LYON SAINT-PAUL LES MISSIONS LA SOLITUDE LA VERPILLIERE 105 2 som mai re Refe Re ren flexi ce ons 10 PEUT-ON SAUVER LA GRAMMAIRE ? Fanny CAPEL 14 La filière littéraire s’ouvre aux autres grandes écoles Olivier Gosset 20 La vision chrétienne de l’homme, Xavier DUFOUR Une lumière pour l’éducation Re flexi ons LES YEUX FERTI LES 34 Reclining Figure Jean-Louis RAVISTRE À propos d’une statue d’Henry Moore COL LEGE 50 62 TRAVAUX d’ELEVES MADAGASCAR Marines, discours 56 66 Voyages CONCOURS Groupe saint-irénée Cartes postales 58 Jumelage NOU élo VEL ges LES 76 92 Éloge du père Alain FORISSIER frère Elysée NIYOKINDI 79 La Torpille de Puylata Frédéric Crouslé lyon 98 la verpillière 104 carnet Pourquoi cette haine de l’intelligence chez tant de nos contemporains ? Nimbus dans sa tour d’ivoire est certes bien ridicule. On le comprend mal quand il combine ses concepts. On se moque de son inadaptation au réel et, de fait, la catégorie récemment découverte des « intellectuellement précoces » se signale par une intelligence handicapée d’une avance par rapport aux capacités de cet âge… L’intelligence pourtant n’est pas cette caricature mais la capacité à sortir au contraire les facultés humaines que sont l’imagination, la sensibilité, la mémoire, du diktat de la volonté individuelle pour distinguer, selon les catégories traditionnelles, théoriquement le vrai et le faux, et pratiquement le bien et le mal. Thomas ne veut pas croire que le mot « frugal » signifie simple et peu abondant ; pour moi, dit-il, cela signifie fructueux ; pas pour le dictionnaire. L’intelligence consiste à reconnaître que le sens du vocabulaire dépend d’un autre cerveau que le mien. Quelle libération ! Ne pas être prisonnier de son jargon, pouvoir comprendre d’autres milieux sociaux en maîtrisant des lexiques et des niveaux de langues différents ! Véronique a décrété que la dernière photographie de cet artiste Hondurien était laide, incompréhensible et même sacrilège parce qu’on voit un crucifix dans un liquide jaune et rouge ? Oh ! bien sûr, l’artiste est provocateur mais oublions le cartel, l’auteur ; faudrait-il donc que l’art nous laisse systématiquement indifférents ? Qu’il soit le moyen de limiter notre imagination à des images idolâtrées sempiternellement reproduites ? L’intelligence aidera au moins à ne pas amplifier le scandale médiatique et même à retrouver dans cette photographie une bien petite transposition du scandale de la réfÉ Edi ren to ce rial Croix. Grünewald, que tant de touristes admirent à Colmar, a-t-il fait autre chose ? La beauté est-elle ce qui distrait le flaneur ennuyé, ce cliché qui donne l’illusion de posséder ce qu’il a capturé, ce patrimoine qui rapporte des devises ? Estelle ce qui, tout en me ramenant à moi-même, me libère de mon ego et peut me conduire à Dieu ? Justement Théotime ne veut pas que Dieu sorte de la chambre. Il se bat pour qu’on brise les croix vertes des pharmacies, qu’on débaptise Saint-Nazaire et même SaintTropez. C’est sa façon de rétrécir en caprice sa relation à Dieu, de la réduire à celle qu’il a avec la pâte à tartiner Nutella ou avec les Rolling Stones. L’intelligence, quand elle ne s’autocélèbre pas, perçoit bien ses limites. La foi chretienne conduit à une vérité plus riche que ce que le scientisme ou la technologie font croire ; loin de prétendre s’affranchir de la raison, elle l’élargit et l’élève jusqu’au Logos. L’école est ce lieu de l’intelligence où Nimbus apprend que son cerveau a besoin d’être lié à ses facultés et même à les ordonner au service des autres ; où Thomas va découvrir que sa parole n’est pas toute puissante et que ce qu’il veut, ce qu’il affirme, n’est pas nécessairement bon ni vrai ; où Véronique renouvelle ses canons esthétiques et son sens du sacré ; où Théotime ne craint plus que Dieu l’empêche de réfléchir ou d’être libre. L’école catholique est, comme l’école publique, au service de la raison universelle ; mais, dans sa vocation chrétienne, elle élève la culture jusqu’à une Vérité qui n’est pas théorique, le Christ, source de toute universalité Marc Bouchacourt PEUT-ON SAUVER LA GRAMMAIRE ? La filière xlittéraire x Une lumière x pour l’éducation LES YEUX FERTILES ré flex ions PEUT-ON SAUVER LA GRAMMAIRE ? Sous ce titre Lyon-Maristes propose à votre réflexion un texte ayant trait à la conduite scolaire. Moins de cours de français, désintérêt pour l’orthographe et la syntaxe…les règles du langage se perdent. Au risque d’appauvrir la pensée et de créer de nouveaux ghettos. […] Mais que fait l’école ? Une étude récente prouve que les cinquièmes de 2005 sont au niveau des CM2 de 1985 et met en évidence l’explosion des fautes grammaticales1. Confondre le verbe « ont » et le pronom « on », ne pas accorder le verbe avec son sujet, autant d’indices que le fonctionnement basique de la langue échappe aux élèves. Selon Danièle Manesse, professeur en sciences du langage qui travaille depuis trente ans avec les jeunes dans les quartiers populaires, « l’enseignement de la langue s’y trouve encore davantage en déshérence : ce sont les troisièmes qui ont le niveau CM2 » ! Les causes ? Un seul chiffre, effrayant : entre 1976 et aujourd’hui, les horaires dévolus au français entre le CM2 et la troisième ont diminué de 800 heures, soit l’équivalent d’une année et demie de cours de français ! La leçon régulière de grammaire, enseignée comme une matière distincte de l’étude de texte, a disparu avec le « décloisonnement » au collège, en 1995, et avec l’ « observation réfléchie de la langue » à l’école réfÉ ren ce primaire, en 2002. Danièle Manesse dénonce l’impasse de ces méthodes : « On a négligé la mémorisation et la répétition. En grammaire, il y a non seulement des choses à comprendre, mais aussi des choses à apprendre. » Eric Pellet, enseignant en grammaire et linguistique et auteur de manuels2, constate que la réforme des programmes des années 1990 a introduit « des notions savantes mal stabilisées, déformées, très mal adaptées au niveau des élèves ». De fait, les sixièmes s’échinaient à comprendre la « progression thématique » ou l’ « énonciation » d’un texte avant de savoir analyser une phrase. Les nouveaux programmes Darcos de 2008, inspirés par les chantres de la grammaire traditionnelle, le linguiste Alain Bentolila et l’écrivain Erik Orsenna, entendent corriger le tir. Toutefois, Eric Pellet dénonce le retour de notions grammaticales périmées (le complément d’attribution) et met en garde contre l’illusion d’une « grammaire immuable, celle de grand-papa ». Quant à Philippe Desperier, instituteur seine-et-marnais fort de trente ans d’expérience, il y voit une collection d’ « outils froids ». Lui réclame surtout le temps pour pratiquer les manipulations de phrases, l’échange oral, l’imprégnation par les textes littéraires, indispensables pour que les enfants n’aient pas l’impression que « la grammaire descend du ciel ». Or, avec l’introduction de l’anglais, de l’informatique et la récente suppression des cours du samedi matin, l’instituteur se sent dans une « situation d’urgence permanente », où il risque de « sacrifier l’essentiel ». Bref, la pédagogie de la grammaire est à réinventer pour peu, comme Eric Pellet le souhaite, qu’on cesse de la considérer 12 « d’un côté comme un machin poussiéreux, de l’autre comme une vérité révélée une fois pour toutes ». Et à condition qu’on assure une formation continue massive des enseignants en la matière. Mais qui voudra ouvrir ce chantier, à l’heure où un hiérarque de l’Education nationale prophétise la mort de la grammaire, destinée à être supplantée par la communication ? Troublante coïncidence entre ces propos, prononcés en off, et les thèses d’un Giovanni Gentile, ministre de l’Education de Mussolini, qui prônait l’éradication de la grammaire pour « laisser apprendre la langue dans son langage vivant ». Le XXIe siècle risque de jeter aux oubliettes une discipline antique qui n’a cessé, depuis les recherches des jansénistes de Port-Royal et des Lumières, de nourrir la psychologie, la logique, la philosophie… Adieu grammaire, soupirait Serge Koster en 20013 : la grammaire codifiant le « bon usage » de la langue, elle devient obsolète dès lors que la frontière s’efface entre les différentes normes de communication : privée et publique, écrite et orale, littéraire et médiatique. De fait, les fautes de français pullulent sans désormais être perçues comme des fautes : dans les publicités, l’affichage, les journaux…et même dans les discours du président de la République, publiés « dans leur jus » sur le site de l’Elysée4. Pour transmettre efficacement un message, faut-il accepter de sacrifier la forme, comme sur les chats ? Un discours grammaticalement correct est-il forcément « amphigourique » comme l’affirme Luc Chatel, qui défend la syntaxe familière de Nicolas Sarkozy ? C’est oublier qu’en l’absence d’une langue complexe et articulée seuls subsistent les slogans et les clichés – bref, le degré zéro de la pensée… – et que prospèrent les ghettos linguistiques : « Je me comprends », répliquent les jeunes 13 gens pris en flagrant délit de charabia, sans songer que l’enjeu de l’intégration sociale comme de l’échange intellectuel est justement de se faire comprendre. Un peuple entier réduit à user d’une langue indigente : George Orwell l’avait imaginé, avec des conséquences incommensurables. Eric Pellet rappelle, par exemple que la grammaire est la « discipline scolaire qui donne le plus tôt accès à l’abstraction ». La simple liste des conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ouvre l’esprit à l’infini des relations logiques. Faute de maîtriser ces termes, les élèves ont désormais de plus en plus de mal à comprendre un raisonnement mathématique ou philosophique. […] Fanny CAPEL Extrait d’un article paru dans Télérama n°3198. 1 Orthographe, à qui la faute ?, de Danièle Manesse et Danièle Cogis, ESF, 2007 Les Notions grammaticales au collège et au lycée, d’Eric Pellet et Dominique Maingueneau, Belin, 2005 2 Adieu grammaire !, de Serge Koster, PUF, 2001 Fautes relevées et commentées par la philologue Barbara Cassin dans une tribune parue dans Le Monde, le 28 février 2009 3 4 La filière littéraire s’ouvre aux autres grandes écoles Une intention gouvernementale, un besoin général Depuis plusieurs années, le monde de l’entreprise cherche à s’ouvrir aux étudiants issus des classes préparatoires littéraires. Pour ces derniers, existait déjà la possibilité de rejoindre les écoles de commerce via un concours, associant des épreuves inspirées des écrits des Ecoles Normales Supérieures de Lyon ou d’Ulm à des exercices plus spécifiques (contraction de texte, oraux et écrits de langue, oral de culture générale). Mais cela n’a sans doute pas suffi. En 2010, un colloque s’est tenu sur ce sujet au Ministère de l’Education Nationale, au cours duquel chacun vantait les mérites de ces étudiants : maîtrise du verbe, capacité d’imagination et de recul en cas de situation critique. Ainsi, Christophe Barbier, directeur de L’Express et ancien normalien, pouvait à cette occasion déclarer : « Les littéraires regardent l’horizon plus que le bas du bilan. » Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, a souhaité « offrir des débouchés à la hauteur des formations littéraires de grande qualité ». Sept classes préparatoires littéraires furent ainsi créées en France en l’année 2009, les deux Ecoles Normales se sont réunies pour créer des épreuves communes. On le voit donc, c’est un besoin général et social qui a poussé l’institution à réformer ce concours : il s’agirait en effet de passer d’un taux de sélection fixé à 4 % à une ouverture cinq fois supérieure, dans la mesure où il est souhaité que 20 % des khâgneux intègrent une grande école. Au fond, il est désormais proposé aux littéraires de quitter les seules perspectives de l’enseignement et de la recherche, pour s’orienter, s’ils le souhaitent, vers le monde de l’entreprise. 15 Les modalités de la réforme et sa rapide mise en œuvre Dans les faits, les choses ont été un peu précipitées par Madame Pécresse. En décembre 2010, un décret stipule la création d’une Banque d’Epreuves Littéraires, appelée B. E. L., qui correspond aux écrits des Ecoles Normales Supérieures, et qui permettra de dégager un premier classement d’environ 5000 candidats. Chaque école alors, appartenant à cette B. E. L., convoquera, pour des oraux spécifiques, des étudiants, choisis en fonction de leur rang et, bien sûr, de leurs vœux préalables, sur le modèle de ce qui se passe en filière scientifique ou commerciale, où, comme on sait, un écrit hiérarchise les candidats, qui permet ensuite de choisir ceux-ci par des oraux de détermination. Dans le détail, la liste des écoles ayant adhéré à la B. E. L. est la suivante : • Le Celsa (Université Paris-Sorbonne) • Les écoles de la banque de concours Ecricome, qui sont BEM - Bordeaux Management School, Euromed Management (Marseille), ICN Business School (Nancy-Metz), Reims Management School, Rouen Business School et ESCEM (ESC Tours-Poitiers) • L’École nationale des Chartes (diplôme d’archiviste paléographe) • L’École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT, Université Sorbonne-Nouvelle-Paris 3) • Les Instituts d’études politiques d’Aix-en-Provence, de Lille, de Lyon, de Rennes et de Toulouse (IEP d’Aix-en-Provence, de Lille, Rennes et Toulouse : sous réserve de validation par les conseils d’administration de ces établissements) • L’Institut supérieur du management public et politique (ISMaPP) • L’ISIT (Institut de management et de communication interculturels). 16 Sciences-po Paris a fait cavalier seul, en proposant un concours dès après le baccalauréat. Quant aux écoles du concours BCE, qui sont les grandes écoles de commerce (HEC, ESSEC, ESCP Europe, EDHEC, EM Lyon, Audencia Nantes), elles se joignent pour partie aux épreuves de la B. E. L., tout en conservant écrits spécifiques et oraux propres. Quoi qu’il en soit, c’est une petite révolution que vit actuellement le monde des classes préparatoires littéraires. Jadis confiné à des débouchés limités, souvent tenté par des stratégies compliquées d’admission parallèles, le khâgneux moyen voit advenir d’évidentes ouvertures qui sont pérennisées par la mise en place d’un concours spécifiquement littéraire et néanmoins ouvert à des formations inédites. Et nos propres étudiants ne s’y sont pas trompés qui, apprenant les grandes lignes de cette réforme, ont dès cette année modifié leur projet initial : sur 23 étudiants, il ne reste plus que six inscrits à la seule Ecole Normale Supérieure de Lyon. Sept se portent également candidats à Ulm, et les autres, qui constituent la presque moitié de l’effectif, ajoutent à leur inscription première une candidature à des écoles aussi variées que le CELSA, l’Ecole des Chartes ou encore l’ESIT. Il n’est pas interdit de penser que ces élèves, ayant passé de longs mois dans le Gaffiot comme dans l’âpreté de la philosophie kantienne, se retrouvent dès l’année prochaine à apprendre les rudiments des techniques de communication ou encore les subtilités de la traduction. Alors, la khâgne deviendrait ce qu’elle n’aurait sans doute jamais dû cesser d’être, un lieu de formation générale et culturelle de qualité, visant à être complétée, par la suite, par un apprentissage spécialisé et professionnalisant. Et, comme par écho peut-être, l’avenir pourrait bien, suite à cette ouverture, modifier enfin la situation actuelle : parmi les étudiants en classes préparatoires, 14 % seulement figurent en filière littéraire, alors que 60% sont en filière scientifique et 26 % en filière commerciale. 