n°105 Lyon-Mariste 2ème trimestre 2011 - Sainte

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LYON
SAINT-PAUL
LES MISSIONS
LA SOLITUDE
LA VERPILLIERE
105
2
som
mai
re
Refe Re
ren flexi
ce ons
10
PEUT-ON SAUVER
LA GRAMMAIRE ?
Fanny CAPEL
14
La filière littéraire s’ouvre
aux autres grandes écoles
Olivier Gosset
20
La vision chrétienne
de l’homme,
Xavier DUFOUR
Une lumière pour l’éducation
Re
flexi
ons
LES
YEUX
FERTI
LES
34
Reclining Figure
Jean-Louis RAVISTRE
À propos d’une statue d’Henry Moore
COL
LEGE
50 62
TRAVAUX d’ELEVES MADAGASCAR
Marines, discours
56
66
Voyages
CONCOURS Groupe saint-irénée
Cartes postales
58
Jumelage
NOU
élo VEL
ges LES
76 92
Éloge du père Alain
FORISSIER
frère
Elysée NIYOKINDI
79
La Torpille de Puylata
Frédéric Crouslé
lyon
98
la verpillière
104
carnet
Pourquoi cette haine de l’intelligence chez tant de
nos contemporains ?
Nimbus dans sa tour d’ivoire est certes bien ridicule. On
le comprend mal quand il combine ses concepts. On se moque
de son inadaptation au réel et, de fait, la catégorie récemment
découverte des « intellectuellement précoces » se signale par
une intelligence handicapée d’une avance par rapport aux
capacités de cet âge… L’intelligence pourtant n’est pas cette
caricature mais la capacité à sortir au contraire les facultés
humaines que sont l’imagination, la sensibilité, la mémoire,
du diktat de la volonté individuelle pour distinguer, selon les
catégories traditionnelles, théoriquement le vrai et le faux, et
pratiquement le bien et le mal.
Thomas ne veut pas croire que le mot « frugal » signifie
simple et peu abondant ; pour moi, dit-il, cela signifie
fructueux ; pas pour le dictionnaire. L’intelligence consiste
à reconnaître que le sens du vocabulaire dépend d’un autre
cerveau que le mien. Quelle libération ! Ne pas être prisonnier
de son jargon, pouvoir comprendre d’autres milieux sociaux en
maîtrisant des lexiques et des niveaux de langues différents !
Véronique a décrété que la dernière photographie de
cet artiste Hondurien était laide, incompréhensible et même
sacrilège parce qu’on voit un crucifix dans un liquide jaune et
rouge ? Oh ! bien sûr, l’artiste est provocateur mais oublions
le cartel, l’auteur ; faudrait-il donc que l’art nous laisse
systématiquement indifférents ? Qu’il soit le moyen de limiter
notre imagination à des images idolâtrées sempiternellement
reproduites ? L’intelligence aidera au moins à ne pas amplifier
le scandale médiatique et même à retrouver dans cette
photographie une bien petite transposition du scandale de la
réfÉ
Edi
ren
to
ce
rial
Croix. Grünewald, que tant de touristes admirent à Colmar,
a-t-il fait autre chose ? La beauté est-elle ce qui distrait le
flaneur ennuyé, ce cliché qui donne l’illusion de posséder ce
qu’il a capturé, ce patrimoine qui rapporte des devises ? Estelle ce qui, tout en me ramenant à moi-même, me libère de
mon ego et peut me conduire à Dieu ?
Justement Théotime ne veut pas que Dieu sorte de
la chambre. Il se bat pour qu’on brise les croix vertes des
pharmacies, qu’on débaptise Saint-Nazaire et même SaintTropez. C’est sa façon de rétrécir en caprice sa relation à Dieu,
de la réduire à celle qu’il a avec la pâte à tartiner Nutella
ou avec les Rolling Stones. L’intelligence, quand elle ne
s’autocélèbre pas, perçoit bien ses limites. La foi chretienne
conduit à une vérité plus riche que ce que le scientisme ou la
technologie font croire ; loin de prétendre s’affranchir de la
raison, elle l’élargit et l’élève jusqu’au Logos.
L’école est ce lieu de l’intelligence où Nimbus apprend
que son cerveau a besoin d’être lié à ses facultés et même à les
ordonner au service des autres ; où Thomas va découvrir que
sa parole n’est pas toute puissante et que ce qu’il veut, ce qu’il
affirme, n’est pas nécessairement bon ni vrai ; où Véronique
renouvelle ses canons esthétiques et son sens du sacré ; où
Théotime ne craint plus que Dieu l’empêche de réfléchir ou
d’être libre. L’école catholique est, comme l’école publique,
au service de la raison universelle ; mais, dans sa vocation
chrétienne, elle élève la culture jusqu’à une Vérité qui n’est
pas théorique, le Christ, source de toute universalité
Marc Bouchacourt
PEUT-ON SAUVER
LA GRAMMAIRE ?
La filière xlittéraire
x
Une lumière
x
pour l’éducation
LES YEUX FERTILES
ré
flex
ions
PEUT-ON SAUVER LA GRAMMAIRE ?
Sous ce titre Lyon-Maristes propose à votre réflexion
un texte ayant trait à la conduite scolaire.
Moins de cours de français, désintérêt pour
l’orthographe et la syntaxe…les règles du langage
se perdent. Au risque d’appauvrir la pensée et de
créer de nouveaux ghettos.
[…] Mais que fait l’école ? Une étude récente prouve que
les cinquièmes de 2005 sont au niveau des CM2 de 1985
et met en évidence l’explosion des fautes grammaticales1.
Confondre le verbe « ont » et le pronom « on », ne pas
accorder le verbe avec son sujet, autant d’indices que le
fonctionnement basique de la langue échappe aux élèves.
Selon Danièle Manesse, professeur en sciences du langage
qui travaille depuis trente ans avec les jeunes dans les
quartiers populaires, « l’enseignement de la langue s’y trouve
encore davantage en déshérence : ce sont les troisièmes qui ont
le niveau CM2 » !
Les causes ? Un seul chiffre, effrayant : entre 1976 et
aujourd’hui, les horaires dévolus au français entre le CM2 et
la troisième ont diminué de 800 heures, soit l’équivalent d’une
année et demie de cours de français ! La leçon régulière de
grammaire, enseignée comme une matière distincte de l’étude
de texte, a disparu avec le « décloisonnement » au collège, en
1995, et avec l’ « observation réfléchie de la langue » à l’école
réfÉ
ren
ce
primaire, en 2002. Danièle Manesse dénonce l’impasse de ces
méthodes : « On a négligé la mémorisation et la répétition.
En grammaire, il y a non seulement des choses à comprendre,
mais aussi des choses à apprendre. » Eric Pellet, enseignant en
grammaire et linguistique et auteur de manuels2, constate que
la réforme des programmes des années 1990 a introduit « des
notions savantes mal stabilisées, déformées, très mal adaptées
au niveau des élèves ». De fait, les sixièmes s’échinaient à
comprendre la « progression thématique » ou l’ « énonciation »
d’un texte avant de savoir analyser une phrase.
Les nouveaux programmes Darcos de 2008, inspirés
par les chantres de la grammaire traditionnelle, le linguiste
Alain Bentolila et l’écrivain Erik Orsenna, entendent corriger
le tir. Toutefois, Eric Pellet dénonce le retour de notions
grammaticales périmées (le complément d’attribution) et met
en garde contre l’illusion d’une « grammaire immuable, celle
de grand-papa ». Quant à Philippe Desperier, instituteur
seine-et-marnais fort de trente ans d’expérience, il y voit une
collection d’ « outils froids ». Lui réclame surtout le temps
pour pratiquer les manipulations de phrases, l’échange oral,
l’imprégnation par les textes littéraires, indispensables pour
que les enfants n’aient pas l’impression que « la grammaire
descend du ciel ». Or, avec l’introduction de l’anglais, de
l’informatique et la récente suppression des cours du samedi
matin, l’instituteur se sent dans une « situation d’urgence
permanente », où il risque de « sacrifier l’essentiel ». Bref,
la pédagogie de la grammaire est à réinventer pour peu,
comme Eric Pellet le souhaite, qu’on cesse de la considérer
12
« d’un côté comme un machin poussiéreux, de l’autre comme
une vérité révélée une fois pour toutes ». Et à condition qu’on
assure une formation continue massive des enseignants en la
matière.
Mais qui voudra ouvrir ce chantier, à l’heure où un
hiérarque de l’Education nationale prophétise la mort de la
grammaire, destinée à être supplantée par la communication ?
Troublante coïncidence entre ces propos, prononcés en off,
et les thèses d’un Giovanni Gentile, ministre de l’Education
de Mussolini, qui prônait l’éradication de la grammaire
pour « laisser apprendre la langue dans son langage
vivant ». Le XXIe siècle risque de jeter aux oubliettes une
discipline antique qui n’a cessé, depuis les recherches
des jansénistes de Port-Royal et des Lumières, de nourrir
la psychologie, la logique, la philosophie…
Adieu grammaire, soupirait Serge Koster en 20013 : la
grammaire codifiant le « bon usage » de la langue, elle devient
obsolète dès lors que la frontière s’efface entre les différentes
normes de communication : privée et publique, écrite et
orale, littéraire et médiatique. De fait, les fautes de français
pullulent sans désormais être perçues comme des fautes : dans
les publicités, l’affichage, les journaux…et même dans les
discours du président de la République, publiés « dans leur
jus » sur le site de l’Elysée4. Pour transmettre efficacement
un message, faut-il accepter de sacrifier la forme, comme
sur les chats ? Un discours grammaticalement correct
est-il forcément « amphigourique » comme l’affirme Luc
Chatel, qui défend la syntaxe familière de Nicolas Sarkozy ?
C’est oublier qu’en l’absence d’une langue complexe et
articulée seuls subsistent les slogans et les clichés – bref,
le degré zéro de la pensée… – et que prospèrent les ghettos
linguistiques : « Je me comprends », répliquent les jeunes
13
gens pris en flagrant délit de charabia, sans songer que l’enjeu
de l’intégration sociale comme de l’échange intellectuel est
justement de se faire comprendre.
Un peuple entier réduit à user d’une langue indigente :
George Orwell l’avait imaginé, avec des conséquences
incommensurables. Eric Pellet rappelle, par exemple que la
grammaire est la « discipline scolaire qui donne le plus tôt
accès à l’abstraction ». La simple liste des conjonctions de
coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ouvre l’esprit à
l’infini des relations logiques. Faute de maîtriser ces termes,
les élèves ont désormais de plus en plus de mal à comprendre
un raisonnement mathématique ou philosophique. […]
Fanny CAPEL
Extrait d’un article paru dans Télérama n°3198.
1
Orthographe, à qui la faute ?, de Danièle Manesse et Danièle Cogis, ESF, 2007
Les Notions grammaticales au collège et au lycée, d’Eric Pellet et Dominique
Maingueneau, Belin, 2005
2
Adieu grammaire !, de Serge Koster, PUF, 2001
Fautes relevées et commentées par la philologue Barbara Cassin dans une tribune
parue dans Le Monde, le 28 février 2009
3
4
La filière
littéraire s’ouvre
aux autres grandes écoles
Une intention gouvernementale, un besoin général
Depuis plusieurs années, le monde de l’entreprise
cherche à s’ouvrir aux étudiants issus des classes préparatoires
littéraires. Pour ces derniers, existait déjà la possibilité de
rejoindre les écoles de commerce via un concours, associant
des épreuves inspirées des écrits des Ecoles Normales
Supérieures de Lyon ou d’Ulm à des exercices plus spécifiques
(contraction de texte, oraux et écrits de langue, oral de culture
générale). Mais cela n’a sans doute pas suffi. En 2010, un
colloque s’est tenu sur ce sujet au Ministère de l’Education
Nationale, au cours duquel chacun vantait les mérites de
ces étudiants : maîtrise du verbe, capacité d’imagination
et de recul en cas de situation critique. Ainsi, Christophe
Barbier, directeur de L’Express et ancien normalien, pouvait à
cette occasion déclarer : « Les littéraires regardent l’horizon
plus que le bas du bilan. » Valérie Pécresse, ministre de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, a souhaité
« offrir des débouchés à la hauteur des formations littéraires
de grande qualité ». Sept classes préparatoires littéraires
furent ainsi créées en France en l’année 2009, les deux Ecoles
Normales se sont réunies pour créer des épreuves communes.
On le voit donc, c’est un besoin général et social qui a poussé
l’institution à réformer ce concours : il s’agirait en effet de
passer d’un taux de sélection fixé à 4 % à une ouverture cinq
fois supérieure, dans la mesure où il est souhaité que 20 % des
khâgneux intègrent une grande école. Au fond, il est désormais
proposé aux littéraires de quitter les seules perspectives de
l’enseignement et de la recherche, pour s’orienter, s’ils le
souhaitent, vers le monde de l’entreprise.
15
Les modalités de la réforme et sa rapide
mise en œuvre
Dans les faits, les choses ont été un peu précipitées par
Madame Pécresse. En décembre 2010, un décret stipule
la création d’une Banque d’Epreuves Littéraires, appelée
B. E. L., qui correspond aux écrits des Ecoles Normales
Supérieures, et qui permettra de dégager un premier
classement d’environ 5000 candidats. Chaque école alors,
appartenant à cette B. E. L., convoquera, pour des oraux
spécifiques, des étudiants, choisis en fonction de leur rang et,
bien sûr, de leurs vœux préalables, sur le modèle de ce qui se
passe en filière scientifique ou commerciale, où, comme on
sait, un écrit hiérarchise les candidats, qui permet ensuite de
choisir ceux-ci par des oraux de détermination. Dans le détail,
la liste des écoles ayant adhéré à la B. E. L. est la suivante :
• Le Celsa (Université Paris-Sorbonne)
• Les écoles de la banque de concours Ecricome, qui sont
BEM - Bordeaux Management School, Euromed Management
(Marseille), ICN Business School (Nancy-Metz), Reims
Management School, Rouen Business School et ESCEM (ESC
Tours-Poitiers)
• L’École nationale des Chartes (diplôme d’archiviste
paléographe)
• L’École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT,
Université Sorbonne-Nouvelle-Paris 3)
• Les Instituts d’études politiques d’Aix-en-Provence, de Lille,
de Lyon, de Rennes et de Toulouse (IEP d’Aix-en-Provence,
de Lille, Rennes et Toulouse : sous réserve de validation par
les conseils d’administration de ces établissements)
• L’Institut supérieur du management public et politique
(ISMaPP)
• L’ISIT (Institut de management et de communication
interculturels).
16
Sciences-po Paris a fait cavalier seul, en proposant un
concours dès après le baccalauréat. Quant aux écoles du
concours BCE, qui sont les grandes écoles de commerce
(HEC, ESSEC, ESCP Europe, EDHEC, EM Lyon, Audencia
Nantes), elles se joignent pour partie aux épreuves de la B. E. L.,
tout en conservant écrits spécifiques et oraux propres. Quoi
qu’il en soit, c’est une petite révolution que vit actuellement
le monde des classes préparatoires littéraires. Jadis confiné
à des débouchés limités, souvent tenté par des stratégies
compliquées d’admission parallèles, le khâgneux moyen
voit advenir d’évidentes ouvertures qui sont pérennisées par
la mise en place d’un concours spécifiquement littéraire et
néanmoins ouvert à des formations inédites. Et nos propres
étudiants ne s’y sont pas trompés qui, apprenant les grandes
lignes de cette réforme, ont dès cette année modifié leur projet
initial : sur 23 étudiants, il ne reste plus que six inscrits à
la seule Ecole Normale Supérieure de Lyon. Sept se portent
également candidats à Ulm, et les autres, qui constituent la
presque moitié de l’effectif, ajoutent à leur inscription première
une candidature à des écoles aussi variées que le CELSA,
l’Ecole des Chartes ou encore l’ESIT. Il n’est pas interdit
de penser que ces élèves, ayant passé de longs mois dans
le Gaffiot comme dans l’âpreté de la philosophie kantienne,
se retrouvent dès l’année prochaine à apprendre les rudiments
des techniques de communication ou encore les subtilités de
la traduction. Alors, la khâgne deviendrait ce qu’elle n’aurait
sans doute jamais dû cesser d’être, un lieu de formation
générale et culturelle de qualité, visant à être complétée, par
la suite, par un apprentissage spécialisé et professionnalisant.
Et, comme par écho peut-être, l’avenir pourrait bien, suite à
cette ouverture, modifier enfin la situation actuelle : parmi les
étudiants en classes préparatoires, 14 % seulement figurent
en filière littéraire, alors que 60% sont en filière scientifique
et 26 % en filière commerciale.
