Peut on améliorer la prise en charge des maladies respiratoires

INT J TUBERC LUNG DIS 8(7) : 873-881
© 2004 IUATLD
Peut on améliorer la prise en charge des maladies respiratoires
chroniques ? Exemple de l’asthme de l’adulte
S. Mahi-Taright,* M. Belhocine, N. Aït-Khaled
* Centre Hospitalier Universitaire Béni-Messous, Service Nour Oussedik, Alger, Algeria ; Organisation Mondiale de la
Santé, Harare, Zimbabwe ; Union Internationale Contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires, Paris, France
_______________________________________________________________________________RESUME
CADRE : District sanitaire de Zéralda, Algérie.
OBJECTIFS : Analyser les résultats de sessions de recyclage sur l’asthme destinées à des médecins généralistes
exerçant dans des centres de santé de base (CSB) sur leurs connaissances, attitudes et pratiques ; redynamiser la
chaîne de soins entre les CSB et le centre de référence du district ; mesurer l’impact de l’intervention sur la prise
en charge des asthmatiques
MÉTHODES : Intervention de type « avant-après » : analyse de la situation par une enquête épidémiologique
dans la population générale et une étude de la demande de soins dans trois CSB et dans un service d’urgence ;
tenue de trois ateliers de recyclage pour des médecins généralistes volontaires ; adoption de nouvelles modalités
consensuelles de collaboration.
RÉSULTATS : En dépit d’une prévalence de l’asthme de 1,6% dans ce district, les malades étaient vus le plus
souvent en urgence et étaient confiés au centre de référence du district pour leur suivi. Ont été recyclés 56 méde-
cins généralistes. En plus de l’amélioration des connaissances, les pratiques des médecins ont évolué : modifica-
tion fondamentale des prescriptions : prépondérance des béta-sympathomimétiques (68,5% après contre 12%
avant) et des anti-inflammatoire inhalés (52% après contre 0% avant), chute des bases xanthiques (2% après
contre 55% avant), des antibiotiques (13% après contre 59% avant) et des fluidifiants (9% après contre 73.5%
avant). La chaîne de soins a été améliorée par le recyclage de 72 agents par les médecins généralistes, la mise en
place des supports d’information élaborés au cours des ateliers et les médicaments d’urgence essentiels identifiés,
et le renforcement de la collaboration des médecins généralistes et les spécialistes du centre de référence.
MOTS CLES : asthme ; épidémiologie ; intervention avant/après ; formation ; médecin généraliste
PAYS A REVENU intermédiaire, l’Algérie est
entrée depuis les années 1980 en phase de transi-
tion épidémiologique. La structure de la morbidité
a vu donc s’ajouter à une prévalence encore impor-
tante des maladies transmissibles l’émergence de
maladies chroniques non transmissibles.
La prise en charge des affections respiratoires
chroniques et en particulier celle de l’asthme en
tant que nouveau problème de santé publique, de-
mande une réorganisation des soins dans beaucoup
de pays où la priorité a été ou est encore la prise en
charge de la tuberculose et des autres maladies tran-
smissibles.1-3 En effet le système de santé doit être
apte à répondre non seulement aux consultations
des soins de santé de base et aux urgences mais
aussi à offrir des soins au long cours de qualité.
La prévalence des symptômes évocateurs
d’asthme avait été estimée à Alger par des enquê-
tes randomisées en population générale utilisant un
questionnaire adapté à partir d’un questionnaire de
l’Union Internationale Contre la Tuberculose et les
Maladies Respiratoires, validé dans plusieurs pays
d’Europe.4 Ces enquêtes avaient été faites par des
interviews à domicile, en raison d’un taux élevé
d’analphabétisme rendant impossible l’utilisation
de l’auto-questionnaire. La prévalence de l’asthme
dans les 12 derniers mois avait été estimée à 2,3 en
1986 chez les sujets de plus de 6 à 70 ans,5 et à 2,5
en 1990 chez les sujets de 20 à 44 ans.6 Cette pré-
valence était déjà égale ou parfois supérieure à
celle retrouvée dans certains centres d’Europe dans
la même étude.6 Cette affection générait en Algérie
une forte demande en soins s’exprimant principa-
lement par le recours aux urgences pour la majorité
des malades. Seuls un groupe privilégié de patients
avaient accès à quelques structures spécialisées où
la prise en charge des asthmatiques été organisée,
essentiellement dans les grandes villes d’Algérie.7
Cette difficulté des asthmatiques à accéder à un
traitement adéquat était liée en grande partie à une
insuffisance du système de santé publique à orga-
niser la prise en charge au long cours des patients
et à la difficulté des médecins généralistes à pren-
dre en charge les asthmatiques.
