CURRICULUM Forum Med Suisse No10 7 mars 2001 229
fréquemment à une insuffisance rénale aiguë.
Dans le cas des premières, des structures de la
membrane glomérulaire basale sont attaquées
par des anticorps qui deviennent également ac-
tifs dans les poumons et peuvent provoquer une
hémorragie pulmonaire avec risque vital. L’at-
teinte simultanée des reins et des poumons
dans le cadre de la formation d’anticorps anti-
GBM est appelée aussi syndrome de Goodpas-
ture. Une autre maladie susceptible de se ma-
nifester comme syndrome rénal et pulmonaire
est le Morbus Wegener, dans le cas duquel il
s’agit d’une vasculite granulomateuse des vais-
seaux rénaux et pulmonaires. Une vasculite
d’hypersensibilité qui se manifeste comme né-
phropathie IgA dans les reins est à l’origine du
syndrome de Schoenlein-Henoch. Mais les pa-
tients présentent en outre une atteinte extra-
rénale avec vasculites surtout au niveau de la
peau, au sens d’un purpura palpable, et dans
le tractus gastrointestinal, avec diarrhée et/ou
hémorragie. Une inflammation glomérulaire
conduisant rapidement à une détérioration de
la fonction rénale, est désignée par RPGN (ra-
pidly progressive glomerulonephritis) ou glo-
mérulonéphrite maligne.
Lésions des tubules
et obstruction tubulaire
La structure rénale la plus fréquemment lésée
dans le cadre d’une insuffisance rénale aiguë
n’est cependant pas le glomérule, mais le tubule
proximal. La lésion tubulaire, que l’on désigne
d’une manière globale (mais pas vraiment cor-
recte des points de vue pathologique et anato-
mique) par nécrose tubulaire, apparaît dans la
plupart des cas de manière secondaire comme
conséquence d’une lésion rénale ischémique,
d’une néphrite glomérulaire aiguë, ou par toxi-
cité. Les causes les plus fréquentes dans ce
contexte sont «prérénales» (cadiogènes, sep-
tiques, déplétion volumique importante en cas
d’hémorragie ou de diarrhée). Un cas spécial de
la nécrose tubulaire ischémique est l’insuffi-
sance rénale aiguë après la consommation de
cocaïne. De manière analogue à l’action vaso-
constrictrice sur les artères coronariennes avec
myocardischémie consécutive, la cocaïne pro-
voque aussi au niveau des reins une lésion
ischémique, susceptible d’empêcher massive-
ment la fonction rénale par l’apparition d’une
nécrose tubulaire secondaire. D’une façon gé-
nérale, les drogues dites de «loisirs» ou de
«party» telles que les amphétamines de syn-
thèse (Ecstasy) ou les champignons hallucino-
gènes («magic mushrooms»), sont de manière
croissante la cause d’insuffisance rénale isché-
miques et toxiques. La lésion tubulaire a lieu
plus rarement directement et alors principale-
ment à cause de médicaments tels que les ami-
noglycosides et l’amphotéricine B. Les liquides
radiologiques de contraste sont également
toxiques pour les tubules. La néphropathie due
aux liquides de contraste constitue une entité
propre à cause de son mécanisme d’action mul-
tifactoriel du point de vue pathologique et gé-
nétique. Les liquides de contraste, en plus des
lésions tubulaires, ont une action hémodyna-
miquement vasoconstrictive, qui conduit à une
lésion tissulaire ischémique. Ils favorisent en
outre des précipités tubulaires. Les liquides de
contraste présentent un danger surtout pour les
patients souffrant d’une néphropathie diabé-
tique ou d’un myélome multiple. Des facteurs
de risque supplémentaires sont une insuffi-
sance rénale préalable, une déshydratation et
une instabilité circulatoire.
En plus d’une lésion tubulaire structurelle, un
trouble purement mécanique de l’écoulement
tubulaire peut aussi conduire à une insuffisance
rénale. On observe de telles insuffisances en
premier lieu comme conséquences de précipi-
tés tubulaires de substances qui dépassent leur
maximum de solubilité dans l’urine. En font
partie des substances qui forment des cristaux,
telles que par exemple l’éthylèneglycol (cristaux
d’alcool), l’acide urique ou certains médica-
ments (l’acyclovir et de nouvelles substances ef-
ficaces contre les virus HI, le méthotrexate). Des
précipités non-cristallins ont lieu par immuno-
globulines monoclonales, qui se trouvent dans
le sang en concentrations élevées lors de myé-
lome multiple et sont filtrées au niveau glomé-
rulaire. A cause de la formation de cylindres
d’albumine insolubles, on désigne aussi la
lésion rénale qui se crée comme «cast nephro-
pathy» (cast: cylindre). Mais les immunoglobu-
lines de chaîne légère (de type lambda ou
kappa) formées dans le cadre du myélome ont
aussi une action toxique supplémentaire sur les
tubules. La lésion rénale correspondante, qui
peut conduire aussi à une insuffisance rénale
chronique, est ce que l’on appelle la «light-
chain deposition disease». Ainsi intervient,
dans le cadre d’une nécrose étendue de la mus-
culature striée du squelette, un production
d’une grande quantité de myoglobine, qui pré-
cipite dans les tubules rénales après filtration
glomérulaire. La myoglobine, de manière com-
parable aux protéïnes de chaîne légère, a aussi
pour conséquence une lésion toxique des cel-
lules tubulaires.
Néphropathies interstitielles. Les néphrites
interstitielles aiguës apparaissent dans le cadre
d’un processus allergique (la plupart du temps
lié à des médicaments, par exemple la pénicil-
line), en cas d’infections (légionnelles, virus
Hanta), ou immunologiquement (lupus érythé-
mateux systémique, sarcoïdose, etc). Sont à si-
gnaler spécialement, parce que de plus en plus
fréquentes, les néphrites interstitielles après