17
Une chance pour nos élèves, un défi pour
nos établissements
Pourtant il est évident que l’hypokhâgne et la khâgne du
lycée Sainte-Marie doivent garder la finalité qui présida à leur
fondation, qui est de préparer les étudiants à la réussite du
concours de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Sous cet
aspect, les encourageants résultats de ces dernières années
ne peuvent que confirmer cette politique de l’excellence :
depuis quatre ans, la khâgne a eu en moyenne trois admis
par an et cinq admissibles. Quand on connaît l’étroitesse du
chemin qui conduit au pinacle et le petit nombre caractérisant
l’effectif rassemblé, on ne peut que se réjouir de cette réussite.
Autre phénomène, l’Ecole de Lyon accueille de plus en plus
d’anciens khâgneux maristes qui, ayant échoué de peu au
concours, jouissent du statut d’auditeur libre, terme désignant
un élève, non salarié car non fonctionnaire, mais pouvant
bénéficier des cours dispensés par la noble institution. A titre
d’exemple, trois étudiants de l’année passée ont pu entrer
dans l’Ecole par ce biais. Bref, des liens évidents se sont
créés entre ce lieu de formation et notre lycée, par lesquels
d’anciens élèves devenus normaliens peuvent servir de
relais et d’exemples à d’actuels étudiants, qui aspirent aussi
à l’être. Cependant, il y a les autres, ni admissibles, ni admis,
la plupart du temps sous-admissibles (pour la promotion 2010,
ils étaient 17), pour qui l’élargissement du concours à d’autres
voies est évidemment destiné. A ceux-là, il incombe de ne pas
tomber dans l’écueil de la dispersion : comme le veut l’antique
sagesse, à vouloir courir plusieurs lièvres, on risque de n’en
attraper aucun. Aussi a-t-il été proposé aux étudiants de cette
année de maintenir, comme il se doit, leur inscription à l’Ecole
Normale Supérieure de Lyon et de mûrir, penser, justifier leur
choix pour d’autres écoles. Après discussion, certains se sont
ravisés, tandis que d’autres ont maintenu leurs intentions.
18
Et c’est de ceux-là dont il faut s’occuper désormais, en leur
offrant une formation spécifique pour la réussite d’éventuels
oraux. Bien sûr, depuis sa fondation, la classe peut compter
quatre anciens élèves entrés dans l’une des écoles du groupe
B. C. E., dix dans celles du concours Ecricome. Il existe en
effet en khâgne des professeurs qui enseignent ou collent
dans les deux filières, littéraire et commerciale. Il s’agira
de poursuivre et d’amplifier ce travail de diversification des
débouchés.
Tradition mariste et réussite personnelle
Mais il y a mieux sans doute et qui s’adresse non plus
aux étudiants, mais bien aux lycéens et collégiens de nos
maisons, qui naturellement sont invités à rejoindre, s’ils en
ont la volonté et le talent, une classe préparatoire littéraire.
Il se trouve que le concours des deux Ecoles Normales, dans
sa forme actuelle et réformée, se veut moins spécialiste que
généraliste. Préférant la tête bien faite à la tête trop pleine,
les concepteurs des nouvelles épreuves ont mis l’accent sur
des compétences transversales, qui rassemblent les grandes
et incontournables connaissances. Bref, c’est la culture,
comprise comme capacité donnée à l’esprit d’aborder,
de questionner, de résoudre tout type de difficultés, qui
semble être au cœur des exigences attendues. Or dans nos
maisons, par héritage sans doute, on a toujours privilégié cet
aspect de l’éducation. Ainsi le père Colin, une fois nommé
supérieur du petit séminaire de Belley en 1829, s’adresset-il en ces termes aux formateurs qui l’entourent : « Nous
nous appliquerons […] à former l’esprit de nos élèves et à
les faire avancer dans les sciences. » (Jean-Claude Colin,
Avis aux maîtres). Simple et pauvre, l’injonction est pourtant
profonde en sa formulation puisque, de l’avis du supérieur,
c’est « l’esprit » qui doit être premier, « les sciences » venant
19
alors après. Bien des années plus tard, le père Perrot, ancien
directeur de notre établissement, ne faisait que corroborer
cette intention lorsque, à l’occasion de la fondation des classes
préparatoires de l’externat Sainte-Marie, il déclarait porter
avant tout « le souci d’une culture générale », souhaitant éviter
une « surévaluation des aspects techniques des épreuves »,
et préférant « apprendre aux élèves à poursuivre une
véritable formation intellectuelle, sans bachotage » (Marc
Perrot, propos parus dans Lyon Maristes, numéro 61, juin
1989). On le voit donc, la tradition mariste a toujours
préféré, dans sa vocation éducative, le sens au fait brut,
la hauteur de vue à l’étroitesse du détail. Conséquence de cette
appétence, nos maisons n’ont cessé de multiplier, pour tous
nos élèves, des propositions visant à élargir leur horizon, les
poussant à s’éveiller à d’autres réalités. Prédilection accordée,
dès la plus tendre jeunesse, aux langues anciennes, cours
d’instruction religieuse dispensés dans toutes les classes,
échanges internationaux, ciné-club, option théâtre, Collège
supérieur, cours d’art pour la classe d’hypokhâgne sont
autant de traverses destinées à faire de nos élèves des esprits
libres et ouverts, aptes à appréhender les diverses réalités de
notre monde. Et cette compétence, proprement littéraire,
et apparemment demandée par les différentes écoles qui
s’offrent à eux après le baccalauréat, ne peut que favoriser
nos élèves sur la voie de la réussite. Alors ceux-ci verrontils sans doute que les lieux qui les éduquent ont autant pour
objectif la transmission d’un savoir que la formation d’une
personne. Et peut-être parviendront-ils alors à être, ainsi
que cette réforme le laisse espérer, à la fois gens de lettres et
hommes du monde Olivier Gosset
‘‘
Un être humain, si humble
soit-il, a des résonances
infinies, des profondeurs
insondables, une parole
à dire qui n’est qu’à lui,
une vocation qui n’est rien
moins qu’une pensée divine.
Madeleine Daniélou
‘‘
La vision chrétienne de l’homme,
une
lumière
pour
l’éducation
Eduquer, élever un être, accompagner l’essor d’une
liberté…nous sommes capables de produire toutes sortes de
formules suggestives, voire séduisantes. Mais ne nous payonsnous pas de mots ? N’y a-t-il pas un risque de se satisfaire de
slogans humanistes, sans nous rendre compte que de telles
formules n’ont peut-être plus de sens dans le contexte culturel
qui est le nôtre ?
Par exemple, nous parlons de liberté, mais les
sciences humaines ne cessent de dévoiler les multiples
conditionnements qui pèsent sur les individus : l’homme
est le produit de sa culture, de son milieu social, de sa
psychologie, de sa physiologie... Où est la liberté dans tout
cela ? Et quelle image de la liberté colportent de leur côté
les media, notamment les media jeunes, quand la liberté se
confond avec le laisser-faire, l’arbitraire des caprices ou la
transgression des normes ?
Dans le brouhaha mondialisé des idéologies, le consensus
anthropologique s’effrite. L’héritage de l’anthropologie
chrétienne, laïcisé par l’école de la IIIème République, paraît
en voie de liquidation. Rien ne va de soi, qu’il s’agisse de
22
la différence entre l’homme et l’animal, du prix de la vie
humaine à son commencement et à sa fin, du mariage ou
même de l’identité sexuelle.
Or en absence de vision anthropologique, pas de vision
éducative. Comment élever une personne humaine si nous ne
savons plus ce qu’est une personne humaine ? On n’éduquera
pas de la même façon si l’on croit que l’homme n’est qu’un
primate amélioré, un paquet d’instincts sublimés, ou au
contraire un être spirituel, voire l’image même de l’Eternel.
Si l’on croit que le corps est un objet dont chacun dispose
à sa guise ou le « temple de l’Esprit » comme l’écrit saint Paul.
Si l’on pense que la différence entre féminin et masculin est
purement culturelle et doit être niée dans une indistinction
systématique.
Aussi faut-il reconnaître qu’il n’y a pas de neutralité
éducative. Même à l’école, les paroles et les silences du
professeur disent forcément quelque chose de son regard
sur la personne. L’école catholique ne doit donc pas craindre
d’envisager l’éducation dans la lumière de l’Evangile. Encore
faut-il expliciter en quoi consiste une vision chrétienne de
l’homme. Puis en quoi elle peut être une lumière, un guide
pour l’acte éducatif.
La vision chrétienne de l’homme
Certes, dans le christianisme, il n’y a pas de vision
absolument univoque de la personne humaine, d’autant plus
que la vision chrétienne s’est nourrie de plusieurs héritages,
surtout biblique et philosophique. Aujourd’hui encore elle
s’enrichit des recherches contemporaines, comme on le voit
dans la trop méconnue théologie du corps de Jean-Paul II.
D’une certaine façon, tout est résumé par la célèbre parole
biblique : « l’homme est à l’image de Dieu ». « A l’image de
Dieu », du Dieu transcendant, inconnaissable, l’homme est
d’une certaine façon inconnaissable. Affirmer cela, c’est
23
précisément affirmer sa liberté ou sa dimension spirituelle.
C’est souligner la transcendance de la personne à l’égard de
toutes ses définitions. Il y a en chaque être personnel plus
essentiel, plus vaste, plus profond que ses performances
physiques, ses traits de caractères, ses convictions
intellectuelles, etc. « L’homme passe infiniment l’homme »
rappelle Pascal.
Cependant une non-définition suffit-elle ? Si la personne
du Christ dans son mystère a donné lieu à de prudentes
formulations dogmatiques – qui ne sont pas des réductions
du mystère, mais des balises pour introduire à ce mystère –
ne peut-on risquer une approche rationnelle de ce qu’est
l’humanité, de ce qui la distingue de l’animalité ? D’ailleurs,
c’est ainsi que les choses se sont produites : en méditant
sur la personne du Christ et sur les personnes trinitaires,
les Pères de l’Eglise ont presque sans s’en rendre compte forgé
les concepts d’une anthropologie radicalement neuve. Plus
précisément, ils ont articulé un double héritage : biblique avec
les trois dimensions corps-âme-esprit (bazar, nephesh, ruah)
et philosophique (distinction corps-âme, nature-personne,
etc.). Cette articulation, cette synthèse, n’est pas univoque,
ni définitive.
L’anthropologie biblique : corps, âme, esprit La Bible développe une vision unitaire et ternaire de la
personne : corps/âme/esprit. Ce ne sont pas trois parties de
la personne, mais trois perspectives complémentaires sur la
personne prise dans son unité concrète :
• le corps (bazar) désigne l’homme dans sa vulnérabilité,
sa dépendance cosmique, sa fragilité.
• l’âme (nephesh), c’est l’homme en tant que vivant, ses
facultés naturelles, sa capacité de liberté, de choix.
• l’esprit (ruah), considère l’homme dans son rapport à la
source de son être, c’est l’homme ouvert à Dieu.
24
Cette vision biblique, unitaire et existentielle, peut
être complétée par la philosophie. Tandis que la Bible pose
un regard synthétique et existentiel sur la personne, la
philosophie procède autrement : elle est analytique (elle
distingue des dimensions) et conceptuelle (elle enchaîne des
raisonnements logiques).
Si on complète l’anthropologie biblique par une analyse
des facultés de l’âme, on peut affiner le modèle en distinguant
deux dimensions principales de l’intériorité naturelle (âme) :
la dimension psychologique (sensibilité, affectivité, caractère,
mémoire affective…) et la dimension réflexive (mémoire,
intelligence, volonté).
intériorité
psychologique
CORPS
ÂME
intériorité
réflexive
ESPRIT
intériorité
spirituelle
• sensations
• émotions
• sentiments
• caractère
• (...)
• mémoire
• intelligence
• volonté
25
L’esprit apparaît alors comme une troisième dimension
de l’intériorité, proprement surnaturelle. Cette dimension
spirituelle nécessite-t-elle la foi pour être pressentie ?
Lorsque nous nous recueillons en nous-mêmes, nous
découvrons notre intériorité, psychologique d’abord,
réflexive ensuite… Mais nous pouvons pressentir une réalité
plus profonde à la racine de notre être personnel. Car le moi
s’éprouve comme une source, toujours semblable, toujours en
renouvellement. De cette source il n’est pas l’auteur, il se reçoit
sans cesse, comme un don, un courant de donation, qui précède
conscience, pensée, volonté…La profondeur du moi, et c’est
cela l’esprit en nous, c’est de se découvrir lui-même comme une
source dont il n’est pas la source. L’incroyant peut aller jusqu’à
ce point mystérieux, d’où jaillit la personne, sans lui donner de
nom. Mais on est au seuil de l’expérience religieuse : car pour
le croyant, seul un être personnel, libre et aimant, peut engendrer
cette source qui se découvre elle-même comme personne, synthèse
d’amour et de liberté.
La nouveauté chrétienne, l’homme image du Dieu
communion
Avec la foi chrétienne, quelque chose du mystère de Dieu est
révélé, et cela par le Christ. Il est vrai homme et vrai Dieu, seul
visage de Dieu que l’homme puisse contempler, et vrai visage de
l’homme car seule image parfaite du Dieu éternel. Pascal écrit :
« Sans Jésus-Christ, nous ne saurions ni ce qu’est l’homme, ni ce
qu’est Dieu, ni ce qu’est la vie, ni ce qu’est la mort ». Voulonsnous savoir ce qu’est l’homme, regardons le Christ !
Parce que Jésus seul est humain, lui qui est sans péché,
nous comprenons alors que le péché n’a rien d’humain ; qu’il
est notre déshumanisation. Et que Jésus seul peut nous rétablir
dans la ressemblance. Bien plus que notre modèle, il est notre
Sauveur, celui en qui nous retrouvons notre vrai visage.
26
On l’a dit, c’est en forgeant la notion de personne que les
Pères ont par ricochet inventé la conception occidentale de la
personne comme sujet libre et infiniment digne. La nouveauté
chrétienne, c’est que Dieu est communion personnelle, unité
dans l’amour, et non unité numérique, monolithique : « une
nature (Dieu) en trois personnes (Père, Fils, Esprit) qui ne se
distinguent que par leur relations mutuelles.
Or si l’homme est à l’image du Dieu-Trinité, c’est donc
dans la relation que l’homme est le plus humain ! Dans la
Genèse, le « faisons l’homme à notre image » indique un
pluriel divin qui semble suggérer le mystère trinitaire, mais
aussi indiquer que c’est dans la complémentarité sexuelle que
l’homme est à l’image de Dieu (« à l’image de Dieu il les créa,
homme et femme il les créa »). Ainsi le mystère trinitaire dévoile notre être profond : nous
sommes des êtres de donation, des êtres pour le don. Comme le
Fils se reçoit du Père, nous avons à nous recevoir des autres et
du Tout-Autre, pour mieux nous donner nous-mêmes.
Une anthropologie du don
Si l’homme est à l’image des personnes trinitaires qui
sont des relations subsistantes, la personne doit être comprise
non sur le mode sectaire de l’individu (coupé, autocentré),
mais sur le mode relationnel de la personne, sujet libre et
aimant qui reçoit son existence d’un autre (Dieu) et l’accueille
comme un don gracieux qu’il doit faire fructifier plutôt que
comme une chose fixée dans une définition. La personne peut
donc être comprise comme un courant réciproque de donation :
je me reçois comme confié à moi-même par un autre et je
m’éprouve en même temps comme un don à faire à autrui.
Je me reçois parce que je me donne, et je me donne parce
que je suis riche de me recevoir : « Qui perd sa vie la
reçoit » dit l’Evangile, indiquant le chemin de la plus haute
27
liberté. Dans la passion et la résurrection de Jésus, je vois
non seulement mon salut, mais mon propre chemin de mort
à moi-même et de don de moi-même par lequel j’accomplirai
mon humanité.
Par cette notion de don, on sort du dilemme natureliberté, dans une perspective dynamique : libre, il est vrai que
je dépasse toute définition statique ; cela ne signifie nullement
une indétermination ontologique, mais l’inscription volontaire
dans un mouvement de donation, qui est la vie elle-même, non
au sens biologique seulement mais au sens personnel (c’est-àdire trinitaire).
Cela n’empêche pas que cette existence-don s’inscrive
dans des conditions physiques (je suis un homme, je suis
grand…), psychiques (j’ai hérité de traits de caractère, mon
histoire est marquée par tel événement), intellectuelles (j’ai
des idées, des valeurs…), etc. Être libre, ou plutôt grandir
en liberté, ce n’est pas nier ces déterminations, mais les
accueillir comme le lieu même où ma liberté va s’exercer. De
sorte que la nature dans toutes ses dimensions n’a pas à être
niée, mais assumée, orientée par la liberté pour devenir une
histoire, celle de mon humanisation.