Auteur pour correspondance: Samya Mahi-Taright, Service Nour Oussedik, CHU Beni-Messous, Algiers, Algeria. Tel:
(213) 21 35 18 72. e-mail: tarightsamya@yahoo.fr
[Traduction de l'article "Can we improve the management of chronic obstructive respiratory disease? The exam-
ple of asthma in adults" Int J Tuberc Lung Dis 2004; 8(7): 873-881.]
2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease
Pour tenter d’apporter une réponse cohérente à
ce problème, une étude d’intervention visant à amé-
liorer les compétences des médecins généralistes
dans le domaine de la prise en charge de l’asthme
et à réorganiser la hiérarchie des soins a été menée
dans un district sanitaire proche de la capitale.
OBJECTIFS
Cette étude se proposait d’analyser les résultats de
sessions de recyclage sur l’asthme destinées aux
médecins généralistes sur leurs connaissances,
attitudes et pratiques, et d’en mesurer l’impact sur
l’organisation de la prise en charge des asthmati-
ques recrutés par ces praticiens. Elle avait pour
cible définitive le malade et pour cible intermé-
diaire le médecin généraliste.
CADRE DE L’ETUDE
L’intervention s’est déroulée au niveau du secteur
sanitaire (district) de Zéralda situé dans une zone à
vocation balnéo-agricole, à 30 kilomètres à l’Ouest
d’Alger. Ce district est subdivisé en cinq sous sec-
teurs et couvre une population estimée à environ
170 000 habitants.
Les structures de santé au niveau de ce secteur
comprennent 27 structures périphériques qui sont
des centres de soins de santé de base (CSB), 6
polycliniques, et une unité de contrôle de la tuber-
culose et des maladies respiratoires (UCTMR) qui
est le centre de référence du district pour la tuber-
culose et pour les maladies respiratoires. En raison
de sa proximité par rapport à la capitale ce secteur
sanitaire exerce une attraction de personnels de
santé expliquant sa richesse en ressources humai-
nes : 141 médecins secondés par 198 agents para-
médicaux exerçaient dans ce secteur en 1992.
En plus des soins sanitaires de base consulta-
tions générales et visites d’urgence, ces personnels
assuraient les activités suivantes : consultations de
protection maternelle et infantile, hygiène scolaire,
médecine du travail, et enfin des activités de pré-
vention et de contrôle au niveau des bureaux com-
munaux d’hygiène.
Au niveau des polycliniques, en plus de généra-
listes assurant des consultations de soins de base
exerçaient différents spécialistes qui assuraient des
consultations de référence dans différents domai-
nes : internistes, pédiatres, dermatologue, ophtal-
mologiste, oto-rhino-laryngologiste, gynécologues.
Les consultations de référence pour les mala-
dies respiratoires se faisaient à l’UCTMR par des
pneumologues universitaires et par des médecins
en fin d’études de spécialité de pneumologie. Cette
unité travaillait sous la responsabilité d’un service
de pneumologie universitaire. Cette structure de
santé était la structure de référence pour la prise en
charge des tuberculeux du district sanitaire depuis
les années 1970 et depuis 1980, la prise en charge
des affections respiratoires chroniques et en parti-
culier de l’asthme y avait été organisée. L’UCTMR
consacrait environ 40% de son activité aux mala-
des respiratoires chroniques et une grande partie
des asthmatiques du secteur étaient pris en charge
dans cette structure de référence spécialisée pour
leur traitement au long cours. Des asthmatiques
habitant hors du secteur sanitaire étaient également
pris en charge dans cette structure qui commençait
à être surchargée par l’afflux des malades.
METHODES
L’étude mise en place a consisté en une interven-
tion de type « avant-après » et s’est déroulée en
trois étapes :
1ère étape : Estimation de l’ampleur du problème
de l’asthme au niveau du secteur sanitaire
Afin d’estimer l’ampleur du problème posé par
l’asthme dans le district sanitaire, deux études ont
été menées.
