HISTOIRE DU CHRISTIANISME

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HISTOIRE DU CHRISTIANISME
Chapitre 1 – ORIGINES ET SITUATION ACTUELLE DE CHRISTIANISME
Sources du christianisme dans l’Ancien Testament
« Christ » signifie « oint ». Traduction en grec du mot hébreux pour « messie ». Ceci renvoie
à l’Ancien Testament qui prédit la venue d’un personnage d’une influence mondiale.
La postérité d’une femme écraserait la tête du serpent, Satan (Gen.3 :15).
Dieu dit à Abraham: «Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité» (Gen.22:18).
Il naîtrait à Bethléhem (Michée 5 :1) ; d’une vierge (Esa. 7 :14).
Il serait livré pour 30 pièces d’argent (Zach.11:12). Crucifié avec des malfaiteurs (Esa.53:12).
Il ressusciterait (Ps.16 :10). Il monterait au ciel (Ps. 68 :19).
Une trentaine de prophéties sont accomplies à la lettre.
Fondement dans la personne du Christ
Il est un personnage historique. Quatre biographies concordantes - les évangiles. Attesté par
des auteurs contemporains païens et juifs. (Tacite, Pline, Lucain, Josèphe). Jésus est juif ; Il
guérit les malades, nourrit les affamés, fait des miracles, prend le parti des pauvres, apporte
une éthique complètement nouvelle, attire les foules. Il a une force et une autorité morale, une
intolérance du mal, une pureté personnelle, prétend pardonner les péchés, être Dieu et qu’il
reviendra pour juger le monde. Il est soit un malade mental, soit un imposteur, soit celui qu’il
disait être.
Il choisit douze apôtres : Hommes du peuple pour être avec lui et les envoyer annoncer la
Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Il leur dit : « Je bâtirai mon Eglise, et les
portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » (Mat.16 :18). Il anime un
mouvement indestructible, tout en étant au ciel. Il laisse aux siens deux ordonnances : le
baptême comme engagement vis-à-vis de lui, et l’eucharistie pour qu’on se souvienne de lui.
Il meurt et ressuscite : Il dénonce les chefs religieux et sera crucifié par eux et par le pouvoir
romain. Il ressuscite le troisième jour. Après sa mort, ses disciples sont une petite bande de
désillusionnés, malgré le fait qu’il leur avait prédit sa mort et sa résurrection. L’existence du
christianisme ne s’explique que par la personne du Christ.
Le personnage le plus attachant de l’histoire de l’humanité (L’Encyclopédie Communiste le
réclame comme le premier communiste; Hippies : l’Eglise, non ! Jésus, oui ! Un attrait
durable et universel. Revue « TIME » :Celui qui a le plus marqué l’histoire de l’humanité.
Naissance du christianisme le jour de la Pentecôte juive de l’an 33
L’existence du christianisme est un phénomène sociologique et historique qu’il faut expliquer.
Il a un seul début. Pierre (qui avait renié Jésus), se lève à Jérusalem, où tout c’était passé
quelques semaines auparavant, et déclare devant la foule, que celui qu’ils avaient crucifié était
leur Messie. Ils n’avaient pas avantage à le croire. Ils doivent croire en lui pour le pardon des
péchés. 3000 personnes se convertissent et se font baptiser. Le christianisme est lancé.
Extension
Par les apôtres : Il s’étend comme une traînée de poudre malgré l’opposition violente des
chefs religieux. Les apôtres font des miracles, prêchent la mort, la résurrection et le retour de
Jésus, et plusieurs subissent le martyr. On ne meurt pas pour ce qu’on sait être une tromperie.
Pierre prêche surtout aux juifs et va jusqu'à ceux de Babylone.
Paul, d’abord persécuteur, est terrassé par le Christ sur le chemin de Damas et devient le
missionnaire aux non-Juifs. Il sillonne les villes de l’empire romain, fonde des Eglises locales,
leur apporte un enseignement systématique et va jusqu’à Rome.
Jacques ira en Espagne. Thomas aux Indes.
Jean évangélise en Asie mineure, et meurt prisonnier sur l’île de Patmos à la fin du 1er siècle.
Par l’authenticité de la foi des croyants: C’est la vie communautaire, généreuse et
chaleureuse, le souci pour les pauvres, la suppression des distinctions de race, de classe et de
sexe au sein d’une fraternité égalitaire ; et surtout le témoignage enthousiaste des chrétiens
ordinaires qui fait que le mouvement prend de l’ampleur (Act.8:1,4 ; 11:19-21). Vitalité !
Par la nature du message : Il concerne la personne de Jésus, personnage historique, attrayant
entre tous. Sans lui, il n’y aurait pas eu de christianisme. Le message est simple : divinité,
humanité, vie, mort, résurrection, ascension et retour de Jésus. Mais il demande un
engagement personnel. Le message a une portée universelle : le salut apporte le pardon des
péchés et la vie éternelle, et est une grâce accordée à tous ceux qui croient du cœur et le
montrent par leur conduite. Il n’est pas basé sur une observance de la loi de Moïse ou sur des
œuvres méritoires. Il tranche avec les nombreuses religions et philosophies de l’époque.
Par la Pax Romana : Unifie le monde connu : les routes romaines donnent accès partout. La
paix généralisée favorise les voyages. Le grec, langue écrite majoritaire et du commerce,
permet qu’on lise partout l’Ancien Testament (traduit de l’hébreux en Grec par 70 savants
juifs d’Alexandrie) et le Nouveau Testament. A la fin du 1er siécle (en 70 ans), il y avait des
Eglises dans tout l’empire Romain de l’Angleterre à l’Arménie, et de Carthage (Tunisie) à la
Babylonie, et au-delà. Tacite écrit que les chrétiens à Rome étaient une multitude.