Implications de cette anthropologie dans
l’éducation
A vrai dire, si l’on était pénétré de ce mystère que
tout homme est image du Dieu-communion, toute notre
manière d’éduquer serait bouleversée, simplement parce
qu’on verrait en chaque enfant, chaque jeune, un visage du
Christ ; et d’autant plus quand ce jeune est « malade » (en mal
d’estime de soi), « en prison » (de la drogue, du regard des
autres), « affamé » (de reconnaissance, d’amour), « assoiffé »1
(de vérité). On ne proposera ici que quelques pistes.
28
Un regard qui saisit l’unité de la personne : corpsâme-esprit
Corps, âme, esprit : pour l’éducateur, rien n’est à négliger,
rien n’est optionnel. D’une part, chaque plan de la personne a
sa consistance, ses lois. D’autre part, chaque dimension retentit
sur l’ensemble de la personne : on ne peut complètement
isoler telle ou telle dimension des autres. Remarquons que
les disciplines profanes enseignées à l’école sont parfois
animées d’un curieux réductionnisme. La biologie s’efforce de
montrer que les facultés intellectuelles de l’homme ne sont
que des processus chimiques sophistiqués ; elle parle parfois
de l’amour en termes purement physiologiques ; l’économie,
la sociologie réduisent le religieux, le spirituel, à des
conditionnements collectifs. Il faut contredire cette culture
désabusée en inversant l’ordre de dépendance, en affirmant
que chaque niveau fait signe vers un niveau plus élevé.
Ainsi, l’éducation du corps ne se réduit pas aux
performances sportives, mais au souci de l’hygiène de vie, du
respect du corps de l’autre. D’ailleurs l’effort physique n’existe
pas sans la volonté qui est immatérielle dans son principe.
Donc le corps renvoie à l’âme. Tournons-nous vers l’âme, l’intériorité : il y a d’abord le
plan psychologique. Celui-ci a son importance, il ne faut pas
en faire abstraction. Nos enfants, nos élèves, pas plus que
nous-mêmes, ne sont de pures intelligences : les émotions,
les blessures…tout cela compte. Certaines névroses doivent
être un jour ou l’autre appréhendées pour ce qu’elles sont,
et c’est parfois difficile pour un chrétien qui pense que sa
vie spirituelle peut dépasser cela, court-circuiter ce niveau
psychologique.
Cependant la vie psychologique n’est pas le tout de la vie
intérieure, elle n’en est même que la part la plus superficielle,
la moins personnelle, la plus déterminée. Par exemple,
29
quelle erreur de penser que notre caractère constitue le fond
de notre personnalité, alors que pour la plus grande part, il
ne témoigne que d’héritages biologiques et psychologiques
passivement reçus ! De même, quelle erreur de penser
que nous exerçons notre liberté en laissant libre cours à la
spontanéité de nos émotions ou de nos pulsions, quand cellesci sont souterrainement guidées par des représentations
collectives (modes, etc.). Il faut montrer à un jeune que sa
liberté consiste non dans la soumission à ses affects (« fais
comme tu le sens ») mais dans leur prise en charge par les
dimensions plus profondes de l’âme, les facultés réflexives
(mémoire, intelligence, volonté). Celles-ci permettent l’exercice
de la liberté authentique.
Et pourtant, l’exercice de ces facultés, si précieuses soientelles, ne doit pas replier le jeune sur le culte de la performance
intellectuelle, ou encore sur un volontarisme moral, parfois
hypertrophiés dans certaines familles. Ici se joue une éducation
à la gratuité de l’esprit, au sens de l’émerveillement comme
à la générosité du cœur, au souci du plus faible, du moins
doué. A ce niveau, on touche aux dimensions spirituelles de
la personne. « Malheur à la connaissance qui ne tourne pas
à aimer » met en garde Bossuet. Enseignants, il nous faut
le rappeler à nos élèves les plus brillants, menacés par une
certaine sécheresse de cœur et d’esprit !
L’éducation à la vie spirituelle
L’éducation spirituelle, que le jeune se reconnaisse
comme croyant ou non, commence dans une réflexion sur le
mystère humain. Car une culture sans inquiétude du sens, sans
questionnement transcendant, n’est plus une culture. De ce
point de vue non plus, il n’y a pas de neutralité anthropologique ;
ne pas considérer la dimension spirituelle sous prétexte de
laïcité, c’est s’inscrire implicitement (et efficacement) dans
30
une anthropologie de type matérialiste. Tandis qu’ouvrir un
jeune à ce questionnement, c’est lui permettre d’affronter plus
librement la question de sa destinée surnaturelle, qui est bien
la seule question absolument sérieuse de sa vie ! Dans une
perspective chrétienne, plus profondément que les dimensions
intellectuelle et morale, le sanctuaire de la personne se situe
dans le lien secret (et peut-être inconscient) avec Dieu, ce que
la tradition biblique appelle l’esprit.
Portons-nous le souci de la destinée éternelle d’un
jeune ? Notre regard sur lui va-t-il jusqu’à ce point secret où
se joue le sens le plus radical de sa vie ? Avec la pudeur
requise bien sûr, mais sans oublier qu’il y a cet appel de Dieu
que nous ne connaissons pas, mais que par notre attitude nous
pouvons contribuer à étouffer ou à faire germer. Donnons-nous
l’occasion d’une éducation à la vie spirituelle comme lieu de
la plus profonde intériorité, donc de l’accomplissement de
la liberté ? On pourrait souligner l’urgence actuelle d’une
initiation au silence afin de permettre à un jeune de se retrouver
lui-même, dans une expérience de recueillement dont il est le
plus souvent sevré. Sans silence, pas de vie intérieure ; et sans
vie intérieure comment construire l’unité d’une personne ?
Car la personne sera d’autant plus unifiée que cette
unification s’opérera à partir de l’intériorité la plus profonde
(la dimension spirituelle). La vocation de la vie spirituelle
est ainsi d’informer toutes les dimensions de l’existence :
rationnelles, psychologiques, relationnelles, physiques,
de sorte que l’être le plus « spirituel » soit aussi le plus…
incarné !
31
Une éducation au don comme acte ultime de la
liberté
Si l’anthropologie chrétienne est profondément une
anthropologie du don, si l’homme est constitutivement être
de relation, l’éducation à la vie sociale, à l’amitié, à l’amour
sont des lieux urgents de réflexion pédagogique. Qui parle
d’amitié aux jeunes ? Comment leur parle-t-on d’amour ?
Quel engagement leur propose-t-on pour se sensibiliser à la
solidarité active entre les personnes ? Comment sur ces sujets
peut-on passer d’un discours matérialiste ou individualiste
(largement dominant s’agissant de sexualité) à un discours
qui renvoie au sens d’une relation, à ses enjeux pour la
construction de soi ; enfin comment ces dimensions humaines
peuvent-elles faire signe vers la relation avec le Christ, qui se
présente comme l’unique indéfectible ami, et comme époux
de chaque âme ?
On a dit qu’éduquer, c’est éveiller une liberté à ellemême. Au terme de cette réflexion, on peut comprendre la
liberté selon trois perspectives, trois degrés qui sont comme
trois seuils à franchir :
• Liberté d’indépendance d’abord : il est bon que le sujet
cherche à s’émanciper de tout ce qui est coercitif dans le
corps social. Educateur, nous devons manifester la valeur de
ce souci d’autonomie et encourager un jeune à prendre ses
distances par rapport aux conformismes du groupe, des modes,
des opinions non réfléchies…Cependant cette autonomie peut
se dévoyer dans une tyrannie du moi. Il lui faut s’orienter
vers une dimension qui dépasse les caprices du sujet, vers
des valeurs universelles. Donc l’autonomie prend tout son sens
lorsqu’elle se dépasse elle-même dans une responsabilité.
• Liberté de responsabilité : « répondre de » suppose un
contenu : on répond de quelque chose, d’une promesse, d’un
engagement. Car ma liberté ne prend corps que si elle s’engage
32
pour quelque chose qui la dépasse. Mais « répondre », c’est
répondre devant, à quelqu’un ; cela suppose un interlocuteur,
un vis-à-vis. Cette conception de la liberté suppose l’altérité
et dépasse l’enfermement dans une autonomie illusoire.
Educateurs, nous devons former le sens de l’engagement
chez un jeune, en lui confiant des responsabilités, en lui
permettant de les poursuivre dans la durée. A travers ces
petits engagements, lui ouvrir un chemin de confiance, de
progrès. Lui permettre de comprendre que bien au-delà du
« succès » ou de l’ « échec » d’une action, il y a une joie de se
donner, une valeur de la fidélité à un engagement.
Cependant, aussi haute que soit cette valeur de
l’engagement, elle peut se raidir en volontarisme, quand on
rêve de changer le cours des choses par ses seules forces.
C’est une forme d’héroïsme qui guette les plus généreux et
peut être désespérante quand elle affronte l’échec. Et c’est ici
que la nouveauté chrétienne a quelque chose de spécifique à
révéler, comme une troisième dimension de la liberté, celle du
consentement.
• Liberté de consentement : l’expérience me suggère que,
dans bien des cas, il me faut accueillir ce que je n’ai pas
choisi au départ. Par exemple, le vieillissement, la maladie,
l’échec…Dans les sagesses, il y a une acceptation du destin,
des alea qui ne dépendent pas de moi, tout en me tenant
responsable de ce qui relève de ma liberté (stoïcisme). Dans
la foi, ce consentement apparaît orienté vers un vis-à-vis, il
est consentement à la grâce de Dieu. Si Dieu est ma source,
s’il veut mon bonheur, je peux me recevoir de Lui, non comme
un esclave, mais comme un fils, une fille, prêt à exercer cette
liberté qu’il me donne par amour et qu’il restaure sans cesse
en moi.
Alors, il devient vrai, quoique paradoxal, que « le passé
n’est jamais écrit » : c’est à moi de le relire, de le réinterpréter
sans cesse et même, pour le croyant, d’accepter que Dieu
33
puisse transfigurer le mal en occasion de bien. C’est la logique
de la résurrection dans nos vies : tant de petites morts peuvent
devenir des chemins de vie. Il y faut la grâce de Dieu ; il y faut
le consentement humain. Mais une anthropologie chrétienne
n’est rien si elle ne va pas jusqu’à ce point : l’homme n’est pas
fait pour la mort, mais pour la vie en plénitude.
Ainsi est-on passé d’une liberté d’autonomie qui se
préserve, à une liberté d’engagement qui se donne, enfin à une
liberté de consentement qui se reçoit. L’accomplissement de la
dynamique du don, c’est le désir de me donner joyeusement
en sachant qu’à chaque instant je me reçois, confié à moimême par celui qui m’aime indéfectiblement. Alors la vie
peut devenir action de grâce avant d’être engagement dans
les combats du siècle : « Je te rends grâce Seigneur pour la
merveille que je suis » (Psaume 139).
Ouvrir à un jeune le chemin de cette gratitude, n’est-ce
pas lui offrir la clef de la vraie liberté ? Xavier DUFOUR
1
Cf. Mt 25, 35-36.
Reclining Figure
1982, bronze, l. 236 cm
Henry MOORE
Fondation Pierre GIANADDA
Martigny, SUISSE
LES
YEUX
FERTI
LES
« La figure humaine est ce qui
m’intéresse le plus profondément ;
et c’est en étudiant dans la
nature, les cailloux, les rochers,
les os, les arbres que j’ai découvert
les principes des formes et des
rythmes de mes œuvres. »
Henry MOORE
37
Sereine et belle dans sa vêture de bronze, en
position allongée comme ces figures féminines étrusques sur
leur pierre tombale exposées dans un musée romain près de
la Piazza del Popolo, elle attend chaque été ma visite ou plutôt
à chacune de mes vacances passées à Vollèges en Valais, car
je ne saurais manquer de lui faire signe, si jamais, quittant
le Val d’Entremont, je descends sur Martigny. Dans le parc
aux sculptures de la Fondation Gianadda, elle m’attend aux
côtés du Coq de Brancusi, du Sein de César, des grotesques
joueurs de football de Nicky de Saint-Phalle, d’un Mobile
de Calder aux couleurs vives qui, si le vent souffle du col de la
Forclaz ou bien si je le pousse légèrement de la main, se met
à se mouvoir harmonieusement, comme pour égayer le ciel
et jouer avec les branches des abricotiers plantés dans le
verger. Elle a aujourd’hui la trentaine insolente et n’a pourtant
jamais vieilli. Elle fut moulée en bronze en 1982, sans doute
dans l’atelier de Moore à Perry Green dans le Hertfordshire
(Angleterre), quatre ans avant la mort du sculpteur ; mais elle
a seulement été acquise en 1985 par la Fondation Gianadda,
l’année où, dans l’éblouissante lumière d’août qui écrasait la
vallée du Rhône, je la découvris pour la première fois, tout
comme cet été-là j’adoptai une nouvelle petite patrie, le Val de
Bagnes, si cher à l’écrivain Ramuz et surtout à mon ami poète
Chappaz, décédé il y a quelques mois, au point que ce qui
m’unit à cette œuvre de beauté (« a joy for ever » dirait Keats),
est encore plus intense et plus prégnant. Elle a huit autres
grandes sœurs, ai-je appris en feuilletant les catalogues ou
les livres d’art, qui résident de par le monde, dans les musées
38
ou les jardins de riches collectionneurs privés, mais pour moi
celle de Martigny est unique, comme est unique et singulière,
pour le Petit Prince, sa rose.
J’entre dans le musée, saluant un Rodin placé près
de l’accueil, pour voir l’exposition de la saison. De juin à
novembre 2011, ce sera Monet, grâce aux prêts du Musée
Marmottant et des collectionneurs suisses. La Fondation
est une curieuse bâtisse, une sorte de « mastaba » sacrée,
construite par Léonard Gianadda, ingénieur et amateur d’art,
à la mémoire de son frère mort dans un accident d’avion, un
lieu non de mort, mais de vie et de beauté, pour immortaliser
la précieuse présence fraternelle et donner le goût du beau
dont on dit qu’il « sauve le monde ». Il me suffit, l’exposition
terminée, de sortir du musée et d’aller dans le parc attenant,
un jardin de sculptures, pour retrouver ma Reclining Figure.
39
Je descends l’escalier qui passe près d’une Tête en bronze de
Miro ; je laisse à ma gauche le Sein de César que caressent
les branches d’un saule pleureur centenaire ; je prends l’allée
qui mène au verger, franchis le petit pont qui surplombe le
mur du « Téménos », mur de l’ancienne enceinte sacrée d’un
temple romain révélé par les fouilles, lorsqu’ont été édifiés
le musée et ses dépendances. Et la voici qui, m’apercevant
et se réjouissant, me salue d’un bras énergique levé vers
moi. Animée de mouvements puissants et gracieux à la fois,
elle semble esquisser le geste de se redresser, le poids du
corps reposant sur son avant-bras droit. Elle allonge son bras
gauche vers moi qui arrive à ses côtés, comme si elle voulait
me prendre la main affectueusement, maternellement, ou me
caresser la joue, poser sa main sur mon épaule.
Elle se pare de mille reflets lorsque la lumière du soleil
valaisan habille son corps d’airain. Elle est là à demi couchée,
si je la regarde sur toute sa longueur, paraissant presque
monumentale sur sa base de béton blanc et son socle de bronze,
ce qui la place ainsi à ma portée pour la mieux contempler.
Elle s’inscrit harmonieusement dans le paysage proche
qu’elle semble mettre en valeur par ses formes, ses masses,
ses courbes, ses contre courbes, ses angles, sa composition
en double cône. À travers les ouvertures qui « trouent »
étonnamment son corps, où l’air circule et où s’inscrit le
ciel, on aperçoit les coteaux plantés de vignes et la route qui
serpente vers le col de la Forclaz, les forêts d’épicéas et de
mélèzes et, plus haut encore, du côté du lac de Champex, les
alpages du Trient. Elle ressemble à l’espace alentour, avec ses
montagnes plus ou moins pentues et ses vallées ; elle en est
comme la métaphore. Elle est elle-même paysage, redoublant
en abyme les massifs alpins environnants, les montagnes et
les vallées des Dranses et du Rhône. En fait, elle est femme et
paysage à la fois, et c’est surtout au niveau de son buste et des
40
ses jambes qu’elle revêt les aspects des reliefs montagneux,
creusés de dépressions, d’arches, d’anfractuosités ; le drapé
à peine visible de sa robe (écho du plissé des vêtements
féminin de la statuaire grecque si chère à l’artiste) fait songer
à la peau ridée de la terre et aux nervures des roches. Toute
sculpture est, pour Moore, une « sculpture-paysage », faite
pour être disposée en plein air et si possible en harmonie avec
le lieu où elle est placée.