17 Une chance pour nos élèves, un défi pour nos établissements Pourtant il est évident que l’hypokhâgne et la khâgne du lycée Sainte-Marie doivent garder la finalité qui présida à leur fondation, qui est de préparer les étudiants à la réussite du concours de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Sous cet aspect, les encourageants résultats de ces dernières années ne peuvent que confirmer cette politique de l’excellence : depuis quatre ans, la khâgne a eu en moyenne trois admis par an et cinq admissibles. Quand on connaît l’étroitesse du chemin qui conduit au pinacle et le petit nombre caractérisant l’effectif rassemblé, on ne peut que se réjouir de cette réussite. Autre phénomène, l’Ecole de Lyon accueille de plus en plus d’anciens khâgneux maristes qui, ayant échoué de peu au concours, jouissent du statut d’auditeur libre, terme désignant un élève, non salarié car non fonctionnaire, mais pouvant bénéficier des cours dispensés par la noble institution. A titre d’exemple, trois étudiants de l’année passée ont pu entrer dans l’Ecole par ce biais. Bref, des liens évidents se sont créés entre ce lieu de formation et notre lycée, par lesquels d’anciens élèves devenus normaliens peuvent servir de relais et d’exemples à d’actuels étudiants, qui aspirent aussi à l’être. Cependant, il y a les autres, ni admissibles, ni admis, la plupart du temps sous-admissibles (pour la promotion 2010, ils étaient 17), pour qui l’élargissement du concours à d’autres voies est évidemment destiné. A ceux-là, il incombe de ne pas tomber dans l’écueil de la dispersion : comme le veut l’antique sagesse, à vouloir courir plusieurs lièvres, on risque de n’en attraper aucun. Aussi a-t-il été proposé aux étudiants de cette année de maintenir, comme il se doit, leur inscription à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon et de mûrir, penser, justifier leur choix pour d’autres écoles. Après discussion, certains se sont ravisés, tandis que d’autres ont maintenu leurs intentions. 18 Et c’est de ceux-là dont il faut s’occuper désormais, en leur offrant une formation spécifique pour la réussite d’éventuels oraux. Bien sûr, depuis sa fondation, la classe peut compter quatre anciens élèves entrés dans l’une des écoles du groupe B. C. E., dix dans celles du concours Ecricome. Il existe en effet en khâgne des professeurs qui enseignent ou collent dans les deux filières, littéraire et commerciale. Il s’agira de poursuivre et d’amplifier ce travail de diversification des débouchés. Tradition mariste et réussite personnelle Mais il y a mieux sans doute et qui s’adresse non plus aux étudiants, mais bien aux lycéens et collégiens de nos maisons, qui naturellement sont invités à rejoindre, s’ils en ont la volonté et le talent, une classe préparatoire littéraire. Il se trouve que le concours des deux Ecoles Normales, dans sa forme actuelle et réformée, se veut moins spécialiste que généraliste. Préférant la tête bien faite à la tête trop pleine, les concepteurs des nouvelles épreuves ont mis l’accent sur des compétences transversales, qui rassemblent les grandes et incontournables connaissances. Bref, c’est la culture, comprise comme capacité donnée à l’esprit d’aborder, de questionner, de résoudre tout type de difficultés, qui semble être au cœur des exigences attendues. Or dans nos maisons, par héritage sans doute, on a toujours privilégié cet aspect de l’éducation. Ainsi le père Colin, une fois nommé supérieur du petit séminaire de Belley en 1829, s’adresset-il en ces termes aux formateurs qui l’entourent : « Nous nous appliquerons […] à former l’esprit de nos élèves et à les faire avancer dans les sciences. » (Jean-Claude Colin, Avis aux maîtres). Simple et pauvre, l’injonction est pourtant profonde en sa formulation puisque, de l’avis du supérieur, c’est « l’esprit » qui doit être premier, « les sciences » venant 19 alors après. Bien des années plus tard, le père Perrot, ancien directeur de notre établissement, ne faisait que corroborer cette intention lorsque, à l’occasion de la fondation des classes préparatoires de l’externat Sainte-Marie, il déclarait porter avant tout « le souci d’une culture générale », souhaitant éviter une « surévaluation des aspects techniques des épreuves », et préférant « apprendre aux élèves à poursuivre une véritable formation intellectuelle, sans bachotage » (Marc Perrot, propos parus dans Lyon Maristes, numéro 61, juin 1989). On le voit donc, la tradition mariste a toujours préféré, dans sa vocation éducative, le sens au fait brut, la hauteur de vue à l’étroitesse du détail. Conséquence de cette appétence, nos maisons n’ont cessé de multiplier, pour tous nos élèves, des propositions visant à élargir leur horizon, les poussant à s’éveiller à d’autres réalités. Prédilection accordée, dès la plus tendre jeunesse, aux langues anciennes, cours d’instruction religieuse dispensés dans toutes les classes, échanges internationaux, ciné-club, option théâtre, Collège supérieur, cours d’art pour la classe d’hypokhâgne sont autant de traverses destinées à faire de nos élèves des esprits libres et ouverts, aptes à appréhender les diverses réalités de notre monde. Et cette compétence, proprement littéraire, et apparemment demandée par les différentes écoles qui s’offrent à eux après le baccalauréat, ne peut que favoriser nos élèves sur la voie de la réussite. Alors ceux-ci verrontils sans doute que les lieux qui les éduquent ont autant pour objectif la transmission d’un savoir que la formation d’une personne. Et peut-être parviendront-ils alors à être, ainsi que cette réforme le laisse espérer, à la fois gens de lettres et hommes du monde Olivier Gosset ‘‘ Un être humain, si humble soit-il, a des résonances infinies, des profondeurs insondables, une parole à dire qui n’est qu’à lui, une vocation qui n’est rien moins qu’une pensée divine. Madeleine Daniélou ‘‘ La vision chrétienne de l’homme, une lumière pour l’éducation Eduquer, élever un être, accompagner l’essor d’une liberté…nous sommes capables de produire toutes sortes de formules suggestives, voire séduisantes. Mais ne nous payonsnous pas de mots ? N’y a-t-il pas un risque de se satisfaire de slogans humanistes, sans nous rendre compte que de telles formules n’ont peut-être plus de sens dans le contexte culturel qui est le nôtre ? Par exemple, nous parlons de liberté, mais les sciences humaines ne cessent de dévoiler les multiples conditionnements qui pèsent sur les individus : l’homme est le produit de sa culture, de son milieu social, de sa psychologie, de sa physiologie... Où est la liberté dans tout cela ? Et quelle image de la liberté colportent de leur côté les media, notamment les media jeunes, quand la liberté se confond avec le laisser-faire, l’arbitraire des caprices ou la transgression des normes ? Dans le brouhaha mondialisé des idéologies, le consensus anthropologique s’effrite. L’héritage de l’anthropologie chrétienne, laïcisé par l’école de la IIIème République, paraît en voie de liquidation. Rien ne va de soi, qu’il s’agisse de 22 la différence entre l’homme et l’animal, du prix de la vie humaine à son commencement et à sa fin, du mariage ou même de l’identité sexuelle. Or en absence de vision anthropologique, pas de vision éducative. Comment élever une personne humaine si nous ne savons plus ce qu’est une personne humaine ? On n’éduquera pas de la même façon si l’on croit que l’homme n’est qu’un primate amélioré, un paquet d’instincts sublimés, ou au contraire un être spirituel, voire l’image même de l’Eternel. Si l’on croit que le corps est un objet dont chacun dispose à sa guise ou le « temple de l’Esprit » comme l’écrit saint Paul. Si l’on pense que la différence entre féminin et masculin est purement culturelle et doit être niée dans une indistinction systématique. Aussi faut-il reconnaître qu’il n’y a pas de neutralité éducative. Même à l’école, les paroles et les silences du professeur disent forcément quelque chose de son regard sur la personne. L’école catholique ne doit donc pas craindre d’envisager l’éducation dans la lumière de l’Evangile. Encore faut-il expliciter en quoi consiste une vision chrétienne de l’homme. Puis en quoi elle peut être une lumière, un guide pour l’acte éducatif. La vision chrétienne de l’homme Certes, dans le christianisme, il n’y a pas de vision absolument univoque de la personne humaine, d’autant plus que la vision chrétienne s’est nourrie de plusieurs héritages, surtout biblique et philosophique. Aujourd’hui encore elle s’enrichit des recherches contemporaines, comme on le voit dans la trop méconnue théologie du corps de Jean-Paul II. D’une certaine façon, tout est résumé par la célèbre parole biblique : « l’homme est à l’image de Dieu ». « A l’image de Dieu », du Dieu transcendant, inconnaissable, l’homme est d’une certaine façon inconnaissable. Affirmer cela, c’est 23 précisément affirmer sa liberté ou sa dimension spirituelle. C’est souligner la transcendance de la personne à l’égard de toutes ses définitions. Il y a en chaque être personnel plus essentiel, plus vaste, plus profond que ses performances physiques, ses traits de caractères, ses convictions intellectuelles, etc. « L’homme passe infiniment l’homme » rappelle Pascal. Cependant une non-définition suffit-elle ? Si la personne du Christ dans son mystère a donné lieu à de prudentes formulations dogmatiques – qui ne sont pas des réductions du mystère, mais des balises pour introduire à ce mystère – ne peut-on risquer une approche rationnelle de ce qu’est l’humanité, de ce qui la distingue de l’animalité ? D’ailleurs, c’est ainsi que les choses se sont produites : en méditant sur la personne du Christ et sur les personnes trinitaires, les Pères de l’Eglise ont presque sans s’en rendre compte forgé les concepts d’une anthropologie radicalement neuve. Plus précisément, ils ont articulé un double héritage : biblique avec les trois dimensions corps-âme-esprit (bazar, nephesh, ruah) et philosophique (distinction corps-âme, nature-personne, etc.). Cette articulation, cette synthèse, n’est pas univoque, ni définitive. L’anthropologie biblique : corps, âme, esprit La Bible développe une vision unitaire et ternaire de la personne : corps/âme/esprit. Ce ne sont pas trois parties de la personne, mais trois perspectives complémentaires sur la personne prise dans son unité concrète : • le corps (bazar) désigne l’homme dans sa vulnérabilité, sa dépendance cosmique, sa fragilité. • l’âme (nephesh), c’est l’homme en tant que vivant, ses facultés naturelles, sa capacité de liberté, de choix. • l’esprit (ruah), considère l’homme dans son rapport à la source de son être, c’est l’homme ouvert à Dieu. 24 Cette vision biblique, unitaire et existentielle, peut être complétée par la philosophie. Tandis que la Bible pose un regard synthétique et existentiel sur la personne, la philosophie procède autrement : elle est analytique (elle distingue des dimensions) et conceptuelle (elle enchaîne des raisonnements logiques). Si on complète l’anthropologie biblique par une analyse des facultés de l’âme, on peut affiner le modèle en distinguant deux dimensions principales de l’intériorité naturelle (âme) : la dimension psychologique (sensibilité, affectivité, caractère, mémoire affective…) et la dimension réflexive (mémoire, intelligence, volonté). intériorité psychologique CORPS ÂME intériorité réflexive ESPRIT intériorité spirituelle • sensations • émotions • sentiments • caractère • (...) • mémoire • intelligence • volonté 25 L’esprit apparaît alors comme une troisième dimension de l’intériorité, proprement surnaturelle. Cette dimension spirituelle nécessite-t-elle la foi pour être pressentie ? Lorsque nous nous recueillons en nous-mêmes, nous découvrons notre intériorité, psychologique d’abord, réflexive ensuite… Mais nous pouvons pressentir une réalité plus profonde à la racine de notre être personnel. Car le moi s’éprouve comme une source, toujours semblable, toujours en renouvellement. De cette source il n’est pas l’auteur, il se reçoit sans cesse, comme un don, un courant de donation, qui précède conscience, pensée, volonté…La profondeur du moi, et c’est cela l’esprit en nous, c’est de se découvrir lui-même comme une source dont il n’est pas la source. L’incroyant peut aller jusqu’à ce point mystérieux, d’où jaillit la personne, sans lui donner de nom. Mais on est au seuil de l’expérience religieuse : car pour le croyant, seul un être personnel, libre et aimant, peut engendrer cette source qui se découvre elle-même comme personne, synthèse d’amour et de liberté. La nouveauté chrétienne, l’homme image du Dieu communion Avec la foi chrétienne, quelque chose du mystère de Dieu est révélé, et cela par le Christ. Il est vrai homme et vrai Dieu, seul visage de Dieu que l’homme puisse contempler, et vrai visage de l’homme car seule image parfaite du Dieu éternel. Pascal écrit : « Sans Jésus-Christ, nous ne saurions ni ce qu’est l’homme, ni ce qu’est Dieu, ni ce qu’est la vie, ni ce qu’est la mort ». Voulonsnous savoir ce qu’est l’homme, regardons le Christ ! Parce que Jésus seul est humain, lui qui est sans péché, nous comprenons alors que le péché n’a rien d’humain ; qu’il est notre déshumanisation. Et que Jésus seul peut nous rétablir dans la ressemblance. Bien plus que notre modèle, il est notre Sauveur, celui en qui nous retrouvons notre vrai visage. 26 On l’a dit, c’est en forgeant la notion de personne que les Pères ont par ricochet inventé la conception occidentale de la personne comme sujet libre et infiniment digne. La nouveauté chrétienne, c’est que Dieu est communion personnelle, unité dans l’amour, et non unité numérique, monolithique : « une nature (Dieu) en trois personnes (Père, Fils, Esprit) qui ne se distinguent que par leur relations mutuelles. Or si l’homme est à l’image du Dieu-Trinité, c’est donc dans la relation que l’homme est le plus humain ! Dans la Genèse, le « faisons l’homme à notre image » indique un pluriel divin qui semble suggérer le mystère trinitaire, mais aussi indiquer que c’est dans la complémentarité sexuelle que l’homme est à l’image de Dieu (« à l’image de Dieu il les créa, homme et femme il les créa »). Ainsi le mystère trinitaire dévoile notre être profond : nous sommes des êtres de donation, des êtres pour le don. Comme le Fils se reçoit du Père, nous avons à nous recevoir des autres et du Tout-Autre, pour mieux nous donner nous-mêmes. Une anthropologie du don Si l’homme est à l’image des personnes trinitaires qui sont des relations subsistantes, la personne doit être comprise non sur le mode sectaire de l’individu (coupé, autocentré), mais sur le mode relationnel de la personne, sujet libre et aimant qui reçoit son existence d’un autre (Dieu) et l’accueille comme un don gracieux qu’il doit faire fructifier plutôt que comme une chose fixée dans une définition. La personne peut donc être comprise comme un courant réciproque de donation : je me reçois comme confié à moi-même par un autre et je m’éprouve en même temps comme un don à faire à autrui. Je me reçois parce que je me donne, et je me donne parce que je suis riche de me recevoir : « Qui perd sa vie la reçoit » dit l’Evangile, indiquant le chemin de la plus haute 27 liberté. Dans la passion et la résurrection de Jésus, je vois non seulement mon salut, mais mon propre chemin de mort à moi-même et de don de moi-même par lequel j’accomplirai mon humanité. Par cette notion de don, on sort du dilemme natureliberté, dans une perspective dynamique : libre, il est vrai que je dépasse toute définition statique ; cela ne signifie nullement une indétermination ontologique, mais l’inscription volontaire dans un mouvement de donation, qui est la vie elle-même, non au sens biologique seulement mais au sens personnel (c’est-àdire trinitaire). Cela n’empêche pas que cette existence-don s’inscrive dans des conditions physiques (je suis un homme, je suis grand…), psychiques (j’ai hérité de traits de caractère, mon histoire est marquée par tel événement), intellectuelles (j’ai des idées, des valeurs…), etc. Être libre, ou plutôt grandir en liberté, ce n’est pas nier ces déterminations, mais les accueillir comme le lieu même où ma liberté va s’exercer. De sorte que la nature dans toutes ses dimensions n’a pas à être niée, mais assumée, orientée par la liberté pour devenir une histoire, celle de mon humanisation. Implications de cette anthropologie dans l’éducation A vrai dire, si l’on était pénétré de ce mystère que tout homme est image du Dieu-communion, toute notre manière d’éduquer serait bouleversée, simplement parce qu’on verrait en chaque enfant, chaque jeune, un visage du Christ ; et d’autant plus quand ce jeune est « malade » (en mal d’estime de soi), « en prison » (de la drogue, du regard des autres), « affamé » (de reconnaissance, d’amour), « assoiffé »1 (de vérité). On ne proposera ici que quelques pistes. 