o – de modifications de la perception visuelle, d’une grande diversité, correspondant soit à des
illusions ou déformations perceptives (altération des formes ou métamorphopsies, altération des
couleurs ou chromatopsies, vision double ou diplopie, vision instable ou oscillopsie), soit à des
hallucinations ou perceptions erronées, de type élémentaire (phosphènes) ou élaboré (scènes
visuelles complexes).
o 2. Caractère mono- ou binoculaire
o Cette distinction est fondamentale sur le plan de la topographie lésionnelle. Un trouble visuel
monoculaire implique une atteinte de l’œil ou du nerf optique. Un trouble visuel binoculaire
implique soit une atteinte bilatérale des structures préchiasmatiques, soit plus habituellement une
atteinte du chiasma ou des voies visuelles rétrochiasmatiques. La distinction peut être difficile à
affirmer si le déficit a été bref et n’a pas permis au patient de tester sa vision œil par œil. Tout
trouble visuel transitoire rapporté à un seul œil n’est pas nécessairement monoculaire, certaines
hémianopsies latérales homonymes étant perçues comme un déficit du seul hémichamp temporal.
Si le patient peut préciser qu’il ne voyait durant son trouble que la moitié des objets, on peut
alors affirmer qu’il s’agissait d’une HLH. Enfin, si le flou visuel disparaît en vision monoculaire,
normalisant alors la vision de chaque œil, on peut affirmer qu’il est l’équivalent d’une diplopie et
relève d’un défaut d’alignement des globes oculaires.
o 3. Modalités d’évolution
o Le trouble visuel d’installation brutale peut être fixé ou régressif, en quelques secondes ou quelques
heures. Les circonstances de survenue doivent être notées (traumatisme, position de la tête, activité
physique, chaleur ambiante).
o La prise en compte d’éventuels signes associés (douleur, diplopie), des antécédents
ophtalmologiques et du contexte (âge, facteurs de risque vasculaire) est fondamentale pour le
diagnostic topographique et étiologique.
o B. Examen
o 1. Examen du globe oculaire et de son contenu
o Il est du ressort de l’ophtalmologiste. Cependant, la détection d’un œil rouge, d’une exophtalmie,
d’une inégalité pupillaire, d’une amputation du champ de vision, d’une limitation des mouvements
oculaires relève de tout examen médical. Les principaux temps de l’examen ophtalmologique dans
la présente situation d’urgence sont :
o – la mesure de l’acuité visuelle, de loin et de près, en utilisant les échelles classiques, sans, puis
avec correction optique ;
o – la détermination du champ visuel de chaque œil, en confrontation, puis selon une technique de
périmétrie cinétique (appareil de Goldman) ou de périmétrie statique, cette dernière qui repose sur
une analyse automatisée étant de plus en plus répandue (recherche d’un scotome central, d’un
déficit systématisé) ;
o – l’examen du globe oculaire et de ses annexes au biomicroscope (lampe à fente) : paupières (corps
étranger), conjonctive (hyperhémie), cornée (kératite, plaie), chambre antérieure (Tyndall), iris (état
et motilité des pupilles), cristallin (cataracte) ;
o – l’examen du segment postérieur ou « examen du fond d’œil » (FO), effectué après dilatation
pupillaire sauf en cas de glaucome aigu par fermeture de l’angle : vitré (hémorragie), rétine
(décollement), vaisseaux (occlusion), macula (œdème), papille (œdème) ;
o – la mesure du tonus oculaire (glaucome) ;
o – les mouvements oculaires (paralysies), appartenant en réalité à l’examen neurologique.
o 2. Examen neurologique
o Il recherche des signes associés, en faveur d’une pathologie hémisphérique postérieure (trouble de
la reconnaissance visuelle, de la mémoire, de la lecture, du langage, etc.).
o 3. Examen cardiovasculaire
o La mesure de la tension artérielle, du rythme cardiaque, la palpation des pouls temporaux, la
recherche de souffles vasculaires sont systématiques.
o 4. Examens complémentaires
o Les examens à visée ophtalmologique (potentiels évoqués visuels, angiographie de la rétine à la
fluorescéine, échographie orbitaire), neurologique (scanner, IRM, ponction lombaire),
cardiovasculaire (ECG, Doppler cervical, échocardiographie) ou générale (vitesse de sédimentation)
sont déterminés par l’orientation du diagnostic clinique.
o Schématiquement, trois situations cliniques, d’inégale prévalence, peuvent être rencontrées :
o – le trouble visuel, à type de flou ou de diplopie, disparaît lorsque la vision se fait œil par œil : c’est
le problème diagnostique d’une paralysie oculomotrice (cf. chapitre 2 « Diplopie ») ;
o – le trouble visuel est présent sur un seul œil : c’est le problème diagnostique d’une affection de l’œil
ou du nerf optique. La démarche diagnostique repose avant tout sur l’examen du fond d’œil (œdème