Les nouvelles stratégies d`attractivité des investissements étrangers

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Les nouvelles stratégies d’attractivité des
investissements étrangers au Maroc:
Cas des activités de l’offshoring
Submitted By
My M’hamed MRANI ZANTAR(1)
&
Sidi Mohamed RIGAR(2)
Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales
Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc
Introduction
Depuis quelques années, une nouvelle stratégie d‟attraction
des investissements est développée au Maroc. Elle consiste à
inciter les entreprises étrangères, surtout celles du nord de la
méditerranée, à externaliser une partie de leurs activités de
services et les délocaliser vers certaines zones sur le territoire
marocain, dite zones franches ou off-shore.
Le concept de l‟Offshoring, utilisé pour désigner ces
activités, est relativement récent, il vient s‟ajouter à l‟arsenal
vocabulaire lié au domaine des IDE et des techniques de leur
attraction par les pays d‟accueil. Pour le Maroc, il s‟agit de
positionner cette nouvelle activité au sein d‟un cadre plus
global, celui du développement du secteur des technologies de
l‟information et de communication, (TIC) et de voir dans
quelle mesure, ce nouveau pole de compétitivité peut s‟insérer
dans la stratégie globale du Plan Emergence lancé suite au
(1) Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales de
Marrakech
(2) Chef de Département des Sciences de Gestion à la Faculté des Sciences
Juridiques Economiques et Sociales, et Directeur par Intérim de l‟Ecole
Nationale de Commerce et de Gestion de Marrakech
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résultats du rapport Mckinsey sur l‟économie marocaine.
Dans ce travail de recherche, nous visons à mettre en
exergue, la nouvelle stratégie adoptée par le Maroc en matière
d‟attraction des investissements étrangers en concertation avec
les priorités fixées par le programme « Emergence » lancé
récemment par les autorités marocaines. C‟est ainsi qu‟à coté
des avantages classiques liés au cadre incitatif de
l‟investissement (encouragements fiscaux, stabilité politique,
climat favorable aux affaires…), la nouvelle stratégie de
l‟offshoring est basée sur de nouvelles capacités qui peuvent
être capitalisées pour développer les activités liées au pôle de
l‟offshoring, il s‟agit principalement, de l‟existence d‟un noyau
d‟entreprises et d‟entrepreneurs ayant une développé une
expérience au sein des métiers liés au secteurs et ayant
entretenu d‟excellentes relations de partenariat avec les
entreprises européennes, du développement spectaculaire des
infrastructures d‟accueil durant ces dernières années
notamment en matière de télécommunication et des
technologies de l‟information.
Notre objectif à travers l‟analyse de cette expérience est de
répondre aux principales questions suivantes :
1. Dans quel contexte économique, financier et
géopolitique intervient cette nouvelle stratégie d‟attraction des
investissements ?
2. Quels sont les atouts du Maroc pour réussir une
telle démarche ? et quels sont les moyens mis en œuvre pour la
réussir ?
3. S‟agit –il d‟une vision stratégique pour le Maroc à
long terme ou d‟une simple action à court terme rendu
nécessaire par les turbulences de la concurrence mondiale ?
Ce se sont autant de questions qui retiennent notre attention
lorsque nous nous intéressons à l‟étude de cette nouvelle
stratégie d‟implantation des IDE sur le territoire marocain.
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Ainsi, et après un approfondissement du cadre théorique et
conceptuel liés à la question d‟internationalisation de
l‟investissement en relation avec l‟externalisation des activités,
nous exposerons les principales composantes du programme
« Emergence » sur lequel le Maroc compte asseoir sa politique
de développement extraverti pour les dix années à venir. La
place accordée aux activités de l‟offshoring sera mise en
évidence à travers des données statistiques sur le volume des
investissements en jeu, mais aussi leur nature et leur qualité en
relation avec les objectifs visés par le programme
« Emergence ». Nous exposerons aussi les atouts qui feront du
Maroc une plate forme incontournable pour l‟attractivité des
IDE liées à l‟offshoring avant de conclure par la présentation
des limites de cette nouvelle stratégie et les actions à mettre en
place afin de les sarmenter.