A chacune de mes visites, elle m’étonne toujours ; et je
reste de longs moments à tourner autour d’elle pour surprendre
le jeu de ses masses, le rythme des ses formes ; je me laisse
capturer par un nouveau point de vue. Intriguées par les
déformations données par Henry Moore à cette figure féminine
couchée, mes deux filles, alors toutes petites, l’avaient
surnommée, « maman bizarre » ; d’ailleurs elles préféraient,
à ma « Vénus» de bronze, voir s’ébattre dans l’étang voisin les
canards colvert, goûter les abricots du verger qu’on a le droit
de cueillir sans vergogne, ou bien s’esclaffer devant les sportifs
de Nicky de Saint-Phalle, bigarrés et clownesques, courrant
après leur ballon. Moi, je revenais toujours à elle, même si
d’autres sculptures, dont la Vierge folle de Germaine Richier,
le Coq de Brancusi, suscitaient également mon admiration
tout au long de mon parcours. Il me prend encore aujourd’hui
le désir de caresser son corps de bronze, strié parfois, comme
ce qui représente les plis de sa robe, ou bien lisse, comme son
torse nu et ses bras puissants. C’est une des joies sensuelles
que procure la sculpture que d’assouvir cet irrésistible désir
de toucher le matériau, (et encore une fois à la Fondation cela
est possible, comme de marcher sur les pelouses d’ailleurs !)
– ce qu’on ne peut faire pour une peinture ; c’est un bonheur
de tourner autour d’elle, de la contempler sous des angles
différents et chaque fois de la découvrir aussi majestueuse.
41
Ma belle Reclining Figure a une toute petite tête
punctiforme, – siège du regard bienveillant, habité d’attention,
siège aussi de la pensée –, tête reposant sur un cou solide
comme une portion de colonne, (elle a la même tête que les
femmes des toiles de Picasso des années 30, jouant sur la
plage), avec des yeux : deux simples points, un nez et une
bouche à peine esquissés. Elle est coiffée d’une sorte de
superbe chignon. Elle a un torse maternant et protecteur,
des hanches fines ; ses fesses et ses jambes sont plus
abstraitement rendues et forment une construction équilibrée,
l’apparentant, comme je l’ai écrit, aux montagnes voisines si
proches. Elle est une figure plus abstraite que mimétique,
se jouant de la représentation académique et naturaliste,
comme si, pour Henry Moore, sculpter un corps avec des
déformations et une certaine abstraction était une façon de
s’éloigner d’une représentation idéalisée, d’une figuration trop
classique de la beauté féminine ou même d’un corps érotisé.
Tout cela permet de suggérer davantage l’idée d’une féminité
sensuelle et voluptueuse, tout autant que puissante, ou même
celle d’une maternité heureuse et tendre. « Alma Magnaque
Mater », écrirait Lucrèce, car elle est habitée de tous les
symboles de l’eternel féminin. Mais ce que Moore a en outre
cherché à saisir à travers cette œuvre, c’est la manifestation
d’une énergie, d’un jeu de forces et de tensions par lesquels
s’élabore l’univers et se révèle la vie.
En tout cas, elle m’est toujours apparue ainsi, comme une
femme aimante et accueillante. Son corps, surgi du bronze,
exprime bien pour moi une idée de la féminité liée à la vitalité
et au vivant. La majesté de son port de tête, la volupté de
son buste si imposant me rappellent les femmes des tombeaux
étrusques, toujours souriantes, étendues aux côtés de leur
époux, mais aussi les Vénus couchées du Titien, de Vélasquez,
42
la Maya nue de Goya et, bien sûr l’Olympia de Manet. On peut
même penser à certaines odalisques couchées de Matisse. Elle
est un peu aussi Gaia, déesse de la terre et de la fertilité, si
honorée dans les anciennes traditions. Reclining Figure est
une forme récurrente dans l’œuvre sculptée de Moore qui l’a
entraîné dans une série de variations, tout au long de sa vie
d’artiste, comme le sont aussi Mother and Child ou Group
Family, ses deux autres grandes sources d’inspiration. J’ai pu
apercevoir d’autres sculptures dans des expositions ou leurs
représentations dans des ouvrages d’art, mieux comprendre
son amour pour l’art précolombien, surtout toltèque, pour
l’art sumérien ou celui des Cyclades, mais aussi l’influence
qu’eurent sur lui Gaudier-Brzeska, Archipenko, Brancusi et
Picasso. Mais ce que j’évoque dans Les Yeux Fertiles est moins
une page d’histoire de l’art et un commentaire critique qu’une
émotion ressentie à la vue de cette statue d’Henry Moore, un
grand artiste de la modernité anglaise du XXème siècle. «Voilà
ce que j’ai essayé dans ma sculpture, qu’elle soit une métaphore
sur la relation de l’homme à la terre, aux montagnes, aux
paysages », écrivait-il, en comparant son œuvre sculptée aux
paysages du Yorkshire. Et de poursuivre : « Si Cézanne avait
pour ambition de marier les épaules des femmes aux courbes
des collines, ma sculpture est un « mixte » de figure humaine
et de paysage ; en se plaçant d’un certain point de vue, on voit
la jambe finir en rocher montagneux. Mon exploration des
thèmes archétypaux, comme les Reclining Figures, représente,
pour moi, à l’instar des Baigneuses de Cézanne, une sorte de
« gabarit » à l’intérieur duquel je peux réinterpréter la figure
humaine, inlassablement, sans jamais me répéter pour autant. »
Moore est un maître, possédant un savoir-faire sans
faille ; il connaît les mille techniques de la sculpture : de
l’assemblage au modelage, du moulage à la fonte, de la
taille directe à la cire perdue, de même qu’il a manié tous
43
les matériaux : le marbre, l’ophite,
le béton et, comme pour la Reclining
Figure de Martigny, le bronze. De plus,
il a exploité tous les arts graphiques :
le crayon, la craie, le pastel, l’encre,
le lavis ou l’aquarelle. Exaltant
la force et la beauté de la femme,
comme dans notre sculpture, il nous
a livré une méditation sur le corps,
la nature, en somme la Vie. Et, dans
chaque sculpture, la légèreté côtoie le
monumental, la masse s’oppose à la
courbe, l’ombre à la lumière, le vide
au plein, la tension sévère à la joie
féconde.
Comme dans le petit enclos
de la Fondation Gianadda, dans le
merveilleux parc de Moore à Perry
Green, paissent des dizaines et des
dizaines de sculptures de marbre, de
pierre et de bois, qui n’étonnent même
plus les moutons qui pâturent à leurs
côtés, sous l’ombre bienveillante des
grands arbres. C’est dans la lande
du Hertfordshire qu’est vraiment née
l’œuvre qui a essaimé aujourd’hui aux
quatre coins du monde. Cette œuvre
est donc née loin des villes, grâce
à une formidable compréhension
du paysage, au cours de longues
promenades pour cueillir des cailloux
ou des pierres, des morceaux de bois
blanchis par le temps, des os séchés,
44
qui viennent emplir l’atelier, inspirer dessins et travaux
préparatoires, utilisant la glaise, le plâtre, le bois, avant de
devenir des œuvres, ou minuscules ou monumentales.
Ma Reclining Figure m’attend cet été à Martigny en Valais.
Elle sait déjà que je viendrai la voir puisque la Fondation
Gianadda m’est ouverte à souhait. Face à l’orgueilleuse Pierre
à Voi qui domine la vallée du Rhône, le Coq de Brancusi
dressera fièrement sa crête de métal. Et j’écouterai le chant du
fleuve qui dévale fougueusement du Simplon pour se marier aux
eaux grises et froides du Trient et des Dranses. Sur les collines
parées de vignes mûriront les raisins qui donneront le Fendant
ou l’Amigne, sous les cymbales d’un soleil dru. A l’alpage de
Sornioz, aux falaises si abruptes vues de la plaine, durant l’estive,
les « reines » d’Hérens rêveront de combats dans les arènes
voisines ; et les chiens les rabattront vers les étables dans un
tintamarre de cloches. Vers les Planches et le Tronc, la vipère
paresseuse oubliera le pas du randonneur sur les sentiers
longeant les bisses. Je songerai à Goethe, à Stendhal, à Rilke et
à Ramuz, mes maîtres, qui ont fait halte, comme moi, à Martigny,
avant de suivre par exemple la route Napoléon, de gagner le
col du Grand Saint-Bernard, de faire une pause à l’hospice,
accueillis par les chanoines et leurs fameux chiens, de rêver
de Milan et de ses cantatrices en descendant le Val d’Aoste.
Et au cœur du parc de la Fondation Gianadda, « hortus
conclusus » et jardin d’amour, au milieu des abricotiers aux
branches ployant sous leurs fruits mûrs gorgés de sucre et
formant arche de verdure, ma Reclining Figure, habitée de
fierté puissante et tendre, m’offrira son énergique vitalité. Elle
me dira, ma belle « fortis mulier » de bronze, le mystère du
Vivant ; elle me rappellera que la beauté est une grâce qui ne
cesse d’étonner qui la reçoit Jean-Louis RAVISTRE
« Il n’y a pas besoin de créer. Créer,
improviser sont des mots qui ne
signifient rien. Le génie appartient
à ceux qui savent utiliser leurs yeux
et leur intelligence. Une femme,
une montagne sont construites de
la même façon, selon les mêmes
principes. »
RODIN
TRAVAUX d’ELEVES
concours
jumelage
MADAGASCAR
voyages
.
collè
ge
pèl
rina
ge
Le collège de La Solitude, pour sa traditionnelle
journée de témoignage chrétien, s’est rendu, le 7 avril
dernier, à Ars. Les mille cinquante élèves, leurs éducateurs et
professeurs, de nombreux parents, ont marché ce jour-là sous
un ciel radieux. Présidée par Mgr Le Gal, évêque auxiliaire de
Lyon, la messe a réuni les nombreux témoins venus parler aux
jeunes : des laïcs engagés, des prêtres diocésains, des pères
maristes des communautés de Sainte-Foy et de la Neylière,
des sœurs bénédictines et carmélites, des dominicains, dont
le père Muhannad Al Tawil, aumônier des chaldéens de
Lyon. Ainsi, dans un esprit d’accueil et de partage, chacun
a pu méditer sur le thème choisi pour animer les diverses
rencontres : Voyez comme il l’aimait !
Marines
Dans le cadre de l’étude du « récit de voyage » en
classe de cinquième, les élèves ont eu à décrire la
découverte d’un port à travers le regard d’un jeune
enfant. Voici quelques passages relevés dans mes
copies Élodie Ramora
Le jeune garçon arriva enfin au port, fatigué de
sa longue course. Mais cette fatigue passa rapidement grâce
à l’émerveillement que lui procuraient les bateaux qui se
balançaient sur les vagues. La mer était d’un bleu si clair
qu’au loin elles se confondaient avec le ciel, un ciel d’une
beauté extraordinaire. L’enfant ne put bouger face à ces deux
grandes étendues turquoise. Le soleil brillait au-dessus de sa
tête. Il était comme enchanté par le chant des vagues qui se
brisaient sur les rochers. Le port était bordé par deux grandes
falaises belles et majestueuses comme deux géants de pierres
Léo QUERET, 5e3 La Verpillière
tra
vaux
Ce jour-là, la mer était calme et sa surface était
lisse comme de l’huile. Les bateaux de pêche étaient déjà
partis et il pouvait les apercevoir au loin. Le jeune garçon,
qui regardait avec attention chaque détail de ce magnifique
paysage, se laissait bercer par le ressac régulier des vagues. Il
ferma les yeux un court instant et prit une grande inspiration.
Il se sentait relâché et détendu. Tout lui était si familier car,
depuis son enfance, il venait ici pendant les jours de congés.
Mais, même s’il avait l’habitude de s’asseoir sur ce banc pour
regarder onduler les vagues ou écouter le cri des oiseaux,
il s’émerveillait toujours autant et ne se lassait jamais de
contempler ce fabuleux paysage maritime. Après quelques
minutes, il se leva pour aller marcher le long de la grève. A
ses pieds, des algues séchaient au soleil. Il aimait sentir cette
odeur iodée qu’elles dégageaient. Il vit aussi des coquillages,
il y en avait de toutes les formes et de toutes les tailles. Il
aimait tout particulièrement des petits coquillages blancs
nacrés car ils ressortaient bien sur le sable gris anthracite
Flavien MILIAT, 5e5 La Verpillière
Discours
« De professorae
Avez-vous déjà eu l’impression de vivre deux semaines en
24 heures ? C’est à peu près ce qui nous est arrivé à nous
autres premières L lors de notre voyage à Marseille cette
année. En effet, les promenades, les calanques, les librairies, le
shopping, les repas, les musées, la plage, la veillée et les églises
ont réussi à faire oublier à nos pauvres caboches la réalité des
jours scolaires. Avant des oraux de français et d’autres échéances
peu amusantes, nos esprits ont pu être soudainement libérés de
tout ce qui ressemblait à de la « pression ».
Cette veillée, j’y reviens, fut vraiment géniale. Entre
les chants (mélodieux), les imitations (fidèles), les discours
(absurdes), les démonstrations de judo (fracassantes) et les
éclats de rire (authentiques), nous n’avons pas trouvé le
temps de nous ennuyer. Même les visages de Mme Cazeaux
et de M. Fortin, d’ordinaire burinés par les heures de cours et
fichés de cet éternel regard courroucé qui fait habituellement
peser sur nous le couvercle de leurs exigences jamais satisfaites,
même leurs visages, dis-je, se sont éclaircis !
En regrettant de ne pas pouvoir vous communiquer les
deux autres discours produits lors de cette veillée (à savoir Les
radis ont-ils une âme ? et De l’utilité de mettre un balais sur le
capot avant de sa voiture) nous vous proposons celui-ci qui, s’il
n’est pas le plus inventif, est au moins le moins long !
53
utilitatis »
Souvent, dans l’histoire de l’humanité, les hommes
ont prêté à leurs dirigeants de mauvais desseins et des
visées criminelles. Ces théories du complot n’ont toujours
été que des bouffées de paranoïa condamnable qui ont
conduit l‘Homme aux excès les plus pendables. Cependant,
en observant de près les professeurs, j’ai remarqué quelques
petites choses qui me mènent à penser qu’ils ont bel et bien
pour but l’assujettissement du monde entier. S’ils ont l’air
sympathiques et pittoresques au premier abord, ce sont
assurément des soudards hypocrites assoiffés de sang et de
pouvoir. D’abord, on peut remarquer que tous les responsables
politiques de la gauche comme de la droite étaient des
professeurs (Herriot, Blum, Daladier, Clémenceau, Fortin,
etc) : ils étaient implantés dans le champ politique, afin de
mieux manigancer dans l’ombre. C’est d’ailleurs pourquoi les
élèves ont toujours eu inconsciemment le désir de se révolter,
mais les professeurs, qui savent se défendre, les culpabilisent
sans arrêt (et sans succès heureusement). Pour mieux asseoir
leur domination, ils se sont infiltrés dans les réseaux de
l’éducation afin de mieux manipuler les esprits. En espérant
que cette démonstration sera utile au MLE (mouvement de
libération des étudiant, groupuscule très muselé par les
autorités) je vais prouver sous vos yeux et ici même que les
professeurs ne servent à rien sinon à empêcher les élèves de
réfléchir.
Tout d’abord, il nous faut une expérience témoin : prenons
une classe dépourvue de professeurs, c’est-à-dire un groupe
de vingt à trente adolescents enfermés seuls dans une classe
huit heures par jour. « Quelle horreur, s’écrieront certains, ils
deviendraient fous et sanguinaires ! » Ineptie. L’homme est
54
un être de relation qui, quand il est en groupe, discute, fait la
guerre ou joue à des jeux de société. « Ce serait l’anarchie ! »,
crieront les mêmes : j’en étais sûr. Il nous faut signaler que
ce mot est un terme générique utilisé par les professeurs pour
désigner le climat d’une classe dans laquelle ils ne sont pas.
Pas de profs, pas d’anarchie. CQFD !
Bref, les élèves lisent, dessinent ou discutent. Ce sont des
activités ludiques. Bien sûr, ils ne compareront pas Nietzche
avec M. Dumont dès les premiers jours. Toutefois, dès que les
sujets habituels seront épuisés, il faudra bien qu’ils s’y mettent
(comment firent les premiers philosophes ?) Or Socrate s’est
employé à nous démontrer que la conversation est le moyen le
plus propice à l’épanouissement intellectuel. De même, grand
modèle des pédagogues s’il en est, il passait le plus clair de
son temps à confesser qu’il ne savait rien. « Cela est bien
beau, me diront les même fâcheux en m’interrompant d’une
façon fort peu courtoise, mais de quoi discuteront-ils s’ils
ne savent rien ? » Et voilà un mauvais argument. En effet,
Montaigne disait que pour éduquer efficacement un jeune,
il fallait s’abaisser à son niveau afin de mieux gravir avec lui
les échelons de l’escabeau de la connaissance. Envoyez des
livres dans la classe, et les élèves se débrouilleront bien pour
monter à la courte échelle ...
