fut le point de départ d'une décennie de recherches, portant à la fois sur les fondements
théoriques et sur la modélisation macroéconomique. Malinvaud a lui-même poursuivi ses
travaux, dans la foulée de ce premier ouvrage, comme l'illustre son ouvrage Essais sur la
théorie du chômage paru chez Calmann-Levy en 1983.
L'ouvrage de Malinvaud s'appuie sur deux vagues convergentes de recherches. D'une part les
travaux sur la formalisation de la notion d'équilibre walrasien temporaire dans une économie
monétaire, introduite par Hicks et formalisée par Grandmont (1976, 1986), et d'autre part, la
formalisation des équilibres à prix fixes. C'est précisément en 1975 que paraissent les articles
de Bénassy, Drèze et Younès, aboutissements de recherches indépendantes, dont les premiers
résultats circulaient depuis le début des années 70. Ces trois chercheurs proposent chacun un
concept d'équilibre général "non-walrasien" dans une économie d'échange s'appliquant au cas
où les prix sont fixes et prennent comme point de départ le modèle classique d'équilibre
général concurrentiel développé par Arrow, Debreu et Mc Kenzie. Au départ de natures
différentes, il s'avère que les trois concepts proposés sont en fait essentiellement équivalents.
Younès (1975) propose un concept intermédiaire d'équilibre à prix fixe, p-équilibre, basé sur
l'échange volontaire, dont il étudie les propriétés d'optimalité contrainte, en fonction du rôle
assigné à la monnaie. Il démontre ainsi l'existence de p-équilibres "acceptables" qui sont
efficients (au sens parétien) marché par marché.
La définition de Younès ne fait pas explicitement référence aux contraintes quantitatives. Il
démontre cependant l'équivalence entre son concept d'équilibre à prix fixes et celui développé
par Drèze (1975) qui repose sur un système de rationnement des transactions satisfaisant
l'échange volontaire et la règle du coté court. Cette règle, qui correspond à l'efficience marché
par marché, impose que sur chaque marché, seul un coté (l'offre ou la demande) est
éventuellement rationné. Drèze propose également une extension de son concept permettant
la prise en compte des rigidités de prix partielles, nominales ou réelles, à la hausse ou à la
baisse, moyennant une condition additionnelle selon laquelle un rationnement n'intervient sur
un marché que si aucun ajustement de prix n'est plus possible. L'équilibre walrasien devient
alors un cas particulier.
Bénassy (1975) s'inscrit dans la ligne de pensée initiée dans les années 60 par Patinkin,
Clower et Leijonhufvud, et poursuivie par Barro et Grossman (1971), visant à offrir des
fondements microéconomiques à l'analyse macroéconomique keynésienne. Le but poursuivi
par Bénassy est de généraliser l'approche développée par ces auteurs au cas d'une économie
monétaire où le nombre de marchés est quelconque et les prix sont fixes. La demande
effective, dont la fonction de consommation est le prototype, joue un rôle central dans le
concept d'équilibre avec rationnement qu'il propose. Ce sont des propositions de transactions
que les agents adressent aux marchés. Ensemble, ces "signaux" déterminent des transactions
réalisables au travers de mécanismes de rationnement donnés. De la comparaison entre les
propositions et les réalisations, les agents dégagent des contraintes quantitatives sur base
desquelles ils révisent leurs demandes effectives. Plus précisément, la demande (nette)
effective d'un agent sur un marché est le résultat d'un calcul individuel d'optimisation qui tient
compte des contraintes perçues sur les autres marchés. Ce processus de révision définit une
transformation dans l'espace des demandes effectives et un k-équilibre, pour reprendre la
terminologie de Bénassy, est défini comme un point fixe de cette transformation.
Grandmont (1976) a démontré que, sous des hypothèses faibles, les trois concepts proposés
coïncident. Drèze prend comme point de départ la question de l'existence d'un équilibre