Chapitre 17
Variables aléatoires discrètes
On considère une expérience aléatoire modélisée par un triplet (,F,P).
17.1 Variables aléatoires discrètes
17.1.1 Définitions
17.1.1.1 Variables aléatoires discrètes finies
On suppose que l’univers est fini. On a donc ={ω1,...,ωN} avec N=Card(), et on
choisit comme tribu des évènements F=P().
Variable aléatoire discrète finie
On appelle variable aléatoire réelle discrète finie, en abrégé VARD finie, toute application
X:R.
L’ensemble X()=©X(ω1),...,X(ωn)ªest l’ensemble des valeurs prises par la variable aléa-
toire X.
Notations : L’ensemble X() est un ensemble fini de cardinal inférieur ou égal N=Card() :
Card¡X()¢Card()
On note n=Card¡X()¢et X()={x1,x2,...,xn} avec x1<x2< · · · < xn.
Exemple :On lance deux dès cubiques distinguables : = 1,62et N=Card()=36.
On note X= Nombre de 6 obtenus. Alors Xest une VARDF et X()={0,1,2} et n=Card¡X()¢=
3.
BATTENTION : ne pas confondre variable aléatoire et évènement. Une variable aléa-
toire est un nombre aléatoire, et un évènement est un prédicat aléatoire, c’est-à-dire une
phrase qui peut être vraie ou fausse.
Sur l’exemple précédent, on ne peut pas dire que « Nombre de 6 obtenus » est vrai ou faux, X
n’est donc pas un évènement.
Exemple :On considère une urne de 10 boules, composée de 6 boules blanches et 4 rouges.
On effectue ptirages successifs d’une boule avec remise : = 1,10p(les boules sont nu-
mérotées) et N=Card()=10p.
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CHAPITRE 17. VARIABLES ALÉATOIRES DISCRÈTES
On note X= Nombre de boules rouges obtenues. Alors Xest une VARDF et X()= 0,pet
n=Card¡X()¢=p+1.
17.1.1.2 Variables aléatoires discrètes infinies
On suppose que l’univers est infini. On rappelle que la tribu des évènements Fvérfie :
FP().
Variable aléatoire discrète infinie
On appelle variable aléatoire réelle toute application X:R{+∞} telle que :
Iintervalle de R,X1(I)F
On appelle variable aléatoire réelle discrète infinie, en abrégé VARD infinie, toute variable
aléatoire réelle Xtelle que l’ensemble X() est dénombrable (ie en bijection avec N).
En pratique, on admettra toujours que Xest une variable aléatoire réelle.
Notations :L’ensemble X() est noté X()={xn/nN} ou X={xn/nN}, où la suite de
réels (xn)nNest strictement croissante.
Exemple :On lance une infinité de fois une pièce : ={0;1}N.
On note X= Rang d’apparition du premier pile. Alors Xest une VARDI et X()=N{+∞}
(on dit que X= +∞ lorsqu’on obtient toujours des Faces depuis le premier lancer).
Sans préciser si elle est finie ou infinie, on parlera de variable aléatoire discrète (VARD en
abrégé).
17.1.2 Évènements associés à une VARD
Notation :Si Xest une VARD et Aune partie de R{+∞}, on admettra que :
X1(A)=©ω±X(ω)Aª
est un élément de F, ie que X1(A) est un évènement. Cet évènement sera noté plus sim-
plement [XA]. On a donc :
[XA]=©ω±X(ω)Aª
Cas particuliers :
Si A={a} où aR{+∞}, alors [X{a}] est noté plus simplement [X=a].
Si A=]− ∞,a] où aR{+∞}, alors £X]− ∞,a]¤est noté plus simplement [Xa].
Si A=[a,b[ où (a,b)¡R{+∞}¢2, alors £X[a,b[¤est noté plus simplement [aX<b]
etc.. .
Notation :Si Xest une VARD et Aune partie de R{+∞}, alors [XA] est un évènement,
et on peut donc calculer P¡[XA]¢. Pour simplifier la notations on notera P(XA)=P¡[X
A]¢.
Arnaud Bégyn, Lycée Fermat Toulouse. http://arnaud.begyn.free.fr/
17.1. VARIABLES ALÉATOIRES DISCRÈTES
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Exemple :On lance simultanément deux dès distinguables : = 1,62,F=P().
On pose X= Somme des deux chiffres obtenus. On a alors X()= 2,12et on peut considé-
rer les évènements :
[X=11] =©(6,5);(5,6)ªdonc P(X=11) =2
36
[X>10] =©(6,5);(5,6);(6,6)ª=[X=11][X=12] donc P(X>10) =3
36
[X1] = ; évènement impossible, donc P(X1) =0
[X12] ==[X0] évènement certain, donc P(X0) =1
On peut comparer les évènements associés à X.
Par exemple [X5] [X7] donc P(X5) P(X7) : en effet ω,X(ω)5=X(ω)
7.
De plus [X4] =[X>3], donc P(X4) =P(X>3), car : ω,X(ω)4X(ω)>3.
De même [X=3] =[X3][X<4] donc P(X=3) =P¡[X3][X<4]¢.