Voyez, la conversation façonne merveilleusement les
jeunes, sans qu’on ait besoin de retoucher quelque chose.
Or que font les professeurs ?
Premièrement, ils savent. Ils sont formés, surformés, et
triés par des concours qui consacrent les plus savants. Un bon
professeur est un professeur qui sait. Ils sont même tellement
compétents qu’ils ne s’y connaissent que dans un seul
domaine. (Notez bien qu’ils sont globalement moins instruits
qu’un élève). Deuxièmement, ils abolissent toute forme
de conversation durant leurs cours. Comment voulez-vous
55
apprendre à un adolescent perdu dans une masse de trente
élèves qu’il est un individu unique et responsable ? En bref :
ils nous dérangent. Et comme leur technique est absolument
contraire à ce qu’il faudrait faire, il est clair qu’ils veulent
nous empêcher de réfléchir. Comme Socrate fut condamné à
mort par l’Etat athénien pour avoir perverti la jeunesse, ainsi
l’Etat français (et surtout la masse grouillante des professeurs
qui s’agite derrière) veille à nous maintenir dans l’Hébétude
afin que nous les laissions tranquilles...
Ainsi, voilà la preuve faite que les professeurs ne servent
à rien sinon à nous empêcher de réfléchir. Alors, nous, élèves,
avons le droit mais surtout le devoir de nous battre contre
cette tyrannie passive qui nous paralyse ! Etonnant, non ?
Valentin Rhonat, 1reL Lyon
La classe de 1e L à Marseille
DE CERTAMINE
CICERONIANO
ARPINAS
Le latin n’est décidément pas une langue morte !
C’est en tout cas l’impression qui s’est dégagée de notre séjour
dans le Latium. Nous avons en effet participé au Certamen
Ciceronianum Arpinas, concours européen de version latine
autour de Cicéron : 5 heures de latin, 15 récompenses, 16 nations
représentées, 404 participants, plus de 5000E de prix et…
2 français !
Nous quittons la France, le jeudi 5 mai, accompagnés
de Mme Berthelot et de M. Perceveaux, notre professeur
de latin qui nous a préparés à l’épreuve. Nous passons un
premier jour à Rome, puis découvrons des villages typiques
comme Castrociello, Montecassino (où nous avons droit à un
discours…en latin !), et, bien sûr, Arpino, et goûtons à quelques
spécialités culinaires.
Le lendemain de notre arrivée, nous retrouvons tous
les participants pour traduire et commenter un extrait du
Pro Caelio de Ciceron. L’épreuve se déroule plutôt bien car
le stress est évacué grâce à la bonne ambiance générale. En
effet, le fait d’être les deux seuls Français nous pousse à nous
ouvrir aux autres en dépit des différences, et nous prenons
plaisir à communiquer avec des Polonais, des Italiens, des
Bosniaques, des Belges et des Luxembourgeois, avec qui nous
avons pu retrouver l’usage du français ! La veille de l’annonce
des résultats, une grande fête a consolidé les liens d’amitié
qui se sont créés.
Puis, sous le soleil d’Arpino, se déroule alors la
cérémonie de la remise des prix, ponctuée, comme il se doit en
Italie, par de nombreux discours ; et nous avons le plaisir de
con
cours
retrouver parmi les lauréats des élèves avec qui nous avions
sympathisé. Les Italiens, très nombreux, raflent la plupart des
récompenses. Quant à nous, nous ne rentrons qu’avec un teeshirt, des souvenirs plein la tête et quelques (gros) coups de
soleil !
Quoi qu’il en soit, cette expérience qui marque
l’aboutissement de nos années de latin, restera inoubliable.
Un grand merci à la cité d’Arpino pour son accueil, à nos
professeurs qui nous ont accompagnés, à M. et Mme Caruso
qui nous ont fait connaître ce concours et nous ont hébergés
sur place ! Nous rentrons, ravis, avec l’espoir qu’à l’avenir les
latinistes français forment une délégation plus importante
François MARTEL, T S1, Sébastien DESIGNOLLE, T S2, La Verpillière
Sainte Marie La Verpillière
Collège des Pères Antonins de Baabda au Liban
L’an dernier, des lycéens libanais de Baabda ont été
reçus par onze de nos élèves et leurs parents. C’était au tour
des correspondants français de visiter le Liban pendant les
vacances de Pâques. Les clameurs à notre arrivée à l’aéroport
témoignaient du plaisir des retrouvailles et de la complicité
établie précédemment.
jume
lage
Arrivés en pleine semaine sainte, nous avons pu partager
la ferveur religieuse du peuple libanais : rite de la visite des
sept églises le jeudi saint, le chemin de croix le vendredi
saint et la messe de minuit, le samedi. Les chants de toute
l’assemblée, les prières, n’ont laissé personne indifférent.
Les pères Antonins Maronites ont eu à cœur de nous associer à ce
moment très fort de la religion chrétienne.
Nous avons ensuite parcouru le pays, de ses rivages
ensoleillés aux forêts de cèdres magnifiques et neiges du Mont
Liban, du tumulte de Beyrouth en pleine reconstruction au
silence des ermitages de la Vallée sainte.
Mais ce sont surtout les rencontres, la vie partagée avec les
familles libanaises qui ont marqué ce voyage. Une hospitalité
indescriptible, une disponibilité de chaque instant : ce peuple
libanais très marqué par les années de guerre nous a montré
sa générosité et son énergie extraordinaires.
Le moment le plus émouvant restera sans doute la visite
d’une association s’occupant de l’éducation et de la scolarisation
d’enfants handicapés, association à laquelle une somme
d’argent a été versée grâce aux différentes actions menées
au cours de l’année scolaire à La Verpillière (vente de petits
pains, lumignons du 8 décembre, brocante…).
Nous avons fait aussi une rencontre inattendue, celle
de Vincent, fils de Serge Noir, maitre d’internat. Tailleur
de pierres, Vincent participe à la construction d’un village
traditionnel. Après un premier stage de deux mois, il est
revenu au Liban poursuivre avec enthousiasme son aventure.
Il ne faudrait pas oublier les visites officielles. Le maire de
La Verpillière, M. Patrick Margier, nous a rejoints et a partagé
60
quelques jours de voyage avec nous. Nous avons été reçus dans
l’imposant palais présidentiel, puis à la mairie de Baabda.
La réussite particulière de notre séjour tient à sa
préparation par les élèves sur deux années, à l’adhésion des
familles qui se sont investies dans toutes les actions menées,
Voyage encadré par Emmanuel Juhant, Françoise Delorme et Marie Girerd, ancienne élève
61
aux professeurs qui, l’an dernier, ont participé à l’accueil des
élèves libanais. On peut imaginer que les liens établis vivront
plus longtemps que la durée d’un simple voyage !
Françoise Delorme, Emmanuel Juhant
MADAGASCAR
62
Pour la quatrième année consécutive, le projet
« Madagascar » est reconduit par la pastorale sur le site de
La Verpillière. Un groupe d’élèves du lycée se rendra cet
été à Antsirabé, seconde ville du pays. Durant quinze jours,
en compagnie de jeunes étudiants et lycéens malgaches, ils
prendront en charge plusieurs centaines d’enfants de quartiers
défavorisés de la ville.
Des livres, du matériel pédagogique, des ordinateurs
portables, une photocopieuse et des médicaments ont déjà
été envoyés par container grâce aux dons d’entreprises et de
familles.
Le groupe est hébergé par un foyer d’étudiants de la
Communauté du Chemin neuf. Il entend bien emporter dans
ses bagages les compléments nécessaires pour faire face aux
besoins grandissants de ce dernier.
Diverses actions, dont les centres de vacances organisés
les étés précédents, ont en effet permis d’accélérer le
rapprochement entre la population du quartier et le foyer
d’étudiants. Des séances journalières d’alphabétisation et
63
de soutien scolaire sont maintenant organisées dans les deux
salles de classe nouvellement construites et un travail de fond
est effectué pour l’amélioration de la situation sanitaire du
quartier.
Le séjour de cet été sera aussi l’occasion de renforcer
les liens existants : avec l’Association lyonnaise « Zazakely »
qui est implantée à Antsirabé dans un quartier très pauvre,
avec l’Ecole Saint-Joseph, un lycée tenu par les frères
maristes dont sont issus les lycéens qui travaillent avec les
jeunes Français et avec les Petites Sœurs de l’Evangile dont
le noviciat international est implanté à Bonnefamille en Isère,
et qui aident les détenus à se réinsérer en apprenant un métier
sur Antsirabé.
Cette année le projet a pris une nouvelle dimension :
des élèves de 4e2 se mobilisent pour trouver des fonds afin
d’aider des enfants malgaches de leur âge. Le projet visait
au départ à contribuer au financement de la scolarité d’un ou
deux jeunes. Le père Henri, responsable du foyer d’étudiants,
64
nous a fait part de l’urgence qu’il y avait à répondre aux
difficultés immédiates de certaines familles. L’action a donc
été réorientée pour cette année et les fonds collectés serviront
à financer des soins dentaires.
Derrière le départ d’un petit groupe l’été à Madagascar,
c’est une aide précieuse qui est apportée à des dizaines de
familles et à des centaines d’enfants.
Tout au long de l’année, une soixantaine de lycéens se
mobilisent pour trouver les ressources nécessaires au projet :
organisation de soirées, d’évènements sportifs, animation de
« centres aérés » le mercredi après-midi, vente de pains au
chocolat, de cartes postales, d’artisanat malgache, brocante…
Nous sommes encore aujourd’hui en phase de financement
et les dons des familles ou d’entreprises sont bienvenus. Si
vous voulez contribuer au projet, vous pouvez prendre contact
avec Valérie Tourrette, responsable de la catéchèse du lycée à
La Verpillière ou avec Didier Tourrette, préfet des terminales
et BTS.
Nous sommes aussi à la recherche de séries d’ouvrages
récents, de fournitures scolaires et d’ordinateurs portables.
Au nom des enfants d’Antsirabé, nous vous remercions par
avance de l’attention que vous pouvez porter au projet
L’équipe Madagascar
Cross des collégiens pour Madagascar
en terre
orthodoxe...
Le groupe Saint-Irénée de Lyon, en Grèce
voya
ges
Le groupe Saint-Irénée est né en septembre 2007
à Lyon d’une question : quelle serait la manière la plus juste,
pour un groupe lié à notre pastorale du lycée Sainte-Marie de
Lyon, de découvrir les autres confessions chrétiennes ?
La réponse fut double : une formation et un voyage.
C’est ainsi qu’un temps de formation est proposé un jeudi
par mois, à l’école de Paul Couturier. Il débute par un office
pour l’unité des chrétiens, suivi d’un temps d’enseignement
et de dialogue, sur l’histoire, la liturgie, la place de Marie,
l’Ecriture, les icônes, les questions qui se posent au quotidien
à un couple mixte… Aux vacances de Pâques, un voyage
est ouvert à tous, parents, élèves, professeurs, éducateurs,
personnel, dans un pays dont la culture est étroitement liée
à la confession chrétienne que nous cherchons à connaître en
profondeur.
La première année nous conduisit en 2008 en Grèce pour
les orthodoxes, en 2009 en Suisse pour la découverte de la
Réforme, en 2010 en Angleterre pour mieux connaître les
Anglicans. En mai 2011, nous avons choisi de nous tourner
à nouveau vers l’Orthodoxie et de retourner en Grèce. Notre
groupe nombreux, 43 personnes, comprenait cette année des
enfants, des collégiens, des lycéens, des professeurs, des familles
dont une orthodoxe, des membres de la pastorale, un prêtre
catholique. Nous avons bien sûr visité la Grèce antique, avec
des sites moins connus comme celui de Dodone dans le nord,
ou les célèbres sites d’Athènes et de Corinthe, en particulier
le nouveau et magnifique Musée de l’Acropole. Nous avons
redécouvert les philosophes antiques, marché sur les pas de
saint Paul...
68
Notre voyage fut aussi marqué par de belles rencontres,
que nous souhaitons partager, parce qu’elles nous rejoignent
précisément dans notre vie mariste à Lyon. Dès les premiers
jours dans le nord de la Grèce, au cœur de l’Epire âpre et belle,
nous avons eu la joie de retrouver le père Athanasios Iskos que
nous avions rencontré il y a trois ans, alors qu’il était encore
pope de l’église grecque de Lyon, rue d’Athènes, dans le 7ème
arrondissement. Ayant pris sa retraite à Ioannina, il nous a fait
découvrir sa cité et le kastro turc dans la vieille ville enclose
de remparts. Il a, dans une grande liberté et en vérité, répondu
à toutes nos questions sur la foi orthodoxe et la vie en Grèce.
Il nous a aussi permis de célébrer l’eucharistie dans une petite
chapelle catholique, le jour de la béatification de Jean-Paul II,
partageant dans l’homélie avec notre aumônier les souvenirs
de rencontres avec le Saint-Père.
Après la visite extraordinaire des monastères des
Météores et d’Ossios Lukas, nous sommes arrivés à Athènes
où nous attendaient d’autres rencontres étonnantes : nous
connaissions de réputation, car c’est l’une des meilleures
écoles de Grèce, un grand établissement de frères maristes
de la banlieue d’Athènes, le lycée Leontio. Fondé dans les
années 1900, à la suite d’un autre lycée à Constantinople, il a
éduqué des générations de jeunes Grecs tout au long du siècle
troublé, de guerre en déplacement de population, d’occupation
en guerre civile, puis en dictature militaire. Un petit groupe
de Frères maristes grecs y sont encore présents, issus de la
minorité catholique de ce pays. Nous avons été reçus avec
beaucoup d’amitié par le directeur de l’établissement, par les
responsables catholique et orthodoxe de la pastorale, et en
particulier Maria Kokalaki qui a organisé notre accueil, par
des professeurs de religion et des élèves, qui tous parlaient
français ! L’établissement ressemble beaucoup au nôtre, il est
aussi sur deux sites, dans deux banlieues différentes d’Athènes,
et avoisine comme le nôtre le chiffre de 5000 élèves. La même
69
exigence de qualité, deux beaux théâtres, des élèves heureux
d’être là. Mais surtout ce qui caractérise cet établissement,
c’est un œcuménisme vécu au quotidien depuis plus d’un
siècle, puisque des frères maristes accompagnent une
immense majorité d’élèves orthodoxes dans leur foi. Il y a
dans l’école deux chapelles, une grande chapelle orthodoxe
avec sur l’iconostase, à la place du saint fondateur, l’icône
du fondateur des frères maristes, saint Marcelin Champagnat,
entouré d’enfants, et une petite chapelle catholique. Ces frères
maristes sont très proches de la Métropole1 voisine de Nea
Smyrni avec laquelle ils ont pris contact pour nous ; et nous
avons pu nous y rendre avec l’un d’eux, le frère Georges, qui
nous a servi d’interprète.
Ce fut un très beau moment : l’église était majestueuse,
non moins que le prêtre qui, lorsque nous fûmes bien installés,
sortit de derrière l’iconostase. D’une belle et forte voix, il nous
fit un discours un peu solennel nous racontant l’histoire de
son sanctuaire, Sainte-Photine, qui fut mêlé à un évènement
douloureux du début du 20ème siècle, que les Grecs appellent
la « grande catastrophe ». Après la Première Guerre mondiale,
les Grecs tentèrent de reconquérir Constantinople sur les Turcs
qui avaient été alliés aux Allemands, mais ils furent contraints
de quitter précipitamment cette côte qu’ils habitaient depuis
plusieurs millénaires. Plusieurs millions partirent, beaucoup
furent massacrés ou périrent noyés. Les quartiers grecs de
la ville de Smyrne, grande ville cosmopolite, furent brûlés
et rasés. La première chose que les réfugiés nouvellement
arrivés dans ce quartier de Nea Smyrni (la Nouvelle Smyrne)
souhaitèrent fut la construction d’une nouvelle église qui soit
l’exacte reproduction de leur Métropole de Sainte-Photine.
