2
La prière et l’humilité, ce sont aussi les deux conditions que mettait le pape François au premier
jour du synode qui est en ce moment célébré à Rome, conditions pour que ce synode soit mené
dans l’écoute de l’Esprit.
Je cite le pape François :
« Le synode demande l’humilité évangélique et la prière confiante.
L’humilité évangélique qui sait se vider de ses propres conventions et préjugés pour écouter ses
frères évêques et se remplir de Dieu. L’humilité qui conduit à ne pas montrer du doigt les autres
pour les juger, mais à leur tendre la main pour les relever sans jamais se sentir supérieurs à eux.
La prière confiante est l’action du cœur quand il s’ouvre à Dieu, quand on fait taire toutes nos
humeurs pour écouter la voix douce de Dieu qui parle dans le silence.
Sans écouter Dieu, toutes nos paroles ne seront que des « mots » qui ne rassasient pas et ne
servent pas. Sans nous laisser guider par l’Esprit, toutes nos décisions ne seront que des «
décorations » qui, au lieu d’exalter l’Evangile, le dissimulent et le cachent. »
A la fin de son Autobiographie, Thérèse, qui peut être forte de son œuvre, riche de la réforme
de l’Ordre, riche des fondations qui fleurissent, cherche toujours à ne pas risquer de faire son
œuvre, mais à être dans la seule dépendance du Maître, tourne autour de ces questions : En
quoi met-elle sa complaisance ? En elle-même ? En ses relations ? En ses œuvres ? En Dieu ?
Elle rapporte alors cette anecdote :
« Quelqu’un me pria un jour de supplier Dieu de lui faire entendre s’il devait accepter un
évêché, dans le but de le servir. Le Seigneur me dit après la communion : ‘’Quand il aura
compris en toute vérité et clarté que la vraie grandeur est de ne rien posséder, il pourra
l’accepter’’ ; il faisait comprendre ainsi que ceux qui accèdent aux prélatures doivent être bien
éloignés de les désirer et de les vouloir ou du moins de les rechercher » Autobiographie 40, 16.
C’est quand l’homme comprend que la vraie grandeur est de ne rien posséder du don de l’Esprit,
qu’il est prêt à l’accepter et à en vivre dans l’action de grâce et dans la louange.
C’est parce que l’on ne cherche pas à la posséder, qu’on a quelque espérance de vivre de la vie
de Dieu.
Pour demeurer vrai, le désir doit alors accepter la souffrance de la séparation. Doit accepter de
ne pas tenir Dieu, de connaître son silence, son absence, l’absence de signes tangibles de sa
part.
Ainsi s’exprime Thérèse dans une sorte d’hymne au désir :
« Hélas, hélas, Seigneur ! Qu’il est long, cet exil où l’on purge la lourde peine de désirer mon
Dieu ! Seigneur ! Que peut faire l’âme enfermée dans cette prison ? O Jésus, qu’elle est longue,
la vie de l’homme qu’on dit brève ! Elle est brève, mon Dieu, pour gagner une vie qui n’aura
pas de fin, mais elle est très longue pour l’âme qui désire voir son Dieu.
Quel remède donnez-vous à cette souffrance ? Il n’y en a pas, si ce n’est de souffrir pour Vous.
O mon suave repos, repos des amants de mon Dieu ! Ne faites pas défaut à celui qui vous aime,
car c’est par Vous que doit grandir et s’adoucir le tourment que cause l’Aimé à l’âme qui le
désire. Je désire, Seigneur, vous contenter ; mais mon propre contentement, je sais bien qu’il
n’est en aucun mortel. Ainsi, Vous n’incriminerez pas mon désir. Vous me voyez devant Vous,
Seigneur : s’il m’est nécessaire de vivre pour Vous servir, je ne refuse aucune de toutes les
épreuves qui peuvent m’être imposées sur terre, comme le disait notre aimant saint Martin.
Mais hélas, douleur ! Hélas, quelle douleur j’éprouve, mon Seigneur, car il avait des œuvres et
je n’ai que des mots. Je ne sers à rien d’autre. Tenez compte de mes désirs, mon Dieu, de ma
soumission à votre divinité. Ne regardez pas mon peu de mérite. Puissions-nous tous mériter de
Vous aimer, Seigneur. Puisqu’il faut vivre, vivons pour vous, trêve de nos désirs personnels. (
... )