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principes, l’auteur renoue avec la proposition avancée dans le Poème de Parménide
tout en la déclinant. Si l’on réhabilite la tension entre l’infinitif et le participe présent
en lui donnant une tournure intermédiale, l’axiome de son approche, qui se caractérise
par le « fait d’être-entre » la métaphysique et l’intermédialité, pourrait se résumer
ainsi : l’être c’est inter-essant.
En s’appuyant sur des points d’ancrage concrets, qu’il s’agisse de supports de
communication (la relation paradigmatique entre l’oral et l’écrit) de l’intelligible, de
traductions inévitables des expressions langagières (le cas exemplaire des fragments
de Parménide), d’actions contingentes (comme le rassemblement après coup des
textes aristotéliciens auxquels Andronicos de Rhodes a donné le nom de
« Métaphysique ») ou des modes de diffusion de la production intellectuelle (entre
autres, l’impression technique des Méditations cartésiennes), l’auteur trouve les
moyens d’expliciter différentes configurations historiques de l’immatériel. La
question de provenance que sous-entend le titre de son ouvrage présuppose donc une
autre question qui n’est plus tant « Qu’est-ce que l’idée ?» que « Comment l’idée se
transmet-elle? »
Pour y répondre, nous dit Méchoulan, on ne peut écarter la métaphysique ; il y
va d’une certaine métaphysique qui, contrairement à sa désignation réductrice d’un
ordre strictement suprasensible, s’élabore en relation aux matérialités contingentes du
monde sensible (supports, techniques, institutions, énoncés, formations discursives,
événements, etc.). Rien, en effet, de plus anachronique que de considérer l’idée
contemporaine d’intermédialité pour interroger le rapport de la pensée et de l’être qui
anime toute la réflexion de l’Occident (Heidegger). C’est pourtant un pari qu’il prend,
à rebours de nombreux commentateurs et interprètes, afin de penser le transit des
idées et les problèmes occasionnés, c’est-à-dire les continuités et discontinuités qui