Pour cela ils bénéficièrent de la sauvegarde d’une partie du
mobilier de l’église Saint-Jean Prodromos qui, située dans
le quartier turc de Smyrne, avait été épargnée, et qui fut
transporté par bateau après la guerre. Cette église est donc le
70
témoignage d’une histoire tragique vécue par bien des Grecs
d’Ionie et les propres parents du père Nikolaos qui nous
racontait l’histoire. A la fin de ce discours, le père Vincent
Lautram, curé de l’Isle d’Abeau et de la Verpillière, qui nous
accompagnait comme aumônier du voyage, eut des paroles
vraiment inspirées ; il s’approcha du Père Nikolaos et lui
apprit que nous étions des chrétiens de Lyon, nés du sang
des martyrs : il cita la « Lettre des chrétiens de Smyrne »,
écrite après le martyre de Pothin, de Blandine et de leurs
frères en 177, parla de saint Irénée, notre évêque qui venait
de Smyrne, successeur de saint Pothin, disciple de saint
Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean l’Evangéliste …
notre église de Lyon est issue directement de cette tradition
grecque. Le père Vincent Lautram conclut : « votre église de
Smyrne a brûlé, la ville a été détruite, mais nous sommes les
pierres vivantes de Smyrne, nous chrétiens de Lyon. » A ce
moment-là nous avons vu le visage du vieux pope s’illuminer,
se remplir d’émotions. Tout dans ses propos devint très
fraternel, chaleureux et il n’eut de cesse de nous combler de
petits présents… Ce fut un grand moment de notre rencontre
avec les orthodoxes grecs, qui restera pour toujours dans nos
mémoires et dans ce temps pascal, vraiment un beau symbole
du passage de la mort à la résurrection.
Il y aurait beaucoup d’autres choses à raconter sur notre
voyage à travers le pays couvert des fleurs du printemps,
mais il est temps de conclure … Vraiment un beau voyage,
qui a bien rempli son objectif d’unité d’un groupe nombreux
et varié, de découverte de la culture d’un pays si riche, et
surtout de rencontres pleines de fraternité avec nos frères
orthodoxes Brigitte Cazeaux, Isabelle Feron
Une Métropole est une sorte de cathédrale, siège du Métropolite qui a rang
d’évêque.
1
cartes
postales
Boston
Pour répondre à la visite que nous avaient rendue à
Lyon, au mois de février dernier, 21 élèves du lycée américain
de Wellesley, dans la banlieue de Boston, nous sommes allés
retrouver nos correspondants et leurs familles du 15 avril
au 6 mai. Journées en classe et découverte d’approches
pédagogiques différentes ont alterné avec visites de la région
et pointes jusqu’à New-York et Washington ! Vous voyez, nous
sommes sous bonne garde, celle de la police de l’Université
de Havard !
72
Portland
L’avantage d’internet, c’est qu’on peut envoyer une
carte postale au dernier moment. Nous sommes arrivés à
Portland en pleine déprime des « Oregoniens » : le printemps
a été le plus pluvieux depuis trente ans. Des mares s’étaient
formées dans les pelouses de l’école et elles accueillaient des
canards ! Mais nous avons apporté le soleil français... Pas
de pluie pour les randos ou marches citadines, deux weekends très agréables avec du soleil et de la chaleur. Un groupe
d’élèves de La Verpillière presque parfait ; bien sûr quelques
rappels à l’ordre mais tout est resté dans la norme. Pas de
malades. Mes hôtes : un couple adorable, facile à vivre. La
chose la plus dure du séjour ? Les deux nuits passées à Seattle
en auberge de jeunesse, fort bruyantes. Mais pas de quoi en
faire un drame ! À bientôt Fabienne PERNELLE
73
Écosse
Que dire finalement de ce voyage au pays des
Highlands ? Que, malgré leur accent ardu pour nous autres à
l’anglais encore hasardeux, les Ecossais – malheureusement
sans kilts et sans cornemuses – se sont montrés très
accueillants ? Que le soleil brillait sur les paysages verdoyants
encore gorgés d’humidité ? Ou bien faut-il rappeler la richesse
de la culture et du patrimoine local ? Sans doute, mais ne
citer que cela serait omettre des pans entiers de ce stage
intensif d’anglais suivi par une trentaine d’élèves de première
et terminale à l’Université de Perth. Voilà bien un séjour qui
s’inscrit dans la lignée de ceux qu’on regrette parce qu’on les
trouve trop courts ! Camille DUFRENE, Anne-Sophie JULES,
Maxime CHIAPPINI, 1e S1 La Verpillière
Éloge
La Torpille de Puylata
LYON
LA VERPILLIÈRE
carnet
nou
.
vel
les
Le père
Alain FORISSIER
Originaire de la plaine du Forez dans la Loire,
Alain-Roland Forissier fait sa profession de
religieux Mariste en 1950, est ordonné prêtre en
1958. Il est d’abord préfet à Sainte-Marie à Lyon
de 1958 à 1968, puis au service du monde scolaire
à Toulon jusqu’en 1974. Il est alors rattaché à
l’aumônerie de Sainte-Marie de Hann, à Dakar, où
il assure aussi des cours. Il restera trente années en
Afrique, principalement au Sénégal, interrompues
par huit ans de présence au Burundi, de 1990 à
1998, dans le contexte des violences déclenchées
par l’assassinat du président Ndadaye. Il est
décédé en décembre 2006.
Élo
ge
Nous sommes en 1992, à Bujumbura, au Burundi.
Musaga est un des quartiers de Bujumbura, en plein
développement. C’est un quartier situé sur les hauteurs du
lac Tanganyika, où nous trouvons une population d’origine
diverse, souvent des personnes qui viennent travailler dans
la capitale et qui rentrent le week-end dans leurs provinces.
Nous trouvons aussi beaucoup de jeunes scolarisés mais qui
ne sont pas nés à Bujumbura. Ceux-ci avaient besoin d’un
cadre pour l’étude du soir et des centres de loisirs. Or le
quartier de Musaga manquait de tout et même de l’essentiel,
l’eau, l’électricité dans la plupart des familles. C’est dans ce
quartier qu’habitait le père mariste Alain Forissier. Il avait vite
remarqué la pauvreté de la population et surtout les problèmes
des jeunes qui étaient sans occupation : il fallait faire quelque
chose pour aider ces jeunes de Musaga. Pour cela, il acheta en
très peu de temps quelques maisons pour leur permettre de
réviser leurs cours le soir. Une grande salle permettait à la fois
de se détendre l’après-midi, de travailler le soir. Dans un pays
marqué par les clivages ethniques, en particulier entre Hutus et
Tutsis, il fallait créer des lieux de rencontre et de loisirs.
Par la suite, en octobre 1993, la guerre a éclaté au
Burundi. Le père Alain n’a pas cessé de secourir toutes les
familles burundaises sans regarder leur origine sociale,
politique, ni ethnique. C’est cela qui a marqué les Burundais
qui l’ont connu. Il n’avait pas peur d’exercer son ministère
malgré les difficultés causées par la guerre. Il a continué
courageusement à célébrer la messe et à accueillir les
78
familles qui avaient besoin de soutien matériel. Il a poursuivi
courageusement sa mission jusqu’au moment où il a été, à son
grand regret, contraint à rentrer en France.
Je l’ai bien connu à cette période où j’étais un jeune
Burundais séjournant dans la capitale. Je me souviens de son
sourire, des moments passés ensemble, de son accueil des
personnes malades, des veuves et des orphelins. Il n’hésitait
pas par exemple à utiliser sa petite voiture comme ambulance
pour conduire les malades à l’hôpital.
Les habitants de Musaga se sont sentis orphelins au
moment du départ du père Alain. Rappelé d’urgence par sa
congrégation en raison de l’insécurité qui régnait alors au
Burundi, lui-même m’a confié avant sa mort qu’il avait vécu un
véritable déchirement en quittant le pays. Il était très heureux
chez nous car la population burundaise a depuis toujours un
don d’accueil des étrangers.
Merci à toi, père Alain, et merci pour ton intercession
désormais pour la réconciliation des Burundais frère Elysée
NIYOKINDI, de la Communauté du Chemin Neuf
De nationalité burundaise, le frère a connu le père Forissier au
Burundi et à Chartres.
La Torpille
de Puylata
Discours prononcé à l’occasion du départ à la retraite
de Jean-Noël Dumont, professeur de philosophie en
Lettres Supérieures
Ce mois de juin, Jean-Noël Dumont prend sa retraite.
Une page se tourne dans l’histoire de Sainte-Marie. Lui-même
ancien élève de l’établissement, M. Dumont y aura enseigné la
philosophie pendant plus de quatre décennies. Il aura marqué
de son empreinte notre maison, enchantant ses collègues
par la vivacité d’une conversation toujours spirituelle, dans
les divers sens du terme, et laissant à ses élèves le souvenir
ineffaçable d’un penseur brillant, exigeant et plein d’humour.
Bref, Jean-Noël Dumont aura été un professeur admiré et
admirable. Que penser d’une telle admiration ? Est-il évident,
au demeurant, que l’admiration que des élèves portent à leur
professeur soit toujours une bonne chose ? Pour le professeur
lui-même, le fait de se sentir admiré peut flatter des tendances
narcissiques et stimuler un appétit de domination des plus
suspects. Chez l’élève, l’admiration peut se transformer en
une adulation aliénante, le conduisant à singer le maître ou,
par réaction, à en rejeter tout l’enseignement. Sans parler de
la jalousie qui peut sourdre chez les collègues du professeur,
jalousie d’autant plus compréhensible que la reconnaissance
des élèves est loin d’être toujours proportionnée aux mérites
de leurs enseignants… Aussi souhaiterais-je montrer que si
Jean-Noël Dumont a été et demeure l’objet de l’admiration
de tous ceux qui ont l’avantage de le connaître, ce n’est pas
seulement en raison de sa personnalité, infiniment estimable,
mais aussi en raison du caractère propre de sa démarche
80
philosophique et pédagogique. Si Jean-Noël Dumont est un
professeur admirable, c’est avant tout parce que sa philosophie
invite à l’admiration, non pas à l’admiration du professeur
lui-même, ce qui serait vain narcissisme, mais à l’admiration
d’un mystère au centre de tout son enseignement. Quel est
ce mystère ? C’est ce que je propose d’essayer de découvrir
en m’appuyant sur l’enseignement des trois philosophes
dont Jean-Noël Dumont peut se dire le disciple : Socrate,
Kierkegaard et Pascal.
L’étonnement, ou le paradoxe comme
torpille
Selon M. Dumont, l’activité philosophique commence par
l’étonnement. Le même terme grec, « thaumazein », peut se
traduire aussi par « admiration » ou par « émerveillement ».
Il faut dire que ces trois sentiments sont étroitement liés.
S’étonner, c’est découvrir que les choses ne vont pas de soi,
qu’elles pourraient être autres qu’elles ne sont. En ce sens,
l’étonnement est le point de départ de toutes recherches du
pourquoi des choses. L’admiration, de son côté, consiste
à s’étonner de quelque chose que nous jugeons nous être
supérieur et dont la considération élève notre esprit. Quant
à l’émerveillement, il nous ouvre à la contemplation joyeuse
d’un mystère transcendant. Que l’enseignement de M. Dumont
suscite l’étonnement de ses élèves, voilà qui n’est pas pour
nous étonner puisque c’est le lot de tout enseignement
philosophique. Tâchons de comprendre pourquoi, au-delà
du seul étonnement, cet enseignement suscite l’admiration et
même l’émerveillement.
81
Dans le Ménon, Platon compare Socrate à une torpille,
poisson ayant la faculté de délivrer des décharges électriques
sur les malheureux pêcheurs qui cherchent à s’en emparer.
De même que la torpille provoque la stupeur de son prédateur,
de même les objections et les questions du philosophe
anéantissent les idées reçues de son auditeur. A bien des égards,
l’enseignement de M. Dumont s’inscrit dans la continuité de
cet art socratique de torpiller les propos convenus : tous ses
élèves ont en mémoire les nombreux paradoxes qui émaillent
ses cours : « ce qui est libre, c’est ce qui est obligatoire ! » ;
« on ne devrait pas dire : c’est trop beau pour être vrai, mais
c’est beau, donc c’est vrai ! » ; « ce n’est pas moi qui tiens
ma promesse, c’est ma promesse qui me tient ! », etc. De tels
paradoxes ne sont jamais gratuits. Ils réveillent la réflexion en
dévoilant une vérité qu’occulte la routine des paroles gelées
par le conformisme. Ils ne luttent pas contre les poncifs parce
qu’ils sont idées reçues, mais précisément parce qu’ils ne
sont pas d’authentiques idées et que ces pseudo-idées ne sont
pas reçues : ce ne sont plus des idées mais des mots creux,
lesquels mots creux ne sont pas réellement reçus car répétés
à l’envi sans que nul ne leur prête attention. Au contraire,
par son caractère inattendu, le paradoxe oblige la pensée à
se faire attentive au sens des mots et rend vie au langage.
Le mot redevient une idée pleine de sens que l’intelligence peut
appréhender avec sûreté. Le paradoxe, en tant qu’il étonne,
est donc la matrice où s’enfante la pensée conceptuelle. Pour
quelle raison, cet étonnement philosophique devient-il source
d’admiration ?
82
La quête du sens de l’existence comme
école d’admiration
S’il fallait rattacher Jean-Noël Dumont à une école de
pensée, il faudrait le qualifier d’existentialiste chrétien.
Concédons à ceux qui, lui le premier, n’aiment guère les
philosophies d’école que les existentialistes constituent
l’école de ceux qui n’ont pas d’école de pensée. Selon eux,
la tâche principale de la philosophie n’est pas plus de
constituer une vision du monde ordonnée que d’exercer notre
agilité intellectuelle de manière gratuite : elle consiste dans
une recherche du sens de l’existence, quête dans laquelle
chacun doit investir sa personnalité tout entière. La vérité
cherchée par le philosophe existentiel n’est donc pas un corps
de savoirs démontrables scientifiquement : elle est réponse
à l’inquiétude de l’être, réponse requérant que le sujet fasse
sienne la vérité qu’il découvre laborieusement, réponse
exigeant qu’il assume avec résolution les décisions qu’elle lui
inspirera. Voilà en quel sens, selon le mot de Kierkegaard,
« la vérité, c’est la subjectivité » : entendons par là que la vérité
philosophique n’est pas à chercher dans un discours objectif,
purement démonstratif, et axiologiquement neutre, mais dans
une conviction intérieure consciente de ses présupposés et
motivant des décisions fermes.
C’est ici que le simple étonnement devient admiration :
ce qui est en jeu dans la philosophie existentielle n’est
pas simplement l’élaboration d’une pensée rigoureuse et
rationnelle, mais la découverte d’une vérité qui élève l’âme.
La philosophie telle que l’entend et l’enseigne Dumont est donc
porteuse d’une exigence spirituelle : elle oblige l’élève à se
poser honnêtement et franchement la question du sens de son
existence. Or qu’est-ce que le sens de l’existence, sinon ce qui
lui donne sa valeur ? Qu’est-ce qui peut donner de la valeur à
83
une vie, sinon ce qui la dépasse, c’est-à-dire ce pourquoi nous
serions prêts à l’offrir ? Aussi la philosophie ainsi entendue
est-elle une école d’admiration : elle nous invite à nous laisser
étonner par ce qui nous arrache à nous-mêmes et, par là, elle
peut bouleverser notre vie.
Le mystère de l’homme, grand en sa misère
Quel est l’objet d’admiration d’un tel enseignement ?
Cet objet d’admiration, c’est l’homme, non pas l’homme
considéré comme une abstraction philosophique, mais chacun
dans l’intimité de sa conscience en tant que confronté à la
condition humaine. C’est ici que l’anthropologie de Blaise
Pascal est particulièrement éclairante, à condition de ne pas
la confondre avec les nombreuses caricatures, excessivement
pessimistes, qui en sont habituellement données. Selon Pascal
correctement interprété, c’est-à-dire interprété par Jean-Noël
Dumont, la condition humaine n’est pas seulement misérable :
elle est remarquable par sa grandeur. Le caractère sublime de
l’homme tient précisément à ce qu’il est grand jusque dans
sa misère : « La grandeur de l’homme est si visible qu’elle se
tire même de sa misère. Car ce qui est nature aux animaux,
nous l’appelons misère en l’homme… » (Pensées, édition
Brunschvicg, n°409). Par conséquent, la philosophie de
Dumont se fait invitation à admirer l’homme jusque dans ses
aspects les plus sombres.
Professeur admiré, Jean Noël Dumont aura donc d’abord
été professeur donnant à admirer le mystère de la condition
humaine sous tous ses aspects. D’où une imbrication étroite
dans son enseignement entre culture philosophique et
culture littéraire. Combien de ses élèves ont découvert grâce
à lui William Faulkner, Graham Greene, Hermann Hesse,
84
Sigrid Undset, André Malraux sans parler bien sûr de Dostoïevski
et Shakespeare ? Tous ces écrivains ont ceci de commun qu’ils
posent la question du sens de l’existence en partant d’une
certaine expérience de l’absurde ouverte, serait-ce de façon
imperceptible, à la possibilité d’une transcendance. Ils savent
rendre admirables des personnages pourtant vautrés dans
leurs turpitudes. En quoi leurs oeuvres participent toutes
de l’esthétique du sublime si l’on entend par « sublime »,
comme Kant, le sentiment suscité par le spectacle d’une
liberté en lutte contre les forces de la nature ou du destin.
