Division du travail et extension des marchés

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> Division du travail et
extension des marchés
A. Smith
« Travail et emploi » – Séquence 3, enseignement obligatoire.
Séquence 2-SE00
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© Cned – Académie en ligne
Chapitre 1
Chapitre 2
> L’analyse d’Adam Smith (1723-1790)
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L’auteur
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Les avantages de la division du travail
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Origine et causes de la division du travail
�
Limites de la division du travail
..........................................
31
> Actualité et prolongements de la thèse
d’A. Smith
.................................................................................................................................
�
La division du travail au sein des entreprises
�
Division du travail entre les entreprises et entre les pays
Sommaire séquence 2-SE00
35
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© Cned – Académie en ligne
L’analyse d’Adam Smith
(1723-1790)
�
L’auteur
a. Eléments biographiques
Adam Smith est né en 1723 en Ecosse. Il entre à 14 ans à l’université où il fait des études de philosophie, étudiant notamment l’œuvre de D. Hume. Il devient professeur de logique puis de philosophie à
Glasgow en 1751. En 1759, il publie la « théorie des sentiments moraux ».
Il voyage en France de 1764 à 1766 où il s’initie à l’économie politique auprès des physiocrates. De retour
en Écosse, il rédige son grand traité « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations »,
publié en 1776. Cette œuvre majeure fera de lui le père de la pensée économique moderne.
b. Les grandes lignes de la pensée d’A. Smith
Considéré comme l’un des pères fondateurs de l’économie classique, c’est un fervent défenseur du
libéralisme économique.
Il prône le « laissez faire », le libre échange et la concurrence. Il démontre l’efficacité du marché qui
permet d’aboutir à l’échange et à la satisfaction des besoins de tous. Selon lui, une « main invisible »
organise, équilibre et harmonise les intérêts individuels dans le bien être collectif, optimum social, résultat
involontaire et idéal de la conduite spontanée des hommes. (programme de première).
Comme Ricardo ou Marx, il adhère à la théorie de la valeur travail : le travail est la source de la richesse
et le fondement de la valeur d’échange.
La richesse provient de la production matérielle et différents moyens permettent d’accroître cette
production afin d’enrichir la nation.
Dans cette séquence, nous étudierons comment la division du travail permet d’augmenter la production.
Dans la séquence 7, consacrée à la thèse de Ricardo sur l’échange international, nous verrons également,
comment selon A. Smith, la liberté des échanges favorise la croissance au niveau international.
c. Le contexte
A. Smith assiste aux débuts de la révolution industrielle en Grande-Bretagne, alors première puissance
mondiale. La condition ouvrière y est très difficile, de nombreux bouleversements techniques, démographiques et sociaux accompagnent ce début d’industrialisation.
�
Les avantages de la division du travail
Exercice �
Voir page suivante
Documents 1 et 2
Séquence 2-SE00
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© Cned – Académie en ligne
Document 1
La manufacture d’épingles
© Editions Flammarion
Document 2
Les effets de la division du travail
© Editions Flammarion
Questions
� La manufacture d’épingles repose-t-elle sur une division technique ou une division sociale du tra-
vail ? Justifiez.
� Recensez, en les expliquant, les trois causes des gains de productivité induits par la division du
travail selon Smith.
� Quelles conséquences cette augmentation de la productivité entraîne-t-elle dans l’économie ?
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Séquence 2-SE00
© Cned – Académie en ligne
En résumé
Hausse
de l'habileté
des ouvriers
Division technique
du travail
(spécialisation
des tâches)
Hausse de la
Gains de temps
Innovations
techniques
productivité
Hausse de la
croissance
économique
�
Origine et causes de la division du travail
Exercice �
La « propension à troquer »
Document 3
© Editions Flammarion
Question
Quelle est selon Smith l’origine de la division du travail ?
Exercice �
L’extension du marché
Document 4
© Editions Flammarion
Question
Quel rôle joue la taille du marché ? Expliquez.
Séquence 2-SE00
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© Cned – Académie en ligne
Exercice �
L’accumulation préalable à la division du travail
Document 5
L’accumulation d’un capital est un préalable nécessaire à la division du travail, le travail ne peut recevoir
des subdivisions ultérieures qu’en proportion de l’accumulation progressive des capitaux. À mesure que
le travail se subdivise, la quantité de matières qu’un même nombre de personnes peut mettre en œuvre
augmente dans une grande proportion ; et comme la tâche de chaque ouvrier se trouve successivement
réduite à un plus grand degré de simplicité, il arrive qu’on invente une foule de nouvelles machines pour
faciliter et abréger ces tâches.