Il faut bien comprendre que tous ces résultats viennent du fait que Xne prend que des va-
leurs entières.
Système complet d’évènements associés à une VARD
Si Xest une VARD alors la famille ¡[X=x]¢xX()est un s.c.e..
Autrement dit, si X()={x1,...,xn}, alors la famille ¡[X=xk]¢1knest un s.c.e..
BATTENTION ! Si Aest une partie de R{+∞}, [XA] est un évènement, ie un élément
de F, et on peut donc calculer P(XA). Par contre P(X) ne veut absolument rien dire. ..en
effet Xn’est pas un évènement mais une variable aléatoire.
17.1.3 Loi de probabilité d’une VARD
Loi de probabilité d’une VARD
Si Xest une VARD sur (,F,P), on appelle loi de probabilité de Xl’application
LXX()[0,1]
x7−P(X=x)
La loi de probabilité LXest aussi notée PX.
Cas d’une VARD finie : X()={x1,...,xn}.
Déterminer la loi de Xc’est calculer P(X=xk), pour tout k∈ 1,n. Pour de petites valeurs
de n, on peut représenter les résultats sous forme d’un tableau à une entrée :
x x1x2... ... xn
P(X=x) ? ? ?
ou d’un diagramme en bâtons.
Cas d’une VARD infinie : X()={xn/nN} ou X()={xn/nN}{+∞}.
Déterminer la loi de Xc’est calculer P(X=xn), pour tout nN.
BATTENTION ! Avant de déterminer la loi de X, il est donc indispensable de déterminer
X(), c’est-à-dire les valeurs prises par la VARD X.
Arnaud Bégyn, Lycée Fermat Toulouse. http://arnaud.begyn.free.fr/
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CHAPITRE 17. VARIABLES ALÉATOIRES DISCRÈTES
Égalité en loi
Si Xet Ysont deux VARD, définies chacune sur un espace probabilisé, on dit que Xet Ysont
égales en loi lorsque LX=LY.
On le note X=L
=Y.
BATTENTION : X=L
=Yne signifie pas que X=Y, même si Xet Ysont définies sur
le même espace probabilisé (ie associée à la même expérience aléatoire). Considérer par
exemple le lancer d’un dé, X= 1 si le chiffre obtenu est pair et 0 sinon, et Y= 1 si le chiffre
obtenu est impair et 0 sinon.
Propriétés élémentaires d’une loi de probabilité
Soit Xune VARD. On a alors :
(i) xX(), P(X=x)[0,1] ;
(ii) X
xX()
P(X=x)=1.
Donc si Xest une VARD finie telle que X()={x1,...,xn} alors :
n
X
k=1
P(X=xk)=1
Dans le tableau représentant la loi de X, la somme des cases de la seconde linge doit donc
être égale à 1.
Si Xest une VARD infinie telle que X()={xn/nN} alors :
+∞
X
n=0
P(X=xn)=1
et donc lim
n→+∞
P(X=xn)=0.
Exemple :On lance deux dés distinguables et on note X= Sommes des deux chifres obtenus.
Alors X()= 2,12et la loi de probabilité de Xest :
k2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
P(X=k)1
36 2
36 3
36 4
36 5
36 6
36 5
36 4
36 3
36 2
36 1
36
On obtient le diagramme en bâtons :
0.05
0.10
0.15
0.05
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 121
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17.1. VARIABLES ALÉATOIRES DISCRÈTES
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Exemple :On lance une infinité de fois une pièce et on note X= Rang du lancer où on obtient
le premier Pile. Alors X()=N{+∞} et :
kN,P(X=k)=µ1
2k1
×1
2=1
2ket P(X= +∞)=0
Sur cet exemple on peut considérer, par abus de notation, que X()=N.
BATTENTION : P(X= +∞)=0 ne signifie pas que [X= +∞]= ;, mais seulement que
cet évènement est P-négligeable !
On obtient le diagramme en bâtons :
0.2
0.4
12345671
Construction d’une VARD ayant une loi de probabilité donnée
1. Cas d’une VARD finie. On se donne des réels p1, ..., pn, vérifiant :
• ∀k∈ 1,n,pk0 ;
n
X
k=1
pk=1.
Alors pour tous réels deux à deux distincts x1, ..., xn, il existe une variable aléatoire X
définie sur un espace probabilisé (,P(),P) telle que :
X()={x1,...,xn} et k∈ 1,n,pk=P(X=xk).
Et donc pour tout k∈ 1,n,pk[0,1].
2. Cas d’une VARD infinie. On se donne une suite de réels (pn)nNvérifiant :
• ∀nN,pn0 ;
+∞
X
n=0
pn=1.
Alors pour toute suite de réels strictement croissante (xn)nN, il existe une variable
aléatoire Xdéfinie sur un espace probabilisé (,F,P) telle que :
X()={xn/nN} et nN,pn=P(X=xn).
Et donc pour tout nN,pn[0,1].
Il n’y a unicité, ni de (,F,P), ni de la VARD X.
Exemple :Il existe une VARD Xà valeurs dans Net de loi donnée par :
kN,P(X=k)=3
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