1. L’offshoring comme une nouvelle forme de
délocalisation ou de relocalisation des investissements : la
justification théorique et conceptuelle
Dans les activités de l‟offshore, il peut s‟agir de la
délocalisation ou la relocalisation des activités de services par
les entreprises du nord via des filiales/joint-ventures/rachat de
sociétés, c‟est la délocalisation dite captive ou via des centre de
production ou des sous-traitants. Elle est aussi dite
délocalisation « en sous-traitance externalisée ». La destination
est généralement les pays «Low Cost »
1.1. L’offshoring : un nouveau concept en matière des
IDE
« L‟Offshoring » est utilisé donc pour désigner l‟ensemble
des activités de services à distance, qui traitent ou utilisent les
technologies de l‟information, pour offrir des services
administratifs, ou de traitement de l‟information. Ce concept,
qui était au départ, lié au secteur pétrolier, désigne aujourd‟hui
toutes les activités de délocalisation des services comptables et
financiers, de la télémédecine, du génie informatique,
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conception de logiciel etc.
L‟Offshoring n‟est pas à confondre avec la simple
délocalisation qui se traduit par des opérations de
« désindustrialisation » chez les donneurs d‟ordre, car les
remèdes proposés ne sont pas généralement ceux recherchés à
travers de telles opérations. En effet, ce ne sont pas seulement
des taches routinières qui sont délocalisées ou simplement
externalisées, et ce n‟est pas seulement par la capacité
d‟innovation, de recherche ou de formation, qu‟il faut aborder
ce problème. L‟offshore prend diverses formes avec un but
unique, celui de la réduction des coûts/et ou celle de la masse
salariale par le dérobement au coût du travail dans un processus
général de course à la profitabilité. L‟offshore peut aussi avoir
comme préoccupations secondaires la recherche d‟une
meilleure flexibilité aussi bien pour l‟absence de contraintes
sociales, que plus rarement, pour des raisons pratiques
(supervision 24/24, traitements de nuit… etc.).
1.2. Le cadre de justification théorique des activités liées
à l’offshoring
Théoriquement, l‟offshore se justifie par la réduction des
coûts, suite à une délocalisation dans un pays les conditions
de production, surtout, salariales, sont plus avantageuses pour
les donneurs d‟ordre que dans leur pays d‟origine. En réalité
pour ces pays, l‟offshore est d‟autant moins justifié que les
réductions réelles de coûts sont beaucoup moins importantes
que celles attendues en théorie. Cette approche justifie la
considération des activités liées à l‟offshoring comme de
simples IDE et par conséquent, comme un résultat du flux des
capitaux entre les pays ayant un taux de rendement bas, à cause
des facteurs de productions plus chers, vers les pays qui ont un
taux de rendement élevé. Cette proposition suit l‟idée que la
prise de décision d‟investissement des firmes multinationales
prend en considération le rendement marginal. Ainsi si le taux
de rendement est plus élevé à l‟étranger avec un même coût
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marginal du capital pour deux investissements similaires,
l‟intention d‟investir à l‟étranger l‟emporte sur celle d‟investir
à l‟intérieur du pays.
D‟un autre côté, la théorie d‟internalisation des IDE est très
liée à la théorie de la firme. Coase (1973) a établit une relation
entre les stratégie d‟implantation des firmes multinationales
dans les pays d‟accueil et le volume des IDE dans ces pays. Ses
travaux ont été repris et développés par Williamson (1975).
L‟idée centrale de ces recherches est que la stratégie et les
structures organisationnelles des firmes multinationales
permettent à celle-ci d‟internaliser leurs activités et donc
d‟organiser leur propres production, non pas en fonction des
signaux du marché, mais selon leur propres objectifs de
croissance.
L‟approche de kojima (1985), appelée aussi approche
macroéconomique, est aussi intéressante dans le sens elle se
base sur observations des échanges commerciaux et des IDE du
Japon et des Etats-Unis, entre eux et avec le reste du monde, en
particulier le sud-est asiatique. Les synthèses théoriques ont
amené kojima à, affirmer que la décision d‟investir à l‟étranger
est prise sur la base d‟avantages comparatifs pour bénéficier
d‟une supériorité technologique, scientifique ou de
management. Elle peut aussi être le fruit d‟un désavantage
comparatif, car chaque fois qu‟une entreprise perd sa
compétitivité, la délocalisation de toute ou d‟une partie de son
activité lui permettrait une restructuration de stratégie de
production
Agrwal (1991), de sa part, rapporte sur la base des résultats
de plusieurs études empiriques qu‟une forte relation est établie
entre la moyenne de rendement de ces investissements et le
risque associé, et qui est souvent mesuré par la variance de
cette moyenne de rendement. Cette logique aboutit à une
répartition géographique optimale des IDE, ce qui n‟était pas
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