Malgré la persécution de l’Etat : Les premières persécutions violentes ont lieux dans
diverses parties de l’empire, et à Rome sous Néron (52-68) et Domitien (81-96). Les
catacombes servaient aux chrétiens de refuges, de lieux de culte et de cimetières.
Le Christianisme aujourd’hui
Sa situation par rapport aux religions
Population du monde :
6, 6 milliards
Adhérents au christianisme :
2, 2 milliards (33% - 1/3)
A l’islam :
1, 3 milliards
A l’hindouïsme :
850 millions
Au bouddhisme :
375 millions
A l’animisme
240 million
A l’athéisme
155 millions
A d’autres religions, ou irreligieux - le reste du monde
Ses grandes familles
Catholiques :
1,1 milliards
Adhérents de communautés indépendantes
415 millions
Protestants
360 millions
Orthodoxes
220 millions
Anglicans
70 millions
Moyens de diffusion
La Bible est , depuis toujours, chaque année, et de loin le best-seller dans le monde : 65
millions de Bibles entières par an. 135 millions de Nouveaux Testaments. La Bible entière a
été traduite dans plusieurs centaines de langues. Des parties de la Bible dans plus d’un millier
de langues. Les 98% de la population du monde peuvent lire la Bible dans leur langue
maternelle. 4 100 stations radio et TV dans le monde. Satellites ; internet, etc. Le
christianisme progresse partout sauf en Europe.
Impact
Il marque la société et la culture occidentale : littérature, art, pensée. La démocratie moderne
et la notion des droits de l’homme n’ont pas leurs racines dans les religions d’orient, ni dans
le marxisme, ni dans l’Islam, mais dans le christianisme. Les pays où les droits de l’homme et
la démocratie ont été le mieux respectés, et vers lesquels les gens du reste du monde ont le
plus émigré depuis l’an 1500, à cause de la liberté et la qualité de vie qui y ont régnés, sont :
la Suisse, l’Ecosse, les Pays-bas, la Suède, la Norvège, la Finlande, le Danemark, les EtatsUnis, l’Angleterre, la Nouvelle Zélande, le Canada, l’Australie. C’est dans ces pays qu’on lit
la Bible plus qu’ailleurs.
CHAPITRE 2 – LE CHRISTIANISME SOUS LA PERSECUTION (100 – 313)
Les pères apostoliques :
Ils étaient appelés ainsi parce qu’ils avaient connu personnellement un apôtre (90-140). Ils
cherchaient à fortifier les Eglises qui subissaient des dangers de l’extérieur et à l’intérieur.
Clément de Rome : Ecrit un traité sur la prédication et sur l’unité au sein de la communauté.
Ignace Combat les premières erreurs des Eglises en Asie, qui niaient l’humanité du Christ et
qui enseignaient le salut par la loi. Il est le premier à préconiser une autorité au-dessus de
l’Eglise locale pour combattre l’hérésie et les divisions.
La Didaché : Enseignement anonyme, sur la formation des responsables, sur des questions
d’éthique et l’attitude face aux erreurs. La plupart des pères de l’Eglise enseignaient le retour
du Christ à n’importe quel moment, pour établir son royaume de mille ans sur la terre. C’était
l’espérance chrétienne face à la persécution et aux épreuves.
Les persécutions par l’Etat Romain :
Sous l’empereur Trajan (98-117), qui y voyait une menace pour le culte de l’empereur et
craignait les désordres quand les chrétiens étaient attaqués. Il fallait renier le Christ sous peine
d’être torturé, crucifié, jeté aux bêtes ou décapité. Les victimes se comptaient par dizaines de
milliers. Ignace est martyrisé sous Trajan et Justin Martyr sous Marc-Aurèle.
Sous Dioclétien : En 303. Il interdit les réunions, de posséder les Ecritures; ordonne la prison
pour les conducteurs, et la destruction des lieux de culte. C’était la dernière grande
persécution avant la tolérance de 313. La persécution purifiait l’Eglise moralement, et
empêchait d’y adhérer ceux qui n’étaient que des Chrétiens de nom.
Les attaques des intellectuels :
Ils ridiculisaient le christianisme comme absurde et dangereux et les Eglises parce qu’elles
groupaient beaucoup de personnes de classe inférieure considérées comme ignorantes.
Les « apologistes » défendent la foi:
Justin Martyr : Les prophéties de l’Ancien Testament accomplies en Christ sont présentées
comme preuves. Le monothéisme était plus crédible que toutes les divinités païennes rivales.
Irénée : Episcope à Lyon : Il défend la divinité et la résurrection corporelle du Christ.
Clément d’Alexandrie : Défend l’autorité des Ecritures et s’en sert pour réfuter les attaques.
Origène : Il en écrit une réfutation systématique: «Contre Celse». C’est l’apologie la plus
complète de l’époque. Ecrit Des Principes, une systématisation de la doctrine chrétienne.
Tertullien : Relève les inconséquences du paganisme ; le premier à employer le mot
« Trinité ». Il dit : « Nous ne nous vengeons pas ; notre sang est une semence de chrétiens ».
Vie chrétienne :
Séparation des vices et des cultes du paganisme. On réprouve les métiers de gladiateur,
d’acteur et la vie militaire. Valeur de la vie humaine. Soumission à l’autorité civile sauf si elle
interdit ce que Dieu demande (culte de l’empereur ; interdiction d’évangéliser). Tertullien dit
qu’il faut prier pour les empereurs et leurs ministres. On célèbre le dimanche, non le sabbat.
Mariage et famille. On cherche à rendre le bien pour le mal au lieu de se venger. L’influence
est indirecte (sel et lumière). Ni Jésus ni les apôtres ne furent des réformateurs sociaux.