Une enquête utilisant un questionnaire pour dé-
terminer la prévalence de l’asthme dérivé de celui
de l’UICTMR,4 et traduit en arabe dialectal a été
menée à domicile dans la population générale du
secteur sanitaire. 3213 sujets de 5 à 39 ans ont été
interviewés à domicile et pour les enfants qui ne
pouvaient pas répondre, les réponses étaient don-
nées par un parent. La taille de l’échantillon a été
obtenue à partir de la taille de la population de la
commune de 28 000 habitants et en se basant sur
une prévalence de l’asthme estimée à 1,5% d’après
les résultats de l’enquête faite en 1986,5 dans un
zone géographique voisine. Le nombre de ménages
(1900), à interviewer pour obtenir cet échantillon
avec un degré de confiance à 90% a été déterminé
en se basant sur les données démographiques de
l’Institut National des Statistiques. L’échantillon n’a
pas obéi à un tirage au sort rigoureux. L’enquête a
commencé à un point qui a été déterminé au hasard
sur une carte, puis les cinq enquêteurs se sont dépla-
cés en tâche d’huile.
Une autre étude a été menée afin d’évaluer dans
quelques centres de santé qui étaient des centres de
santé de base (CSB), la demande en soins pour as-
thme pendant une année. Le nombre de consulta-
tions pour asthme a été comparé a celui des consul-
tations pour les différents motifs de consultation et
en particulier a celui pour affections chroniques.
L’étude n’a pas été menée au niveau de tout le
secteur du fait de la dispersion des CSB et a été li-
mitée aux structures suivantes : trois CSB assurant
des consultations dans le sous secteur de Zéralda
couvrant environ 12.000 habitants et où exerçaient
Peut on améliorer la prise en charge des maladies respiratoires chroniques ? 3
12 médecins généralistes qui étaient organisées
comme la plupart des autres CSB du district et
l’CSB de Staouéli où exerçait un médecin généra-
liste qui avait des activités différentes des autres
CSB. Ce centre avait été choisi en raison de son
activité un peu particulière essentiellement orientée
vers la prise en charge de l’adulte, les autres activi-
tés de protection maternelle et infantile étant assu-
rées par la polyclinique du sous secteur. Ce centre
était particulier aussi car le médecin qui y exerçait
avait était formé à la prise en charge du diabète et de
l’hypertension et il était situé à la fois à proximité
d’une polyclinique assurant les urgences médicales
et à proximité de l’UCTMR qui prenait en charge en
charge presque tous les asthmatiques de la commune.
Une collecte des données a été faite dans ces
structures pendant un an à partir de registres de
consultations mis en place pour cette étude dans
chaque structure sanitaire. Ce registre comportait les
informations suivantes : nom et prénom du malade,
âge, sexe, adresse, motif de consultation (principaux
symptômes ressentis par le patient), type d’activité
médicale (diagnostic, traitement, prévention, sur-
veillance, administrative), diagnostic retenu par le
médecin (le plus précis possible), traitement délivré
avec inscription en clair de tous les médicaments.
Les médecins des CSB choisis ont été informés
des objectifs du travail et sensibilisés à
l’importance du recueil de l’information. Ils ont été
formés à l’utilisation des registres et la collecte des
données a été assurée par le médecin coordinateur.
Deuxième étape : Mise en place de l’intervention
Formation des généralistes
La formation des généralistes a été basée sur les
données scientifiques les plus récentes disponibles
et en particulier sur le Consensus International
pour la Prise en charge de l’Asthme qui venait
d’être publié.8 La formation a été adaptée aux ré-
sultats de l’analyse de situation. Elle avait pour
buts non seulement d’améliorer les connaissances,
les attitudes et les pratiques des médecins généra-
listes, pour changer leur comportement vis à vis
des asthmatiques, mais aussi de réorganiser le ré-
seau de soins en tenant compte des spécificités
locales avec les praticiens du terrain.
La préparation de la formation s’est faite de
Janvier à Octobre 1992. Elle a consisté essentiel-
lement à l’élaboration du module de formation et à
l’organisation matérielle des sessions de recyclage.
