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I. Un bref survol de la littérature
La question des différentiels d’inflation est récemment apparue comme une préoccupation de
plus en plus importante dans la littérature sur la formation des unions monétaires. Ce
phénomène s’inscrit particulièrement dans le sillage de la création de l’Union Economique et
Monétaire (UEM) en janvier 1999, faisant elle-même suite à l’adoption du Pacte de Stabilité
et de Croissance en 1997, qui fait de la convergence économique et de celle des prix une des
garanties essentielles à la pérennité de l’UEM et à la stabilité de la monnaie unique. C’est
ainsi que l’adoption de la monnaie unique européenne et l’hétérogénéité des politiques et
structures monétaires antérieures à l’UEM ont donné l’impulsion à une série de travaux
cherchant à caractériser l’évolution des disparités en matière d’agrégats structurels et de
politiques économiques parmi les économies concernées.
Dans le même ordre d’idées, depuis la mise en place de l’UMOA, la stabilité des prix est
devenue une priorité communautaire. D’ailleurs, des pays comme le Sénégal ont depuis
toujours rempli ce critère de convergence. Depuis le premier trimestre 2007, la hausse des
prix mesurée par l’indice harmonisé des prix à la consommation dans les capitales a suscité
beaucoup d’interrogations au niveau des décideurs économiques. Pour comprendre de façon
globale le problème de l’inflation, des travaux ont déjà été réalisés par la BCEAO (Diop
(2002)) et récemment, une étude effectuée par la Commission de l’UEMOA (2007) s’est
intéressée aux déterminants de l’inflation structurelle.
De manière générale, les travaux sur les différentiels d’inflation font apparaître deux
approches. La première fait appel aux concepts de β-convergence et de σ-convergence,
largement usités, en particulier depuis les années 90, dans la théorie de la croissance
économique (Barro, 1991 ; Barro et Sala-i-Martin, 1992 ; Quah, 1994) afin de tester
l’hypothèse selon laquelle les pays initialement pauvres tendent à rattraper les nations les
plus riches, en termes de revenus par tête. C’est ainsi que des auteurs tels que Weber et Beck
(2005), Ogawa et Kumamoto (2008), Licheron (2007) ont eu recours à cette approche
théorique pour analyser l’évolution des différentiels d’inflation dans l’UEM.
Si l’approche de la σ-convergence a essentiellement consisté en des tests des propriétés
statistiques des séries du différentiel d’inflation permettant de décrire l’évolution de la
dispersion des taux d’inflation, l’analyse par la β-convergence s’est attachée à expliquer
l’évolution et l’ampleur des différentiels par, d’une part, la persistance de l’inflation et d’autre
part, les facteurs cycliques tels que les différentiels de productivité (qui rendent compte
d’éventuels effets Balassa-Samuelson), les indicateurs de politique budgétaire (Licheron,
2007), le degré d’ouverture des économies, les effets du taux de change (Angeloni et