28 Un regard qui saisit l’unité de la personne : corpsâme-esprit Corps, âme, esprit : pour l’éducateur, rien n’est à négliger, rien n’est optionnel. D’une part, chaque plan de la personne a sa consistance, ses lois. D’autre part, chaque dimension retentit sur l’ensemble de la personne : on ne peut complètement isoler telle ou telle dimension des autres. Remarquons que les disciplines profanes enseignées à l’école sont parfois animées d’un curieux réductionnisme. La biologie s’efforce de montrer que les facultés intellectuelles de l’homme ne sont que des processus chimiques sophistiqués ; elle parle parfois de l’amour en termes purement physiologiques ; l’économie, la sociologie réduisent le religieux, le spirituel, à des conditionnements collectifs. Il faut contredire cette culture désabusée en inversant l’ordre de dépendance, en affirmant que chaque niveau fait signe vers un niveau plus élevé. Ainsi, l’éducation du corps ne se réduit pas aux performances sportives, mais au souci de l’hygiène de vie, du respect du corps de l’autre. D’ailleurs l’effort physique n’existe pas sans la volonté qui est immatérielle dans son principe. Donc le corps renvoie à l’âme. Tournons-nous vers l’âme, l’intériorité : il y a d’abord le plan psychologique. Celui-ci a son importance, il ne faut pas en faire abstraction. Nos enfants, nos élèves, pas plus que nous-mêmes, ne sont de pures intelligences : les émotions, les blessures…tout cela compte. Certaines névroses doivent être un jour ou l’autre appréhendées pour ce qu’elles sont, et c’est parfois difficile pour un chrétien qui pense que sa vie spirituelle peut dépasser cela, court-circuiter ce niveau psychologique. Cependant la vie psychologique n’est pas le tout de la vie intérieure, elle n’en est même que la part la plus superficielle, la moins personnelle, la plus déterminée. Par exemple, 29 quelle erreur de penser que notre caractère constitue le fond de notre personnalité, alors que pour la plus grande part, il ne témoigne que d’héritages biologiques et psychologiques passivement reçus ! De même, quelle erreur de penser que nous exerçons notre liberté en laissant libre cours à la spontanéité de nos émotions ou de nos pulsions, quand cellesci sont souterrainement guidées par des représentations collectives (modes, etc.). Il faut montrer à un jeune que sa liberté consiste non dans la soumission à ses affects (« fais comme tu le sens ») mais dans leur prise en charge par les dimensions plus profondes de l’âme, les facultés réflexives (mémoire, intelligence, volonté). Celles-ci permettent l’exercice de la liberté authentique. Et pourtant, l’exercice de ces facultés, si précieuses soientelles, ne doit pas replier le jeune sur le culte de la performance intellectuelle, ou encore sur un volontarisme moral, parfois hypertrophiés dans certaines familles. Ici se joue une éducation à la gratuité de l’esprit, au sens de l’émerveillement comme à la générosité du cœur, au souci du plus faible, du moins doué. A ce niveau, on touche aux dimensions spirituelles de la personne. « Malheur à la connaissance qui ne tourne pas à aimer » met en garde Bossuet. Enseignants, il nous faut le rappeler à nos élèves les plus brillants, menacés par une certaine sécheresse de cœur et d’esprit ! L’éducation à la vie spirituelle L’éducation spirituelle, que le jeune se reconnaisse comme croyant ou non, commence dans une réflexion sur le mystère humain. Car une culture sans inquiétude du sens, sans questionnement transcendant, n’est plus une culture. De ce point de vue non plus, il n’y a pas de neutralité anthropologique ; ne pas considérer la dimension spirituelle sous prétexte de laïcité, c’est s’inscrire implicitement (et efficacement) dans 30 une anthropologie de type matérialiste. Tandis qu’ouvrir un jeune à ce questionnement, c’est lui permettre d’affronter plus librement la question de sa destinée surnaturelle, qui est bien la seule question absolument sérieuse de sa vie ! Dans une perspective chrétienne, plus profondément que les dimensions intellectuelle et morale, le sanctuaire de la personne se situe dans le lien secret (et peut-être inconscient) avec Dieu, ce que la tradition biblique appelle l’esprit. Portons-nous le souci de la destinée éternelle d’un jeune ? Notre regard sur lui va-t-il jusqu’à ce point secret où se joue le sens le plus radical de sa vie ? Avec la pudeur requise bien sûr, mais sans oublier qu’il y a cet appel de Dieu que nous ne connaissons pas, mais que par notre attitude nous pouvons contribuer à étouffer ou à faire germer. Donnons-nous l’occasion d’une éducation à la vie spirituelle comme lieu de la plus profonde intériorité, donc de l’accomplissement de la liberté ? On pourrait souligner l’urgence actuelle d’une initiation au silence afin de permettre à un jeune de se retrouver lui-même, dans une expérience de recueillement dont il est le plus souvent sevré. Sans silence, pas de vie intérieure ; et sans vie intérieure comment construire l’unité d’une personne ? Car la personne sera d’autant plus unifiée que cette unification s’opérera à partir de l’intériorité la plus profonde (la dimension spirituelle). La vocation de la vie spirituelle est ainsi d’informer toutes les dimensions de l’existence : rationnelles, psychologiques, relationnelles, physiques, de sorte que l’être le plus « spirituel » soit aussi le plus… incarné ! 31 Une éducation au don comme acte ultime de la liberté Si l’anthropologie chrétienne est profondément une anthropologie du don, si l’homme est constitutivement être de relation, l’éducation à la vie sociale, à l’amitié, à l’amour sont des lieux urgents de réflexion pédagogique. Qui parle d’amitié aux jeunes ? Comment leur parle-t-on d’amour ? Quel engagement leur propose-t-on pour se sensibiliser à la solidarité active entre les personnes ? Comment sur ces sujets peut-on passer d’un discours matérialiste ou individualiste (largement dominant s’agissant de sexualité) à un discours qui renvoie au sens d’une relation, à ses enjeux pour la construction de soi ; enfin comment ces dimensions humaines peuvent-elles faire signe vers la relation avec le Christ, qui se présente comme l’unique indéfectible ami, et comme époux de chaque âme ? On a dit qu’éduquer, c’est éveiller une liberté à ellemême. Au terme de cette réflexion, on peut comprendre la liberté selon trois perspectives, trois degrés qui sont comme trois seuils à franchir : • Liberté d’indépendance d’abord : il est bon que le sujet cherche à s’émanciper de tout ce qui est coercitif dans le corps social. Educateur, nous devons manifester la valeur de ce souci d’autonomie et encourager un jeune à prendre ses distances par rapport aux conformismes du groupe, des modes, des opinions non réfléchies…Cependant cette autonomie peut se dévoyer dans une tyrannie du moi. Il lui faut s’orienter vers une dimension qui dépasse les caprices du sujet, vers des valeurs universelles. Donc l’autonomie prend tout son sens lorsqu’elle se dépasse elle-même dans une responsabilité. • Liberté de responsabilité : « répondre de » suppose un contenu : on répond de quelque chose, d’une promesse, d’un engagement. Car ma liberté ne prend corps que si elle s’engage 32 pour quelque chose qui la dépasse. Mais « répondre », c’est répondre devant, à quelqu’un ; cela suppose un interlocuteur, un vis-à-vis. Cette conception de la liberté suppose l’altérité et dépasse l’enfermement dans une autonomie illusoire. Educateurs, nous devons former le sens de l’engagement chez un jeune, en lui confiant des responsabilités, en lui permettant de les poursuivre dans la durée. A travers ces petits engagements, lui ouvrir un chemin de confiance, de progrès. Lui permettre de comprendre que bien au-delà du « succès » ou de l’ « échec » d’une action, il y a une joie de se donner, une valeur de la fidélité à un engagement. Cependant, aussi haute que soit cette valeur de l’engagement, elle peut se raidir en volontarisme, quand on rêve de changer le cours des choses par ses seules forces. C’est une forme d’héroïsme qui guette les plus généreux et peut être désespérante quand elle affronte l’échec. Et c’est ici que la nouveauté chrétienne a quelque chose de spécifique à révéler, comme une troisième dimension de la liberté, celle du consentement. • Liberté de consentement : l’expérience me suggère que, dans bien des cas, il me faut accueillir ce que je n’ai pas choisi au départ. Par exemple, le vieillissement, la maladie, l’échec…Dans les sagesses, il y a une acceptation du destin, des alea qui ne dépendent pas de moi, tout en me tenant responsable de ce qui relève de ma liberté (stoïcisme). Dans la foi, ce consentement apparaît orienté vers un vis-à-vis, il est consentement à la grâce de Dieu. Si Dieu est ma source, s’il veut mon bonheur, je peux me recevoir de Lui, non comme un esclave, mais comme un fils, une fille, prêt à exercer cette liberté qu’il me donne par amour et qu’il restaure sans cesse en moi. Alors, il devient vrai, quoique paradoxal, que « le passé n’est jamais écrit » : c’est à moi de le relire, de le réinterpréter sans cesse et même, pour le croyant, d’accepter que Dieu 33 puisse transfigurer le mal en occasion de bien. C’est la logique de la résurrection dans nos vies : tant de petites morts peuvent devenir des chemins de vie. Il y faut la grâce de Dieu ; il y faut le consentement humain. Mais une anthropologie chrétienne n’est rien si elle ne va pas jusqu’à ce point : l’homme n’est pas fait pour la mort, mais pour la vie en plénitude. Ainsi est-on passé d’une liberté d’autonomie qui se préserve, à une liberté d’engagement qui se donne, enfin à une liberté de consentement qui se reçoit. L’accomplissement de la dynamique du don, c’est le désir de me donner joyeusement en sachant qu’à chaque instant je me reçois, confié à moimême par celui qui m’aime indéfectiblement. Alors la vie peut devenir action de grâce avant d’être engagement dans les combats du siècle : « Je te rends grâce Seigneur pour la merveille que je suis » (Psaume 139). Ouvrir à un jeune le chemin de cette gratitude, n’est-ce pas lui offrir la clef de la vraie liberté ? Xavier DUFOUR 1 Cf. Mt 25, 35-36. Reclining Figure 1982, bronze, l. 236 cm Henry MOORE Fondation Pierre GIANADDA Martigny, SUISSE LES YEUX FERTI LES « La figure humaine est ce qui m’intéresse le plus profondément ; et c’est en étudiant dans la nature, les cailloux, les rochers, les os, les arbres que j’ai découvert les principes des formes et des rythmes de mes œuvres. » Henry MOORE 37 Sereine et belle dans sa vêture de bronze, en position allongée comme ces figures féminines étrusques sur leur pierre tombale exposées dans un musée romain près de la Piazza del Popolo, elle attend chaque été ma visite ou plutôt à chacune de mes vacances passées à Vollèges en Valais, car je ne saurais manquer de lui faire signe, si jamais, quittant le Val d’Entremont, je descends sur Martigny. Dans le parc aux sculptures de la Fondation Gianadda, elle m’attend aux côtés du Coq de Brancusi, du Sein de César, des grotesques joueurs de football de Nicky de Saint-Phalle, d’un Mobile de Calder aux couleurs vives qui, si le vent souffle du col de la Forclaz ou bien si je le pousse légèrement de la main, se met à se mouvoir harmonieusement, comme pour égayer le ciel et jouer avec les branches des abricotiers plantés dans le verger. Elle a aujourd’hui la trentaine insolente et n’a pourtant jamais vieilli. Elle fut moulée en bronze en 1982, sans doute dans l’atelier de Moore à Perry Green dans le Hertfordshire (Angleterre), quatre ans avant la mort du sculpteur ; mais elle a seulement été acquise en 1985 par la Fondation Gianadda, l’année où, dans l’éblouissante lumière d’août qui écrasait la vallée du Rhône, je la découvris pour la première fois, tout comme cet été-là j’adoptai une nouvelle petite patrie, le Val de Bagnes, si cher à l’écrivain Ramuz et surtout à mon ami poète Chappaz, décédé il y a quelques mois, au point que ce qui m’unit à cette œuvre de beauté (« a joy for ever » dirait Keats), est encore plus intense et plus prégnant. Elle a huit autres grandes sœurs, ai-je appris en feuilletant les catalogues ou les livres d’art, qui résident de par le monde, dans les musées 38 ou les jardins de riches collectionneurs privés, mais pour moi celle de Martigny est unique, comme est unique et singulière, pour le Petit Prince, sa rose. J’entre dans le musée, saluant un Rodin placé près de l’accueil, pour voir l’exposition de la saison. De juin à novembre 2011, ce sera Monet, grâce aux prêts du Musée Marmottant et des collectionneurs suisses. La Fondation est une curieuse bâtisse, une sorte de « mastaba » sacrée, construite par Léonard Gianadda, ingénieur et amateur d’art, à la mémoire de son frère mort dans un accident d’avion, un lieu non de mort, mais de vie et de beauté, pour immortaliser la précieuse présence fraternelle et donner le goût du beau dont on dit qu’il « sauve le monde ». Il me suffit, l’exposition terminée, de sortir du musée et d’aller dans le parc attenant, un jardin de sculptures, pour retrouver ma Reclining Figure. 