Les objectifs ont été définis à partir des tâches
que devaient accomplir les médecins pour prendre
en charge les asthmatiques : situer l’importance de
l’asthme comme problème de santé publique, éta-
blir le bilan initial de l’asthmatique en dehors de la
crise, mesurer le débit de pointe et sa variabilité,
choisir un traitement en fonction du niveau de sé-
vérité, éduquer le malade en tenant compte de son
niveau socioculturel, surveiller un malade au long
cours, établir le bilan d’un asthmatique pendant la
crise, choisir un traitement en tenant compte du
niveau de sévérité de la crise, assurer la surveil-
lance du malade en crise et enfin identifier les ma-
lades nécessitant une évacuation en urgence vers
une structure appropriée.
La méthode d’apprentissage utilisée était une
méthode pédagogique active9,10 recommandée pour
les adultes essentiellement de type interrogatif et
actif, le cours de type magistral étant exclu. Les
techniques utilisées étaient variables comme : la
démonstration par le formateur, la manipulation par
l’apprenant (utilisation du débitmètre de pointe, de
l’aérosol doseur), la discussion, en particulier sur
l’organisation de la prise en charge des malades
dans le secteur et la coordination des différentes
structures, la résolution de problèmes pratiques de
malades simulés consultants dans le cadre de
l’urgence ou pour une prise en charge au long cours
et les jeux de rôles en particulier pour
l’apprentissage de la communication avec le malade
et son éducation.
Le nombre de participants prévu par atelier était
de 20, la durée du module de formation prévue
était de deux jours et demi et le contenu était le
suivant : prise en charge de l’asthme en dehors de
la crise (1er jour) ; prise en charge pendant la crise -
formation du personnel paramédical (2ème jour),
organisation du réseau de soins (3ème jour).
L’organisation de la formation a comporté en
plus de la constitution du module de formation et
du dossier contenant la documentation et articles
bibliographiques, l’élaboration du test d’évaluation
des connaissances et l’élaboration d’un question-
naire du médecin afin de déterminer son profil et
ses motivations pour participer à cette formation.
Les médecins généralistes du secteur ont tous été
invités et les candidats volontaires ont tous été
acceptés avec l’accord des responsables du secteur
sanitaire. L’accord de l’Institut National de Santé
Publique d’Alger comme lieu de formation a été
obtenu et la formation à été assurée par 3 anima-
teurs : le coordinateur qui était un pneumologue
universitaire, un professeur de pneumologie et un
professeur de médecine interne.
Réorganisation de la prise en charge des
asthmatiques du secteur sanitaire
Cette réorganisation devait être adoptée au cours des
formations avec les médecins généralistes et il fal-
lait obtenir l’accord de l’administrateur du secteur
sanitaire afin de mettre à la disposition des person-
nels soignants des médicaments d’urgence, et les
4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease
documents standardisés pour l’enregistrement et la
prise en charge des asthmatiques au niveau des
CSB. Ces documents devaient être discutés et adop-
tés pendant les ateliers. L’équipe de formateurs
devait s’engager à tenir des réunions régulières
d’évaluation avec les médecins généralistes formés.
Les médecins généralistes et les formateurs devaient
discuter pour des actions à entreprendre pour re-
dynamiser la chaîne de soins et modifier le travail
de collaboration avec l’UCTMR.
La réorganisation de la chaîne de soins s’est faite
après les ateliers de formation. Elle s’est basée sur
les conclusions des ateliers pour le système de réfé-
rence et contre référence entre les médecins généra-
listes exerçant dans les unités de base et les méde-
cins spécialistes de référence du district, sur la mise
en place dans les structures sanitaires des moyens
essentiels identifiés au cours des ateliers et grâce à
la tenue des sessions périodiques d’évaluation.
Troisième étape : Evaluation de l’intervention
Cette phase a duré une année et a consisté au re-
cueil et à l’analyse des données correspondant
chacune à différents aspects de l’évaluation :
1 Evaluation des procédures : ce sont toutes les
informations relatives au déroulement des ses-
sions de formation (nombre de sessions organi-
sées, nombre d’inscrits, nombre de participants,
déroulement des sessions).
2 Evaluation des connaissances des praticiens
grâce à un test comportant 40 questions à choix
muliple (QCM) abordant les différents aspects de
la maladie et de la prise en charge des malades.
Ce test a été administré avant, immédiatement
après et 6 mois après les sessions de formation.
3 Estimation de l’évolution des attitudes et prati-
ques des médecins. Elle a été faite à partir de
l’analyse des questionnaires remplis par les
médecins avant et après leur formation et par
l’analyse des registres de consultations tenus
par les médecins avant et après la formation.