Vie communautaire :
Les rencontres :
Se tiennent dans les maisons privées. Les lieux de culte construits à cette fin, n’apparaissent
que graduellement, car ils sont davantage vulnérables face aux persécutions. Les éléments
spontanés du culte primitif ont tendance à devenir une liturgie plus structurée.
Les ordonnances : Le baptême se fait par immersion après catéchèse et la récitation d’une
profession de foi. La table du Seigneur reçoit le nom d’« eucharistie » (eucharistia signifie
« remerciement ») à cause de l’importance des prières de remerciement qui la précèdent.
Les charismes : Le libre exercice de l’un ou l’autre de la vingtaine de charismes, par
n’importe quel chrétien contribue au développement interne des Eglises.
Les charges officielles : Chaque Eglise locale était sensée avoir ses propres conducteurs
officiellement établis (Act.14 :23 ; Tite 1 :5). Les liens entre elles étaient spirituels et basés
sur les visites des apôtres, sur l’entre-aide matérielle, l’échange d’enseignants et de
correspondance, sur des actions missionnaires en commun et des concertations doctrinales.
L’organisation était flexible, mais on était intransigeant sur les fondements de la foi et la
moralité. Au début, l’autonomie des Eglises locales et leur éparpillement les rendait coriaces.
Croissance (Carte)
A l’intérieur de l’empire : Le Eglises locales se multiplient. La population chrétienne devient
plus dense. Vers l’an 200, diverses estimations permettent de croire qu’il y avait 30 000
chrétien dans la ville de Rome.Vers 300, il y avait une vingtaine de diocèses en Syrie et, selon
les estimations, un tiers de la population de l’empire serait devenu chrétien.
Au delà de l’empire : Edessa, en Mésopotamie (150) devient un centre d’où partent des
missionnaires pour les régions en dehors de l’empire. Chez les Mèdes et les Perses dont le roi
Abgar se convertit. En Parthie et en Bactriane (Turkménistan), en Arabie, dans toute l’Afrique
du Nord et en Egypte méridionale, où sont jetées les bases de l’Eglise copte.
Déviances :
Gnosticisme : Le salut par la connaissance. Identifie le bien avec l’esprit et le mal avec la
matière pour nier la création par Dieu et l’incarnation du Christ. Marcion infiltre les Eglises
jusqu’à Rome. Un certain ascétisme conduit à l’idée du célibat des conducteurs.
Antitrinitarisme. Nie la divinité du Christ et du Saint-Esprit. Réapparaît à travers les siècles
dans différents mouvements. Aucun de ceux-ci ne dure plus de trois siècles. Toutes les
grandes familles chrétiennes actuelles sont trinitaires.
Réaction aux déviances : Elles conduisent à un résumé de l’essentiel de la foi : Le Symbole
des Apôtres (Credo) qui est formulé au 2è s. à partir des confessions demandées aux baptisés,
et devient un test d’orthodoxie. Tous les livres du Nouv.Test. sont acceptés par tout le monde
avant l’an 400 et se sont imposés en vertu de leur inspiration et non d’un vote dans un concile.
Antécédents du catholicisme primitif :
La notion « Eglise catholique » : Le terme grec « katholikos » qui signifie « général » ou
« universel » est appliqué pour la première fois à l’Eglise par Ignace. Il désigne les fidèles
partout dans le monde, par opposition aux hérétiques et aux schismatiques qui, en général, se
trouvent dans une région géographique particulière.
La notion « Evêque ». Ce terme est tiré du mot grec: episkopos : « surveillant ». Lui, et le
mot presbuteros «ancien » désignaient une seule et même personne dans le Nouv. Test., dans
la Didaché, chez Clément de Rome, Irénée, Chrysostome, Jérôme, et Augustin. Chaque Eglise
locale était sensée en avoir plusieurs. Mais, avec le temps, avec le nombre de fidèles illettrés,
la menace de faux docteurs et les persécutions, on demandait que soient prises des mesures
rapides. Un seul homme tend à émerger et prendre les choses en main. L’épiscope devient
d’abord le pasteur unique de l’Eglise locale et se trouve bientôt à la tête de plusieurs Eglises
pour constituer un « diocèse » dont il devient « l’évêque ». Au 2e siècle Ignace écrit : « Suivez
tous l’évêque comme Jésus-Christ suit son Père ». Plusieurs de ceux-ci portaient déjà le titre
de « pape » (père). Les évêques des métropoles des provinces politiques prenaient l’ascendant
sur les autres dans leur province. Ils viennent à se considérer comme les successeurs des
apôtres. Les « anciens » prennent le nom de « prêtre » bien que le terme grec hiereus, (prêtre),
dans le Nouveau Testament, ne désigne jamais un responsable de l’Eglise en tant que tel.
Les premières prétentions romaines : Irénée recommande d’être d’accord avec Rome parce
que la doctrine apostolique s’y était maintenue et que le gouvernement de l’empire y résidait.
Le pape de Rome, Victor (189-199) menace d’excommunier les Eglises d’Asie Mineure
parce quelles célébraient Pâques à une autre date que celle de Rome. L’Eglise communauté
devient l’Eglise institution ; c’est le début de la « hiérarchie » (hiereus : prêtre + arche :
commandement).
CHAPITRE 3 – LE CHRISTIANISME DEVIENT RELIGION D’ETAT (313-590)
1. Constantin instaure la liberté religieuse et favorise le christianisme (313)
La liberté d’être chrétien: Avant une bataille importante, l’empereur Constantin eut une
vision de la croix, accompagnée d’un ordre : « Remporte la victoire par ce signe ». La victoire
dans la bataille le confirme dans sa foi dans l’efficacité de ce signe et scelle son amitié avec
les chrétiens. Il promulgue un édit de tolérance à Milan en 313. Les persécutions cessent.
