurer la gestion de l’ensemble de l’architecture
des noms de domaine (DNS). Depuis lors, la gestion de la Racine A est restée sous le contrôle des autorités
américaines. L’organisation du Sommet des Nations unies sur la société de l’information est en grande partie liée à
cette situation de contrôle « unipolaire » des ressources critiques de l’internet par les États-Unis.
Il est à noter que dans les conflits récents entre la Russie et la Géorgie, les machines du DNS en Géorgie furent
attaquées obligeant alors le gouvernement à transférer l’ensemble de ses serveurs officiels aux États-Unis pour qu’ils
puissent continuer d’être accessibles.
Les demandes répétées des pays de l’Union
européenne pour une gestion multilatérale du DNS se
sont vues rejetées par le gouvernement US (voir sur ce
point la lettre envoyée lors du Sommet des Nations
Unies sur la société de l’information par la secrétaire
d’État Condoleezza Rice « intimant l’ordre» à la
Présidence britannique de l’Union européenne de ne
pas réclamer une coopération renforcée sur la
gouvernance de l’internet).
3 - Évolutions et mutations du réseau
Des objets et des puces
Le réseau pourrait évoluer d’un internet des ordinateurs vers un internet des objets qui connecterait entre eux
l’ensemble des objets du quotidien. Ainsi, les téléphones portables qui sont utilisés par 4 milliards de personnes,
sont progressivement connectés à l’internet. La connexion de ces 2 réseaux multipliera par 2 le nombre
d’utilisateurs de l’internet dans les toutes prochaines années.