L’URPS Infirmier S’ENGAGE
DANS LE DÉPISTAGE DE LA BASSE VISION
Les infirmiers ONT DU TALENT
Guy Bounéa a obtenu son diplôme d’IDEL en 2000. Installé en libéral
depuis 2005, il souhaite créer un pôle éducatif de prise en charge globale
autour des maladies neurologiques dans le bassin Sud.
A La Réunion, près de 6000 patients
seraient atteints de basse vision,
autrement dit, auraient moins de
4/10ème de vision. Le plus souvent, les
causes sont connues, elles sont le fait de
glaucomes chroniques, de rétinopathies,
de rétinite pigmentaire ou encore de
dégénérescence maculaire liée à l’âge
(DMLA). Ces patients, bien souvent très
isolés n’avaient jusqu’à il y a quelques
années que très peu de possibilités
de rééducation et restaient donc chez
eux avec une pathologie invalidante.
Aujourd’hui les techniques ont évolué,
et ils sont éligibles à plusieurs types de
rééducation mais demeurent difficiles à
dépister du fait de leur isolement. Les
infirmiers, seuls professionnels de santé
à intervenir au domicile des patients de
façon fréquente et répétée sont les mieux
placés pour les dépister et les orienter
vers un centre de rééducation. Car au delà
des problèmes médicaux directement
liés à la basse vision, ces patients sont
bien souvent désinsérés socialement,
voire analphabètes. En étant orientés par
exemple vers le centre Horus au Port, ils
peuvent recevoir l’appui d’une assistante
sociale à même de les aider pour recevoir
des aides liée à leur handicap par exemple.
Avec l’appui du réseau des infirmiers
libéraux présent sur toute l’île, l’URPS
Infirmier souhaite donc mettre en place
avec l’ARS et les professionnels de la basse
vision un programme de dépistage des
patients isolés atteints de basse vision.
Dans ma pratique d’infirmier
libéral, j’ai toujours mis l’accent sur
l’autonomisation du patient. J’insiste
souvent pour que le patient, s’il est d’ac-
cord apÒprenne par exemple à se piquer,
comment il doit prendre ses médicaments,
l’hygiène qu’il doit respecter pour éviter les
escarres par exemple. Je reste convaincu
que les patients doivent être acteurs de
leur santé. Pour aller plus loin dans cette
idée, j’ai réfléchi avec mes confrères sur
ce que l’infirmier libéral pouvait apporter
en plus dans un parcours de soin. Et on a
eu l’idée de ce projet de pôle éducatif, avec
une prise en charge globale du patient au-
tour des professionnels concernés par leur
pathologie neurologique : orthophoniste,
masseur-kiné, infirmier, neuroradiologue...
autour de l’éducation thérapeutique. De-
puis quelques mois, j’essaie de mobiliser
le réseau, et il s’avère que j’ai des retours
très positifs, aussi bien au CHU Sud avec
le Dr Tournebize qui nous a énormément
aidés, qu’auprès de l’ARS et l’ordre des
médecins, ou encore notre député maire
Patrick Lebreton. Cela va d’ailleurs nous
amener dans quelques semaines au CHU
de Toulouse ou nous allons suivre une
formation car il se trouve que là bas, les
patients parkinsoniens ont une qualité
de vie bien meilleure due en partie à un
modèle d’éducation thérapeutique très
efficace. On va donc tenter de s’en inspirer
pour transposer cela à La Réunion, dans
notre micro-région Sud. En réalité, c’est un
gros travail de structure que l’on va mettre
en place, et comme on est au contact des
patients tous les jours, on est particuliè-
rement bien placés pour la coordination.
Finalement, on attend toujours beaucoup
du médecin traitant, qu’il fasse le pivot...
Mais en tant qu’infirmier, on est capables
de le faire tout aussi bien...il suffit juste de
s’engager à faire changer les choses.
MÉTIER