L’intérêt à devenir chrétien : Le christianisme devient la religion officielle de l’empire. On
tend à se convertir par intérêt plutôt que par conviction personnelle. Le clergé n’est plus taxé
et son nombre augmente rapidement. La construction d’églises est subsidiée. On s’y précipite.
2. Le christianisme précise pour lui-même qui était Jésus - controverses christologiques
La controverse arienne : Arius, un prêtre d’Alexandrie nie la divinité de Jésus-Christ et le
considère comme le premier être créé. Il est opposé par un jeune diacre, Athanase. Cette
question théologique touchait à l’essence-même du christianisme : la personne de Jésus.
L’unité politique de l’empire sous Constantin permit la tenue d’un premier concile général
d’évêques à Nicée pour en discuter. Celui-ci adopte un symbole en 325 qui proclame que
Jésus-Christ est Dieu le Fils, qui a préexisté éternellement, engendré et non créé et qui est
d’une même substance avec le Père. Il s’en suit une succession malheureuse d’anathèmes, de
destitutions, d’exils, d’amnisties, et même de violences jusqu’en 381 quand l’empereur
Théodose convoque un concile à Constantinople. Celui-ci confirme la formule de Nicée en
précisant la divinité du Saint-Esprit et la distinction des personnes de la Trinité.
La controverse sur les deux natures du Christ : Il y avait un consensus que Jésus était vrai
Dieu et vrai homme. Mais quelle était la relation entre ces deux natures ? L’évêque Nestorius
considérait qu’elles étaient juxtaposées, sans véritable union, au point de former deux personnalités. Le moine Eutychès affirmait que sa nature humaine était absorbée par sa nature
divine, de sorte que les deux étaient confondues. Le concile de Chalcédoine (451) confessa les
deux natures du Christ « sans confusion, sans transformation, sans division, sans séparation ».
L’âpreté de ces discussions théologiques peut surprendre. Elle provenait de la profondeur des
convictions, et de l’importance qu’on attachaient à comprendre qui était Jésus.
3. Théodose impose le christianisme comme l’unique religion de l’empire (Edit de 380)
Le danger de ne pas être chrétien. On interdit le culte païen et on en détruit les statues et les
temples. Les non-chrétiens sont exclus des postes politiques. On oblige les païens à être
baptisés et à assister à l’office. On ne les évangélise plus, on les combat. L’Eglise persécutée
devint l’Eglise persécutrice. C’est l’erreur théocratique.
Tous sont chrétien d’office. L’Eglise est unie à l’Etat ; elle devient une Eglise de multitude.
Le chômage le dimanche est obligatoire. Les différences entre la société séculière et l’Eglise
s’estompent. L’Eglise se mondanise. Un synode en 384 impose le célibat des prêtres. La
distinction entre le clergé et les «laïcs » se creuse. Ces derniers se contentent d’une piété
médiocre et de forme. Ils sont marginalisés. L’Eglise des fidèles devient celle des clercs.
4. Le christianisme authentique se maintient grâce à des prédicateurs et des érudits
Martin de Tours (397) Missionnaire, il gagne et instruit les païens par la douceur, déploie une
action humanitaire, et se fait le défenseur des pauvres et des opprimés.
Ambroise de Milan (397) Evêque, il défend la doctrine de la trinité et celle de la mort du
Christ comme satisfaction surabondante. Sa prédication y fut pour beaucoup dans la
conversion d’Augustin. Il se distingue par sa fermeté doctrinale et sa piété.
Jean Chrysostome (407) Orateur hors pair (Son surnom signifie « bouche d’or »), il est
attaché à l’Ecriture et en fait une exégèse solide. Il recrute et envoie des missionnaires.
Jérôme (419) : D’une grande érudition, il traduit la Bible en latin (La Vulgate) et rejette les
apocryphes. Le catholicisme les accepte au concile de Trente (1564) contre l’avis des experts.
Augustin : Né en Afrique du Nord, il se rend à Milan où il se convertit après une vie dissolue.
Rentré en Afrique, il est nommé évêque d’Hippone. Il s’oppose à la conversion par la force.
Théologien hors pair et animé d’une grande ferveur, il compose plus de cent ouvrages, dont
ses Confessions, et la Cité de Dieu, qui est une philosophie de l’histoire, que Dieu dirige.
Patrick (460) Missionnaire anglais en Irlande, il est attaché à la Bible, va où il n’y a pas de
chrétiens, baptise des milliers d’Irlandais, devient évêque et consacre de nombreux prêtres.
Grâce à de tels individus remarquables, le Christianisme continue d’avoir une influence
bienfaisante : Il favorise le respect des femmes et des enfants, la fidélité dans le mariage
monogame, l’aide aux orphelin, étrangers, veuves, malades, prisonniers et pauvres. Il
s’oppose à l’infanticide, à la débauche, et aux excès en tous genres. Il stabilise la société.
5. Les Eglises-communautés autonomes deviennent l’unique Eglise-institution impériale
Le Christianisme ne s’est pas borné à avoir une influence sur son milieu ; il la subit aussi.
L’empire : L’évêché de Rome se situait dans la capitale de l’empire, pouvoir centralisé
absolu, hiérarchisé, coiffé par le Pontifex Maximus. Ce fait, et non une réflexion théologique,
a contribué à ce que les structures de l’empire deviennent celles de l’institution ecclésiastique
et que l’évêque de Rome devienne le pape. Léon 1er, le Grand, se dit le successeur de Pierre,
base sa primauté sur les paroles de Jésus à Pierre (Mat.16 :18-20) et est surnommé le premier
pape en 440. Les diocèses correspondent aux circonscriptions administratives et politiques.
Le judaïsme : La loi de Moïse apporte l’esprit légaliste et le droit canon. La prêtrise d’Aaron
nourrit le cléricalisme et creuse la différence entre prêtres et laïcs. Les sacrifices expiatoires
quotidiens de l’Ancienne Alliance deviennent le sacrifice perpétuel de la messe et justifient
l’efficacité du sacrement. L’institution visible devient le seul dépositaire des moyens de grâce.
