Centre d’Etudes pour Le Financement du Développement Local
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Résumé
-Il est bien possible de réconcilier les points de vue des adeptes du statu quo sur le FCFA et ceux des défenseurs de
son abandon en donnant à chacun d’eux ce qu’ils demandent à travers la mise en place de monnaies nationales
complémentaires à une monnaie commune libérée de son lien colonial et soutenue par des réserves de change hors
du trésor français. Cette libération va cependant devoir s’accompagner de celle du joug de nos états dirigistes et
interventionnistes inefficaces qui feront pire avec une monnaie à manipuler sans le contrôle des citoyens à la base et
d’une banque centrale autonome mais responsable devant les populations et les états.
-Au Sénégal, un état centralisateur, socialiste, dirigiste, et dépendant de l’extérieur pour son équilibre a produit un
déficit de liberté, d’autonomie, et de responsabilité chez les sénégalais dans la prise en charge individuelle et
communautaire de leurs ambitions de développement. Cet état a atteint ses limites et est à nouveau dans un
processus d’ajustement budgétaire en même temps qu’il essaie de continuer d’administrer le pays comme il l’a
toujours fait avec le paradigme dirigiste du Plan Sénégal Emergent (PSE). Ce paradigme sera difficile à mettre en
œuvre à cause de préalables non remplis, les plus contraignants étant notre régime monétaire, l’exclusion
financière de la population, et l’inefficacité de notre administration.
- Les sénégalais qui ont réussi à sortir du pays ont pu échapper au sort de la dépendance et de la pauvreté qui leur
aurait été réservé comme pour la majorité des sénégalais et ils soutiennent ceux qui sont restés au pays. De ce fait,
le Sénégal se trouve dans un équilibre économique sous-optimal qui ne tient que grâce aux bailleurs essoufflés et
aux sénégalais de l’extérieur qui ne rêvent que de rentrer au pays mais sans lesquels la stabilité sociale serait
compromise et une dévaluation de notre monnaie que personne n’ose suggérer nécessaire.
-Les sénégalais de l’extérieur contribuent significativement à l’épargne latente que constitue la monnaie non
bancarisée en circulation entre les mains de 90% des sénégalais financièrement exclus qu’ils soutiennent et dont la
contrepartie est dans les réserves de change de la banque centrale. Mobiliser cette épargne latente, c’est-à-dire la
bancariser sans toucher aux réserves de change elles-mêmes, et la mettre sous le contrôle des populations, de leurs
très petites entreprises, et de celui des sénégalais de l’extérieur pour accompagner le financement du
développement local est un enjeu national. Cette épargne latente peut être mobilisée par l’émission d’une monnaie
nationale complémentaire au FCFA, internationalement plus compétitive, sous forme papier et électronique, que les
populations non-bancarisées achèteraient et utiliseraient pour leurs échanges intra-urbains. Les FCFA mobilisés
dans une institution sous leur contrôle et sous la supervision de l’État permettront leur inclusion financière et au
privé national de participer davantage au financement de l’économie pour éviter que le seul le capital étranger ne
profite des grandes opportunités d’investissements.
-Mise en place dans le contexte d’une décentralisation autonomisante et d’un État qui se dessaisit au profit de pôles
régionaux et des populations à la base, cette réforme monétaire pourrait déclencher un processus d’émergence
communautaire et de prise de responsabilité individuelle et collective pour le développement. Cette plateforme,
refusée par la banque centrale, sera portée aux élections législatives de 2017 par une coalition citoyenne.