LE dépistage du cancer de la prostate Mon avis compte ! Table des matières LE DÉPISTAGE : VOUS AVEZ LE CHOIX Qu’est ce que le cancer de la prostate ? Qu’est ce que le dépistage du cancer de la prostate ? Le dépistage du cancer de la prostate : vous avez le choix 3 4 4 6 COMBIEN D’HOMMES MEURENT DU CANCER DE LA PROSTATE AVEC OU SANS DÉPISTAGE ? 8 LES BÉNÉFICES DU DÉPISTAGE 1.Savoir si on a un cancer de la prostate ou non 2.Éviter de mourir du cancer de la prostate 10 10 11 LES INCONVÉNIENTS DU DÉPISTAGE12 1.Être inquiété ou rassuré à tort 12 2.Avoir des effets secondaires dus au dépistage 13 3.Avoir des effets secondaires dus au traitement du cancer 13 4.Avoir des effets secondaires sans bénéfices pour la santé 15 METTRE EN BALANCE LES BÉNÉFICES ET LES INCONVÉNIENTS DU DÉPISTAGE 16 DÉCIDER DE FAIRE UN DÉPISTAGE AVEC VOTRE MÉDECIN 18 TERMES MEDICAUX 19 POUR EN SAVOIR PLUS 20 LE DÉPISTAGE : VOUS AVEZ LE CHOIX Le but de ce dépliant est de vous informer sur le dépistage du cancer de la prostate. Il vise à vous aider à mieux comprendre les bénéfices et inconvénients d’un dépistage. Il vous permet de préparer l’entretien avec votre médecin et de prendre avec lui la décision de faire un dépistage ou non. Ce dépliant ne peut pas servir comme une recommandation officielle, mais vous aidera à mieux comprendre les bénéfices et inconvénients d’un dépistage. ■3 Qu’est-ce que le cancer de la prostate ? Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes en Suisse. Pour la majorité des hommes qui ont un cancer de la prostate, souvent à un âge avancé, le cancer a peu d’effets sur la durée et la qualité de vie. Le cancer se développe lentement et peut s’étendre dans le corps si on ne le traite pas. On parle alors de métastases de cancer et certains hommes en meurent. Les chiffres en Suisse : • 6100 hommes reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate chaque année. • 1300 hommes meurent du cancer de la prostate chaque année. Qu’est-ce que le dépistage du cancer de la prostate ? Le dépistage du cancer de la prostate permet de détecter s’il y a un cancer de la prostate. Le dépistage vise à détecter et traiter le cancer de la prostate avant qu’il ne s’étende au reste du corps. Le dépistage se fait en l’absence de symptômes ou de signes de cancer. Les symptômes d’un cancer de la prostate localisé sont par exemple des changements dans vos habitudes d’uriner (difficulté à uriner, fait d’uriner plus souvent). Un cancer plus avancé peut donner des douleurs osseuses dans le bas du dos et le bassin, ainsi qu’une fatigue importante. 4■ Le dépistage se fait d’abord par une prise de sang. L’examen dans le sang est nommé le PSA. C’est l’abréviation de « antigène spécifique de la prostate ». Le PSA est une protéine qui est libérée dans le sang par la prostate. Le médecin fait souvent un toucher rectal en même temps que la prise de sang pour palper une éventuelle taille et consistance anormales de la prostate, signe de possible cancer. Le PSA permet de savoir s’il faut faire une biopsie de la prostate ou pas. Une biopsie est nécessaire pour confirmer s’il y a un cancer de la prostate (cf. p12). Si un cancer est confirmé par la biopsie, il faut alors discuter des possibilités de traitement (cf. p13). ATTENTION ! Des changements dans vos habitudes d’uriner (difficulté à uriner, fait d’uriner plus souvent) peuvent être des signes d’un cancer de la prostate. Si vous avez des signes de ce type, il faudra peut-être rechercher si vous avez un cancer. Parlez-en à votre médecin. ■5 Le dépistage du cancer de la prostate : vous avez le choix Le test PSA est le seul moyen actuel de dépistage. Le dépistage et le traitement du cancer peuvent avoir des bénéfices et des inconvénients. Le choix de faire un dépistage ou pas dépend de la valeur que vous portez à ces bénéfices et inconvénients. 1 1 2 2 3 3 Vessie Rectum Prostate Plusieurs sociétés médicales recommandent aux médecins de discuter avec leurs patients âgés de 50 à 70 ans des bénéfices et des inconvénients du dépistage par PSA combiné au touché rectal. Les médecins doivent s’assurer que leurs patients ont bien compris les conséquences du test avant de prendre la décision de le faire ou non. D’autres sociétés médicales ne le recommandent pas en raison d’opinions divergentes sur l’importance des bénéfices et inconvénients liées au dépistage. Le choix de faire ou non le dépistage dépend des valeurs que vous accordez à ces bénéfices et inconvénients. Votre avis compte. Votre médecin peut vous aider à prendre une décision. Parlez-en avec elle-lui ! 