Le paganisme : On construit des églises sur des sites de temples païens, comme celle à
Ephèse en l’honneur de la Vierge Marie sur celui de la déesse vierge, Diane. C’est là qu’en
431, un synode désigne Marie officiellement comme la Mère de Dieu. A Sienne, le temple de
Quirinus devient l’Eglise de St.Quirino. Il se crée une confusion et un mélange quand
l’attachement de la population à un lieu ou à un personnage païen est transféré a un
remplaçant chrétien. Le culte de Marie, des apôtres et des martyrs se substitue à l’ancien
polythéisme. On fait des statues et on se prosterne. Le paganisme persiste sous une forme
déguisée. Le monde entre dans l’Eglise.
6. Le monachisme réagit à la sécularisation d’un christianisme politico-socio-culturel
La pureté de l’Eglise étant menacée, ceux qui désespéraient de transformer la société et de
résister à la décadence ambiante, cherchent un refuge en se retirant du monde pour mieux se
conformer aux enseignements du Christ. C’était un réflexe compréhensible, mais contraire à
la pensée de Jésus qui avait dit : « Je ne te prie pas de les ôter du monde mais de les préserver
du mal » (Jean 17 :15). Très tôt , ils se réunirent en communautés (couvents, de conventus :
assemblée) en s’imposant certaines règles. On prêtait des vœux de pauvreté et de chasteté.
Patrick fonde de nombreux couvents en Irlande qui étaient autant de centres d’évangélisation.
Son successeur, Colomban, fait de même en Gaule et en Italie. Ils prêchent les Ecritures en
langue vulgaire et se sentent assez indépendants de la papauté. Les évêques s’en méfient.
Benoît de Nursie fonde un monastère à Mont-Cassin et compose une règle sévère. Il ajoute un
troisième vœux, celui de l’obéissance absolue au supérieur. Les Bénédictins se répandent dans
toute l’Europe. Ils défrichent des régions sauvages et forment des foyers de vie intellectuelle.
7. Les invasions germaniques sont une menace et une opportunité pour le christianisme
Le Nord de l’Europe avait été très superficiellement christianisé par Ulphilas, un adepte de
l’Arianisme (négation de la divinité du Christ). Quand un roi se convertissait, ses sujets
faisaient de même, en masse. La foi du prince devenait la foi du peuple. La plupart des
Germains étaient Ariens. Quand Visigoths, Burgondes, Vandales et Ostrogoths envahissent
tout l’empire d’Occident, celui-ci s’effondre, et le dernier empereur est destitué en 476. Le
terme « pape » étant venu à s’appliquer uniquement à l’évêque de Rome, son prestige assure
désormais la cohésion de la société, et il devient le premier personnage de Rome. Et sa foi en
la trinité permet que ces peuples soient gagnés à une vue plus juste de la personne de Jésus.
CHAPITRE 4 -LE CHRISTIANISME, L’ISLAM ET LE REGIME FEODAL(590-1054)
1. A la chute de Rome (476), les Eglises d’Orient se constituent en Eglises nationales :
Leurs évêques, appelés « patriarches » étaient davantage sujets aux autorités civiles de leurs
pays qu’en Occident. Les souverains de ces pays voulaient leur Eglise « autocéphale »,
indépendante du contrôle de Constantinople. Les Eglises d’Arménie, Coptes d’Egypte, Nubie
et Ethiopie, Jacobites de Syrie et Nestoriennes de Perse étaient « monophysites » (voyaient
une seule nature, divine et humaine, en Jésus-Christ). Jacobites et Nestorienne évangélisent
vers l’Est (Turkestan, Ouzbékistan, Sinkiang, Tibet, Indes, Chine). Zoroastrisme, Bouddhisme
Hindouisme et Taôisme étaient plus résistants à l’Evangile que le paganisme teuton.
2. Grégoire le Grand (590-603) apporte de la consistance à la chrétienté en Occident
Ascendance : Il acquiert de vastes terrains qui sont l’embryon du futur état pontifical. Plus
tard, Pepin le Bref asseoit le pouvoir temporel des papes en leur cédant des territoires autour
de Rome. Ce fut le patrimoine de Saint-Pierre. Le pape devient un souverain temporel.
Grégoire initie l’évangélisation parmi les Anglo-Saxons et les gagne au Catholicisme. Il
ramène le christianisme celte d’Irlande, toujours un peu indépendant, sous l’autorité de Rome.
Théologie : Grégoire précise la notion du purgatoire et l’idée que l’eucharistie constitue un
sacrifice. Il s’occupe de la liturgie et introduit le plain chant qu’on appellera « grégorien ». La
messe en latin était imposée, même en Allemagne.
3. L’Islam réduit l’étendue de la chrétienté et bride l’Eglise dans les régions conquises
Guerre sainte : Vers 635, celle-ci est lancée contre tous les non-Musulmans. L’Islam envahit
le Moyen Orient jusqu’à Constantinople, l’Arménie, l’Afrique du Nord et l’Espagne en peu
de temps. La christianisation y avait été superficielle. On accepte la religion de l’envahisseur
par intérêt. Dans les régions conquises, il permet aux chrétiens convaincus de se réunir, mais
interdit toute évangélisation; il les soumet à des impôts vexatoires. Les Eglises sont bridées et
contenues et se replient sur elles-mêmes. Certaines subsistent jusqu’à ce jour malgré tout.
Résistance : Cette avancée est arrêtée en 717 par l’empereur de Constantinople, Léon III qui
reprend le pouvoir sur l’Asie Mineure. Charles Martel arrête l’Islam en Europe à la bataille de
Poitiers en 732. La chrétienté (notion territoriale) se rétrécit à l’Est et au Sud.