39 Je descends l’escalier qui passe près d’une Tête en bronze de Miro ; je laisse à ma gauche le Sein de César que caressent les branches d’un saule pleureur centenaire ; je prends l’allée qui mène au verger, franchis le petit pont qui surplombe le mur du « Téménos », mur de l’ancienne enceinte sacrée d’un temple romain révélé par les fouilles, lorsqu’ont été édifiés le musée et ses dépendances. Et la voici qui, m’apercevant et se réjouissant, me salue d’un bras énergique levé vers moi. Animée de mouvements puissants et gracieux à la fois, elle semble esquisser le geste de se redresser, le poids du corps reposant sur son avant-bras droit. Elle allonge son bras gauche vers moi qui arrive à ses côtés, comme si elle voulait me prendre la main affectueusement, maternellement, ou me caresser la joue, poser sa main sur mon épaule. Elle se pare de mille reflets lorsque la lumière du soleil valaisan habille son corps d’airain. Elle est là à demi couchée, si je la regarde sur toute sa longueur, paraissant presque monumentale sur sa base de béton blanc et son socle de bronze, ce qui la place ainsi à ma portée pour la mieux contempler. Elle s’inscrit harmonieusement dans le paysage proche qu’elle semble mettre en valeur par ses formes, ses masses, ses courbes, ses contre courbes, ses angles, sa composition en double cône. À travers les ouvertures qui « trouent » étonnamment son corps, où l’air circule et où s’inscrit le ciel, on aperçoit les coteaux plantés de vignes et la route qui serpente vers le col de la Forclaz, les forêts d’épicéas et de mélèzes et, plus haut encore, du côté du lac de Champex, les alpages du Trient. Elle ressemble à l’espace alentour, avec ses montagnes plus ou moins pentues et ses vallées ; elle en est comme la métaphore. Elle est elle-même paysage, redoublant en abyme les massifs alpins environnants, les montagnes et les vallées des Dranses et du Rhône. En fait, elle est femme et paysage à la fois, et c’est surtout au niveau de son buste et des 40 ses jambes qu’elle revêt les aspects des reliefs montagneux, creusés de dépressions, d’arches, d’anfractuosités ; le drapé à peine visible de sa robe (écho du plissé des vêtements féminin de la statuaire grecque si chère à l’artiste) fait songer à la peau ridée de la terre et aux nervures des roches. Toute sculpture est, pour Moore, une « sculpture-paysage », faite pour être disposée en plein air et si possible en harmonie avec le lieu où elle est placée. A chacune de mes visites, elle m’étonne toujours ; et je reste de longs moments à tourner autour d’elle pour surprendre le jeu de ses masses, le rythme des ses formes ; je me laisse capturer par un nouveau point de vue. Intriguées par les déformations données par Henry Moore à cette figure féminine couchée, mes deux filles, alors toutes petites, l’avaient surnommée, « maman bizarre » ; d’ailleurs elles préféraient, à ma « Vénus» de bronze, voir s’ébattre dans l’étang voisin les canards colvert, goûter les abricots du verger qu’on a le droit de cueillir sans vergogne, ou bien s’esclaffer devant les sportifs de Nicky de Saint-Phalle, bigarrés et clownesques, courrant après leur ballon. Moi, je revenais toujours à elle, même si d’autres sculptures, dont la Vierge folle de Germaine Richier, le Coq de Brancusi, suscitaient également mon admiration tout au long de mon parcours. Il me prend encore aujourd’hui le désir de caresser son corps de bronze, strié parfois, comme ce qui représente les plis de sa robe, ou bien lisse, comme son torse nu et ses bras puissants. C’est une des joies sensuelles que procure la sculpture que d’assouvir cet irrésistible désir de toucher le matériau, (et encore une fois à la Fondation cela est possible, comme de marcher sur les pelouses d’ailleurs !) – ce qu’on ne peut faire pour une peinture ; c’est un bonheur de tourner autour d’elle, de la contempler sous des angles différents et chaque fois de la découvrir aussi majestueuse. 41 Ma belle Reclining Figure a une toute petite tête punctiforme, – siège du regard bienveillant, habité d’attention, siège aussi de la pensée –, tête reposant sur un cou solide comme une portion de colonne, (elle a la même tête que les femmes des toiles de Picasso des années 30, jouant sur la plage), avec des yeux : deux simples points, un nez et une bouche à peine esquissés. Elle est coiffée d’une sorte de superbe chignon. Elle a un torse maternant et protecteur, des hanches fines ; ses fesses et ses jambes sont plus abstraitement rendues et forment une construction équilibrée, l’apparentant, comme je l’ai écrit, aux montagnes voisines si proches. Elle est une figure plus abstraite que mimétique, se jouant de la représentation académique et naturaliste, comme si, pour Henry Moore, sculpter un corps avec des déformations et une certaine abstraction était une façon de s’éloigner d’une représentation idéalisée, d’une figuration trop classique de la beauté féminine ou même d’un corps érotisé. Tout cela permet de suggérer davantage l’idée d’une féminité sensuelle et voluptueuse, tout autant que puissante, ou même celle d’une maternité heureuse et tendre. « Alma Magnaque Mater », écrirait Lucrèce, car elle est habitée de tous les symboles de l’eternel féminin. Mais ce que Moore a en outre cherché à saisir à travers cette œuvre, c’est la manifestation d’une énergie, d’un jeu de forces et de tensions par lesquels s’élabore l’univers et se révèle la vie. En tout cas, elle m’est toujours apparue ainsi, comme une femme aimante et accueillante. Son corps, surgi du bronze, exprime bien pour moi une idée de la féminité liée à la vitalité et au vivant. La majesté de son port de tête, la volupté de son buste si imposant me rappellent les femmes des tombeaux étrusques, toujours souriantes, étendues aux côtés de leur époux, mais aussi les Vénus couchées du Titien, de Vélasquez, 42 la Maya nue de Goya et, bien sûr l’Olympia de Manet. On peut même penser à certaines odalisques couchées de Matisse. Elle est un peu aussi Gaia, déesse de la terre et de la fertilité, si honorée dans les anciennes traditions. Reclining Figure est une forme récurrente dans l’œuvre sculptée de Moore qui l’a entraîné dans une série de variations, tout au long de sa vie d’artiste, comme le sont aussi Mother and Child ou Group Family, ses deux autres grandes sources d’inspiration. J’ai pu apercevoir d’autres sculptures dans des expositions ou leurs représentations dans des ouvrages d’art, mieux comprendre son amour pour l’art précolombien, surtout toltèque, pour l’art sumérien ou celui des Cyclades, mais aussi l’influence qu’eurent sur lui Gaudier-Brzeska, Archipenko, Brancusi et Picasso. Mais ce que j’évoque dans Les Yeux Fertiles est moins une page d’histoire de l’art et un commentaire critique qu’une émotion ressentie à la vue de cette statue d’Henry Moore, un grand artiste de la modernité anglaise du XXème siècle. «Voilà ce que j’ai essayé dans ma sculpture, qu’elle soit une métaphore sur la relation de l’homme à la terre, aux montagnes, aux paysages », écrivait-il, en comparant son œuvre sculptée aux paysages du Yorkshire. Et de poursuivre : « Si Cézanne avait pour ambition de marier les épaules des femmes aux courbes des collines, ma sculpture est un « mixte » de figure humaine et de paysage ; en se plaçant d’un certain point de vue, on voit la jambe finir en rocher montagneux. Mon exploration des thèmes archétypaux, comme les Reclining Figures, représente, pour moi, à l’instar des Baigneuses de Cézanne, une sorte de « gabarit » à l’intérieur duquel je peux réinterpréter la figure humaine, inlassablement, sans jamais me répéter pour autant. » Moore est un maître, possédant un savoir-faire sans faille ; il connaît les mille techniques de la sculpture : de l’assemblage au modelage, du moulage à la fonte, de la taille directe à la cire perdue, de même qu’il a manié tous 43 les matériaux : le marbre, l’ophite, le béton et, comme pour la Reclining Figure de Martigny, le bronze. De plus, il a exploité tous les arts graphiques : le crayon, la craie, le pastel, l’encre, le lavis ou l’aquarelle. Exaltant la force et la beauté de la femme, comme dans notre sculpture, il nous a livré une méditation sur le corps, la nature, en somme la Vie. Et, dans chaque sculpture, la légèreté côtoie le monumental, la masse s’oppose à la courbe, l’ombre à la lumière, le vide au plein, la tension sévère à la joie féconde. Comme dans le petit enclos de la Fondation Gianadda, dans le merveilleux parc de Moore à Perry Green, paissent des dizaines et des dizaines de sculptures de marbre, de pierre et de bois, qui n’étonnent même plus les moutons qui pâturent à leurs côtés, sous l’ombre bienveillante des grands arbres. C’est dans la lande du Hertfordshire qu’est vraiment née l’œuvre qui a essaimé aujourd’hui aux quatre coins du monde. Cette œuvre est donc née loin des villes, grâce à une formidable compréhension du paysage, au cours de longues promenades pour cueillir des cailloux ou des pierres, des morceaux de bois blanchis par le temps, des os séchés, 44 qui viennent emplir l’atelier, inspirer dessins et travaux préparatoires, utilisant la glaise, le plâtre, le bois, avant de devenir des œuvres, ou minuscules ou monumentales. Ma Reclining Figure m’attend cet été à Martigny en Valais. Elle sait déjà que je viendrai la voir puisque la Fondation Gianadda m’est ouverte à souhait. Face à l’orgueilleuse Pierre à Voi qui domine la vallée du Rhône, le Coq de Brancusi dressera fièrement sa crête de métal. Et j’écouterai le chant du fleuve qui dévale fougueusement du Simplon pour se marier aux eaux grises et froides du Trient et des Dranses. Sur les collines parées de vignes mûriront les raisins qui donneront le Fendant ou l’Amigne, sous les cymbales d’un soleil dru. A l’alpage de Sornioz, aux falaises si abruptes vues de la plaine, durant l’estive, les « reines » d’Hérens rêveront de combats dans les arènes voisines ; et les chiens les rabattront vers les étables dans un tintamarre de cloches. Vers les Planches et le Tronc, la vipère paresseuse oubliera le pas du randonneur sur les sentiers longeant les bisses. Je songerai à Goethe, à Stendhal, à Rilke et à Ramuz, mes maîtres, qui ont fait halte, comme moi, à Martigny, avant de suivre par exemple la route Napoléon, de gagner le col du Grand Saint-Bernard, de faire une pause à l’hospice, accueillis par les chanoines et leurs fameux chiens, de rêver de Milan et de ses cantatrices en descendant le Val d’Aoste. Et au cœur du parc de la Fondation Gianadda, « hortus conclusus » et jardin d’amour, au milieu des abricotiers aux branches ployant sous leurs fruits mûrs gorgés de sucre et formant arche de verdure, ma Reclining Figure, habitée de fierté puissante et tendre, m’offrira son énergique vitalité. Elle me dira, ma belle « fortis mulier » de bronze, le mystère du Vivant ; elle me rappellera que la beauté est une grâce qui ne cesse d’étonner qui la reçoit Jean-Louis RAVISTRE « Il n’y a pas besoin de créer. Créer, improviser sont des mots qui ne signifient rien. Le génie appartient à ceux qui savent utiliser leurs yeux et leur intelligence. Une femme, une montagne sont construites de la même façon, selon les mêmes principes. » RODIN TRAVAUX d’ELEVES concours jumelage MADAGASCAR voyages . collè ge pèl rina ge Le collège de La Solitude, pour sa traditionnelle journée de témoignage chrétien, s’est rendu, le 7 avril dernier, à Ars. Les mille cinquante élèves, leurs éducateurs et professeurs, de nombreux parents, ont marché ce jour-là sous un ciel radieux. Présidée par Mgr Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon, la messe a réuni les nombreux témoins venus parler aux jeunes : des laïcs engagés, des prêtres diocésains, des pères maristes des communautés de Sainte-Foy et de la Neylière, des sœurs bénédictines et carmélites, des dominicains, dont le père Muhannad Al Tawil, aumônier des chaldéens de Lyon. Ainsi, dans un esprit d’accueil et de partage, chacun a pu méditer sur le thème choisi pour animer les diverses rencontres : Voyez comme il l’aimait ! Marines Dans le cadre de l’étude du « récit de voyage » en classe de cinquième, les élèves ont eu à décrire la découverte d’un port à travers le regard d’un jeune enfant. Voici quelques passages relevés dans mes copies Élodie Ramora Le jeune garçon arriva enfin au port, fatigué de sa longue course. Mais cette fatigue passa rapidement grâce à l’émerveillement que lui procuraient les bateaux qui se balançaient sur les vagues. La mer était d’un bleu si clair qu’au loin elles se confondaient avec le ciel, un ciel d’une beauté extraordinaire. L’enfant ne put bouger face à ces deux grandes étendues turquoise. Le soleil brillait au-dessus de sa tête. Il était comme enchanté par le chant des vagues qui se brisaient sur les rochers. Le port était bordé par deux grandes falaises belles et majestueuses comme deux géants de pierres Léo QUERET, 5e3 La Verpillière tra vaux Ce jour-là, la mer était calme et sa surface était lisse comme de l’huile. Les bateaux de pêche étaient déjà partis et il pouvait les apercevoir au loin. Le jeune garçon, qui regardait avec attention chaque détail de ce magnifique paysage, se laissait bercer par le ressac régulier des vagues. Il ferma les yeux un court instant et prit une grande inspiration. Il se sentait relâché et détendu. Tout lui était si familier car, depuis son enfance, il venait ici pendant les jours de congés. Mais, même s’il avait l’habitude de s’asseoir sur ce banc pour regarder onduler les vagues ou écouter le cri des oiseaux, il s’émerveillait toujours autant et ne se lassait jamais de contempler ce fabuleux paysage maritime. Après quelques minutes, il se leva pour aller marcher le long de la grève. A ses pieds, des algues séchaient au soleil. Il aimait sentir cette odeur iodée qu’elles dégageaient. Il vit aussi des coquillages, il y en avait de toutes les formes et de toutes les tailles. Il aimait tout particulièrement des petits coquillages blancs nacrés car ils ressortaient bien sur le sable gris anthracite Flavien MILIAT, 5e5 La Verpillière Discours « De professorae Avez-vous déjà eu l’impression de vivre deux semaines en 24 heures ? C’est à peu près ce qui nous est arrivé à nous autres premières L lors de notre voyage à Marseille cette année. En effet, les promenades, les calanques, les librairies, le shopping, les repas, les musées, la plage, la veillée et les églises ont réussi à faire oublier à nos pauvres caboches la réalité des jours scolaires. Avant des oraux de français et d’autres échéances peu amusantes, nos esprits ont pu être soudainement libérés de tout ce qui ressemblait à de la « pression ». Cette veillée, j’y reviens, fut vraiment géniale. Entre les chants (mélodieux), les imitations (fidèles), les discours (absurdes), les démonstrations de judo (fracassantes) et les éclats de rire (authentiques), nous n’avons pas trouvé le temps de nous ennuyer. Même les visages de Mme Cazeaux et de M. Fortin, d’ordinaire burinés par les heures de cours et fichés de cet éternel regard courroucé qui fait habituellement peser sur nous le couvercle de leurs exigences jamais satisfaites, même leurs visages, dis-je, se sont éclaircis ! En regrettant de ne pas pouvoir vous communiquer les deux autres discours produits lors de cette veillée (à savoir Les radis ont-ils une âme ? et De l’utilité de mettre un balais sur le capot avant de sa voiture) nous vous proposons celui-ci qui, s’il n’est pas le plus inventif, est au moins le moins long ! 