6■ Mon avis Mon avis compte ! compte ! ■7 COMBIEN D’HOMMES MEURENT DU CANCER DE LA PROSTATE AVEC OU SANS UN DéPISTAGE ? 100 hommes avec dépistage 100 hommes font le dépistage du cancer de la prostate de 55 à 70 ans, une fois par année. On observe les conséquences jusqu’à la fin de leur vie. ➜ ➜ diagnostics de cancer de la prostate pas de diagnostic de cancer 18 16 meurent d’autres causes ➜ 8■ ➜ ➜ 2 meurent du cancer de la prostate 82 82 meurent d’autres causes Le tableau suivant aide à comprendre les conséquences du dépistage sur le risque de diagnostic et de décès par le cancer de la prostate. Les chiffres proviennent des résultats d’une étude européenne, à laquelle la Suisse a participé. Ce sont des estimations optimistes des bénéfices du dépistage. 100 hommes sans dépistage 100 autres hommes de 55 ans ne font pas le test de dépistage et ne le feront jamais. On observe les conséquences jusqu’à la fin de leur vie. ➜ ➜ diagnostics de cancer de la prostate pas de diagnostic de cancer 11 8 meurent d’autres causes ➜ ➜ ➜ 3 meurent du cancer de la prostate 89 89 meurent d’autres causes ■9 LES BéNéFICES DU DéPISTAGE 1.Savoir si on a un cancer de la prostate ou non Le dépistage permet de savoir si on a un cancer de la prostate ou non. Si vous décidez de faire le test et il est dans la norme vous pourriez être rassuré de ne pas avoir de cancer de la prostate. 2.Éviter de mourir du cancer de la prostate Le dépistage permet de détecter plus de cancers de la prostate. 18 hommes sur 100 ont un diagnostic de cancer avec le dépistage au lieu de 11 sans dépistage. Les cancers diagnostiqués par dépistage sont en général détectés à un stade précoce. Le traitement de ces cancers peut éviter de développer des métastases et de mourir du cancer de la prostate. • Pour 100 hommes qui décident de faire le dépistage chaque année de 55 à 70 ans : ■1 homme n’aura pas de métastases (3 sur 100 développeront des métastases avec le dépistage au lieu de 4 sur 100 sans le dépistage). ■1 homme ne mourra pas du cancer de la prostate grâce au dépistage (2 sur 100 meurent du cancer de la prostate avec le dépistage au lieu de 3 sur 100 sans le dépistage). On ne sait pas si le dépistage permet de prolonger la durée de la vie en général. La majorité des hommes meurent d’autres causes que du cancer de la prostate. 10 ■ Qui à un risque plus élevé d’un cancer de la prostate ? Certains hommes ont un risque plus élevé de cancer de la prostate : ■ Les hommes avec un proche parent (père, frère, fils) atteint d’un cancer de la prostate avant l’âge de 65 ans. ■Les hommes d’origine africaine. Les bénéfices du dépistage pourraient être plus grands chez ces hommes à risque plus élevé. ■ 11 LES INCONVÉNIENTS DU DéPISTAGE 1. Être inquiété ou rassuré à tort • Être inquiété à tort : Si on fait le dépistage et que le PSA est anormal, il faut faire une biopsie. C’est l’examen qui permet de confirmer la présence d’un cancer de la prostate. Dans plus que la moitié des cas, les analyses de la biopsie montrent qu’il n’y a pas de cancer de la prostate. C’est une fausse alerte du dépistage. Le PSA était élevé dans le sang pour une autre raison que le cancer. Souvent, la prostate était simplement augmentée de volume à cause de l’âge. On appelle cette condition une hypertrophie bénigne de la prostate. • Être rassuré à tort : Sur 100 hommes qui décident de faire le dépistage régulièrement et qui ont un résultat normal, 3 reçoivent malgré tout un diagnostic de cancer de la prostate entre les dépistages ou après 70 ans. Ce chiffre n’est pas 0 ! Le test n’est pas parfait. Biopsie Vessie Rectum Prostate Biopsie 12 ■ 2.Avoir des effets secondaires dus au dépistage Si le test PSA est anormal, il faut faire une biopsie afin de confirmer la présence ou non d’un cancer de la prostate. • Au cours d’une biopsie, on fait rentrer une aiguille dans la prostate. • La biopsie permet de retirer des fragments de prostate et de les analyser au microscope. Les hommes