L’étude de ces supports a permis d’évaluer le
changement de comportement des médecins
généralistes après leur formation en analysant
l’évolution dans le recrutement des malades,
dans les prescriptions et dans l’utilisation du
système de référence avec l’UCTMR.
4 Estimation de l’impact sur la santé des mala-
des à partir d’interviews de malades pris en
charge par des médecins généralistes menés par
le coordinateur de l’étude.
RESULTATS
Analyse de la situation avant l’intervention
Les prévalences des symptômes évocateurs
d’asthme dans la population générale de 5 à 39 ans
de ce secteur sanitaire ont été estimées entre 2,2%
(crise d’étouffement nocturne avec sifflement) et
3,3% (sensation d’étouffement après exposition à
des allergènes). La prévalence des crises d’asthme à
un moment donné a été estimée à 1,8% et la préva-
lence des crises d’asthme durant les 12 derniers
mois à 1,6 % (Tableau 1). Il s’agit seulement d’une
estimation de prévalence, la méthodologie de
l’échantillonnage n’ayant pas fait appel à un tirage
au sort strict. Cependant les caractéristiques de la
population enquêtée étaient très similaires à celle de
la population générale excepté une discrète sous
représentation du sexe masculin dans l’échantillon
(43% versus 50%).
Dans les trois CSB de Zéralda, en un an, 14 330
consultations ont été enregistrées, 25% d’entres
elles avaient pour motif des symptômes respiratoi-
res. Ces symptômes représentaient ainsi le premier
motif de consultation dans ces structures (Tableau
2). 468 consultations avaient pour motif des mala-
dies chroniques. Parmi ces consultations pour mala-
dies chroniques, 55 consultations pour affection
respiratoires chroniques étaient pour de l’asthme qui
occupait ainsi la 4e place après l’hypertension arté-
rielle (HTA), le diabète et les troubles digestifs (Ta-
bleau 3).
Dans le CSB de Staouéli orienté vers une prise
en charge de l’adulte, 2755 consultations ont été
faites en un an : 31% pour diabète, 15% pour HTA,
10% pour symptômes respiratoires et moins de 1%
pour asthme.
Au niveau du service d’urgences du sous sec-
teur de Staouéli, 7062 malades se sont présentées
en urgences durant un an. Les affections respiratoi-
res constituent le premier motif de recours aux
urgences avec 2126 visites (30%) (Tableau 4). Les
symptômes respiratoires correspondaient essentiel-
lement à des infections respiratoires aiguës et pour
137 consultations le diagnostic d’asthme été préci-
sé. Comparé aux recours aux urgences pour les
autres maladies chroniques comme le diabète et
l’HTA, l’asthme représentait 42% de l’activité des
urgences pour maladies chroniques notifiées et
occupait la 2ème place après l’HTA.
Une analyse des prescriptions des médecins gé-
néralistes pour asthme durant l’année précédant
leur formation a été faite à partir d’une étude ré-
trospective de 64 dossiers de consultation dans les
structures périphériques et de 137 dossiers dans la
structure d’urgence. La théophylline était le médi-
cament cament le plus souvent prescrit aussi bien
pour le traitement au long cours (45% des cas) que
dans le traitement d’urgence (67% des cas). La
voie inhalée et les traitements anti-inflammatoires
étaient presque totalement ignorés. Des traitements
inutiles comme les fluidifiants étaient largement
crits (74% des cas) et un nombre important de
malades (59%) recevaient des antibiotiques proba
Peut on améliorer la prise en charge des maladies respiratoires chroniques ? 5
Tableau 1 Prévalence des symptômes évocateurs d'asthme
dans le district sanitaire de Zéralda *
Symptômes respiratoires rapportés n (%)
Sifflements au cours des 12 derniers mois 103 (3,2)
Sensation d'oppression nocturne 98 (3,1)
Crise d'étouffement nocturne avec sifflements 71 (2,2)
Sensation d'étouffement après exposition à des
allergènes 100 (3,3)
Crise d'asthme à un moment quelconque 57 (1,8)
Crise d'asthme au cours des 12 derniers mois 49 (1,6)
* 3213 sujets de 5 à 39 ans interrogés dans la population générale