53 utilitatis » Souvent, dans l’histoire de l’humanité, les hommes ont prêté à leurs dirigeants de mauvais desseins et des visées criminelles. Ces théories du complot n’ont toujours été que des bouffées de paranoïa condamnable qui ont conduit l‘Homme aux excès les plus pendables. Cependant, en observant de près les professeurs, j’ai remarqué quelques petites choses qui me mènent à penser qu’ils ont bel et bien pour but l’assujettissement du monde entier. S’ils ont l’air sympathiques et pittoresques au premier abord, ce sont assurément des soudards hypocrites assoiffés de sang et de pouvoir. D’abord, on peut remarquer que tous les responsables politiques de la gauche comme de la droite étaient des professeurs (Herriot, Blum, Daladier, Clémenceau, Fortin, etc) : ils étaient implantés dans le champ politique, afin de mieux manigancer dans l’ombre. C’est d’ailleurs pourquoi les élèves ont toujours eu inconsciemment le désir de se révolter, mais les professeurs, qui savent se défendre, les culpabilisent sans arrêt (et sans succès heureusement). Pour mieux asseoir leur domination, ils se sont infiltrés dans les réseaux de l’éducation afin de mieux manipuler les esprits. En espérant que cette démonstration sera utile au MLE (mouvement de libération des étudiant, groupuscule très muselé par les autorités) je vais prouver sous vos yeux et ici même que les professeurs ne servent à rien sinon à empêcher les élèves de réfléchir. Tout d’abord, il nous faut une expérience témoin : prenons une classe dépourvue de professeurs, c’est-à-dire un groupe de vingt à trente adolescents enfermés seuls dans une classe huit heures par jour. « Quelle horreur, s’écrieront certains, ils deviendraient fous et sanguinaires ! » Ineptie. L’homme est 54 un être de relation qui, quand il est en groupe, discute, fait la guerre ou joue à des jeux de société. « Ce serait l’anarchie ! », crieront les mêmes : j’en étais sûr. Il nous faut signaler que ce mot est un terme générique utilisé par les professeurs pour désigner le climat d’une classe dans laquelle ils ne sont pas. Pas de profs, pas d’anarchie. CQFD ! Bref, les élèves lisent, dessinent ou discutent. Ce sont des activités ludiques. Bien sûr, ils ne compareront pas Nietzche avec M. Dumont dès les premiers jours. Toutefois, dès que les sujets habituels seront épuisés, il faudra bien qu’ils s’y mettent (comment firent les premiers philosophes ?) Or Socrate s’est employé à nous démontrer que la conversation est le moyen le plus propice à l’épanouissement intellectuel. De même, grand modèle des pédagogues s’il en est, il passait le plus clair de son temps à confesser qu’il ne savait rien. « Cela est bien beau, me diront les même fâcheux en m’interrompant d’une façon fort peu courtoise, mais de quoi discuteront-ils s’ils ne savent rien ? » Et voilà un mauvais argument. En effet, Montaigne disait que pour éduquer efficacement un jeune, il fallait s’abaisser à son niveau afin de mieux gravir avec lui les échelons de l’escabeau de la connaissance. Envoyez des livres dans la classe, et les élèves se débrouilleront bien pour monter à la courte échelle ... Voyez, la conversation façonne merveilleusement les jeunes, sans qu’on ait besoin de retoucher quelque chose. Or que font les professeurs ? Premièrement, ils savent. Ils sont formés, surformés, et triés par des concours qui consacrent les plus savants. Un bon professeur est un professeur qui sait. Ils sont même tellement compétents qu’ils ne s’y connaissent que dans un seul domaine. (Notez bien qu’ils sont globalement moins instruits qu’un élève). Deuxièmement, ils abolissent toute forme de conversation durant leurs cours. Comment voulez-vous 55 apprendre à un adolescent perdu dans une masse de trente élèves qu’il est un individu unique et responsable ? En bref : ils nous dérangent. Et comme leur technique est absolument contraire à ce qu’il faudrait faire, il est clair qu’ils veulent nous empêcher de réfléchir. Comme Socrate fut condamné à mort par l’Etat athénien pour avoir perverti la jeunesse, ainsi l’Etat français (et surtout la masse grouillante des professeurs qui s’agite derrière) veille à nous maintenir dans l’Hébétude afin que nous les laissions tranquilles... Ainsi, voilà la preuve faite que les professeurs ne servent à rien sinon à nous empêcher de réfléchir. Alors, nous, élèves, avons le droit mais surtout le devoir de nous battre contre cette tyrannie passive qui nous paralyse ! Etonnant, non ? Valentin Rhonat, 1reL Lyon La classe de 1e L à Marseille DE CERTAMINE CICERONIANO ARPINAS Le latin n’est décidément pas une langue morte ! C’est en tout cas l’impression qui s’est dégagée de notre séjour dans le Latium. Nous avons en effet participé au Certamen Ciceronianum Arpinas, concours européen de version latine autour de Cicéron : 5 heures de latin, 15 récompenses, 16 nations représentées, 404 participants, plus de 5000E de prix et… 2 français ! Nous quittons la France, le jeudi 5 mai, accompagnés de Mme Berthelot et de M. Perceveaux, notre professeur de latin qui nous a préparés à l’épreuve. Nous passons un premier jour à Rome, puis découvrons des villages typiques comme Castrociello, Montecassino (où nous avons droit à un discours…en latin !), et, bien sûr, Arpino, et goûtons à quelques spécialités culinaires. Le lendemain de notre arrivée, nous retrouvons tous les participants pour traduire et commenter un extrait du Pro Caelio de Ciceron. L’épreuve se déroule plutôt bien car le stress est évacué grâce à la bonne ambiance générale. En effet, le fait d’être les deux seuls Français nous pousse à nous ouvrir aux autres en dépit des différences, et nous prenons plaisir à communiquer avec des Polonais, des Italiens, des Bosniaques, des Belges et des Luxembourgeois, avec qui nous avons pu retrouver l’usage du français ! La veille de l’annonce des résultats, une grande fête a consolidé les liens d’amitié qui se sont créés. Puis, sous le soleil d’Arpino, se déroule alors la cérémonie de la remise des prix, ponctuée, comme il se doit en Italie, par de nombreux discours ; et nous avons le plaisir de con cours retrouver parmi les lauréats des élèves avec qui nous avions sympathisé. Les Italiens, très nombreux, raflent la plupart des récompenses. Quant à nous, nous ne rentrons qu’avec un teeshirt, des souvenirs plein la tête et quelques (gros) coups de soleil ! Quoi qu’il en soit, cette expérience qui marque l’aboutissement de nos années de latin, restera inoubliable. Un grand merci à la cité d’Arpino pour son accueil, à nos professeurs qui nous ont accompagnés, à M. et Mme Caruso qui nous ont fait connaître ce concours et nous ont hébergés sur place ! Nous rentrons, ravis, avec l’espoir qu’à l’avenir les latinistes français forment une délégation plus importante François MARTEL, T S1, Sébastien DESIGNOLLE, T S2, La Verpillière Sainte Marie La Verpillière Collège des Pères Antonins de Baabda au Liban L’an dernier, des lycéens libanais de Baabda ont été reçus par onze de nos élèves et leurs parents. C’était au tour des correspondants français de visiter le Liban pendant les vacances de Pâques. Les clameurs à notre arrivée à l’aéroport témoignaient du plaisir des retrouvailles et de la complicité établie précédemment. jume lage Arrivés en pleine semaine sainte, nous avons pu partager la ferveur religieuse du peuple libanais : rite de la visite des sept églises le jeudi saint, le chemin de croix le vendredi saint et la messe de minuit, le samedi. Les chants de toute l’assemblée, les prières, n’ont laissé personne indifférent. Les pères Antonins Maronites ont eu à cœur de nous associer à ce moment très fort de la religion chrétienne. Nous avons ensuite parcouru le pays, de ses rivages ensoleillés aux forêts de cèdres magnifiques et neiges du Mont Liban, du tumulte de Beyrouth en pleine reconstruction au silence des ermitages de la Vallée sainte. Mais ce sont surtout les rencontres, la vie partagée avec les familles libanaises qui ont marqué ce voyage. Une hospitalité indescriptible, une disponibilité de chaque instant : ce peuple libanais très marqué par les années de guerre nous a montré sa générosité et son énergie extraordinaires. Le moment le plus émouvant restera sans doute la visite d’une association s’occupant de l’éducation et de la scolarisation d’enfants handicapés, association à laquelle une somme d’argent a été versée grâce aux différentes actions menées au cours de l’année scolaire à La Verpillière (vente de petits pains, lumignons du 8 décembre, brocante…). Nous avons fait aussi une rencontre inattendue, celle de Vincent, fils de Serge Noir, maitre d’internat. Tailleur de pierres, Vincent participe à la construction d’un village traditionnel. Après un premier stage de deux mois, il est revenu au Liban poursuivre avec enthousiasme son aventure. Il ne faudrait pas oublier les visites officielles. Le maire de La Verpillière, M. Patrick Margier, nous a rejoints et a partagé 60 quelques jours de voyage avec nous. Nous avons été reçus dans l’imposant palais présidentiel, puis à la mairie de Baabda. La réussite particulière de notre séjour tient à sa préparation par les élèves sur deux années, à l’adhésion des familles qui se sont investies dans toutes les actions menées, Voyage encadré par Emmanuel Juhant, Françoise Delorme et Marie Girerd, ancienne élève 61 aux professeurs qui, l’an dernier, ont participé à l’accueil des élèves libanais. On peut imaginer que les liens établis vivront plus longtemps que la durée d’un simple voyage ! Françoise Delorme, Emmanuel Juhant MADAGASCAR 62 Pour la quatrième année consécutive, le projet « Madagascar » est reconduit par la pastorale sur le site de La Verpillière. Un groupe d’élèves du lycée se rendra cet été à Antsirabé, seconde ville du pays. Durant quinze jours, en compagnie de jeunes étudiants et lycéens malgaches, ils prendront en charge plusieurs centaines d’enfants de quartiers défavorisés de la ville. Des livres, du matériel pédagogique, des ordinateurs portables, une photocopieuse et des médicaments ont déjà été envoyés par container grâce aux dons d’entreprises et de familles. Le groupe est hébergé par un foyer d’étudiants de la Communauté du Chemin neuf. Il entend bien emporter dans ses bagages les compléments nécessaires pour faire face aux besoins grandissants de ce dernier. Diverses actions, dont les centres de vacances organisés les étés précédents, ont en effet permis d’accélérer le rapprochement entre la population du quartier et le foyer d’étudiants. Des séances journalières d’alphabétisation et 63 de soutien scolaire sont maintenant organisées dans les deux salles de classe nouvellement construites et un travail de fond est effectué pour l’amélioration de la situation sanitaire du quartier. Le séjour de cet été sera aussi l’occasion de renforcer les liens existants : avec l’Association lyonnaise « Zazakely » qui est implantée à Antsirabé dans un quartier très pauvre, avec l’Ecole Saint-Joseph, un lycée tenu par les frères maristes dont sont issus les lycéens qui travaillent avec les jeunes Français et avec les Petites Sœurs de l’Evangile dont le noviciat international est implanté à Bonnefamille en Isère, et qui aident les détenus à se réinsérer en apprenant un métier sur Antsirabé. Cette année le projet a pris une nouvelle dimension : des élèves de 4e2 se mobilisent pour trouver des fonds afin d’aider des enfants malgaches de leur âge. Le projet visait au départ à contribuer au financement de la scolarité d’un ou deux jeunes. Le père Henri, responsable du foyer d’étudiants, 64 nous a fait part de l’urgence qu’il y avait à répondre aux difficultés immédiates de certaines familles. L’action a donc été réorientée pour cette année et les fonds collectés serviront à financer des soins dentaires. Derrière le départ d’un petit groupe l’été à Madagascar, c’est une aide précieuse qui est apportée à des dizaines de familles et à des centaines d’enfants. Tout au long de l’année, une soixantaine de lycéens se mobilisent pour trouver les ressources nécessaires au projet : organisation de soirées, d’évènements sportifs, animation de « centres aérés » le mercredi après-midi, vente de pains au chocolat, de cartes postales, d’artisanat malgache, brocante… Nous sommes encore aujourd’hui en phase de financement et les dons des familles ou d’entreprises sont bienvenus. Si vous voulez contribuer au projet, vous pouvez prendre contact avec Valérie Tourrette, responsable de la catéchèse du lycée à La Verpillière ou avec Didier Tourrette, préfet des terminales et BTS. Nous sommes aussi à la recherche de séries d’ouvrages récents, de fournitures scolaires et d’ordinateurs portables. Au nom des enfants d’Antsirabé, nous vous remercions par avance de l’attention que vous pouvez porter au projet L’équipe Madagascar Cross des collégiens pour Madagascar en terre orthodoxe... Le groupe Saint-Irénée de Lyon, en Grèce voya ges Le groupe Saint-Irénée est né en septembre 2007 à Lyon d’une question : quelle serait la manière la plus juste, pour un groupe lié à notre pastorale du lycée Sainte-Marie de Lyon, de découvrir les autres confessions chrétiennes ? La réponse fut double : une formation et un voyage. C’est ainsi qu’un temps de formation est proposé un jeudi par mois, à l’école de Paul Couturier. Il débute par un office pour l’unité des chrétiens, suivi d’un temps d’enseignement et de dialogue, sur l’histoire, la liturgie, la place de Marie, l’Ecriture, les icônes, les questions qui se posent au quotidien à un couple mixte… Aux vacances de Pâques, un voyage est ouvert à tous, parents, élèves, professeurs, éducateurs, personnel, dans un pays dont la culture est étroitement liée à la confession chrétienne que nous cherchons à connaître en profondeur. La première année nous conduisit en 2008 en Grèce pour les orthodoxes, en 2009 en Suisse pour la découverte de la Réforme, en 2010 en Angleterre pour mieux connaître les Anglicans. En mai 2011, nous avons choisi de nous tourner à nouveau vers l’Orthodoxie et de retourner en Grèce. Notre groupe nombreux, 43 personnes, comprenait cette année des enfants, des collégiens, des lycéens, des professeurs, des familles dont une orthodoxe, des membres de la pastorale, un prêtre catholique. Nous avons bien sûr visité la Grèce antique, avec des sites moins connus comme celui de Dodone dans le nord, ou les célèbres sites d’Athènes et de Corinthe, en particulier le nouveau et magnifique Musée de l’Acropole. Nous avons redécouvert les philosophes antiques, marché sur les pas de saint Paul... 68 Notre voyage fut aussi marqué par de belles rencontres, que nous souhaitons partager, parce qu’elles nous rejoignent précisément dans notre vie mariste à Lyon. Dès les premiers jours dans le nord de la Grèce, au cœur de l’Epire âpre et belle, nous avons eu la joie de retrouver le père Athanasios Iskos que nous avions rencontré il y a trois ans, alors qu’il était encore pope de l’église grecque de Lyon, rue d’Athènes, dans le 7ème arrondissement. Ayant pris sa retraite à Ioannina, il nous a fait découvrir sa cité et le kastro turc dans la vieille ville enclose de remparts. Il a, dans une grande liberté et en vérité, répondu à toutes nos questions sur la foi orthodoxe et la vie en Grèce. Il nous a aussi permis de célébrer l’eucharistie dans une petite chapelle catholique, le jour de la béatification de Jean-Paul II, partageant dans l’homélie avec notre aumônier les souvenirs de rencontres avec le Saint-Père. Après la visite extraordinaire des monastères des Météores et d’Ossios Lukas, nous sommes arrivés à Athènes où nous attendaient d’autres rencontres étonnantes : nous connaissions de réputation, car c’est l’une des meilleures écoles de Grèce, un grand établissement de frères maristes de la banlieue d’Athènes, le lycée Leontio. Fondé dans les années 1900, à la suite d’un autre lycée à Constantinople, il a éduqué des générations de jeunes Grecs tout au long du siècle troublé, de guerre en déplacement de population, d’occupation en guerre civile, puis en dictature militaire. Un petit groupe de Frères maristes grecs y sont encore présents, issus de la minorité catholique de ce pays. Nous avons été reçus avec beaucoup d’amitié par le directeur de l’établissement, par les responsables catholique et orthodoxe de la pastorale, et en particulier Maria Kokalaki qui a organisé notre accueil, par des professeurs de religion et des élèves, qui tous parlaient français ! L’établissement ressemble beaucoup au nôtre, il est aussi sur deux sites, dans deux banlieues différentes d’Athènes, et avoisine comme le nôtre le chiffre de 5000 élèves. La même 69 exigence de qualité, deux beaux théâtres, des élèves heureux d’être là. Mais surtout ce qui caractérise cet établissement, c’est un œcuménisme vécu au quotidien depuis plus d’un siècle, puisque des frères maristes accompagnent une immense majorité d’élèves orthodoxes dans leur foi. Il y a dans l’école deux chapelles, une grande chapelle orthodoxe avec sur l’iconostase, à la place du saint fondateur, l’icône du fondateur des frères maristes, saint Marcelin Champagnat, entouré d’enfants, et une petite chapelle catholique. Ces frères maristes sont très proches de la Métropole1 voisine de Nea Smyrni avec laquelle ils ont pris contact pour nous ; et nous avons pu nous y rendre avec l’un d’eux, le frère Georges, qui nous a servi d’interprète. Ce fut un très beau moment : l’église était majestueuse, non moins que le prêtre qui, lorsque nous fûmes bien installés, sortit de derrière l’iconostase. D’une belle et forte voix, il nous fit un discours un peu solennel nous racontant l’histoire de son sanctuaire, Sainte-Photine, qui fut mêlé à un évènement douloureux du début du 20ème siècle, que les Grecs