qui font une biopsie peuvent avoir des complications, que l’on détecte un cancer ou non. Environ 33 % des hommes considèrent qu’ils ont souffert d’une complication modérée et 1 % a dû être hospitalisé suite à une biopsie. Les complications possibles d’une biopsie sont : ■des douleurs ■de la fièvre ■des difficultés passagères à uriner ■du sang dans le sperme ou dans l’urine 3.Avoir des effets secondaires dus au traitement du cancer Si un cancer de la prostate est confirmé par la biopsie, il faut alors discuter du traitement. Il existe en général 3 options : traitement par une opération, traitement par radiothérapie et la surveillance active. La majorité des hommes avec un cancer de la prostate détecté par dépistage suit un traitement tel qu’une opération ou la radiothérapie. Le traitement vise à éviter que le cancer ne se propage dans le corps (métastases) et que les hommes meurent du cancer. ■ 13 • 1. La prostatectomie est une chirurgie qui consiste à enlever toute la prostate. C’est le traitement le plus courant. Les complications de la prostatectomie sont : ■Une incapacité à retenir ses urines (incontinence urinaire) : 10 % à 20 % des hommes opérés. ■Une incapacité d’avoir une érection (impuissance) : 40 % à 50 % des hommes opérés. • 2. La radiothérapie est un traitement local de rayons radioactifs qui détruisent les cellules cancéreuses. Les complications de la radiothérapie sont : ■Une inflammation du rectum et de la vessie. ■Une incapacité d’avoir une érection (impuissance) : 20% à 30% des hommes traités. • 3. La surveillance active permet de proposer un traitement seulement si le cancer progresse. Ceci permet de réduire le nombre d’interventions et leurs complications. La surveillance active est possible dans une minorité des cas, dans le cas de cancer à faible risque de progression (bas grade). La surveillance active nécessite : 14 ■ ■Les prises de sang et des biopsies de la prostate régulières. ■Nécessite des prises de sang et des biopsies de la prostate régulières. 4. Avoir des effets secondaires du diagnostic ou du traitement du cancer sans bénéfice pour la santé Le dépistage peut mettre en évidence des cancers dont l’homme n’aurait jamais eu connaissance si on n’avait pas fait le dépistage. Pour la plupart des hommes diagnostiqués, le dépistage ne fait que leur apprendre qu’ils ont un cancer, sans autres bénéfices pour la santé. Ils ne vivent pas plus longtemps suite au dépistage. Malgré les tests à notre disposition, il est difficile de prévoir quel homme bénéficiera du dépistage. Exemple de diagnostic qui ne change pas la durée de vie. Imaginons Jean, 55 ans, qui a un cancer de la prostate sans le savoir car il n’a pas de symptômes. Ce cancer n’est pas agressif (bas grade), se développe très lentement et ne sera jamais diagnostiqué sans dépistage. Le cancer est trouvé Jean sait désormais qu’il a un cancer. Il est suivi médicalement et va peut-être suivre un traitement. ➜ Scénario 1 Jean fait un dépistage Jean vit jusqu’à 85 ans. Le cancer n’est pas trouvé Jean ne sait pas qu’il a un cancer. Le cancer n’a pas d’influence sur sa santé. ➜ Scénario 2 Jean ne fait pas de dépistage Dans cette situation, la durée de vie de Jean est la même, qu’il ait décidé de faire un dépistage ou non. Certaines personnes appellent cette situation un surdiagnostic. Un surdiagnostic est un diagnostic, le plus souvent suivi par un traitement, qui n’apporte pas de bénéfice pour la santé. ■ 15 METTRE EN BALANCE LES BéNéFICES ET LES INCONVéNIENTS DU DéPISTAGE La décision de faire ou non le dépistage peut être difficile à prendre. Nous aimerions tous avoir les bénéfices du dépistage, sans en subir les possibles inconvénients. C’est impossible. Si l’on décide de faire le dépistage, il faut en accepter les possibles inconvénients et la possibilité d’absence de bénéfices. Je décide de faire le dépistage parce que : ■ J’aimerais savoir si j’ai un cancer de la prostate. ■ Le test PSA est le test à disposition pour le moment qui permet de faire un dépistage du cancer de la prostate. ■ Je veux faire tout mon possible pour éviter de mourir du cancer de la prostate. ■ Si le test PSA est anormal, je suis prêt à accepter les effets secondaires d’une biopsie (douleurs, infection). ■ Si la biopsie montre que j’ai un cancer, je suis prêt à accepter les effets secondaires du traitement du cancer (incontinence urinaire, impuissance). ■ Je suis prêt à accepter que le cancer détecté par dépistage ne m’aurait peut-être jamais causé de problèmes si j’avais décidé de ne pas faire de dépistage. 