Donner à contempler l’homme en tant que liberté s’efforçant
de surmonter l’abjection, voilà la contribution apportée par la
littérature romanesque à la philosophie existentielle.
Une pédagogie qui refuse la séduction
Si Jean-Noël suscite l’admiration de ses élèves, ce n’est
certainement pas en exerçant un jeu trouble de séduction
intellectuelle, la séduction consistant, selon l’étymologie du
terme, à « attirer à soi » (« se ducere ») le disciple. Cette
admiration, bien au contraire, est une médiation destinée
à conduire l’élève à un objet d’admiration supérieur où
réside le sens ultime de son enseignement. Ainsi, chez
Platon, l’admiration du disciple pour Socrate doit le mener
à la contemplation des Essences éternelles. L’initiation
philosophique prend donc chair dans une relation éducative
où la personnalité du professeur doit se tenir à la juste
distance qui permette à l’élève de découvrir sa propre voie
et épanouir ses capacités propres. Deux aspects de la
pédagogie de M. Dumont jouent ici un rôle essentiel pour
prévenir la tentation de la séduction : le caractère très formel
de son approche des exercices philosophiques et son sens de
l’humour.
85
Tout d’abord, considérons l’extrême rigueur avec
laquelle il forme ses élèves aux exercices philosophiques
de la dissertation et du commentaire de texte. On sait que
M. Dumont note sec. C’est exact. Mais il est plus intéressant
de relever qu’il donne des consignes de composition et
de rédaction particulièrement précises, d’aucuns diraient
pointilleuses. Or cette façon très directive d’orienter le travail
des élèves, loin d’accroître l’emprise du professeur sur leur
esprit, les aide à s’affranchir de son influence. Plus la notation
est en rapport avec le respect de contraintes formelles, plus
les élèves se délivrent facilement de la tentation de restituer le
contenu de leurs cours sans élaboration personnelle. En quoi
une méthodologie directive et formaliste est un gage de respect
pour la liberté des élèves.
Ensuite, considérons l’usage pédagogique que M. Dumont
fait du sens de l’humour pétillant qui émane de son bon
naturel. Cet humour est bien plus qu’un artifice pédagogique
destiné à agrémenter les cours. Il signale une distance du
professeur à l’égard de soi-même qui oblige l’élève à prendre
du recul avec les propos du maître. Dès lors, tout en étant un
appel exigeant à chercher la vérité, la pensée du professeur
reste donnée comme ce qu’elle est : une parole humaine qui,
tout en visant une transcendance, reste bornée par les limite
de celui qui la professe. Un maître qui exige impérieusement
des plans en trois parties constituées de trois sous-parties
mais fait sourire de ses propres propos peut difficilement être
pris pour un gourou…
86
La foi chrétienne comme source d’inspiration
philosophique
Initiation à l’admiration pour l’homme dans sa grandeur
et sa misère, l’enseignement de M. Dumont est irrigué et
fécondé par des convictions chrétiennes qui inspirent sa
philosophie sans jamais se confondre avec elle. Ici siège
le centre mystérieux d’un enseignement où la recherche
philosophique rationnelle est portée par un élan de foi où elle
s’origine et s’achève.
Pour Jean-Noël Dumont, fervent disciple de Pascal,
l’homme est un mystère pour lui-même, mystère que la
philosophie nous donne à admirer. Mais l’intelligibilité du
mystère réside dans la révélation chrétienne, révélation
du Dieu-homme en qui l’homme trouve la vérité de ce qu’il
aspire à être. « Non seulement nous ne connaissons Dieu que
par Jésus-Christ, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes
que par Jésus-Christ. Nous ne connaissons la vie, la mort que
par Jésus-Christ. Hors de Jésus-Christ, nous ne savons ce que
c’est ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que
nous-mêmes. » (Pensées, édition Brunschvicg n° 548).
En ce sens, la philosophie de Jean-Noël Dumont n’est
pas seulement la philosophie d’un chrétien. Elle est une
philosophie consubstantielle, si l’on peut dire, à la foi
chrétienne. Faut-il en déduire que cette pensée ne serait
pas une authentique philosophie mais une crypto-théologie ?
Qu’elle renoncerait à l’exercice autonome de la raison au
profit de la foi ? Que loin d’être l’exercice d’une réflexion
affranchie de toute idée préconçue, elle serait assujettie à un
dogme aliénant ?
87
Quiconque a dialogué avec le professeur Dumont constate
assez vite que peu d’esprits sont aussi libres que le sien dans
leurs jugements, et que bien peu d’interlocuteurs sont aussi
volontiers disposés à exercer un doute méthodique à l’encontre
de leurs propres convictions. Mais le plus remarquable ici
n’est pas qu’il soit un penseur libre et rationnel : il est que sa
liberté d’esprit et son exigence de rationalité ont leur source
dans sa foi chrétienne. Plus pascalien que kierkegaardien
sur ce point, il a déclaré n’avoir jamais éprouvé le besoin
de faire violence à sa raison pour préserver sa foi. Bien au
contraire, depuis toujours, il s’est lancé résolument dans
le libre usage de la raison porté par sa foi en Jésus-Christ.
Dans sa jeunesse, comme il avait éprouvé la force persuasive
de l’Évangile, l’étude des critiques philosophiques adressées
à la foi chrétienne ne fit que le renforcer dans la conviction
qu’athéisme et agnosticisme n’ont pas leur racine dans
leur prétendue supériorité argumentative mais dans des
dispositions spirituelles sur lesquelles seule la foi chrétienne
nous éclaire de façon satisfaisante. Comme le dit Pascal, la
religion chrétienne a bien connu l’homme, à commencer par
celui qui la rejette…
Dans cette perspective, la philosophie est moins une
quête de Dieu à partir de questions des hommes qu’une
enquête sur l’homme à partir de questions chrétiennes.
Au cœur de la philosophie de Dumont est cette question posée
par le Psalmiste : « Qu’est-ce donc que l’homme pour que Tu
penses à lui ? » (Psaume 8, 5)
La tâche du chrétien philosophe est alors de comprendre
la condition humaine en partant de l’expérience vécue : d’où
une philosophie toujours soucieuse d’appréhender l’existence
dans ses aspects concrets. D’où une très grande ouverture à
toutes les expériences humaines, y compris l’athéisme, en tant
qu’elles expriment chacune la vérité d’un vécu particulier.
88
Rien d’humain n’est étranger à une telle conception de la
philosophie puisque seule l’étude des hommes tels qu’ils
sont permet de trouver la réponse à la question du psalmiste.
Certes, étudier philosophiquement l’homme revient à étudier
un nœud de contradictions, un écheveau de paradoxes qui ne
peuvent être dénoués, en dernier ressort qu’à la lumière de
la Révélation chrétienne. Mais, pour pouvoir s’émerveiller
que le nœud se défasse, encore faut-il avoir commencé par
prendre conscience de la complexité des entrelacs qui le
constituent. De tout cela résulte que la philosophie déploie
un discours autonome sur la condition humaine qui s’origine
dans des questions évangéliques.
La foi, facteur de liberté intellectuelle
De même que la foi chrétienne est le ressort de l’exercice
autonome de la raison philosophique, elle est chez Jean-Noël
Dumont la source d’une grande liberté d’esprit indissociable
d’une fidélité totale à l’enseignement de l’Église catholique.
Centrée sur le Christ, cette foi est consciente que l’assentiment
à la Vérité chrétienne diffère absolument de l’adhésion à un
système de pensée ou, à plus forte raison, de l’inféodation à une
idéologie. La leçon de Kierkegaard sur la foi d’Abraham, dans
Crainte et tremblement, devient incontournable : la foi, dit-il,
est « un rapport absolu de l’individu, en tant qu’individu, avec
l’absolu ». Entendons par là que la foi repose sur une relation
personnelle avec Dieu, absolument transcendant, relation
dont le croyant a à répondre face au Christ en personne.
Dès lors tout acte d’adhésion à l’Église ou à quelque credo
procède de cette relation singulière. Il en résulte que c’est la
foi à l’Église qui est médiatisée par la foi en Jésus-Christ, et
non l’inverse. N’allons pas en déduire que la foi à l’Église s’en
trouve amoindrie : au contraire, elle se trouve rehaussée du
fait qu’elle a sa source en la personne de Jésus-Christ qui est
la Vérité même et non simplement le dépositaire de celle-ci.
89
Ceci suffit à expliquer pourquoi Jean-Noël Dumont s’est
toujours tenu à distance de toutes les idéologies théologicopolitiques catholiques, en particulier certaines formes de
néothomisme plus scolaires que scolastiques. Ces idéologies
tendent à confondre la foi avec l’adhésion à une doctrine
sans voir qu’elle est d’abord essentiellement attachement
vivant à la personne du Christ. De plus, elles méconnaissent
l’homme dans sa singularité ainsi que dans les particularités
historiques et culturelles de son existence. Aussi Jean-Noël
Dumont s’est-il fait le défenseur du catholicisme libéral du
XIXe siècle : en lutte avec le conservatisme traditionaliste et
la pensée néoscolastique, ce mouvement s’assigna la tâche
de faire comprendre à l’Église que les libertés des société
modernes ne devaient pas être condamnées au nom de
catégories théologiques déjà caduques à cette époque. Car une
foi vivante ne saurait se laisser circonvenir par aucun système
de pensée périssable...
Par conséquent, l’enseignement religieux de JeanNoël Dumont constitue aussi bien que son enseignement
philosophique un apprentissage de la liberté d’esprit dans la
vie ecclésiale. Parce que la vérité chrétienne ne saurait se
réduire à des formules doctrinales qui en sont des aperçus
justes, il est vrai, mais toujours partiels, il importe de ne pas
laisser sa propre pensée s’enfermer dans un dogmatisme formel,
coupé de toute relation vivante à sa source d’inspiration. D’où
la nécessité de se mettre à l’écoute des diverses expériences
religieuses et philosophiques en ce qu’elles expriment un
besoin universel de Dieu que la foi chrétienne a pour mission
de combler. Ouverture d’esprit et sens critique sont donc bien
les fruits d’une exigence spirituelle qui façonne aussi bien
l’intellect du penseur que l’âme du croyant.
90
Le sens du merveilleux comme ressort de
l’esprit critique
Aussi l’esprit critique du philosophe s’unit-il tout
naturellement à la capacité d’émerveillement du chrétien.
Le merveilleux chrétien est plus qu’un style mis à l’honneur
dans certaines formes de littératures populaires injustement
méprisées. Il est constitutif de la conscience chrétienne :
porter un regard chrétien sur le monde consiste en effet à le
contempler à la lumière de la grâce. Il s’agit alors de voir que
tout conspire à la réalisation des « merveilles », « mirabilia »,
auxquelles de toute éternité Dieu destine ses créatures. Or le
sens du merveilleux chrétien s’accompagne d’une conscience
vive du poids des péchés qui contrarient le dessein divin, ce
qui conduit à dénoncer fermement l’omniprésence du mal. La
foi en la bonté divine oblige donc souhaiter révolutionner ce
que la conscience commune assimile spontanément à un ordre
des choses inamovibles. D’où le lien étroit entre merveilleux
chrétien et subversion dont le Magnificat est l’expression
scripturaire achevée. Précisons que l’exercice chrétien de
l’esprit critique, loin de tout rabaisser par de vains sarcasmes
ou une dérision facile, renforce encore notre capacité
d’émerveillement : car plus vive est notre conscience de la
puissance du mal, plus vif est notre émerveillement de voir
toutes choses converger néanmoins vers les noces éternelles
de l’humain et du divin.
Nous demandions précédemment quel mystère spirituel
se trouvait au centre de l’enseignement de Jean-Noël Dumont,
faisant de lui non seulement un professeur digne d’être admiré
pour ses facultés intellectuelles et ses talents pédagogiques
remarquables, mais encore un maître sachant faire admirer
la nature humaine dans sa misère et sa grandeur. Ce mystère
91
est la présence d’une foi vivante qui a été et demeure
l’aiguillon d’une pensée trépidante à qui rien d’humain ne
saurait demeurer étranger. Cela dit, s’il est vrai que l’un des
premiers fruits de la grâce est l’humilité, nul doute que l’objet
de mes éloges éprouvera quelque déplaisir à lire ces lignes ou
à en entendre la lecture. Qu’il veuille bien pardonner à leur
auteur d’avoir heurté sa pudeur accoutumée : puisse-t-il avoir
la charité de recevoir ces propos non comme l’hommage avisé
d’un collègue mais comme le témoignage de gratitude sincère
et malhabile d’un ancien élève admiratif Frédéric Crouslé
92
A.P.E.L.-Association familiale
25 janvier
Moment d’échange proposé
par l’APEL et réunion des
parents correspondants du
primaire
22 janvier - 16 avril
Réunions des parents
correspondants du collège
Animation spirituelle
22 - 23 janvier
Week-end spirituel pour les
élèves de seconde à l’abbaye
des Dombes
29 janvier
Journée diocésaine
des confirmands
5 février
Marche proposée aux pères
de famille de l’établissement
de Trévoux au sanctuaire d’Ars
16 -18 février
Pèlerinage à Lourdes proposé
aux élèves de 5e
19 - 20 mars
Retraites de Profession de foi
pour les garçons et filles de 3e
5 avril
Méditation sur la Passion et
sacrement de réconciliation
pour les lycéens
21 avril
Célébration du jeudi saint
pour tout le primaire
22 avril
Pour les 7e, chemin de croix
organisé par le diocèse,
de la cathédrale Saint-Jean
à Fourvière ; avec les lycéens
du diocèse pour les classes
du lycée
14 mai
Première communion
à l’église Saint-Paul
14 -15 mai
Week-end spirituel aux
Pothières pour les élèves
de seconde sur le thème
de l’Esprit Saint
21 mai
Célébration de la Confirmation
à Fourvière
22 mai
Profession de foi des élèves de
3e à l’église de l’Annonciation
31 mai -5 juin
Pèlerinage d’élèves de 3e
à Assise
16 juin
Messe de fin d’année pour
les 4e et 3e
LYON
12 - 17 juin
Pèlerinage à Lourdes au
service des malades pour une
centaine d’élèves de seconde
23 juin
Messe de fin d’année pour les 5e
27 juin
Messe de fin d’année pour les 6e
Conférences, interventions, réunions
13 janvier
Réunion d’information sur
l’orientation en fin de 3e
18 janvier
Réunion d’information sur
l’orientation pour les parents
des élèves de seconde
29 janvier
135 élèves de seconde ont
participé au « Forum des
métiers » organisé par le
Rotary-Club de Lyon à l’Ecole
Centrale
4 février
Réunion d’information sur
le choix des langues et options
en fin de 5e. Conférence débat
sur « La question des drogues »
Echanges internationaux
Allemagne
avec Berlin
Allemands à Lyon du 7 au 17
novembre dernier ; Français à
Berlin du 14 au 25 mars
avec Bochum
29 élèves de 5e, encadrés par
S. Dubost, A. Pontier, et P. Jost
sont allés en Allemagne du 28
mars au 6 avril ; Allemands
à Lyon du 11 au 20 mai
avec Werne
17 - 27 mars : séjour de 35
élèves de 4e et 3e, encadrés
par Mmes Alliod et Vial ;
5 - 15 avril : réception des
Allemands à Lyon
Anniversaire
19 mars
Célébration des 30 ans de
l’échange avec le Canisius
Kolleg. M. Bouchacourt et
la directrice de Chevreul,
J. Bretonnière, accompagnés
des professeurs qui ont fait
vivre cet échange : D. Van der
Bauwede et I. Blondeau pour
Chevreul, M. Folachier et
J. Ravistre pour Sainte-Marie,
ont été reçus à Berlin.
Allocutions des directeurs des
trois établissements, discours
des professeurs, notamment de
Walter Moser, professeur de
94
français au Canisius, venu très
souvent à Lyon, chants français
et allemands interprétés par
la chorale de l’établissement,
buffet et soirée dansante ont
marqué ces festivités. Merci
aux mères d’élèves qui ont pris
en charge l’organisation de la
réception et qui, depuis dix
ans, relayant les professeurs,
assurent la logistique de
l’échange !
