Sur le piégeage de la lumière (ou comment améliorer l’efficacité des cellules solaires ?) Dr Ir Olivier Deparis Chargé de Cours Département de Physique Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix Séminaire interdisciplinaire résidentiel, FUNDP, 26-28 janvier 2011 L’effet photovoltaïque Iph p h+ e- - i h h>Eg + E junction Eg (eV) h+ R - • • n + E junction Phénomène quantique: absorption d’un photon (h>Eg) dans la zone intrinsèque génération d’une paire électron-trou (exciton) Sous l’action du champ électrique interne (Ejunction) injection de porteurs de charges dans les zones n et p courant (photo)électrique dans le sens bloquant de la diode L’absorption efficace de la lumière nécessite une épaisseur de couche qui dépend du matériau • • L’absorption complète de la lumière solaire dans le silicium cristallin (Eg~1.12eV @ 300K) nécessite une épaisseur de matériau de l’ordre de 500 microns Une large fraction de la lumière est perdue par transmission lorsque l’épaisseur de matériau diminue en deçà de 10 microns Crystalline silicon 1 0.9 0.8 T I d I e d I0 0.7 Transmission I0 4 0.5 0.4 0.3 k ~ n n ik 0.2 0.1 0 300 : coefficient d’absorption ñ: indice de réfraction complexe d=500μm d=200μm d=100μm d=10μm d=1μm d=0.2μm 0.6 400 500 600 700 800 Wavelength (nm) 900 1000 1100 <g[c-Si] En couches minces, le silicium amorphe offre une plus grande absorption que le silicium cristallin • • Dans le silicium cristallin, la création d’un exciton nécessite l’intervention d’un phonon (bande interdite indirecte) Dans le silicium amorphe, l’absence d’ordre cristallin à longue portée permet de se passer du phonon de sorte que l’absorption y est plus efficace (« bande interdite » directe) d=200 nm 1 0.9 Eg (eV) 0.8 Amorphe (a-Si) Cristallin (c_Si) 1,1 0.7 1,7 Transmission Silicium (Si) 0.6 0.5 0.4 0.3 Eg h c 0.2 g 0.1 0 300 crystalline silicon amorphous silicon 400 500 600 700 800 Wavelength (nm) 900 1000 1100 g[c-Si] g[a-Si] Les problèmes optiques à résoudre dans les cellules solaires en couches minces 1. Les diverses interfaces réduisent la quantité de lumière atteignant la couche active (pertes optiques par réflexion) 2. La faible épaisseur de la couche active (~200 nm) ne permet pas l’absorption complète de la lumière en un seul passage (pertes optiques par transmission) Couche de protection (verre) Couche d’oxyde conducteur (TCO) Couche active (a-Si) Schéma très simplifié de cellule solaire en couches minces Parties non représentées: • couches ultrafines de silicium amorphe dopé n ou p (jonction p-i-n) • contacts métalliques • substrat Solutions pour accroître l’absorption dans les couches minces • • • Couches antireflets: réduisent les pertes par réflexion aux interfaces Miroir arrière: augmente la réflexion de la lumière à sa sortie de la couche Piège à lumière: force la lumière à séjourner plus longtemps dans la couche en jouant sur la structure des interfaces Interface rugueuse Interface plane D: taille typique de la rugosité Point de vue de l’optique géométrique: déviation et réflexion multiples des rayons /D Point de vue de l’optique ondulatoire: diffusion, diffraction, interférence Couplage de l’onde incidente dans des modes guidés via la rugosité (corrugation) de surface Effets de la rugosité • • Rugosité fine (<<) transition graduelle de l’indice de réfraction entre les couches bonne couche antireflet ! Quelle différence entre une rugosité aléatoire et une rugosité périodique ? – Pas de différence car il existe une limite supérieure au facteur d’accroissement de l’absorption dû à la rugosité (argument « géométrique ») F 2 4n 4n 2 2 sin D n=1 n>1,0 d Hypothèses: • d>> • D>> • <<1 – Cette limite peut être dépassée dans certains cas avec des rugosité périodiques (argument « ondulatoire »), notamment si • d~ (couches minces) et D ~ (nanostructures) D d Aspects ondulatoires de la propagation de la lumière prépondérants ! Texturations bi- et tridimensionnelles • • • Interface TCO/a-Si texturée périodiquement – rainures de sections triangulaires (2D) ou pyramides à bases carrées (3D) Incidence normale (==0), lumière polarisée selon l’axe y Spectre d’absorption totale A() calculé pour le système bicouche TCO/a-Si z y x n=1.5 (verre) TCO (SnO2) 1000 nm H a-Si b 200 nm n=1.5 (verre) Rem: la texturation est construite en enlevant du matériau dans la couche TCO Calcul des champs