Je fais Mtl - Faire Montréal

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Je fais Mtl
Rapport sur l’indice de mesure
d’impact socioéconomique
Bureau de suivi
2016
La publication de ce rapport a été rendue possible grâce aux personnes suivantes:
Conseil ADN
Denis Coderre, maire de Montréal
Pierre Desrochers, président du comité exécutif de la Ville de Montréal
Jean-Martin Aussant, directeur général du Chantier de l’économie sociale
Christian Bélair, président et associé principal de CREDO
Frédéric Bouchard, professeur et premier titulaire de la chaire ÉSOPE en philosophie de l’UdeM
Gabriel Bran Lopez, président de la JCCMM et président fondateur de Fusion Jeunesse
Éric Brat, professeur associé, HÉC Montréal ¸
Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro
Chantal Fontaine, actrice, restauratrice et membre des conseils d’administration de Tourisme Montréal et de la SDC
du Vieux-Montréal
Nathalie Fortin, présidente du Forum régional sur le développement social de l’île de Montréal
Nadine Gelly, directrice générale de la Vitrine culturelle
Serge Guérin, directeur du Service du développement économique de la Ville de Montréal
Stéphan Huddart, président-directeur général de la Fondation de la famille McConnell
Louis-Edgar Jean-François, président du Consultation LEJ inc.
Monique Jérôme-Forget, conseillère spéciale, Osler Hoskin & Harcourt
Yves Lalumière, président-directeur général de Tourisme Montréal
Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain
L.-Jacques Ménard, président de BMO Groupe financier, Québec et président du conseil de BMO Nesbitt Burns
Jean-François Nadeau, directeur exécutif du Centre de partenariats avec les entreprises, Université McGill
John Parisella, directeur exécutif, Campus Montréal
Sylvie Rochette, cofondatrice et DG du Regroupement Partage et instigatrice du projet Cultiver l’espoir
Damien Silès, directeur général du Quartier de l’innovation de Montréal
Caroline Varin, directrice générale de la Fondation pour l’alphabétisation
Michel Venne, directeur général de l’Institut du Nouveau Monde
Ville de Montréal
Diane de Courcy, directrice, Bureau de suivi de Je fais Mtl
Thibaut Temmerman, agent de recherche, Bureau de suivi de Je fais Mtl
Maha Berechid, conseillère, Service de développement économique
Équipe de recherche
Marina Frangioni - Chercheur principal, Bishop’s University
Ève-Lyne Comtois-Dinel – Doctorante à la Téluq
Comité technique
Christophe Abrassart, Professeur, Université de Montréal
Christian Bernard, économiste principal, Montréal International
Frédéric Bouchard, professeur et premier titulaire de la chaire ÉSOPE en philosophie de l’UdeM
Yves Charrette, coordonnateur, Communauté métropolitaine de Montréal
Jean-Guy Côté, Institut du Québec
Jean-Marie Dufour – Professeur, université McGill et fellow au CIRANO
David Grandadam, professionnel de recherche, HEC
Catherine Lavoie, Conseillère, Communauté métropolitaine de Montréal
Valérie Lehmann, Professeure ESG/UQAM
Lucy Stojak, Directrice de l’École d’été en management de la créativité, Mosaic / HEC Montréal
Diane-Gabrielle Tremblay, professeur, Téluq
Michel Trépanier, professeur, INRS Culture-Urbanisation et Société
Johanne Turbide, professeure, HEC
Rapport sur l’Indice Je fais Mtl
Novembre 2016
1
REMERCIEMENTS
Les auteurs du rapport tiennent à remercier l’ensemble des personnes qui ont contribué
à la présente recherche, dont notamment, les élu(e)s de la Ville de Montréal qui ont offert une
entière liberté de recherche pour la constitution de ce rapport, les membres du Conseil ADN pour
leurs commentaires sur la définition de l’Indice, les membres du comité technique qui ont mis
leurs savoirs et leurs expériences à contribution dans cette recherche, les membres du Bureau de
suivi qui ont offert leur support et ont ouvert les livres de l’initiative Je fais Mtl afin que nous
puissions mener à bien cette analyse et les employés de la Ville qui ont travaillé également sur ce
projet.
Enfin, les auteurs souhaitent remercier l’ensemble de la communauté Je fais Mtl qui a
participé non seulement à cette recherche, mais aussi, et surtout à définir un nouvel élan pour
leur ville.