Angleterre
avec Chorleywood
niveau seconde : 28 janvier 4 février : séjour des Anglais
en France ; séjour des
Français en Angleterre
du 1er au 9 juillet ; niveau 4e :
25 février - 3 mars : séjour des
Français en Angleterre ;
20 - 27 mai : séjour des
Anglais à Lyon
Australie
2 - 22 janvier : séjour
en France des correspondants
australiens ; séjour des lycéens
français à Melbourne,
du 10 juillet à la mi-août
Espagne
28 janvier - 6 février : séjour
des collégiens français à
Madrid ; 25 mars - 3 avril :
séjour des Madrilènes à Lyon
Etats-Unis
12 février - 4 mars : séjour
de 21 Américains de Boston
(Wellesley High School) à
Lyon ; voyage
des correspondants français
du 15 avril au 6 mai
20 avril - 7 mai : lycéens
français à Toledo (Ohio),
Indianapolis (Indiana)
et à Dallas du 10 au 30 juillet ;
accueil des Américains
de Toledo et Dallas en juin
Etablissement
12 février
Journée « portes ouvertes »
pour les classes supérieures
et l’entrée en seconde
19 février
Soirée des talents au profit
de Kinshasa
23 février
Réunion de présentation des
classes musicales en primaire
19 mars
Matinée « portes ouvertes »
pour le primaire
95
avril
Aux 27e Olympiades de
la Chimie, S. Lassalle,
C. Duplatre, E. de Vaumas,
élèves de teminale, se sont
classés 2e, 3e et 9e.
14 avril
Réunion des parents pour
l’entrée en 6e
16 mai
Assise du roman :
P. Beetschen fait découvrir
aux 22, Tous les hommes sont
menteurs d’Alberto Manguel
23 mai
Entre ciel et ville, exposition
de photographies de Louis
Ducharne, élève de 1e
28 mai
Fête de Sainte-Marie Lyon
30 juin
Bourse aux livres du primaire
Sorties, visites, voyages
13 - 15 décembre
Voyage à Freiburg des
germanistes LV2 de 4e avec
ceux de 5e4 de La Verpillière
17 janvier
Sortie au musée Gadagne pour
les 8e2
27 janvier
Atelier « au fil de l’eau » aux
Archives départementales
pour les 10e2 et 8e1
4 - 5 avril
Voyage à Vulcania pour
la classe de 7e3
15 avril
Visite d’un atelier de tissage à
Saint-Georges pour les 8e2
18 - 21 avril
10e édition du voyage des 6e à
Freiburg : 72 élèves, encadrés
par C. Perret, M-A. Peyneaud,
R. Terraillon, M-N. Meynard,
A. Paillard-Brunet et
J. Ravistre, ont découvert
les traditions de la Forêt-Noire
et l’éco-quartier Vauban
19 avril
Sorties des classes maternelles
au parc animalier de Courzieu
10 mai
Sortie à l’Opéra de Lyon pour
la classe de 8e2 : Giselle
12 - 13 mai
Classe « Ebullisciences » pour
les 7e3
13 - 15 mai
Voyage de la classe
d’hypokhâgne : théâtre
d’Orange, abbaye du Thoronet,
musées Picasso d’Antibes,
chapelle Matisse et Fondation
Maeght à Vence, musée
Chagall à Nice
96
30 - 31 mai
Sortie géologie pour les
élèves de 1 S3 dans la région
de Briançon (massif du
Chenaillet) avec D. Thibault,
B. Chorain et O. Bertrand
Classe « Afrique » pour les CP
aux Missions Africaines
14 juin
Visite du Musée d’Art
Contemporain pour les 7e1
Théâtre, ciné-club
Pour les élèves de
première, terminale,
classe préparatoire,
parents, professeurs,
anciens et amis
13 - 14 janvier
Le vent nous emportera
d’Abbas Kiarostami
17 - 18 février
Still Walking de Kore- Eda
Hirokazu
14 - 15 avril
A serious man d’Ethan et Joël
Coen
Pour les élèves de seconde
10 - 11 février
Certains l’aiment chaud
de Billy Wilder
12 - 13 mai
Le Corbeau d’Henri-Georges
Clouzot
Pour les élèves de 3e
3 - 4 janvier
Jeremiah Johnson
de Sidney Pollack
14 - 15 mars
Persepolis de Marjane Satrapi
6 - 7 juin
Capitaine Alatriste
de A. Diaz Juanes
Pour les élèves de 4e
17 - 18 janvier
La flûte enchantée
d’Ingmar Bergman
4 - 5 avril
Le château dans le ciel
de Hayao Miyazaki
24 mars
Petite histoire de voisinage,
spectacle pour les 9e, 8e et 7e
Dans le cadre de l’option
théâtre :
26 - 27 mai
Jusqu’à ce que la mort nous
sépare
de Rémy De Vos,
avec les terminales
97
9 - 10 juin
Le songe d’une nuit d’été
de Shakespeare,
avec les premières
23 - 24 juin
Le barbier de Séville
de Beaumarchais,
avec les secondes
Chorale, concerts
Pour la maîtrise
20 mars
Concert dans le cadre du
festival baroque à la chapelle
de la Trinité
20 - 24 avril
Animation des offices de la
semaine sainte
29 - 31 mai
Concert à Saint-Bruno
et Ainay : les Vêpres de
Monteverdi
23 juin
Concert de la Saint-Jean avec
la schola
9 - 26 juillet
Tournée dans le Sud-Ouest de
la France
5 février
Sortie à l’auditorium pour la
classe de 7e2 : au programme :
musique française. Concert
au profit de l’Association
« France Bénin » par les
garçons de 8e et 7e des classes
musicales
18 mai
Soirée avec les 8e et 7e filles
des classes musicales : au
programme : la musique à
Venise
17 juin
Opéra Douce et Barbe bleue
pour la classe de 7e2 au TNG
28 juin
Concert des classes musicales
au théâtre de La Solitude
Activités sportives
20 - 28 juin
Tournoi de badminton organisé
par Didier Lavigne pour les 9e,
8e et 7e
98
A.P.E.L.-Association familiale
20 janvier - 10 mai
Réunions des parents
correspondants de 6e et 5e
12 avril
Réunion des parents
correspondants de 4e et 3e
27 mai
Réunion des parents
correspondants de l’ensemble
de l’établissement
25 juin
Bourse aux livres pour
les classes du primaire
Animation spirituelle
18 janvier
Commission pastorale
22 - 23 janvier
Week-end pour les élèves de
seconde et troisième à l’abbaye
Notre-Dame des Dombes
25 janvier
Réunion du groupe « Maristes
en éducation »
26 - 28 janvier
Rencontre des Animateurs
en pastorale scolaire des sept
établissements maristes de
France à Bury
3 février
Réunion des parents des
élèves du primaire et du
collège préparant la Première
communion
5 février
Pèlerinage, de Trévoux au
sanctuaire d’Ars, proposé
aux pères de famille de
l’établissement
15 février
Dans le cadre de la
catéchèse, rencontre
des élèves de troisième
19 février
Dans le cadre de la catéchèse,
temps fort proposé aux
familles de CP, CE1, CE2,
CM1et CM2
21 février
Dans le cadre de la catéchèse,
rencontre des lycéens
22 février
Temps de réconciliation
proposé aux élèves internes
23 février
Dans le cadre de la catéchèse,
rencontre des élèves de troisième
15 mars
Messe des Cendres.
Réunion de préparation à la
Confirmation pour les lycéens
18 mars
« Café théo » pour les lycéens
99
la
verpil
liere
22 mars
Réunion de « Maristes
en éducation »
25 - 27 mars
Session inter établissements
maristes à La Neylière :
« Une école au service
de l’homme tout entier »
8 avril
Journée de formation des
catéchistes de La Verpillière.
Temps fort proposé aux
familles de CP, CE1, CE2,
CM1 et CM2
13 avril
Dans le cadre de la catéchèse,
rencontre des 6e ; sortie à Cuet
18 - 19 avril
Temps de réconciliation
proposé aux élèves de lycée
et de troisième
21 - 22 avril
Célébrations du jeudi saint
et du vendredi saint
11 mai
Retraite des enfants du
primaire préparant la Première
communion
13 mai
« Café théo » pour les élèves
du lycée
14 - 15 mai
Retraite des élèves préparant
la Confirmation
17 mai
Réunion du groupe « Maristes
en éducation »
18 - 19 mai
Retraite des élèves préparant
la Profession de foi
21 mai
Célébration de la Profession
de foi et baptêmes
24 mai
Commission pastorale
de La Verpillière
28 - 29 mai
Célébrations de la Première
communion
1 - 5 juin
Pèlerinage proposé aux élèves
de 3e
11 juin
Célébration de la Confirmation
d’élèves du lycée
13 - 18 juin
Pèlerinage à Lourdes proposé
aux élèves de quatrième
et seconde
18 juin
Célébration de la Première
communion pour des élèves
du collège
28 juin
Fête de l’éveil à la foi et de la
catéchèse du primaire
100
Conférences, interventions, réunions
21 - 22 janvier
Réunions d’information
sur les procédures
d’orientation pour les parents
des élèves de terminale
22 janvier
Réunion d’information sur
l’orientation pour les élèves
et parents de 3e
25 - 31 janvier
Interventions pour les classes
de 3e1 et 3e2 de responsables
d’établissements techniques
dans le cadre de l’information
sur l’orientation
26 mars
Réunion d’information sur
l’orientation pour les parents
des élèves de seconde
29 mars
Réunion pour les parents des
élèves de 5e au sujet du choix des
langues et du latin en classe de 4e
4 avril
Réunion des professeurs
12 mai
Réunion pour les parents des
élèves de CM2 en vue du choix
des langues en 6e
Echanges internationaux
Allemagne
19 février - 4 mars : séjour des
Français en Allemagne
Angleterre
20 - 27 février : accueil des
correspondants anglais de
Ealing ; séjour des Français
en Angleterre du 9 au 16 mars
28 février - 9 mars :
séjour des Français
à Ingatestone ; accueil
des correspondants anglais
du 15 au 24 mars
Etats-Unis
11-28 mars : accueil des
correspondants américains
de Portland ; séjour
des Français aux Etats-Unis
du 16 avril au 7 mai
Etablissement
19 janvier
Conseil de maison
26 - 27 janvier
Journées de l’enseignement
supérieur pour les élèves
de terminale
12 février
Journée « portes ouvertes »
101
12 - 19 mars
Examens de Cambridge (First
et PET)
21 - 24 mars
Pour Madagascar : tournoi
sportif des lycéens et cross
des collégiens
23 mars
Intervention de la BPDJ
auprès des classes de 3e
Conseil de maison : « Devoirs
de vacances et remédiations
diverses »
6 avril
Concert pour Madagascar
13 avril
Intervention de la BPDJ
auprès des 4e
19 - 29 avril
Dans le cadre du jumelage
avec le collège de Baabda,
séjour de lycéens et de
professeurs au Liban
23 - 30 avril
Stage intensif d’anglais à
Perth, en Ecosse, pour des
élèves de première et de
terminale, accompagnés
par Mmes Matray et Valour
12 mai
Vernissage de l’exposition
L’autre face, qui présente
jusqu’au 27 mai,
à la bibliothèque,
des peintures, photos
et sculptures d’élèves
et de professeurs
11 mai
Conseil de maison :
« Mépris, prétention, racisme :
la tentation du rejet »
8 juin
Ateliers de travail sur
l’hygiène alimentaire
pour les 4e
18 juin
Fête de l’établissement
24 juin
Soirée Madagascar, en vue
du voyage que des élèves du
lycée et de BTS effectueront
en juillet
Sorties, visites, voyages
31 mai - 4 jiun
Voyage à Venise des classes
de 5e5 et 5e6, organisé par
F. Delorme
10 -14 juin
Visites de Vulcania pour
les classes de 4e avec leurs
professeurs de physique
et de S.V.T.
102
Théâtre, ciné-club
Pour les élèves
de première, terminale
et BTS
20 janvier
It’s a free world de Ken Loach
16 - 22 mars
La famille Tenenbaum
de Wes Anderson
18 - 24 mai
To be or not to be
d’Ernst Lubitsch
Pour les élèves
du primaire
29 mars
La princesse au petit poids,
au théâtre du Vellein,
pour la classe de petite section
de maternelle
14 avril
Concert donné par l’O.N.L.
au théâtre du Vellein pour
des élèves de CM2
12 mai
Représentation des
« Musiciens de Brême »
au jardin de ville de
La Verpillière pour les classes
de CE1 et CE2
17 - 19 mai
La jeune fille sans mains,
spectacle sous chapiteau
au jardin de ville de
La Verpillière pour les classes
de CM1B et CM2B
15 avril
Les gens d’ici, les gens
d’ailleurs, représentation
donnée à la salle de spectacle
de La Verpillière par l’atelierthéâtre de Sainte-Marie en
faveur du projet Madagascar
Chorale
12 janvier
Concert à la maison de retraite
de La Verpillière
8 et 16 avril
Concerts, Petits-Chanteurs
et adultes, à Fourvière pour
le Printemps des chœurs et
chorales
1 - 7 mai
Camp musical à Corrençonen-Vercors
25 mai
Concert à la maison de retraite
de l’Isle-d’Abeau
103
18 juin
Célébration de la fête
de l’établissement
25 juin
Concert de fin d’année en
l’église de La Verpillière
Activités sportives
16 mars
4 équipes ont participé
au championnat régional
de badminton et 3 (les
benjamins 1, les cadets
juniors 1 et 2) se sont
qualifiées pour le championnat
national des 13, 14 et 15 mai
à Ploërmel.
En individuel, qualifications
de F. Sans (BTS 2), M. Pécheux
(TS 1), A. Sans (2de 1) et C. Sans
(5e 6). Au total, 17 élèves ont
représenté l’établissement.
19 - 20 mars
Championnat de France
de judo à Thionville : dans la
catégorie « juniors garçons »
- (73 kg.)
1e, Pierre Demonet, 1e S2,
champion de France
- (90 kg.)
3e, Thomas Montagnon, T ES.
Ont également participé au
championnat : Hua Merri, T ES,
Favre Paul-Alexandre, TS2,
Breniaux Valentin et Ribier
Maxime, 4e5
104
Naissances
Aloïs, fils de Sébastien
Pelletier, professeur d’E.P.S.
à La Solitude, le 2 novembre
Antoine, fils de Catherine
Bazart, professeur suppléante
en S.V.T. l’an dernier,
le 7 janvier
Noellia, fille de Rafika
Guezzal, éducatrice en
primaire à La Verpillière,
le 3 mars
Karl, fils de Nadia Kaici
Schoch, professeur d’arts
plastiques à La Solitude,
le 29 mars
Départs
Lyon
Jean-Noël Dumont, professeur
de philosophie, entré en 1968
Dominique Nonnet, professeur
de français, entrée en 1975
Fabienne Akimovicz,
professeur de mathématiques,
entrée en 1977
Michèle Buet, professeur
d’espagnol entrée en 1979
Bernard Choffat, professeur de
mathématiques, entré en 1986
Georges Carrier, professeur
d’anglais, entré en 1990
Sylvie Fichet, professeur
d’histoire - géographie, entrée
en 1990
Elisa Marthouret, professeur
d’anglais, entrée en 1996
La Verpillière
Michel Lavialle, professeur de
français, entré en 1969
Alain Cleyet, professeur
de mathématiques, entré
en 1973
Richard Vergara, professeur de
mathématiques et physique,
entré en 1978
François Seignot, professeur
de technologie, entré en 1995
105
car
net
Décès
Nous participons
à la douleur de
Marie-Anaïg Peyneaud,
professeur de S.V.T.
à La Solitude, qui a perdu
sa mère, le 31 décembre
Henri Brinders, ancien
professeur d’anglais, et Jean,
professeur de musique à Lyon,
qui ont perdu leur mère,
le 10 janvier
Martine Troillard et Fabienne
Pernelle, professeurs d’E.P.S.
à La Verpillière, qui ont perdu
leur père, le 22 janvier
Florence Barjon, professeur
de mathématiques à
La Solitude, qui a perdu
son père, le 27 janvier
Caroline Pouyet, élève en
ECE 1 à Lyon, qui a perdu
son père, le 22 février
Josette Gerardi et Marie-Laure
Léautier, membres
du personnel de service
à La Verpillière, qui ont perdu
leur père, le 14 mars
Elsa Lux, élève en ECE 2
à Lyon, qui a perdu sa mère,
le 18 mars
Alain Rebrion, ancien
professeur d’E.P.S.,
qui a perdu son fils unique,
décédé le 20 mars, à l’âge
de quarante-deux ans
Raymond Terraillon,
professeur d’histoire
géographie à La Solitude, qui
a perdu son père, le 17 mai
Sultan Shaik Maricar, menbre
du personnel de service
à Saint-Paul, qui a perdu
sa petite-fille, le 21 mai
Photos
Françoise Delorme : pages 58, 60-61
Fabienne Pernelle : pages 8, 74, 106
Jean-Louis Ravistre : pages 4, 34-35, 36, 37, 45
107
2 e TRIMESTRE 2011
SAINTE-MARIE LYON
4 MONTÉE SAINT-BARTHÉLEMY
69005 LYON
TÉL. 04 78 28 38 34
www.sainte-marie-lyon.fr
DIRECTEUR DE PUBLICATION
Michel Lavialle
CONCEPTION Créatifs du Monde / Agence Mordicus
IMPRESSION Dugas IPC
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