appellent la « grande catastrophe ». Après la Première Guerre mondiale, les Grecs tentèrent de reconquérir Constantinople sur les Turcs qui avaient été alliés aux Allemands, mais ils furent contraints de quitter précipitamment cette côte qu’ils habitaient depuis plusieurs millénaires. Plusieurs millions partirent, beaucoup furent massacrés ou périrent noyés. Les quartiers grecs de la ville de Smyrne, grande ville cosmopolite, furent brûlés et rasés. La première chose que les réfugiés nouvellement arrivés dans ce quartier de Nea Smyrni (la Nouvelle Smyrne) souhaitèrent fut la construction d’une nouvelle église qui soit l’exacte reproduction de leur Métropole de Sainte-Photine. Pour cela ils bénéficièrent de la sauvegarde d’une partie du mobilier de l’église Saint-Jean Prodromos qui, située dans le quartier turc de Smyrne, avait été épargnée, et qui fut transporté par bateau après la guerre. Cette église est donc le 70 témoignage d’une histoire tragique vécue par bien des Grecs d’Ionie et les propres parents du père Nikolaos qui nous racontait l’histoire. A la fin de ce discours, le père Vincent Lautram, curé de l’Isle d’Abeau et de la Verpillière, qui nous accompagnait comme aumônier du voyage, eut des paroles vraiment inspirées ; il s’approcha du Père Nikolaos et lui apprit que nous étions des chrétiens de Lyon, nés du sang des martyrs : il cita la « Lettre des chrétiens de Smyrne », écrite après le martyre de Pothin, de Blandine et de leurs frères en 177, parla de saint Irénée, notre évêque qui venait de Smyrne, successeur de saint Pothin, disciple de saint Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean l’Evangéliste … notre église de Lyon est issue directement de cette tradition grecque. Le père Vincent Lautram conclut : « votre église de Smyrne a brûlé, la ville a été détruite, mais nous sommes les pierres vivantes de Smyrne, nous chrétiens de Lyon. » A ce moment-là nous avons vu le visage du vieux pope s’illuminer, se remplir d’émotions. Tout dans ses propos devint très fraternel, chaleureux et il n’eut de cesse de nous combler de petits présents… Ce fut un grand moment de notre rencontre avec les orthodoxes grecs, qui restera pour toujours dans nos mémoires et dans ce temps pascal, vraiment un beau symbole du passage de la mort à la résurrection. Il y aurait beaucoup d’autres choses à raconter sur notre voyage à travers le pays couvert des fleurs du printemps, mais il est temps de conclure … Vraiment un beau voyage, qui a bien rempli son objectif d’unité d’un groupe nombreux et varié, de découverte de la culture d’un pays si riche, et surtout de rencontres pleines de fraternité avec nos frères orthodoxes Brigitte Cazeaux, Isabelle Feron Une Métropole est une sorte de cathédrale, siège du Métropolite qui a rang d’évêque. 1 cartes postales Boston Pour répondre à la visite que nous avaient rendue à Lyon, au mois de février dernier, 21 élèves du lycée américain de Wellesley, dans la banlieue de Boston, nous sommes allés retrouver nos correspondants et leurs familles du 15 avril au 6 mai. Journées en classe et découverte d’approches pédagogiques différentes ont alterné avec visites de la région et pointes jusqu’à New-York et Washington ! Vous voyez, nous sommes sous bonne garde, celle de la police de l’Université de Havard ! 72 Portland L’avantage d’internet, c’est qu’on peut envoyer une carte postale au dernier moment. Nous sommes arrivés à Portland en pleine déprime des « Oregoniens » : le printemps a été le plus pluvieux depuis trente ans. Des mares s’étaient formées dans les pelouses de l’école et elles accueillaient des canards ! Mais nous avons apporté le soleil français... Pas de pluie pour les randos ou marches citadines, deux weekends très agréables avec du soleil et de la chaleur. Un groupe d’élèves de La Verpillière presque parfait ; bien sûr quelques rappels à l’ordre mais tout est resté dans la norme. Pas de malades. Mes hôtes : un couple adorable, facile à vivre. La chose la plus dure du séjour ? Les deux nuits passées à Seattle en auberge de jeunesse, fort bruyantes. Mais pas de quoi en faire un drame ! À bientôt Fabienne PERNELLE 73 Écosse Que dire finalement de ce voyage au pays des Highlands ? Que, malgré leur accent ardu pour nous autres à l’anglais encore hasardeux, les Ecossais – malheureusement sans kilts et sans cornemuses – se sont montrés très accueillants ? Que le soleil brillait sur les paysages verdoyants encore gorgés d’humidité ? Ou bien faut-il rappeler la richesse de la culture et du patrimoine local ? Sans doute, mais ne citer que cela serait omettre des pans entiers de ce stage intensif d’anglais suivi par une trentaine d’élèves de première et terminale à l’Université de Perth. Voilà bien un séjour qui s’inscrit dans la lignée de ceux qu’on regrette parce qu’on les trouve trop courts ! Camille DUFRENE, Anne-Sophie JULES, Maxime CHIAPPINI, 1e S1 La Verpillière Éloge La Torpille de Puylata LYON LA VERPILLIÈRE carnet nou . vel les Le père Alain FORISSIER Originaire de la plaine du Forez dans la Loire, Alain-Roland Forissier fait sa profession de religieux Mariste en 1950, est ordonné prêtre en 1958. Il est d’abord préfet à Sainte-Marie à Lyon de 1958 à 1968, puis au service du monde scolaire à Toulon jusqu’en 1974. Il est alors rattaché à l’aumônerie de Sainte-Marie de Hann, à Dakar, où il assure aussi des cours. Il restera trente années en Afrique, principalement au Sénégal, interrompues par huit ans de présence au Burundi, de 1990 à 1998, dans le contexte des violences déclenchées par l’assassinat du président Ndadaye. Il est décédé en décembre 2006. Élo ge Nous sommes en 1992, à Bujumbura, au Burundi. Musaga est un des quartiers de Bujumbura, en plein développement. C’est un quartier situé sur les hauteurs du lac Tanganyika, où nous trouvons une population d’origine diverse, souvent des personnes qui viennent travailler dans la capitale et qui rentrent le week-end dans leurs provinces. Nous trouvons aussi beaucoup de jeunes scolarisés mais qui ne sont pas nés à Bujumbura. Ceux-ci avaient besoin d’un cadre pour l’étude du soir et des centres de loisirs. Or le quartier de Musaga manquait de tout et même de l’essentiel, l’eau, l’électricité dans la plupart des familles. C’est dans ce quartier qu’habitait le père mariste Alain Forissier. Il avait vite remarqué la pauvreté de la population et surtout les problèmes des jeunes qui étaient sans occupation : il fallait faire quelque chose pour aider ces jeunes de Musaga. Pour cela, il acheta en très peu de temps quelques maisons pour leur permettre de réviser leurs cours le soir. Une grande salle permettait à la fois de se détendre l’après-midi, de travailler le soir. Dans un pays marqué par les clivages ethniques, en particulier entre Hutus et Tutsis, il fallait créer des lieux de rencontre et de loisirs. Par la suite, en octobre 1993, la guerre a éclaté au Burundi. Le père Alain n’a pas cessé de secourir toutes les familles burundaises sans regarder leur origine sociale, politique, ni ethnique. C’est cela qui a marqué les Burundais qui l’ont connu. Il n’avait pas peur d’exercer son ministère malgré les difficultés causées par la guerre. Il a continué courageusement à célébrer la messe et à accueillir les 78 familles qui avaient besoin de soutien matériel. Il a poursuivi courageusement sa mission jusqu’au moment où il a été, à son grand regret, contraint à rentrer en France. Je l’ai bien connu à cette période où j’étais un jeune Burundais séjournant dans la capitale. Je me souviens de son sourire, des moments passés ensemble, de son accueil des personnes malades, des veuves et des orphelins. Il n’hésitait pas par exemple à utiliser sa petite voiture comme ambulance pour conduire les malades à l’hôpital. Les habitants de Musaga se sont sentis orphelins au moment du départ du père Alain. Rappelé d’urgence par sa congrégation en raison de l’insécurité qui régnait alors au Burundi, lui-même m’a confié avant sa mort qu’il avait vécu un véritable déchirement en quittant le pays. Il était très heureux chez nous car la population burundaise a depuis toujours un don d’accueil des étrangers. Merci à toi, père Alain, et merci pour ton intercession désormais pour la réconciliation des Burundais frère Elysée NIYOKINDI, de la Communauté du Chemin Neuf De nationalité burundaise, le frère a connu le père Forissier au Burundi et à Chartres. La Torpille de Puylata Discours prononcé à l’occasion du départ à la retraite de Jean-Noël Dumont, professeur de philosophie en Lettres Supérieures Ce mois de juin, Jean-Noël Dumont prend sa retraite. Une page se tourne dans l’histoire de Sainte-Marie. Lui-même ancien élève de l’établissement, M. Dumont y aura enseigné la philosophie pendant plus de quatre décennies. Il aura marqué de son empreinte notre maison, enchantant ses collègues par la vivacité d’une conversation toujours spirituelle, dans les divers sens du terme, et laissant à ses élèves le souvenir ineffaçable d’un penseur brillant, exigeant et plein d’humour. Bref, Jean-Noël Dumont aura été un professeur admiré et admirable. Que penser d’une telle admiration ? Est-il évident, au demeurant, que l’admiration que des élèves portent à leur professeur soit toujours une bonne chose ? Pour le professeur lui-même, le fait de se sentir admiré peut flatter des tendances narcissiques et stimuler un appétit de domination des plus suspects. Chez l’élève, l’admiration peut se transformer en une adulation aliénante, le conduisant à singer le maître ou, par réaction, à en rejeter tout l’enseignement. Sans parler de la jalousie qui peut sourdre chez les collègues du professeur, jalousie d’autant plus compréhensible que la reconnaissance des élèves est loin d’être toujours proportionnée aux mérites de leurs enseignants… Aussi souhaiterais-je montrer que si Jean-Noël Dumont a été et demeure l’objet de l’admiration de tous ceux qui ont l’avantage de le connaître, ce n’est pas seulement en raison de sa personnalité, infiniment estimable, mais aussi en raison du caractère propre de sa démarche 80 philosophique et pédagogique. Si Jean-Noël Dumont est un professeur admirable, c’est avant tout parce que sa philosophie invite à l’admiration, non pas à l’admiration du professeur lui-même, ce qui serait vain narcissisme, mais à l’admiration d’un mystère au centre de tout son enseignement. Quel est ce mystère ? C’est ce que je propose d’essayer de découvrir en m’appuyant sur l’enseignement des trois philosophes dont Jean-Noël Dumont peut se dire le disciple : Socrate, Kierkegaard et Pascal. L’étonnement, ou le paradoxe comme torpille Selon M. Dumont, l’activité philosophique commence par l’étonnement. Le même terme grec, « thaumazein », peut se traduire aussi par « admiration » ou par « émerveillement ». Il faut dire que ces trois sentiments sont étroitement liés. S’étonner, c’est découvrir que les choses ne vont pas de soi, qu’elles pourraient être autres qu’elles ne sont. En ce sens, l’étonnement est le point de départ de toutes recherches du pourquoi des choses. L’admiration, de son côté, consiste à s’étonner de quelque chose que nous jugeons nous être supérieur et dont la considération élève notre esprit. Quant à l’émerveillement, il nous ouvre à la contemplation joyeuse d’un mystère transcendant. Que l’enseignement de M. Dumont suscite l’étonnement de ses élèves, voilà qui n’est pas pour nous étonner puisque c’est le lot de tout enseignement philosophique. Tâchons de comprendre pourquoi, au-delà du seul étonnement, cet enseignement suscite l’admiration et même l’émerveillement. 81 Dans le Ménon, Platon compare Socrate à une torpille, poisson ayant la faculté de délivrer des décharges électriques sur les malheureux pêcheurs qui cherchent à s’en emparer. De même que la torpille provoque la stupeur de son prédateur, de même les objections et les questions du philosophe anéantissent les idées reçues de son auditeur. A bien des égards, l’enseignement de M. Dumont s’inscrit dans la continuité de cet art socratique de torpiller les propos convenus : tous ses élèves ont en mémoire les nombreux paradoxes qui émaillent ses cours : « ce qui est libre, c’est ce qui est obligatoire ! » ; « on ne devrait pas dire : c’est trop beau pour être vrai, mais c’est beau, donc c’est vrai ! » ; « ce n’est pas moi qui tiens ma promesse, c’est ma promesse qui me tient ! », etc. De tels paradoxes ne sont jamais gratuits. Ils réveillent la réflexion en dévoilant une vérité qu’occulte la routine des paroles gelées par le conformisme. Ils ne luttent pas contre les poncifs parce qu’ils sont idées reçues, mais précisément parce qu’ils ne sont pas d’authentiques idées et que ces pseudo-idées ne sont pas reçues : ce ne sont plus des idées mais des mots creux, lesquels mots creux ne sont pas réellement reçus car répétés à l’envi sans que nul ne leur prête attention. Au contraire, par son caractère inattendu, le paradoxe oblige la pensée à se faire attentive au sens des mots et rend vie au langage. Le mot redevient une idée pleine de sens que l’intelligence peut appréhender avec sûreté. Le paradoxe, en tant qu’il étonne, est donc la matrice où s’enfante la pensée conceptuelle. Pour quelle raison, cet étonnement philosophique devient-il source d’admiration ? 82 La quête du sens de l’existence comme école d’admiration S’il fallait rattacher Jean-Noël Dumont à une école de pensée, il faudrait le qualifier d’existentialiste chrétien. Concédons à ceux qui, lui le premier, n’aiment guère les philosophies d’école que les existentialistes constituent l’école de ceux qui n’ont pas d’école de pensée. Selon eux, la tâche principale de la philosophie n’est pas plus de constituer une vision du monde ordonnée que d’exercer notre agilité intellectuelle de manière gratuite : elle consiste dans une recherche du sens de l’existence, quête dans laquelle chacun doit investir sa personnalité tout entière. La vérité cherchée par le philosophe existentiel n’est donc pas un corps de savoirs démontrables scientifiquement : elle est réponse à l’inquiétude de l’être, réponse requérant que le sujet fasse sienne la vérité qu’il découvre laborieusement, réponse exigeant qu’il assume avec résolution les décisions qu’elle lui inspirera. Voilà en quel sens, selon le mot de Kierkegaard, « la vérité, c’est la subjectivité » : entendons par là que la vérité philosophique n’est pas à chercher dans un discours objectif, purement démonstratif, et axiologiquement neutre, mais dans une conviction intérieure consciente de ses présupposés et motivant des décisions fermes. C’est ici que le simple étonnement devient admiration : ce qui est en jeu dans la philosophie existentielle n’est pas simplement l’élaboration d’une pensée rigoureuse et rationnelle, mais la découverte d’une vérité qui élève l’âme. La philosophie telle que l’entend et l’enseigne Dumont est donc porteuse d’une exigence spirituelle : elle oblige l’élève à se poser honnêtement et franchement la question du sens de son existence. Or qu’est-ce que le sens de l’existence, sinon ce qui lui donne sa valeur ? Qu’est-ce qui peut donner de la valeur à 83 une vie, sinon ce qui la dépasse, c’est-à-dire ce pourquoi nous serions prêts à l’offrir ? Aussi la philosophie ainsi entendue est-elle une école d’admiration : elle nous invite à nous laisser étonner par ce qui nous arrache à nous-mêmes et, par là, elle peut bouleverser notre vie. Le mystère de l’homme, grand en sa misère Quel est l’objet d’admiration d’un tel enseignement ? Cet objet d’admiration, c’est l’homme, non pas l’homme considéré comme une abstraction philosophique, mais chacun dans l’intimité de sa conscience en tant que confronté à la condition humaine. C’est ici que l’anthropologie de Blaise Pascal est particulièrement éclairante, à