Rapport sur l’Indice Je fais Mtl
Novembre 2016
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SOMMAIRE EXÉCUTIF
En 2014, le mouvement Je vois Mtl prenait vie, suite au rapport du Boston Consulting
Group commandé par la Banque de Montréal (BMO) afin de redonner un nouvel élan
économique à la métropole du Québec. Un grand rassemblement avait lieu à la Place des Arts
en novembre 2014, sous l’égide de la BMO et de la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain (CCMM). Plus de 1500 personnes se sont donc donné rendez-vous ce jour-là avec
parmi elles, des promoteurs venant présenter leurs projets et s’engageant au développement
et à la réalisation de ceux-ci. Outre les promoteurs, des partenaires, des collaborateurs, des
sympathisants aux projets étaient également présents lors de l’évènement pour apporter leur
concours à cette grande vague d’optimisme socioéconomique.
Afin de continuer à accompagner les promoteurs et leurs partenaires, l’initiative Je vois
Mtl devenait, en 2015, Je fais Mtl. Un Bureau de suivi était créé à la Ville de Montréal. Le
mandat du Bureau de suivi est double. D’une part, assurer le développement et la réalisation
des 181 projets actuels en impliquant les services de la Ville et un ensemble de partenaires, dont
l’Institut du Québec, et d’intégrer de nouveaux projets au portefeuille de Je fais Mtl. D’autre
part, le Bureau de suivi héritait de la mission de développer un indice afin de mesurer l’impact
socioéconomique du portefeuille de projets sur Montréal. Cette initiative a été officiellement
lancée le 17 novembre 2015, en même temps que le Conseil ADN dont l’une des responsabilités
est de superviser les travaux de développement de l’Indice Je fais Mtl.
Par ailleurs, l’objectif de cet indice, lequel fait l’objet du présent rapport, est de
compléter les indicateurs classiques de mesure économique (comme le PIB par exemple) en
offrant un éclairage et une mesure efficace des projets de développement socioéconomique
entrepris sur un mode collaboratif, pratique dont il est de plus en plus question dans le monde
du travail.
Montréal n’est pas la seule métropole, voire pays, qui réfléchit au développement de
ces nouveaux indices. Dès 2008, la France mettait sur pied la Commission sur la mesure de la
performance économique et du progrès social, celle-ci était composée de pas moins de cinq prix
Nobel d’économie, dont son président, le Pr Stiglitz. Les conclusions du rapport encourageaient
l’intégration de nouveaux indicateurs de performance économique qui incluent les activités non
marchandes, les collaborations et plus largement la notion de bien-être subjectif.
Plusieurs organismes travaillent depuis des années au développement d’indices
complémentaires au PIB afin de mieux apprécier les décisions publiques et les décisions privées
en soutien au développement économique. À titre d’exemple, on peut citer la Commission
européenne, en collaboration avec l’OCDE, qui finance des projets de recherche visant à
développer de nouveaux indicateurs. L’objectif de l’initiative «Au-delà du PIB» vise quant à elle
à:
«…développer des indicateurs qui sont aussi clairs et intéressants que le PIB, mais
plus inclusifs des aspects environnementaux et sociaux liés au progrès. Les
indicateurs économiques comme le PIB n’ont jamais été pensés pour rendre compte
des mesures de la prospérité et du bien-être. Nous avons besoin d’indicateurs
adéquats pour faire face aux défis mondiaux du 21e siècle tels que les changements
climatiques, la pauvreté, la diminution des ressources, la santé et la qualité de vie. 1»
1
Traduction libre.
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Parallèlement, depuis près d’une vingtaine d’années, l’innovation est perçue comme le
moteur de l’économie. On parle d’économie du savoir, de la révolution des innovations
technologiques, mais également depuis plus récemment de l’avènement des innovations dites
sociales. Le Manuel d’Oslo de l’OCDE est une référence en matière de définition et de mesure de
la performance économique liée à l’innovation. Cependant, dans la dernière version de son
manuel, l’OCDE introduisait des notions autres que l’innovation technologique (innovation
d’affaires, de procédés par exemple) et tout un chapitre sur « les liens dans le processus
d’innovation (…) Chaque lien rattache l’entreprise innovante aux autres acteurs du système
d’innovation ».
De son côté, le Conference Board du Canada donnait comme définition de l’innovation «un
processus permettant d’extraire une valeur économique ou sociale des connaissances – par la
création, la diffusion et la transformation d’idées, afin d’élaborer des produits, des services ou
des procédés nouveaux ou améliorés.» Tout comme l’OCDE, le Conference Board tient compte
non seulement des innovations radicales, mais aussi des innovations technologiques (ou de
processus) qui sont simplement graduelles, pour le développement économique : «These sorts
of incremental process innovations benefit firms and economies without necessarily being on the
global frontier of radical innovation».
