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46 introduction
N. Carpentier
Dans le domaine des études sur la communication et les médias, la participation
a réapparu et s’est peu à peu réimposée comme concept important, donnant
du sens et une perspective démocratique à la conguration contemporaine
des médias et à leurs rapports avec d’autres sphères sociétales. La participation aux
et par les médias est redevenue l’un des points d’ancrage permettant de discuter
et d’apprécier les évolutions médiatiques contemporaines. De même, la notion de
participation, comme nous en débattrons plus loin, reste oue par la fréquence et
la diversité de son emploi, ainsi que par sa nature intrinsèquement politique. Certes,
ce ou conceptuel est omniprésent au sein de la communauté académique et ne
doit pas être problématisé à l’excès. Qui plus est, il demeure essentiel de ne pas
passer sous silence la contingence et l’indétermination structurelle de la notion de
« participation ». Une certaine stabilité dans le discours est cependant nécessaire
pour pouvoir analyser et utiliser ce concept.
Le positionnement scientique choisi consiste à aborder le concept de
participation dans une perspective « négativo-relationniste » et interdisciplinaire.
Cette perspective permet d’aborder de manière plus ciblée la participation
par rapport aux concepts d’accès et d’interaction, et d’expliciter les différences
conceptuelles. Nous formulons l’hypothèse que ces notions restent très
différentes, dans leurs origines théoriques comme dans leurs signications
respectives. Néanmoins, elles sont souvent intégrées (ou confondues) dans
les dénitions de la participation. Rappelons, à titre d’exemple, la dénition de
Alberto Melucci (1989 : 174, traduction de l’éditeur) qui lui en donne un double
sens. Participation « signie à la fois prendre part, autrement dit, agir de sorte à
promouvoir les intérêts et les besoins d’un acteur, tout comme appartenir à un
système, en s’identiant aux « intérêts généraux de la communauté ».
Revisiter les débats théoriques sur la participation (ainsi que sur l’accès et
l’interaction) dans divers champs de recherches permet de multiplier les angles
permettant de saisir ces trois concepts, tout en caractérisant ce qui les distingue.
C’est pourquoi l’analyse présentée dans ce texte ne se cantonne pas au domaine
de la communication et des études médiatiques et s’étend à une vaste variété
d’autres champs. Interdisciplinaire, notre état de l’art vise les écrits scientiques
distinguant participation, accès et interaction ou qui focalisent sur le caractère
autonome de l’un de ces trois concepts.
En outre, cette perspective négativo-relationniste et interdisciplinaire offre la
possibilité de dénir quatre domaines où l’accès, l’interaction et la participation
sont à l’œuvre : les technologies, les contenus, les personnes et les organisations.
Ces quatre domaines, en combinaison avec la dimension production/réception,
permettent de structurer les différentes acceptions attribuées à l’accès,
l’interaction et la participation, pour, in ne, les intégrer dans un modèle nommé
« aip »2.
2 Présenté dans des publications antérieures (voir Carpentier, 2011), le modèle aip sera développé
ici de manière plus détaillée et plus explicite.