condition de ne pas la confondre avec les nombreuses caricatures, excessivement pessimistes, qui en sont habituellement données. Selon Pascal correctement interprété, c’est-à-dire interprété par Jean-Noël Dumont, la condition humaine n’est pas seulement misérable : elle est remarquable par sa grandeur. Le caractère sublime de l’homme tient précisément à ce qu’il est grand jusque dans sa misère : « La grandeur de l’homme est si visible qu’elle se tire même de sa misère. Car ce qui est nature aux animaux, nous l’appelons misère en l’homme… » (Pensées, édition Brunschvicg, n°409). Par conséquent, la philosophie de Dumont se fait invitation à admirer l’homme jusque dans ses aspects les plus sombres. Professeur admiré, Jean Noël Dumont aura donc d’abord été professeur donnant à admirer le mystère de la condition humaine sous tous ses aspects. D’où une imbrication étroite dans son enseignement entre culture philosophique et culture littéraire. Combien de ses élèves ont découvert grâce à lui William Faulkner, Graham Greene, Hermann Hesse, 84 Sigrid Undset, André Malraux sans parler bien sûr de Dostoïevski et Shakespeare ? Tous ces écrivains ont ceci de commun qu’ils posent la question du sens de l’existence en partant d’une certaine expérience de l’absurde ouverte, serait-ce de façon imperceptible, à la possibilité d’une transcendance. Ils savent rendre admirables des personnages pourtant vautrés dans leurs turpitudes. En quoi leurs oeuvres participent toutes de l’esthétique du sublime si l’on entend par « sublime », comme Kant, le sentiment suscité par le spectacle d’une liberté en lutte contre les forces de la nature ou du destin. Donner à contempler l’homme en tant que liberté s’efforçant de surmonter l’abjection, voilà la contribution apportée par la littérature romanesque à la philosophie existentielle. Une pédagogie qui refuse la séduction Si Jean-Noël suscite l’admiration de ses élèves, ce n’est certainement pas en exerçant un jeu trouble de séduction intellectuelle, la séduction consistant, selon l’étymologie du terme, à « attirer à soi » (« se ducere ») le disciple. Cette admiration, bien au contraire, est une médiation destinée à conduire l’élève à un objet d’admiration supérieur où réside le sens ultime de son enseignement. Ainsi, chez Platon, l’admiration du disciple pour Socrate doit le mener à la contemplation des Essences éternelles. L’initiation philosophique prend donc chair dans une relation éducative où la personnalité du professeur doit se tenir à la juste distance qui permette à l’élève de découvrir sa propre voie et épanouir ses capacités propres. Deux aspects de la pédagogie de M. Dumont jouent ici un rôle essentiel pour prévenir la tentation de la séduction : le caractère très formel de son approche des exercices philosophiques et son sens de l’humour. 85 Tout d’abord, considérons l’extrême rigueur avec laquelle il forme ses élèves aux exercices philosophiques de la dissertation et du commentaire de texte. On sait que M. Dumont note sec. C’est exact. Mais il est plus intéressant de relever qu’il donne des consignes de composition et de rédaction particulièrement précises, d’aucuns diraient pointilleuses. Or cette façon très directive d’orienter le travail des élèves, loin d’accroître l’emprise du professeur sur leur esprit, les aide à s’affranchir de son influence. Plus la notation est en rapport avec le respect de contraintes formelles, plus les élèves se délivrent facilement de la tentation de restituer le contenu de leurs cours sans élaboration personnelle. En quoi une méthodologie directive et formaliste est un gage de respect pour la liberté des élèves. Ensuite, considérons l’usage pédagogique que M. Dumont fait du sens de l’humour pétillant qui émane de son bon naturel. Cet humour est bien plus qu’un artifice pédagogique destiné à agrémenter les cours. Il signale une distance du professeur à l’égard de soi-même qui oblige l’élève à prendre du recul avec les propos du maître. Dès lors, tout en étant un appel exigeant à chercher la vérité, la pensée du professeur reste donnée comme ce qu’elle est : une parole humaine qui, tout en visant une transcendance, reste bornée par les limite de celui qui la professe. Un maître qui exige impérieusement des plans en trois parties constituées de trois sous-parties mais fait sourire de ses propres propos peut difficilement être pris pour un gourou… 86 La foi chrétienne comme source d’inspiration philosophique Initiation à l’admiration pour l’homme dans sa grandeur et sa misère, l’enseignement de M. Dumont est irrigué et fécondé par des convictions chrétiennes qui inspirent sa philosophie sans jamais se confondre avec elle. Ici siège le centre mystérieux d’un enseignement où la recherche philosophique rationnelle est portée par un élan de foi où elle s’origine et s’achève. Pour Jean-Noël Dumont, fervent disciple de Pascal, l’homme est un mystère pour lui-même, mystère que la philosophie nous donne à admirer. Mais l’intelligibilité du mystère réside dans la révélation chrétienne, révélation du Dieu-homme en qui l’homme trouve la vérité de ce qu’il aspire à être. « Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus-Christ. Nous ne connaissons la vie, la mort que par Jésus-Christ. Hors de Jésus-Christ, nous ne savons ce que c’est ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes. » (Pensées, édition Brunschvicg n° 548). En ce sens, la philosophie de Jean-Noël Dumont n’est pas seulement la philosophie d’un chrétien. Elle est une philosophie consubstantielle, si l’on peut dire, à la foi chrétienne. Faut-il en déduire que cette pensée ne serait pas une authentique philosophie mais une crypto-théologie ? Qu’elle renoncerait à l’exercice autonome de la raison au profit de la foi ? Que loin d’être l’exercice d’une réflexion affranchie de toute idée préconçue, elle serait assujettie à un dogme aliénant ? 87 Quiconque a dialogué avec le professeur Dumont constate assez vite que peu d’esprits sont aussi libres que le sien dans leurs jugements, et que bien peu d’interlocuteurs sont aussi volontiers disposés à exercer un doute méthodique à l’encontre de leurs propres convictions. Mais le plus remarquable ici n’est pas qu’il soit un penseur libre et rationnel : il est que sa liberté d’esprit et son exigence de rationalité ont leur source dans sa foi chrétienne. Plus pascalien que kierkegaardien sur ce point, il a déclaré n’avoir jamais éprouvé le besoin de faire violence à sa raison pour préserver sa foi. Bien au contraire, depuis toujours, il s’est lancé résolument dans le libre usage de la raison porté par sa foi en Jésus-Christ. Dans sa jeunesse, comme il avait éprouvé la force persuasive de l’Évangile, l’étude des critiques philosophiques adressées à la foi chrétienne ne fit que le renforcer dans la conviction qu’athéisme et agnosticisme n’ont pas leur racine dans leur prétendue supériorité argumentative mais dans des dispositions spirituelles sur lesquelles seule la foi chrétienne nous éclaire de façon satisfaisante. Comme le dit Pascal, la religion chrétienne a bien connu l’homme, à commencer par celui qui la rejette… Dans cette perspective, la philosophie est moins une quête de Dieu à partir de questions des hommes qu’une enquête sur l’homme à partir de questions chrétiennes. Au cœur de la philosophie de Dumont est cette question posée par le Psalmiste : « Qu’est-ce donc que l’homme pour que Tu penses à lui ? » (Psaume 8, 5) La tâche du chrétien philosophe est alors de comprendre la condition humaine en partant de l’expérience vécue : d’où une philosophie toujours soucieuse d’appréhender l’existence dans ses aspects concrets. D’où une très grande ouverture à toutes les expériences humaines, y compris l’athéisme, en tant qu’elles expriment chacune la vérité d’un vécu particulier. 88 Rien d’humain n’est étranger à une telle conception de la philosophie puisque seule l’étude des hommes tels qu’ils sont permet de trouver la réponse à la question du psalmiste. Certes, étudier philosophiquement l’homme revient à étudier un nœud de contradictions, un écheveau de paradoxes qui ne peuvent être dénoués, en dernier ressort qu’à la lumière de la Révélation chrétienne. Mais, pour pouvoir s’émerveiller que le nœud se défasse, encore faut-il avoir commencé par prendre conscience de la complexité des entrelacs qui le constituent. De tout cela résulte que la philosophie déploie un discours autonome sur la condition humaine qui s’origine dans des questions évangéliques. La foi, facteur de liberté intellectuelle De même que la foi chrétienne est le ressort de l’exercice autonome de la raison philosophique, elle est chez Jean-Noël Dumont la source d’une grande liberté d’esprit indissociable d’une fidélité totale à l’enseignement de l’Église catholique. Centrée sur le Christ, cette foi est consciente que l’assentiment à la Vérité chrétienne diffère absolument de l’adhésion à un système de pensée ou, à plus forte raison, de l’inféodation à une idéologie. La leçon de Kierkegaard sur la foi d’Abraham, dans Crainte et tremblement, devient incontournable : la foi, dit-il, est « un rapport absolu de l’individu, en tant qu’individu, avec l’absolu ». Entendons par là que la foi repose sur une relation personnelle avec Dieu, absolument transcendant, relation dont le croyant a à répondre face au Christ en personne. Dès lors tout acte d’adhésion à l’Église ou à quelque credo procède de cette relation singulière. Il en résulte que c’est la foi à l’Église qui est médiatisée par la foi en Jésus-Christ, et non l’inverse. N’allons pas en déduire que la foi à l’Église s’en trouve amoindrie : au contraire, elle se trouve rehaussée du fait qu’elle a sa source en la personne de Jésus-Christ qui est la Vérité même et non simplement le dépositaire de celle-ci. 89 Ceci suffit à expliquer pourquoi Jean-Noël Dumont s’est toujours tenu à distance de toutes les idéologies théologicopolitiques catholiques, en particulier certaines formes de néothomisme plus scolaires que scolastiques. Ces idéologies tendent à confondre la foi avec l’adhésion à une doctrine sans voir qu’elle est d’abord essentiellement attachement vivant à la personne du Christ. De plus, elles méconnaissent l’homme dans sa singularité ainsi que dans les particularités historiques et culturelles de son existence. Aussi Jean-Noël Dumont s’est-il fait le défenseur du catholicisme libéral du XIXe siècle : en lutte avec le conservatisme traditionaliste et la pensée néoscolastique, ce mouvement s’assigna la tâche de faire comprendre à l’Église que les libertés des société modernes ne devaient pas être condamnées au nom de catégories théologiques déjà caduques à cette époque. Car une foi vivante ne saurait se laisser circonvenir par aucun système de pensée périssable... Par conséquent, l’enseignement religieux de JeanNoël Dumont constitue aussi bien que son enseignement philosophique un apprentissage de la liberté d’esprit dans la vie ecclésiale. Parce que la vérité chrétienne ne saurait se réduire à des formules doctrinales qui en sont des aperçus justes, il est vrai, mais toujours partiels, il importe de ne pas laisser sa propre pensée s’enfermer dans un dogmatisme formel, coupé de toute relation vivante à sa source d’inspiration. D’où la nécessité de se mettre à l’écoute des diverses expériences religieuses et philosophiques en ce qu’elles expriment un besoin universel de Dieu que la foi chrétienne a pour mission de combler. Ouverture d’esprit et sens critique sont donc bien les fruits d’une exigence spirituelle qui façonne aussi bien l’intellect du penseur que l’âme du croyant. 90 Le sens du merveilleux comme ressort de l’esprit critique Aussi l’esprit critique du philosophe s’unit-il tout naturellement à la capacité d’émerveillement du chrétien. Le merveilleux chrétien est plus qu’un style mis à l’honneur dans certaines formes de littératures populaires injustement méprisées. Il est constitutif de la conscience chrétienne : porter un regard chrétien sur le monde consiste en effet à le contempler à la lumière de la grâce. Il s’agit alors de voir que tout conspire à la réalisation des « merveilles », « mirabilia », auxquelles de toute éternité Dieu destine ses créatures. Or le sens du merveilleux chrétien s’accompagne d’une conscience vive du poids des péchés qui contrarient le dessein divin, ce qui conduit à dénoncer fermement l’omniprésence du mal. La foi en la bonté divine oblige donc souhaiter révolutionner ce que la conscience commune assimile spontanément à un ordre des choses inamovibles. D’où le lien étroit entre merveilleux chrétien et subversion dont le Magnificat est l’expression scripturaire achevée. Précisons que l’exercice chrétien de l’esprit critique, loin de tout rabaisser par de vains sarcasmes ou une dérision facile, renforce encore notre capacité d’émerveillement : car plus vive est notre conscience de la puissance du mal, plus vif est notre émerveillement de voir toutes choses converger néanmoins vers les noces éternelles de l’humain et du divin. Nous demandions précédemment quel mystère spirituel se trouvait au centre de l’enseignement de Jean-Noël Dumont, faisant de lui non seulement un professeur digne d’être admiré pour ses facultés intellectuelles et ses talents pédagogiques remarquables, mais encore un maître sachant faire admirer la nature humaine dans sa misère et sa grandeur. Ce mystère 91 est la présence d’une foi vivante qui a été et demeure l’aiguillon d’une pensée trépidante à qui rien d’humain ne saurait demeurer étranger. Cela dit, s’il est vrai que l’un des premiers fruits de la grâce est l’humilité, nul doute que l’objet de mes éloges éprouvera quelque déplaisir à lire ces lignes ou à en entendre la lecture. Qu’il veuille bien pardonner à leur auteur d’avoir heurté sa pudeur accoutumée : puisse-t-il avoir la charité de recevoir ces propos non comme l’hommage avisé d’un collègue mais comme le témoignage de gratitude sincère et malhabile d’un ancien élève admiratif Frédéric Crouslé 92 A.P.E.L.