Adam SMITH, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, édité par Gérard MAIRET
© Éditions GALLIMARD. « Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation,
toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite ». www.gallimard.fr
Question
Pourquoi l’accumulation d’un capital est-elle un préalable nécessaire à la division du travail ?
➠ Se reporter au corrigé des exercices 2, 3 et 4.
�
Limites de la division du travail
Exercice �
Les effets néfastes de la division du travail sur les ouvriers
Document 6
© Editions Flammarion
Questions
� D’après A. Smith, quelles sont les limites de la division du travail ?
� Comment l’État peut-il pallier ces effets pervers ?
➠ Se reporter au corrigé de l’exercice.
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Séquence 2-SE00
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Actualité et prolongements
de la thèse d’A. Smith
L
’approfondissement de la division du travail comporte de nombreuses limites comme l’ont précisé
de nombreux auteurs dont A. Smith lui-même. Cependant, force est de constater que la division du
travail a connu un développement important dans les entreprises à partir de la fin du 18e siècle avec
la mise en place de l’organisation scientifique du travail définie par Taylor puis la généralisation du
fordisme dans l’ensemble des pays développés après la seconde guerre mondiale. Cependant à partir de
la fin des années 60, le modèle « tayloro-fordien » entre en crise et de nouvelles formes d’organisation
du travail se mettent en place. Pour autant la division du travail reste très présente dans les entreprises
et se développe entre entreprises, au niveau national mais aussi international. L’efficacité de la division
du travail semble bien aller de pair avec l’extension des marchés et la mondialisation de l’économie
comme l’avait précisé A. Smith dès la fin du 18e siècle.
�
La division du travail au sein des entreprises
De l’approfondissement de la division à son apparente remise en cause.
Exercice �
L’épuisement du taylorisme
Document 7
« En premier lieu, pousser la division du travail dans l’atelier conduit, au-delà d’un certain seuil, à des
résultats contre-productifs : les tâches deviennent tellement répétitives que l’absentéisme et la rotation
de la main-d’œuvre témoignent indirectement des satisfactions des salariés ; le développement de la
hiérarchie intermédiaire hypothèque voire annule les gains de productivité réalisés dans l’atelier alors que
la hiérarchie intermédiaire s’accroît (dans l’économie américaine, la montée de l’encadrement a significativement contribué au ralentissement de la productivité) ; plus encore, une démarcation stricte des tâches
bloque leur redéfinition en réponse aux innovations organisationnelles permises par l’électronisation. La
crise simultanée du travail et de la productivité exprime cette limite dans la division du travail héritée de
l’après-Seconde Guerre mondiale.
De la même façon, la polarisation des qualifications dans la hiérarchie et la minimisation de l’implication
des ouvriers constituent un obstacle à la maîtrise des équipements programmables, à la polyvalence et, plus
généralement, à la réponse à l’incertitude et la variabilité de la demande. »
Question
Expliquez la phrase soulignée.
Ce document montre les limites engendrés par l’approfondissement de la division du travail.
Exercice �
Le toyotisme, image de marque de l’entreprise Toyota
Document 8
Voir page suivante
Séquence 2-SE00
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© Cned – Académie en ligne
L’inventeur du toyotisme est Taiichi Ohno (1912-1990),
vice-président de la firme japonaise Toyota. Selon Ohno,
le toyotisme trouve son origine dans la nécessité où
se trouvaient les entreprises japonaises au sortir de la
Seconde Guerre mondiale et produire en petite série une
gamme variée (alors que les États-Unis produisaient en
grande série des produits standardisés).
Question
En quoi le toyotisme peut-il constituer une solution aux problèmes soulevés dans le document 8 ?
Exercice �
Évolution des contraintes de rythme de travail déclarées par les salariés français
Document 9
Questions
� Comment évoluent les contraintes de rythme ressenties par les salariés français ?
� Les motifs qui imposent le rythme de travail ont-ils un lien avec les nouvelles formes d’organisation
du travail ?
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Séquence 2-SE00
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Résumé
Après la seconde guerre mondiale, l’organisation du travail dans les entreprises va s’inspirer des principes
de Taylor et de Ford et participer à la forte croissance économique. Le taylorisme et le fordisme sont des
applications de l’analyse de Smith sur la division du travail : l’objectif étant de diminuer les temps morts et
d’améliorer l’habileté des ouvriers.