Le Québec n’est pas en reste dans sa réflexion sur la modification des indices de
performance socioéconomique. En effet, en 2012, Harvey Mead, par exemple, publiait son
Rapport sur le progrès véritable, un essai visant à comprendre la croissance économique du
Québec depuis les quarante dernières années et fondé sur les travaux de Gadrey et Jany-Catrice
(2005). Le calcul de l’Indice de progrès véritable (IPV) pour le Québec montre que ce dernier n’a
pas connu une aussi forte croissance que celle suggérée par le PIB une fois que l’on réintègre
des éléments liés au bien-être global et à la qualité de vie (pollution, biodiversité, etc.)
Plus récemment en 2016, l’OCDE procédait à une étude spécifique sur la performance
socioéconomique de Montréal. Globalement, le rapport faisait à la fois état d’un retard de la
métropole en matière de productivité, d’intégration des talents et nombre de diplômés dans le
grand Montréal, mais soulignait également tout le potentiel de la métropole notamment en ce
qui concerne sa capacité de développer l’innovation ascendante (soit celle qui est bottom-up,
donc issue des communautés).
Il apparaît à la lumière des travaux en cours à travers le monde une certaine urgence dans la
volonté de mesurer plus adéquatement les efforts socioproductifs des communautés. À ce titre,
il semble donc opportun de regarder les différentes initiatives internationales pour développer
des indicateurs basés sur l’innovation en réseau (innovation ascendante), sur la circulation du
savoir et sur l’apprentissage pour rendre complets les indicateurs actuels et avoir une meilleure
vision du réel impact des projets socioéconomiques sur la performance économique globale.
C’est dans cette perspective que l’indice Je fais Mtl a été développé. Dans une première
étape, le Bureau de suivi a mis en place un comité technique chargé de circonscrire les
paramètres de l’indice. Les travaux de ce comité se sont déroulés de septembre à novembre
2015. Lors de ces travaux, le comité technique s’est essentiellement penché sur la spécificité du
mouvement Je fais Mtl dans une perspective d’idéation novatrice.
Ainsi, il fut déterminé que l’indice devait se concentrer sur quatre aspects principaux : 1)
le degré de satisfaction des promoteurs des projets, des collaborateurs aux projets, des usagers
de projets et des sympathisants au projet, 2) la création de valeur et l’innovation, 3) la diffusion
des savoirs et des apprentissages et 4) l’incidence des projets au niveau socioéconomique ; cette
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dernière composante, élaborée en collaboration avec l’Institut du Québec (IdQ), vise à améliorer
à terme certains outils de mesure classique existants (dans le cas de l’innovation, par exemple).
Le comité technique s’est donc engagé, dès janvier 2016, dans une deuxième phase de
travail visant le développement de l’indice lui-même et de l’analyse des résultats véhiculés par
celui-ci. Dans le contexte d’une démarche sérieuse et porteuse, le comité a retenu un cadre
d’analyse qui permettrait non seulement de décrire les performances de Je fais Mtl sur le plan
socioéconomique, mais qui puisse également avoir un objectif prescriptif permettant le
développement et la mise en œuvre de politiques publiques plus efficaces et mieux adaptées
aux réalités économiques locales et contemporaines.
Ce cadre d’analyse est essentiellement basé sur la notion d’écosystème économique.
Dans le cas de l’indice, il a été procédé à trois éléments de collecte de données: 1) l’analyse
structurale qui permet de cartographier un réseau et d’en voir les éléments centraux et les
éléments manquants dans un but d’intervention et de développement économique, 2) un
questionnaire pour mesurer la satisfaction a) des promoteurs de projets, b) des usagers de
projets, c) des collaborateurs aux projets et d) des sympathisants aux projets, 3) les deux
éléments précédents ont été complétés par une vingtaine d’entrevues semi-structurées afin de
mieux comprendre la nature des liens, des apprentissages et du savoir développé dans le cadre
de Je fais Mtl.
La recherche-action a été la méthodologie privilégiée, car elle permet la théorisation,
mais également une approche plus pragmatique visant à doter les planificateurs publics d’outils
adaptés à la réalité locale, par une constante validation avec les acteurs de terrain.
Grâce à un travail de filtrage de données, un tableau de cote d’impact a été développé
par l’équipe de recherche sur l’indice Je fais Mtl, à partir des données recueillies par le
questionnaire et les entrevues semi-structurées dans un premier temps, les échanges entre les
projets du mouvement étant encore à leurs débuts. L’Indice Je fais Mtl, dans sa prochaine
version, s’appuiera sur une analyse structurale plus systématique des dynamiques de
collaboration.