Evangélisation : Ces pertes sont compensées en partie par une poussée chrétienne vigoureuse
au Nord de l’Europe. Les moines anglais, Willibrord (739), en Frise, Boniface (755) en Hesse
et Thuringe, et d’autres gagnent des peuples germaniques au catholicisme. Boniface établit de
nombreux couvents. Ansgar évangélise au Danemark et jusqu’en Scandinavie. Les anglais
avaient l’esprit missionnaire parce que le christianisme ne leur avait pas été imposé. Les
scandinaves l’acceptent parce qu’ils n’avaient rien à craindre politiquement de leur part.
Aucune poussée missionnaire de la part des peuples christianisés de longue date par l’Etat.
4. Les empereurs de Constantinople apportent consistance aux Eglises d’Orient
Ils continuent à lutter contre l’Islam et se maintiennent en Asie Mineure. Ils apportent une
cohésion entre les Eglises, mais au prix de la nomination et de la destitution de leurs évêques.
Les moines : Cyrille et Méthodius évangélisent en Moravie et en Tchéquie, gagnent des pays
slaves (Bulgarie, Serbie) et traduisent la Bible en slavon. Jean Damascène (VIIIs.) systématise
la théologie des Eglises Orthodoxes. Les moines sont nombreux, exercent l’hospitalité et
éditent des ouvrages d’érudition comme le font ceux du Mont Athos qui copiaient des
manuscrits bibliques. Mais le niveau de la moralité à la cour impériale, dans l’Eglise, dans les
monastères et dans la population allait mener à une lente décadence.
5. Charlemagne assure l’extension de la « chrétienté » (notion territoriale) en Occident
Renouveau : Il favorise l’alphabétisation et la culture, et crée des écoles, dont une au palais,
fut le précurseur de l’université. Il recommande la prédication en langue vulgaire et fait
traduire le credo et l’oraison dominicale. C’est une renaissance d’inspiration chrétienne.
Extension : Il repousse L’Islam au-delà de l’Ebre et puis attaque les Saxons qu’il oblige, sous
peine de mort, à se faire baptiser. C’est le début de la conversion de peuples entiers par la
force. L’Eglise modeste devient l’Eglise du pouvoir. Pour les gens conquis, le christianisme
n’est pas une question individuelle, mais politique. Le multitudinisme donne un christianisme
dilué par des éléments païens : croyance au pouvoir magique des reliques, porte-bonheur,
amulettes, du signe de croix, de rites. Charlemagne regroupe les peuples germaniques avec les
Francs et en l’an 800, est couronné par le pape « Empereur des Romains ».
Césaro-papisme : Charlemagne prend l’ascendant sur l’Eglise en se mêlant de questions de
doctrine, d’administration ecclésiastique, de la nomination d’évêques, de la convocation de
conciles. Il se considère comme le maître de l’occident. Par la suite, cet empire et l’Eglise
Catholique se disputeront l’ascendant en Occident.
6. Le régime féodal favorise le césaro-papisme
Morcellement : La renaissance carolingienne ne dure pas. L’empire s’effondre, et trois grands
royaumes, puis mille petits états s’élèvent sur ses débris. Un pape énergique et capable,
Nicolas 1er (858-867) cherche à intervenir dans la vie privée des souverains et à imposer sa loi
aux archevêques. Mais bientôt, la papauté tombe sous la coupe des grandes familles de Rome,
souvent corrompues. C’est la période de la « pornocratie ». Les scandales de la cour de Rome
et des papes Etienne VI et Jean XII ne sont que trop bien attestés.
Le Saint-Empire romain germanique : Il s’en suit que l’Allemand, Othon le Grand, se fait
couronner empereur par le pape Jean XII et veut reconstituer l’empire de Charlemagne. En
Allemagne, il fait don de vastes territoires aux évêques qui, de la sorte, deviennent princes
temporels (ex. princes-évêques de Liège), et lui doivent allégeance. L’empereur peut nommer
les ecclésiastiques. Les petits souverains cumulent les pouvoirs temporel et religieux. Ils
négligent leurs responsabilités spirituelles au profit des temporelles.
Théologie : Radbert formule l’idée de la transsubstantiation. Par la consécration du pain et du
vin par le prêtre, ceux-ci se transformeraient en le corps et le sang réels de Jésus. Il est opposé
par Ratramne. Ce dogme renforce l’eucharistie comme principal moyen de grâce catholique.
7. La réforme de Cluny
Les abbayes : La vie monastique s’était dégradée avec les siècles. L’abbé Bernon fonde une
abbaye à Cluny, où il veut restaurer la règle sévère de Benoît de Nursie. A cet effet, il place la
maison sous l’autorité du pape qui, à son tour, place d’autres maisons sous la dépendance de
la maison mère. Ce sont des centres de piété, de travail, d’érudition et de bienfaisance qui ont
une influence sur l’Eglise tout entière. Les effets : Ce pouvoir monastique centralisé, introduit
des réformes radicales et, après 931, oeuvre pour libérer la religion de l’emprise séculière des
princes. Des monastères s’installent en Allemagne et en Espagne islamique et amorcent la
reconquête de celle-ci. Les décrétals pseudo-isidoriens avaient renforcé le pouvoir des papes
sur les évêques. Des papes, comme Nicolas I, prennent un ascendant moral dans l’Eglise et
imposent des normes de moralité, si bien aux évêques, qu’aux princes catholiques.