électromagnétiques par la méthode des matrices de transfert 3D x z1 y z2 z Développements en séries de Fourier: ng r g e igr ng E x, y, z , t E g z e i k || g r it e g 1 g 1 Représentation des champs par un super-vecteur: a2 r x1a1 x2a 2 a1 g m1b1 m2b 2 b2 Eg1 , x z ... E x z Eg 0 , x z ... Eg , x z ng Ex z E y z F z H x z H y z Equations de Maxwell sous forme matricielle: d F z AF z dz Solution analytique: F z 2 e A z2 z1 F z1 T F z1 b1 (T: matrice de transfert de la couche périodique) Calcul de l’absorption totale de la structure en couches • • • A partir des amplitudes des composantes de Fourier des champs électriques et magnétiques dans le milieu d’incidence et dans le milieu d’ émergence, on calcule les flux électromagnétiques incident, réfléchi et transmis A partir de ces flux, on calcule la réflectance totale et la transmittance totale (incluant toutes les composantes de Fourier radiatives) Par conservation de l’énergie, on en déduit l’absorption totale dans le milieu stratifié J inc , J inc , J inc , R inc , J J 12 Re E H e z dS J emg , T inc , J A 1 R T J emg , Absorption élevée et uniforme sur le spectre obtenue par texturation 2D de l’interface H b b=300 nm 1 0.95 0.95 0.9 0.9 0.85 0.85 0.8 0.8 Absorption Absorption H=500 nm 1 0.75 0.7 Planar interface b=300 nm b=1500 nm b=2500 nm 0.65 0.6 0.7 Planar interface H=500 nm H=250 nm H=50 nm 0.65 0.6 0.55 0.55 0.5 400 0.75 450 500 550 600 Wavelength (nm) 650 700 0.5 400 450 500 550 600 Wavelength (nm) Attention: par construction, la texturation augmente le volume de a-Si 650 700 Comparaison avec un calcul basé sur la théorie des milieux effectifs Tout en conservant la nature ondulatoire du problème, on peut le simplifier fortement en approximant la rugosité par un empilement de couches homogènes d’indices effectifs b=300 nm 1 0.95 0.9 0.85 Absorption • 0.8 0.75 H=50 nm (TM3D) H=50 nm (EM) H=500 nm (TM3D) H=500 nm (EM) 0.7 0.65 0.6 0.55 0.5 400 450 500 550 600 Wavelength (nm) 650 700 Amélioration en passant à une texturation 3D H=300 nm 1 0.95 0.9 Absorption 0.85 0.8 0.75 0.7 0.65 0.6 Planar interface Triangles : b=300 nm Triangles : b=1500 nm Pyramides : b=300 nm Pyramides : b=1500 nm 0.55 0.5 400 450 500 550 600 Wavelength (nm) Attention: par construction, la texturation augmente le volume de a-Si 650 700 Variation de la hauteur des pyramides dans la texturation 3D H’ H’ 1 H’ 0.95 H’ 0.9 Absorption 0.85 ¾H H 0.75 0.7 0.65 ¼H ½H 0.8 0.6 Planar interface Pyramides : b=400 nm, H=10,20,30,40 nm Pyramides : b=200 nm, H=25 nm 0.55 0.5 400 450 500 550 600 Wavelength (nm) Rem: le volume total de a-Si est identique dans les deux cas 650 700 Vers une texturation pseudo aléatoire 1 ¾H 0.95 H 0.9 0.85 Absorption ½H ¼H 0.8 0.75 0.7 Planar interface 4 pyramides 4x4 pyramides 0.65 180° 370° 0.6 90° 0.55 0.5 400 450 500 550 600 Wavelength (nm) Rem: le volume total de a-Si est identique dans les deux cas 650 700 Ajout d’un miroir plan à l’arrière de la couche H=300 nm, b=300 nm 1 0.95 0.9 Absorption 0.85 Couche métallique (Al, 50 nm) 0.8 0.75 0.7 0.65 0.6 0.55 0.5 400 Planar interfaces TCO pyramids TCO pyrmaids and back reflector 450 500 550 600 Wavelength (nm) 650 700 Cellules tandem a-Si/c-Si b=400 nm 1 n=1.5 (verre) 0.9 TCO (SnO2) 0.8 1000 nm a-Si b Absorption H 200 nm c-Si 1500 nm c-Si 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 n=1.5 (verre) 0.2 400 Planar interfaces H=100 nm H=200 nm H=300 nm 500 600 700 800 900 Wavelength (nm) 1000 1100 1200 Eg,c-Si~1.1eV H<da-Si H=da-Si H>da-Si Eg,a-Si~1.7eV La texturation permet d’augmenter l’absorption surtout dans l’infrarouge b=400 nm, H=300 nm 1 0.9 0.8 Absorption 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0 400 Planar TCO/a−Si Planar TCO/a−Si/μc−Si Corrugated TCO/aSi/μc−Si 500 600 700 800 900 Wavelength (nm) 1000 1100 1200 Conclusions • • • • La texturation des interfaces dans cellules solaires constituées de couches minces est essentielle pour accroître l’absorption de la lumière La texturation en 3D (pyramides) donne des meilleurs résultats qu’en 2D (triangles) Dans les cellules au silicium amorphe mince, l’interface TCO/a-Si texturée agit comme une couche antireflet et permet de construire un piège à lumière efficace Dans les cellules tandems, la texturation simultanée des interfaces TCO/a-Si et a-Si/c-Si permet d’accroître l’absorption surtout dans l’infrarouge