Globalement, le tableau montre un impact fort 1) s’agissant de la satisfaction des
participants à Je fais Mtl, quelle que soit la catégorie, 2) en matière de crédibilité et de visibilité
apportées au projet, permettant d’en accélérer leur développement et 3) sur le plan de
l’accroissement des intentions entrepreneuriales qui ont été suscitées directement par Je fais
Mtl. En revanche, on note une cote d’impact moyenne voire faible 1) pour ce qui est des
maillages entre les écosystèmes et dans les écosystèmes (qui devrait être corrigée par
l’activation des 12 écosystèmes de Je fais Mtl), 2) dans le domaine de la diffusion de savoir et de
l’apprentissage et de la création de valeur.
De plus, la mise en œuvre de l’Indice a permis de doter le Bureau de suivi et la Ville de
Montréal d’un outil d’aide à la gestion qui permet, en fonction de la typologie et de la hiérarchie
des écosystèmes d’intervenir plus adéquatement afin de favoriser les maillages créatifs qui
déboucheront éventuellement sur des innovations et à terme favoriseront le développement
économique.
Enfin, la portée de l’Indice développé reste à élargir. Un travail de collaboration
internationale pourra être engagé en ce sens, afin de comparer des initiatives similaires à Je fais
Mtl en matière de soutien à l’entrepreneuriat social et collectif, ce qui permettra de comparer
les actions de Montréal à celles d’autres grandes métropoles.
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L’INDICE Je fais Mtl
Une cote d’impact a été attribuée à chacun des intitulés qui découlent des quatre
grands piliers identifiés par le comité technique lors de sa première phase d’idéation, à
l’automne 2015. C’est cette cote d’impact qui constitue l’Indice Je fais Mtl présenté ci-dessous,
selon l’échelle suivante :
Faible impact
Fort impact
Tableau 5
Cote d’impact/Indice Je fais Mtl
Pilliers/Intitulés
Sondage
Entrevues
Satisfaction relativement aux actions de Je fais Mtl
•
•
•
•
•
•
•
•
Les porteurs de projets sont satisfaits, car Je fais Mtl :
A apporté visibilité et crédibilité
A permis la mise en relation avec de
nouvelles personnes et a permis de
diversifier leurs réseaux
A servi de facilitateur auprès de différentes
organisations dont la Ville de Montréal
Les collaborateurs aux projets sont satisfaits, car Je fais Mtl :
A permis de comprendre les problématiques
entrepreneuriales et liées à la mise en œuvre
d’un projet
A permis de comprendre comment les
sympathisants peuvent permettre de bloquer
ou d’accélérer un projet
A permis de mettre à profit mon expertise et
mon réseau au profit des promoteurs
S/O
S/O
S/O
A permis l’accès à un bassin de clients
potentiel pour la promotion de services des
organisations ou des individus auprès des
promoteurs
Les usagers de projets sont satisfaits, car Je fais Mtl
A permis de prendre en considération mes
besoins, de proposer de nouvelles idées aux
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S/O
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promoteurs pour améliorer les projets
A permis de développer mes connaissances
et de prendre des décisions plus éclairées
• A permis d’acquérir de mieux comprendre le
processus de développement
entrepreneurial
Les sympathisants aux projets sont satisfaits, car Je fais Mtl
• A permis le développement d’une
innovation qui soit plus sociale
•
•
A permis de renforcer leur sentiment
d’appartenance à la société montréalaise
S/O
S/O
S/O
S/O
Création de valeur et innovation
•
•
•
•
•
Favorise de nouvelles collaborations
(sérendipité d’affaires, diversité de la
communauté Je Fais Mtl)
A permis la consolidation de partenariats
Sert à l’accélération de projets (échéances
concrètes)
Permet l’intermédiation et la création de
réseaux intermédiaires
Sert au développement de l’innovation
sociale et la créativité collective
Diffusion des savoirs et apprentissage
•
•
•
•
Favorise la diffusion du savoir tacite et
expérientiel
A permis d’améliorer les façons de faire
A permis de mieux comprendre les actions
liées au leadership
A permis d’apprendre des expériences
étrangères
S/O
Développement économique
•
•
•
A améliorer les intentions entrepreneuriales
A permis de découvrir de nouvelles
opportunités entrepreneuriales
A amélioré le passage vers la création
d’entreprises
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