8. Le schisme d’orient (1054)
Les causes : La langue et la mentalité grecques, en Orient s’opposaient à la langue et la
mentalité latines en Occident. Les empereurs d’Orient ne voulaient pas dépendre de ceux de
l’Occident. En Orient, on proscrivait certaines pratiques de l’Occident : le célibat des prêtres,
l’eucharistie avec du pain azyme, le baptême par aspersion, les statues, ainsi que les dates de
Pâques et de Noël. Mais sa cause principale fut l’absolutisme papal qui voulait exercer la
domination sur le patriarche de Constantinople. Après un certain nombre de démêlés, le légat
papal, le 16 juillet 1054, déposa sur l’autel de l’église Sainte-Sophie une formule
d’excommunication contre le patriarche. Celui-ci convoqua alors un synode qui excommunia
le pape. Les Eglises Orthodoxes fondent l’unité sur le Credo ; l’Eglise de Rome sur le pape.
Extension de l’Orthodoxie : Deux missionnaires, Cyrille et Méthodius, traduisent la Bible en
slavon et évangélisent le monde slave. En 989, le Grand Prince Vladimir de Russie se fait
baptiser avec la population. Dès lors, l’Orthodoxie fut la religion officielle de la Russie. Cette
période de cinq siècles (590-1054) marque une régression par rapport à l’Eglise primitive.
CHAPITRE 5-LE CHRISTIANISME A L’APOGEE DU POUVOIR PAPAL:1054-1300
1. Grégoire VII (Hildebrand -1073-1084)
Il émancipa la papauté à la fois de l’empereur et des familles romaines en faisant décréter par
le synode à Latran (1059) que désormais le pape serait élu par les cardinaux. Il ôtat au pouvoir
politique le droit de nommer les évêques. Cette mesure rencontra l’opposition des princes, et
en particulier d’Henri IV, roi d’Allemagne, qui déclara déposer Grégoire. Celui-ci riposta en
l’excommuniant Henri IV et ses sujets. Mais Henri IV s’étant montré corrompu et tyrannique
dans son propre pays, y avait de nombreux ennemis. Menacé par ceux-ci, il dût s’humilier
devant Grégoire à Canossa, en Toscane en 1077. Il implora le pardon du pape pendant trois
jours, pieds-nus, dans le froid et en habits de pénitent , avant de l’obtenir. Grégoire VII
imposa aussi le célibat à tout le clergé, après avoir brisé une forte opposition. Il supprima la
simonie, le trafic à prix d’argent des charges ecclésiastiques.
2. Les croisades (1095 -1270)
Vers la fin du XIe siècle, les musulmans se mirent à molester les chrétiens à Jérusalem. Les
papes, conscients de leur puissance politique, rêvèrent de reprendre les lieux saints aux
infidèles. Urbain II (1088-1099) convoqua un synode à Clermont pour en parler, et le peuple,
aux cris de « Dieu le veut » décida d’entreprendre l’expédition. On promettait aux participants
des indulgences. On les appela croisés parce qu’ils prirent pour signe une croix rouge sur
l’épaule droite. Ils gagnèrent l’Asie Mineure par plusieurs chemins, où ils livrèrent de rudes
combats. Après trois ans, décimés par des batailles et des épidémies, ils parvinrent devant
Jérusalem et sen emparèrent en 1099. Godefroid de Bouillon devint Protecteur du SaintSépulcre. Mais la situation de cet état chrétien lointain restait précaire, de sorte qu’il fallait
constamment de nouvelles croisades. La deuxième, prêchée par Bernard de Clairvaux n’eut
aucun résultat. Son échec fut attribué par Bernard aux péchés des croisés. La troisième eut le
même sort. La quatrième, conduite par la noblesse française et vénitienne fut dirigée, non
contre les musulmans, mais contre les chrétiens orthodoxes de Constantinople, qui fut prise et
mise à sac en 1204. La croisade des enfants (1212) fut une parenthèse particulièrement
lamentable. Les malheureux périrent tous de faim, de fatigue et de misère. La cinquième
n’eut pas de succès appréciable. Plus efficace fut la sixième, entreprise par l’empereur
d’Allemagne, Frédéric II. Il traita avec les musulmans, et obtint pour les chrétiens la
possessions des villes saintes. Saint Louis, roi de France en organisa une septième, puis un
huitième au cours de laquelle il mourut de la peste. Les croisades ne furent pas des entreprises
missionnaires, mais des campagnes militaires, manifestations d’un zèle mal éclairé. Elles ont
scellé l’antagonisme entre l’Islam et la chrétienté qui dure jusqu’à ce jour.
3. Innocent III (1198-1216)
Il humilia Philippe Auguste de France dans une dispute sur le divorce. Il priva de ses états le
roi Jean d’Angleterre qui avait exilé l’archevêque de Canterbury. Après un long conflit, le roi
Jean se soumit et proclama son pays vassal du Saint Siège, avec obligation de payer un tribut
annuel. La 4e croisade, qui mit Constantinople à sac, permit à un évêque latin de prendre la
place du patriarche grec en fuite. Le clergé orthodoxe se soumit à Rome. Le concile de Latran
de 1215, qui institua l’inquisition pour dénicher et punir toute hérésie, marque l’apogée de la
puissance papale et de la théocratie catholique. Augustin en avait jeté les bases théologiques
en définissant le royaume de Dieu sur terre comme une théocratie à l’image de celle d’Israël,
mais dirigée par l’Eglise institution et son Souverain Pontif. Boniface VIII, dans la bulle
Unam sanctam (1302), affirme la suprématie du pape sur les souverains dans les domaines
temporel aussi bien que spirituel. Mais il ne pût imposer la chose à Philippe IV, roi de France.
4. Les ordres religieux
L’ordre des Clunistes tombait dans la mondanité, et de nouveaux ordres, assurèrent la relève.
Les Cisterciens connurent un grand essor sous la forte personnalité de Bernard de Clervaux.
(1091-1153). Il alliait la sévérité à la sollicitude pour les moines, et l’orthodoxie catholique à
un certain mysticisme. Son humilité personnelle ne la pas empêché d’être le conseiller écouté
de plusieurs papes et d’être en correspondance avec les principaux souverains de son temps.