Cependant l’extrême spécialisation des tâches conduit à la déqualification des ouvriers, à une dégradation
de leurs conditions de travail et à une diminution de leur capacité d’adaptation. Au début des années 70,
le modèle « taylorien fordien » débouche sur une crise de travail (mal façons, turn over, conflits ouverts…)
qui pèse sur la productivité. Contrairement à ce que pensait A. Smith, une division du travail trop poussée
peut nuire à la productivité.
Le « toyotisme » qui permet une plus grande implication des salariés va alors inspiré les chefs d’entreprises
européens et américains car il constitue une réponse aux limites du taylorisme.
Cependant les nouvelles formes d’organisation du travail inspirées du Japon (rotation des postes, élargissement des tâches, enrichissement des tâches, groupes semi-autonomes…) ne se sont pas véritablement
diffusées à grande échelle et le travail dans les entreprises reste fortement divisé.
�
Division du travail entre les entreprises
et entre les pays
a. Division du travail entre entreprises au niveau national
Exercice �
L’externalisation
Document 10
Dans les années 1970, le développement de cette polyvalence dans les industries de process s’est accompagné de nouvelles formes de répartition des tâches et des statuts.
[...] L’opération révèle les principes de division du travail sous-jacents. À la base même de ce traitement
différencié des travailleurs, une double segmentation est, en effet, à l’œuvre. [...]
Les tâches subalternes et connexes sont confiées à des sociétés spécialisées, assumées par une main-d’œuvre
intérimaire ou sans statut. Cette masse de travailleurs, « extérieurs » du point de vue du statut, se trouve
pourtant sous la direction des opérateurs de fabrication.
[...] Les activités d’entretien ont été soumises à un double mouvement. Une partie des dépannages, des
travaux d’entretien ou d’inspection ont été incorporés aux fonctions de fabrication. Les interventions d’entretien exceptionnelles ou de grande envergure ont à leur tour été sous-traitées. Cette restructuration aboutit
à un nouveau clivage de la main-d’œuvre en deux composantes interne et externe :
– un « noyau » stratégique d’opérateurs de fabrication-entretien, polyvalents et interchangeables ;
– une masse d’ouvriers mise « hors statut » par la sous-traitance, l’intérim ou le louage de services.
Cette « extériorisation » de la main-d’œuvre aboutit à marginaliser ces fractions de travailleurs de l’accès
aux conditions de salaires et de travail réglés par les conventions sectorielles.
M. STROOBANTS, Sociologie du travail, © Armand Colin
Questions
� Recherchez la signification d’externalisation.
� En quoi l’externalisation et la sous-traitance correspondent-elles à la mise en pratique des principes
exposés par A. Smith ?
Séquence 2-SE00
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b. Division du travail au niveau international
Voir cours enseignement obligatoire sur « les stratégies des multinationales »
Exercice 쐅
Les entreprises en réseaux
Un quart des importations chinoises sont
constituées de pièces détachées et de composants. La grosse majorité est assemblée
en Chine puis réexportée sous forme de
produits finis.
Document 11
Les réseaux d’entreprises profitent de la tendance
actuelle à l’ouverture des marchés, c’est-à-dire du
processus de suppression des obstacles légaux au
commerce international, comme les quotas d’importation ou les droits de douane. L’ouverture des
marchés permet en effet de diminuer les coûts de
transaction entre des entreprises situées dans des
pays différents.
Questions
Philippe Moati et El Mouhoub Mouhoud,
intitulé « Les nouvelles logiques de
décomposition internationale des processus productifs », paru dans la Revue
d’Economie politique n°5/2005, p.574.
© Editions Dalloz.
� Qu’appelle-t-on la modularité ?
� Quel est le mécanisme économique qui exlique la décomposition internationale des processus
productifs ?
La mise en pratique des propositions de Smith sur la division du travail (mais aussi sur le libre échange)
mène à la spécialisation au niveau international.
La division du travail se prolonge au niveau mondial avec l’apparition des multinationales et le développement des délocalisations.
La Décomposition Internationale des Processus de Production (DIPP) illustre parfaitement l’analyse
d’A. Smith au niveau international. Les firmes s’appuient sur l’efficacité de la division internationale du
travail pour améliorer leur compétitivité dans un marché toujours plus vaste et concurrentiel.
On parle de DIPP lorsque les FMN segmentent la production et chacune des filiales implantées dans
différents pays réalise une partie de la production (filiales-ateliers). Exemple, une firme automobile qui
délocalise en Asie la production de boîtes de vitesse, et qui maintient une partie de la production en
Europe.
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Séquence 2-SE00
© Cned – Académie en ligne
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