Nouveaux programmes Histoire – Bac Pro 3 ans. Arnaud Rolland Lycée Charles de Gaulle - Sète
De plus, comme le soulignent les auteurs, faire reposer Voltaire et Rousseau côte à côte
c’était faire acte de réconciliation, passer outre les divergences, les querelles, les tenir pour
secondaires par rapport à l’unité fondamentale des « Lumières » : fonds commun d’idées, de
valeurs…
La Révolution, en quête de légitimité, se réclame donc des Lumières ; mais, à l’instar de la
vision simplifiée donnée par certains manuels, doit-on voir dans les philosophes des Lumières des
précurseurs de la Révolution ?
3.3 / Les Lumières, partisans des réformes…
La question a été posée pendant la Révolution elle-même et la réponse a été positive. En
effet, on s’appuie alors sur des textes que l’on considère comme « prophétiques » :
« Nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions. Je tiens pour impossible
que les grandes monarchies aient encore longtemps à durer ; toutes ont brillé, et tout État
qui brille est sur son déclin ». (J.J Rousseau)
L.-S. Mercier publie en 1791 un ouvrage dont le titre parle de lui-même : JJ Rousseau
considéré comme l’un des premiers auteurs de la Révolution. L’abbé Barruel, un contre-
révolutionnaire, quant à lui, développe la thèse de la responsabilité des philosophes, l’Idée d’un
complot philosophique et maçonnique à l’origine de la Révolution.
Rares, alors, sont ceux qui déchargent les philosophes. J.-J. Mounier, en 1801, dans De
l’influence attribué aux philosophes, francs-maçons et illuminés, soutient que les philosophes n’ont
jamais appelé à la révolte, leur objectif n’était guère de bouleverser l’ordre social mais au contraire
de le protéger contre des cataclysmes en le modernisant et le réformant.
Furet dit que Mounier avait certainement raison car le dénominateur commun des
philosophes, malgré leurs divergences, était l’incitation aux réformes, celles d’un Turgot, d’un
Joseph II. Les Lumières, opposées à la monarchie absolue, lorsqu’elle tend au despotisme, préfèrent
un régime qui mêlerait l’autorité du monarque et des mesures libérales prenant en compte leur
philosophie (« despotisme éclairé » incarné par Frédéric II de Prusse ou Catherine de Russie).
Les philosophes ne seraient pas des précurseurs de la Révolution. Pour les philosophes des
Lumières, les réformes étaient la solution ; elles incomberaient au pouvoir éclairé… c’était
reconnaître ainsi la politique, et non la révolte, comme instance décisive de tout changement social.
Joël Cornette cite Voltaire à propos de Frédéric II : « Il y a dans le monde un prince qui pense en
homme, un prince philosophe, qui rendra les hommes heureux… »
3.4 / Influence des idées des Lumières…
Cependant, on ne peut nier la forte présence des idées des Lumières dans les vifs débats des
Révolutionnaires. On ne peut pas nier une évidence : l’existence de liens entre philosophie des
Lumières et Révolution, même si cette philosophie dite des « Lumières » n’est ni un corpus
univoque, ni uniformément ni complètement diffusée dans un royaume encore attaché aux
traditions chrétiennes et monarchiques.