Les Franciscains : François d’Assise (1182-1226), fils d’un riche marchand eut une jeunesse
dissipée, se convertit au Christ et renonça à tous ses biens. Il se mit à prêcher la repentance et
la foi en Jésus. Il combinait ardeur et douceur et remuait les foules. De nombreux disciples se
joignirent à lui. Ceux-ci devaient pratiquer la pauvreté absolue, mendier leur nourriture
quotidienne et ne jamais manier d’argent. Il fondait ainsi le premier des ordres mendiants et
alla même prêcher aux musulmans en Egypte. Il fonda aussi un tiers-ordre destiné aux laïques
et souligna ainsi qu’on peut vivre une piété authentique sans embrasser la vie monastique.
Les dominicains contribuèrent à l’essor des universités et furent à la pointe de l’inquisition.
Les ordres de chevalerie se constituèrent pour épauler par les armes les campagnes militaires
des croisades. Des nobles combinaient l’idéal monastique et l’idéal chevaleresque du Moyen
Âge. Les Templiers protégeaient le Saint-Sépulcre. Les Chevaliers Teutoniques délaissèrent la
reconquête des lieux saints pour christianiser par le fer et le feu les pays Baltes et y lever des
impôts ecclésiastiques au profit du Saint Siège. Les nobles léguaient des terres aux ordres
religieux en échange des prières pour leur âme. L’Eglise pauvre devenait l’Eglise de l’avoir.
5. Les théologiens
La théologie de cette époque fut marquée par la scolastique. Pour celle-ci, la vérité est établie
par l’Ecriture, les Pères, les conciles et la tradition. Mais il reste aussi à tirer de ceux-ci toutes
les conséquences possibles en se servant du syllogisme et de la logique d’Aristote. On peut
ainsi préciser les dogmes anciens et en déduire de nouveaux. Parmi les nouveaux on compte
le purgatoire, la transsubtantiation et l’immaculée conception de Marie, dogmes qui n’ont
aucune mention explicite dans l’Ecriture. On interdisait la lecture de la Bible aux laïcs.
Anselme de Canterbury (1033-1109). Il avance la preuve pour l’existence de Dieu dite
« ontologique » . Par un raisonnement abscons, il conclut que Dieu ne peut être conçu sans
qu’il n’existe en réalité. Dans : Pourquoi Dieu s’est-il fait homme ? il montre qu’un Dieu
juste ne peut absoudre le coupable et doit punir le péché. Mais qu’un Dieu d’amour ne veut
pas le faire. Son amour l’a conduit à envoyer son Fils pour devenir un homme, pour vive sans
péché, et ainsi ne pas mériter la mort. Sa mort est un sacrifice volontaire qui satisfait toutes
les exigences de la justice de Dieu et le libère pour sauver ceux qui croient en Lui.
Thomas d’Aquin (1225-1274). Sa Somme Théologique est le chef-d’œuvre de la scolastique.
Il présente les dogmes catholiques comme un ensemble harmonieux, pleinement conforme
aux exigences de la raison humaine. Aujourd’hui encore, son ouvrage est à la base de toute
instruction théologique au sein du catholicisme. L’art, les vitraux, les sculptures et les lignes
verticales des églises gothiques de l’époque sont l’expression par l’image de cette théologie.
6. Premières réactions contre le système catholique
Pierre de Bruys, en Provence, combattit le célibat des prêtres, la prière pour les morts, les
superstitions liées aux reliques, et la pompe des cérémonies. Il préconisait le baptême sur
profession de foi et voyait dans l’eucharistie un mémorial. Il fut brûlé comme hérétique.
Les Vaudois : Pierre Valdo, riche marchant de Lyon, fit traduire le Nouveau Testament en
langue vulgaire, vendit ses biens et devint prédicateur itinérant. On appelait « Pauvres de
Lyon » ceux qui suivaient son exemple. Ils n’apportaient pas de doctrine nouvelle, mais
appelaient à la conversion et à la piété personnelles. Ils rejetaient le purgatoire et le culte des
saints. Ils se répandirent partout en Europe et furent persécutés ; mais se réfugiaient dans les
vallées reculées des montagnes et survécurent dans la clandestinité jusqu’à la réformation.
7. L’inquisition :
On créa des tribunaux spéciaux, servis par des inquisiteurs chargés d’examiner ceux qui
étaient soupçonnés d’hérésie. On les interrogeait sur les subtilités du dogme catholique pour
leur arracher des aveux ou leur faire dénoncer des complices. On les soumettait à la torture et
s’ils n’abjuraient pas, ils étaient livrés au bras séculier pour être exécutés.
CHAPITRE 6 – LE CHRISTIANISME ET LA CONTESTATION (1300-1517)
Agobert de Lyon ; Claude de Turin
CHAPITRE 7 – LE CHRISTIANISME ET LA REFORME (1517-1564)
CHAPITRE 8 – LE CHRISTIANISME ET LA CONTRE-REFORME (1564-1725)
CHAPITRE 9 – LE CHRISTIANISME ET LE PROTESTANTISME (1564-1725)
CHAPITRE 10- LE CHRISTIANISME ET LE RATIONALISME (1725-1790)
CHAPITRE 11 – LE CHRISTIANISME ET LES RENOUVEAUX (1725-1790)
CHAPITRE 12 – LE CHRISTIANISME ET LES MISSIONS (1790-1900)
CHAPITRE 13 – LE CHRISTIANISME SUBIT DES ATTAQUES (1790-1900)
CHAPITRE 14 – LE CHRISTIANISME ET L’OECUMENISME (1900-1950)
CHAPITRE 15 - LE CHRISTIANISME ET LA MONDIALISATION (1950 - )
MOYEN ÂGE – 400-1450
REGIME FEODAL – 590 (887)-1450
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