16 ■ Afin de vous aider dans votre réflexion, lisez les énoncés suivants et cochez ceux qui sont les plus importants pour vous. Je décide de ne pas faire le dépistage parce que : ■ Je préfère ne pas savoir si j’ai un cancer de la prostate ou non. ■ Je pense que le test de dépistage dont nous disposons n’est pas assez fiable. ■ Je pense que la diminution du risque de mourir d’un cancer de la prostate suite au dépistage est insuffisante. ■ Si le test PSA est anormal, je ne veux pas prendre le risque d’avoir des effets secondaires d’une biopsie (douleurs, infection). ■ Si la biopsie montre que j’ai un cancer, je ne veux pas prendre le risque d’avoir des effets secondaires du traitement (incontinence urinaire, impuissance). ■ Je suis prêt à accepter que je pourrais être diagnostiqué avec un cancer plus tardivement que si j’avais décidé de faire le dépistage. ■ 17 DÉCIDER DE FAIRE UN DÉPISTAGE AVEC VOTRE MÉDECIN : Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise décision concernant le dépistage du cancer de la prostate. La meilleure décision est celle qui vous convient le mieux. Votre médecin est la personne la mieux formée pour répondre à toutes vos questions et vous aider à prendre la décision qui sera la plus appropriée pour vous. 18 ■ TERMES MéDICAUX BiopsiePrélèvement d’un échantillon de tissus de la prostate. de la prostate Cancer Cellules anormales qui se multiplient de façon incontrôlée. Ils peuvent former des masses de tissu ou se propager dans le corps. DépistageExamens et tests ayant pour but de détecter la maladie au stade précoce, avant l’apparition de symptômes. DiagnosticRaisonnement menant à l’identification de la cause (l’origine) d’une douleur ou d’un symptôme. EffetsEffets indésirables suite à une intervention médicale ou une secondairesprise de médicaments. GlandeOrgane ou cellule pouvant produire et secréter une substance. La prostate est une glande qui produit un liquide qui devient partie du liquide séminal. HypertrophieAugmentation de la taille de la prostate sans un cancer. bénigne Une prostate volumineuse peut interférer avec l’écoulement normal de l’urine et augmenter les taux de PSA. MétastasesCellules cancéreuses qui se sont propagées dans d’autres régions du corps. Elles peuvent former des tumeurs secondaires. Prostate Glande située au-dessous de la vessie de l’homme et traversée par l’urètre. La prostate produit une partie du liquide séminal, qui garantit la mobilité des spermatozoïdes. ProstatectomieIntervention chirurgicale pour enlever toute la prostate. totale PSAProstate specific antigen (en anglais), antigène prostatique spécifique en français. C’est une protéine produite que par la prostate. Elle se trouve dans le sang. RadiothérapieTraitement local de rayons radioactifs pour détruire les cellules cancéreuses. RectumDernière partie du tube digestif, juste avant le canal anal et l’anus. SurdiagnosticDiagnostic d’une maladie par un test médical, chez une personne sans symptôme de la maladie, et dont le diagnostic n’apporte aucun bénéfice en terme de santé. SurveillanceSuivi régulier d’un cancer localisé qu’on croit être à bas risque active de croissance ou de métastases. SymptômeManifestation d’une maladie, comme la fièvre en cas de grippe ou la détresse respiratoire lors d’une crise d’asthme. Toucher rectalExamen de la prostate en la palpant avec le doigt à travers la paroi du rectum. Vessie Organe du système urinaire qui reçoit l’urine et la conserve avant son évacuation au cours de la miction. ■ 19 POUR EN SAVOIR PLUS visitez le site Web de la Ligue suisse contre le cancer, http://www.liguecancer.ch/fr/prevention_/depistage/ Cette brochure a été adaptée d’une brochure créée par le Collège des médecins du Québec. L’adaptation a été faite par la Policlinique médicale universitaire (PMU) en collaboration avec le Service d’urologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et de l’association Médecins de famille Vaud. Mise à jour : septembre 2015