B02-Nouveaux paradigmes de la mondialisation
« Les inégalités de revenus en Chine, un frein à la croissance économique et à la
poursuite de la baisse du taux de pauvreté »
Mylène Gaulard / 5
pauvres dont la consommation reste très faible en raison de leurs bas revenus.
Figure 6 : Evolution de la consommation des ménages en Chine (en % du PIB)
Source : China Statistical Yearbook
Ces deux facteurs, les bas niveaux de revenus des plus pauvres et la constitution d’une
épargne de précaution pour les classes moyennes, sont responsables d’une très faible
consommation nationale à l’origine d’une déconnexion grandissante entre la demande
intérieure et l’offre de l’appareil productif national qui ne peut trouver dans les exportations,
représentant déjà 30% du PIB, un remède suffisant aux excédents de production. Bien que la
Chine présente une population supérieure à un milliard d’habitants, l’industrie chinoise doit
faire face à des phénomènes de surproduction récurrents et à des capacités de production
oisives importantes. A la fin de la décennie 1990, dans la région du Guangdong, en plein
essor industriel, 52% des 320 entreprises étudiées présentaient des taux d’utilisation de leurs
biens d’équipement inférieurs à 40% (Minqi, 2004). Ces problèmes n’ont fait que s’accentuer
durant la décennie 2000. En 2006, selon le ministre chinois du Développement national, Ma
Kai, la capacité de production dans le secteur de l’acier dépasse la demande de 120 millions
de tonnes, et dans le secteur du charbon, on observe une production excédentaire de 100
millions de tonnes. De même, du fait de la faiblesse de la demande effective, les capacités de
production oisives, représentant plus de 50% de l’ensemble des capacités de production au
milieu de la décennie 2000, sont toujours de 10% supérieures dans le secteur des biens de
consommation à celles présentes dans le secteur des biens d’équipement (Yanrui, 2004, p.84-
85).
La baisse du taux de profit dans l’appareil productif
Ces phénomènes de surproduction et les capacités de production oisives liées à
l’insuffisance de la demande nationale pèsent sur la rentabilité de l’appareil productif chinois.
Depuis la décennie 2000, un débat oppose pour cette raison des économistes de la Far
Eastern Economic Review au sujet de la baisse du taux de profit qui serait compensée ou non
par une hausse de la masse de profit liée à l’accroissement de la production et des ventes sur
le marché extérieur. On observe ainsi une élévation de la masse de profit, alors que le taux de
profit ne cesse de baisser, et pour certains auteurs (Hofman et Kujis, 2006), une telle situation
serait plutôt bénéfique, seule la masse des profits bénéficiant d’une réelle importance.
Cependant, cette augmentation de la masse de profit s’accompagne de la présence de
capacités de production oisives considérables, et la baisse du taux de profit rend incertaine la
poursuite du processus d’accumulation (Weijian, 2006).
Selon nos dernières recherches, c’est d’ailleurs cette baisse du taux de profit qui est à