Tableau 2 Répartition des motifs de consultations au niveau
de trois centres de santé de base
Motifs Consultations
n (%)
Respiratoire 3608 (25)
Digestif 1471 (10)
Dermatologie 1193 (8)
Certificats médicaux 1145 (8)
Traumatologie 808 (6)
Pathologie articulaire 388 (3)
Ophtalmologie 328 (2)
Cardiaque 297 (2)
Urinaire 250 (2)
Gynécologie 232 (2)
Endocrinien 92 (1)
Psychiatrie 29 (0)
Autres 4161 (29)
Non précisé 328 (2)
Total des consultations 14330 (100)
Tableau 3 Place de l'asthme par rapport aux autres maladies
chroniques dans les trois centres de santé de base
Motif Consultations
n (%)
Cardio-vasculaire (hypertension artérielle) 238 (51)
Diabète 82 (18)
Digestif (ulcères, oesophagites, hernie hiatale) 64 (14)
Asthme 55 (12)
Psychiatrie 29 (6)
Total des consultants pour affections
chroniques
468 (100)
Tableau 4 Répartition des motifs de consultations dans le
service d'urgence de Staouéli
Motif n (%)
Respiratoire 2126 (30,1)
Digestif 1110 (15,7)
Traumatologie 1022 (14,5)
Dermatologie 256 (3,6)
Pathologie articulaire 223 (3,2)
Ophtalmologie 167 (2,4)
Urologie 178 (2,5)
Hypertension artérielle 160 (2,3)
Certificats 140 (2,0)
Diabète 27 (0,4)
Autres 1424 (20,2)
Non précisé 229 (3,2)
Total 7062 (100,0)
blement de manière abusive.
Une analyse du profil des médecins généralistes
des CSB ayant participé à la formation a été faite
durant les ateliers de formation. Sur les 67 inscrits
initialement 50 médecins ont effectivement suivi
les ateliers. La moyenne d’âge des participants
était de 34 ans avec des extrêmes de 26 à 44 ans.
La majorité, soit 76%, étaient des femmes. L’an-
cienneté dans le secteur était de 5 ans en moyenne.
Les motivations évoquées par les participants pour
participer à ces ateliers étaient essentiellement
l’amélioration et/ou la réactualisation des connais-
sances, la nécessité de se sentir davantage impliqué
dans le processus de prise en charge des asthmati-
ques en tant que médecin généraliste et la méthode
d’enseignement proposée. Certains médecins ont
évoqués la présence d’un asthmatique dans leur
entourage. Les compétences qu’ils souhaitaient
acquérir à l’issue de la formation étaient les sui-
vantes : prendre en charge « réellement » la plu-
part des asthmatiques au lieu de les orienter systé-
matiquement vers l’UCTMR, intégrer les asthma-
tiques à la prise en charge des autres malades
chroniques, aider les malades dans leur vie quoti-
dienne et bien gérer un malade en urgence.
L’activité d’éducation était mal appréhendée par
les praticiens qu’il justifiait par la mauvaise com-
préhension des malades souvent analphabètes et
par le temps trop long qu’il fallait y consacrer.
Analyse des procédures d’intervention
Trois ateliers de formation ont eu lieu en Novem-
bre 1992, et ont duré comme prévu deux jours et
demi. En dehors des activités d’apprentissage qui
ont été menées selon le calendrier prévu, des déci-
sions ont été prises et des actions ont été entrepri-
ses en commun avec les praticiens à l’issue de leur
formation en vue de mieux organiser la prise en
charge des asthmatiques dans le secteur.
Les documents nécessaires au suivi des patients
ont été finalisés selon les recommandations des
ateliers à l’issue de la formation par un groupe de
médecins généralistes avec l’appui des animateurs.
Un carnet de l’asthmatique a été élaboré en tenant
compte du fort taux d’analphabétisme des malades.
Ce carnet comporte le diagnostic et le traitement
recommandé au long cours et en urgence, la date
des rendez-vous réguliers et des dessins montrant
les différentes étapes pour l’inhalation d’un aérosol
doseur. Une synthèse du dossier médical (niveau
de sévérité de l’asthme, palier de traitement, aller-
gies médicamenteuses, maladies associées) et une
fiche initiale standardisée pour l’interrogatoire du
malade ont été également finalisés.
L’administrateur du district sanitaire a été solli-
cité pour donner son appui à cette intervention de
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