-Association familiale 25 janvier Moment d’échange proposé par l’APEL et réunion des parents correspondants du primaire 22 janvier - 16 avril Réunions des parents correspondants du collège Animation spirituelle 22 - 23 janvier Week-end spirituel pour les élèves de seconde à l’abbaye des Dombes 29 janvier Journée diocésaine des confirmands 5 février Marche proposée aux pères de famille de l’établissement de Trévoux au sanctuaire d’Ars 16 -18 février Pèlerinage à Lourdes proposé aux élèves de 5e 19 - 20 mars Retraites de Profession de foi pour les garçons et filles de 3e 5 avril Méditation sur la Passion et sacrement de réconciliation pour les lycéens 21 avril Célébration du jeudi saint pour tout le primaire 22 avril Pour les 7e, chemin de croix organisé par le diocèse, de la cathédrale Saint-Jean à Fourvière ; avec les lycéens du diocèse pour les classes du lycée 14 mai Première communion à l’église Saint-Paul 14 -15 mai Week-end spirituel aux Pothières pour les élèves de seconde sur le thème de l’Esprit Saint 21 mai Célébration de la Confirmation à Fourvière 22 mai Profession de foi des élèves de 3e à l’église de l’Annonciation 31 mai -5 juin Pèlerinage d’élèves de 3e à Assise 16 juin Messe de fin d’année pour les 4e et 3e LYON 12 - 17 juin Pèlerinage à Lourdes au service des malades pour une centaine d’élèves de seconde 23 juin Messe de fin d’année pour les 5e 27 juin Messe de fin d’année pour les 6e Conférences, interventions, réunions 13 janvier Réunion d’information sur l’orientation en fin de 3e 18 janvier Réunion d’information sur l’orientation pour les parents des élèves de seconde 29 janvier 135 élèves de seconde ont participé au « Forum des métiers » organisé par le Rotary-Club de Lyon à l’Ecole Centrale 4 février Réunion d’information sur le choix des langues et options en fin de 5e. Conférence débat sur « La question des drogues » Echanges internationaux Allemagne avec Berlin Allemands à Lyon du 7 au 17 novembre dernier ; Français à Berlin du 14 au 25 mars avec Bochum 29 élèves de 5e, encadrés par S. Dubost, A. Pontier, et P. Jost sont allés en Allemagne du 28 mars au 6 avril ; Allemands à Lyon du 11 au 20 mai avec Werne 17 - 27 mars : séjour de 35 élèves de 4e et 3e, encadrés par Mmes Alliod et Vial ; 5 - 15 avril : réception des Allemands à Lyon Anniversaire 19 mars Célébration des 30 ans de l’échange avec le Canisius Kolleg. M. Bouchacourt et la directrice de Chevreul, J. Bretonnière, accompagnés des professeurs qui ont fait vivre cet échange : D. Van der Bauwede et I. Blondeau pour Chevreul, M. Folachier et J. Ravistre pour Sainte-Marie, ont été reçus à Berlin. Allocutions des directeurs des trois établissements, discours des professeurs, notamment de Walter Moser, professeur de 94 français au Canisius, venu très souvent à Lyon, chants français et allemands interprétés par la chorale de l’établissement, buffet et soirée dansante ont marqué ces festivités. Merci aux mères d’élèves qui ont pris en charge l’organisation de la réception et qui, depuis dix ans, relayant les professeurs, assurent la logistique de l’échange ! Angleterre avec Chorleywood niveau seconde : 28 janvier 4 février : séjour des Anglais en France ; séjour des Français en Angleterre du 1er au 9 juillet ; niveau 4e : 25 février - 3 mars : séjour des Français en Angleterre ; 20 - 27 mai : séjour des Anglais à Lyon Australie 2 - 22 janvier : séjour en France des correspondants australiens ; séjour des lycéens français à Melbourne, du 10 juillet à la mi-août Espagne 28 janvier - 6 février : séjour des collégiens français à Madrid ; 25 mars - 3 avril : séjour des Madrilènes à Lyon Etats-Unis 12 février - 4 mars : séjour de 21 Américains de Boston (Wellesley High School) à Lyon ; voyage des correspondants français du 15 avril au 6 mai 20 avril - 7 mai : lycéens français à Toledo (Ohio), Indianapolis (Indiana) et à Dallas du 10 au 30 juillet ; accueil des Américains de Toledo et Dallas en juin Etablissement 12 février Journée « portes ouvertes » pour les classes supérieures et l’entrée en seconde 19 février Soirée des talents au profit de Kinshasa 23 février Réunion de présentation des classes musicales en primaire 19 mars Matinée « portes ouvertes » pour le primaire 95 avril Aux 27e Olympiades de la Chimie, S. Lassalle, C. Duplatre, E. de Vaumas, élèves de teminale, se sont classés 2e, 3e et 9e. 14 avril Réunion des parents pour l’entrée en 6e 16 mai Assise du roman : P. Beetschen fait découvrir aux 22, Tous les hommes sont menteurs d’Alberto Manguel 23 mai Entre ciel et ville, exposition de photographies de Louis Ducharne, élève de 1e 28 mai Fête de Sainte-Marie Lyon 30 juin Bourse aux livres du primaire Sorties, visites, voyages 13 - 15 décembre Voyage à Freiburg des germanistes LV2 de 4e avec ceux de 5e4 de La Verpillière 17 janvier Sortie au musée Gadagne pour les 8e2 27 janvier Atelier « au fil de l’eau » aux Archives départementales pour les 10e2 et 8e1 4 - 5 avril Voyage à Vulcania pour la classe de 7e3 15 avril Visite d’un atelier de tissage à Saint-Georges pour les 8e2 18 - 21 avril 10e édition du voyage des 6e à Freiburg : 72 élèves, encadrés par C. Perret, M-A. Peyneaud, R. Terraillon, M-N. Meynard, A. Paillard-Brunet et J. Ravistre, ont découvert les traditions de la Forêt-Noire et l’éco-quartier Vauban 19 avril Sorties des classes maternelles au parc animalier de Courzieu 10 mai Sortie à l’Opéra de Lyon pour la classe de 8e2 : Giselle 12 - 13 mai Classe « Ebullisciences » pour les 7e3 13 - 15 mai Voyage de la classe d’hypokhâgne : théâtre d’Orange, abbaye du Thoronet, musées Picasso d’Antibes, chapelle Matisse et Fondation Maeght à Vence, musée Chagall à Nice 96 30 - 31 mai Sortie géologie pour les élèves de 1 S3 dans la région de Briançon (massif du Chenaillet) avec D. Thibault, B. Chorain et O. Bertrand Classe « Afrique » pour les CP aux Missions Africaines 14 juin Visite du Musée d’Art Contemporain pour les 7e1 Théâtre, ciné-club Pour les élèves de première, terminale, classe préparatoire, parents, professeurs, anciens et amis 13 - 14 janvier Le vent nous emportera d’Abbas Kiarostami 17 - 18 février Still Walking de Kore- Eda Hirokazu 14 - 15 avril A serious man d’Ethan et Joël Coen Pour les élèves de seconde 10 - 11 février Certains l’aiment chaud de Billy Wilder 12 - 13 mai Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot Pour les élèves de 3e 3 - 4 janvier Jeremiah Johnson de Sidney Pollack 14 - 15 mars Persepolis de Marjane Satrapi 6 - 7 juin Capitaine Alatriste de A. Diaz Juanes Pour les élèves de 4e 17 - 18 janvier La flûte enchantée d’Ingmar Bergman 4 - 5 avril Le château dans le ciel de Hayao Miyazaki 24 mars Petite histoire de voisinage, spectacle pour les 9e, 8e et 7e Dans le cadre de l’option théâtre : 26 - 27 mai Jusqu’à ce que la mort nous sépare de Rémy De Vos, avec les terminales 97 9 - 10 juin Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, avec les premières 23 - 24 juin Le barbier de Séville de Beaumarchais, avec les secondes Chorale, concerts Pour la maîtrise 20 mars Concert dans le cadre du festival baroque à la chapelle de la Trinité 20 - 24 avril Animation des offices de la semaine sainte 29 - 31 mai Concert à Saint-Bruno et Ainay : les Vêpres de Monteverdi 23 juin Concert de la Saint-Jean avec la schola 9 - 26 juillet Tournée dans le Sud-Ouest de la France 5 février Sortie à l’auditorium pour la classe de 7e2 : au programme : musique française. Concert au profit de l’Association « France Bénin » par les garçons de 8e et 7e des classes musicales 18 mai Soirée avec les 8e et 7e filles des classes musicales : au programme : la musique à Venise 17 juin Opéra Douce et Barbe bleue pour la classe de 7e2 au TNG 28 juin Concert des classes musicales au théâtre de La Solitude Activités sportives 20 - 28 juin Tournoi de badminton organisé par Didier Lavigne pour les 9e, 8e et 7e 98 A.P.E.L.-Association familiale 20 janvier - 10 mai Réunions des parents correspondants de 6e et 5e 12 avril Réunion des parents correspondants de 4e et 3e 27 mai Réunion des parents correspondants de l’ensemble de l’établissement 25 juin Bourse aux livres pour les classes du primaire Animation spirituelle 18 janvier Commission pastorale 22 - 23 janvier Week-end pour les élèves de seconde et troisième à l’abbaye Notre-Dame des Dombes 25 janvier Réunion du groupe « Maristes en éducation » 26 - 28 janvier Rencontre des Animateurs en pastorale scolaire des sept établissements maristes de France à Bury 3 février Réunion des parents des élèves du primaire et du collège préparant la Première communion 5 février Pèlerinage, de Trévoux au sanctuaire d’Ars, proposé aux pères de famille de l’établissement 15 février Dans le cadre de la catéchèse, rencontre des élèves de troisième 19 février Dans le cadre de la catéchèse, temps fort proposé aux familles de CP, CE1, CE2, CM1et CM2 21 février Dans le cadre de la catéchèse, rencontre des lycéens 22 février Temps de réconciliation proposé aux élèves internes 23 février Dans le cadre de la catéchèse, rencontre des élèves de troisième 15 mars Messe des Cendres. Réunion de préparation à la Confirmation pour les lycéens 18 mars « Café théo » pour les lycéens 99 la verpil liere 22 mars Réunion de « Maristes en éducation » 25 - 27 mars Session inter établissements maristes à La Neylière : « Une école au service de l’homme tout entier » 8 avril Journée de formation des catéchistes de La Verpillière. Temps fort proposé aux familles de CP, CE1, CE2, CM1 et CM2 13 avril Dans le cadre de la catéchèse, rencontre des 6e ; sortie à Cuet 18 - 19 avril Temps de réconciliation proposé aux élèves de lycée et de troisième 21 - 22 avril Célébrations du jeudi saint et du vendredi saint 11 mai Retraite des enfants du primaire préparant la Première communion 13 mai « Café théo » pour les élèves du lycée 14 - 15 mai Retraite des élèves préparant la Confirmation 17 mai Réunion du groupe « Maristes en éducation » 18 - 19 mai Retraite des élèves préparant la Profession de foi 21 mai Célébration de la Profession de foi et baptêmes 24 mai Commission pastorale de La Verpillière 28 - 29 mai Célébrations de la Première communion 1 - 5 juin Pèlerinage proposé aux élèves de 3e 11 juin Célébration de la Confirmation d’élèves du lycée 13 - 18 juin Pèlerinage à Lourdes proposé aux élèves de quatrième et seconde 18 juin Célébration de la Première communion pour des élèves du collège 28 juin Fête de l’éveil à la foi et de la catéchèse du primaire 100 Conférences, interventions, réunions 21 - 22 janvier Réunions d’information sur les procédures d’orientation pour les parents des élèves de terminale 22 janvier Réunion d’information sur l’orientation pour les élèves et parents de 3e 25 - 31 janvier Interventions pour les classes de 3e1 et 3e2 de responsables d’établissements techniques dans le cadre de l’information sur l’orientation 26 mars Réunion d’information sur l’orientation pour les parents des élèves de seconde 29 mars Réunion pour les parents des élèves de 5e au sujet du choix des langues et du latin en classe de 4e 4 avril Réunion des professeurs 12 mai Réunion pour les parents des élèves de CM2 en vue du choix des langues en 6e Echanges internationaux Allemagne 19 février - 4 mars : séjour des Français en Allemagne Angleterre 20 - 27 février : accueil des correspondants anglais de Ealing ; séjour des Français en Angleterre du 9 au 16 mars 28 février - 9 mars : séjour des Français à Ingatestone ; accueil des correspondants anglais du 15 au 24 mars Etats-Unis 11-28 mars : accueil des correspondants américains de Portland ; séjour des Français aux Etats-Unis du 16 avril au 7 mai Etablissement 19 janvier Conseil de maison 26 - 27 janvier Journées de l’enseignement supérieur pour les élèves de terminale 12 février Journée « portes ouvertes » 101 12 - 19 mars Examens de Cambridge (First et PET) 21 - 24 mars Pour Madagascar : tournoi sportif des lycéens et cross des collégiens 23 mars Intervention de la BPDJ auprès des classes de 3e Conseil de maison : « Devoirs de vacances et remédiations diverses » 6 avril Concert pour Madagascar 13 avril Intervention de la BPDJ auprès des 4e 19 - 29 avril Dans le cadre du jumelage avec le collège de Baabda, séjour de lycéens et de professeurs au Liban 23 - 30 avril Stage intensif d’anglais à Perth, en Ecosse, pour des élèves de première et de terminale, accompagnés par Mmes Matray et Valour 12 mai Vernissage de l’exposition L’autre face, qui présente jusqu’au 27 mai, à la bibliothèque, des peintures, photos et sculptures d’élèves et de professeurs 11 mai Conseil de maison : « Mépris, prétention, racisme : la tentation du rejet » 8 juin Ateliers de travail sur l’hygiène alimentaire pour les 4e 18 juin Fête de l’établissement 24 juin Soirée Madagascar, en vue du voyage que des élèves du lycée et de BTS effectueront en juillet Sorties, visites, voyages 31 mai - 4 jiun Voyage à Venise des classes de 5e5 et 5e6, organisé par F. Delorme 10 -14 juin Visites de Vulcania pour les classes de 4e avec leurs professeurs de physique et de S.V.T. 102 Théâtre, ciné-club Pour les élèves de première, terminale et BTS 20 janvier It’s a free world de Ken Loach 16 - 22 mars La famille Tenenbaum de Wes Anderson 18 - 24 mai To be or not to be d’Ernst Lubitsch Pour les élèves du primaire 29 mars La princesse au petit poids, au théâtre du Vellein, pour la classe de petite section de maternelle 14 avril Concert donné par l’O.N.L. au théâtre du Vellein pour des élèves de CM2 12 mai Représentation des « Musiciens de Brême » au jardin de ville de La Verpillière pour les classes de CE1 et CE2 17 - 19 mai La jeune fille sans mains, spectacle sous chapiteau au jardin de ville de La Verpillière pour les classes de CM1B et CM2B 15 avril Les gens d’ici, les gens d’ailleurs, représentation donnée à la salle de spectacle de La Verpillière par l’atelierthéâtre de Sainte-Marie en faveur du projet Madagascar Chorale 12 janvier Concert à la maison de retraite de La Verpillière 8 et 16 avril Concerts, Petits-Chanteurs et adultes, à Fourvière pour le Printemps des chœurs et chorales 1 - 7 mai Camp musical à Corrençonen-Vercors 25 mai Concert à la maison de retraite de l’Isle-d’Abeau 103 18 juin Célébration de la fête de l’établissement 25 juin Concert de fin d’année en l’église de La Verpillière Activités sportives 16 mars 4 équipes ont participé au championnat régional de badminton et 3 (les benjamins 1, les cadets juniors 1 et 2) se sont qualifiées pour le championnat national des 13, 14 et 15 mai à Ploërmel. En individuel, qualifications de F. Sans (BTS 2), M. Pécheux (TS 1), A. Sans (2de 1) et C. Sans (5e 6). Au total, 17 élèves ont représenté l’établissement. 19 - 20 mars Championnat de France de judo à Thionville : dans la catégorie « juniors garçons » - (73 kg.) 1e, Pierre Demonet, 1e S2, champion de France - (90 kg.) 3e, Thomas Montagnon, T ES. Ont également participé au championnat : Hua Merri, T ES, Favre Paul-Alexandre, TS2, Breniaux Valentin et Ribier Maxime, 4e5 104 Naissances Aloïs, fils de Sébastien Pelletier, professeur d’E.P.S. à La Solitude, le 2 novembre Antoine, fils de Catherine Bazart, professeur suppléante en S.V.T. l’an dernier, le 7 janvier Noellia, fille de Rafika Guezzal, éducatrice en primaire à La Verpillière, le 3 mars Karl, fils de Nadia Kaici Schoch, professeur d’arts plastiques à La Solitude, le 29 mars Départs Lyon Jean-Noël Dumont, professeur de philosophie, entré en 1968 Dominique Nonnet, professeur de français, entrée en 1975 Fabienne Akimovicz, professeur de mathématiques, entrée en 1977 Michèle Buet, professeur d’espagnol entrée en 1979 Bernard Choffat, professeur de mathématiques, entré en 1986 Georges Carrier, professeur d’anglais, entré en 1990 Sylvie Fichet, professeur d’histoire - géographie, entrée en 1990 Elisa Marthouret, professeur d’anglais, entrée en 1996 La Verpillière Michel Lavialle, professeur de français, entré en 1969 Alain Cleyet, professeur de mathématiques, entré en 1973 Richard Vergara, professeur de mathématiques et physique, entré en 1978 François Seignot, professeur de technologie, entré en 1995 105 car net Décès Nous participons à la douleur de Marie-Anaïg Peyneaud, professeur de S.V.T. à La Solitude, qui a perdu sa mère, le 31 décembre Henri Brinders, ancien professeur d’anglais, et Jean, professeur de musique à Lyon, qui ont perdu leur mère, le 10 janvier Martine Troillard et Fabienne Pernelle, professeurs d’E.P.S. à La Verpillière, qui ont perdu leur père, le 22 janvier Florence Barjon, professeur de mathématiques à La Solitude, qui a perdu son père, le 27 janvier Caroline Pouyet, élève en ECE 1 à Lyon, qui a perdu son père, le 22 février Josette Gerardi et Marie-Laure Léautier, membres du personnel de service à La Verpillière, qui ont perdu leur père, le 14 mars Elsa Lux, élève en ECE 2 à Lyon, qui a perdu sa mère, le 18 mars Alain Rebrion, ancien professeur d’E.P.S., qui a perdu son fils unique, décédé le 20 mars, à l’âge de quarante-deux ans Raymond Terraillon, professeur d’histoire géographie à La Solitude, qui a perdu son père, le 17 mai Sultan Shaik Maricar, menbre du personnel de service à Saint-Paul, qui a perdu sa petite-fille, le 21 mai Photos Françoise Delorme : pages 58, 60-61 Fabienne Pernelle : pages 8, 74, 106 Jean-Louis Ravistre : pages 4, 34-35, 36, 37, 45 107 2 e TRIMESTRE 2011 SAINTE-MARIE LYON 4 MONTÉE SAINT-BARTHÉLEMY 69005 LYON TÉL. 04 78 28 38 34 www.sainte-marie-lyon.fr DIRECTEUR DE PUBLICATION Michel Lavialle CONCEPTION Créatifs du Monde / Agence Mordicus IMPRESSION Dugas IPC