MÉTIER #2 MAI 2013
L’URPS RENCONTRE
LA COUR DES COMPTES
Le 10 septembre dernier, l’URPS Infirmier était
invité à venir dialoguer avec M. Alain Gillette,
conseiller maître à la Cour des comptes de passage
à La Réunion. Explication.
La Cour des comptes, dont la mission est
de s’assurer du bon emploi de l’argent
public et d’informer les citoyens, prépare
actuellement un rapport sur la santé
Outre-mer. C’est à ce titre que nous avons
été invités à faire part de nos observations.
L’objectif de cette rencontre était de
faire un état des lieux de la santé des
populations Outre-mer et de l’offre de soin
proposée.
Après avoir rappelé l’engagement
des infirmiers libéraux au service des
Réunionnais dans leur mission de santé
publique, nous avons formulé trois
remarques.
Il existe un déséquilibre évident dans
l’offre de formation entre le territoire
métropolitain et La Réunion. L’obligation
de développement professionnel
continu (DPC) va d’ailleurs accentuer
le phénomène. Il est urgent de trouver
un mécanisme qui permettrait soit une
meilleure prise en charge des infirmiers
libéraux désirant se former en métropole,
soit une meilleure offre des organismes de
formation à destination des DOM.
Second thème, la répartition des
professionnels de santé. Le maillage
territorial des infirmiers associé à
une progression dynamique de leur
nombre doit être considéré comme
une opportunité. En effet, le poids
démographique des séniors à La Réunion
connaitra une évolution exponentielle dans
les prochaines années. Quand on connaît la
part que représentent les soins infirmiers
dans la dépendance, il faut maintenir une
attractivité suffisante du choix d’exercice
en libéral.
Enfin, nous avons souligné l’importance
du rôle de prévention et d’éducation
des infirmiers libéraux. Il conviendrait
de renforcer la mise en valeur de cette
compétence. Notre département accuse
un retard certain dans la prise en charge
de pathologie telle que le diabète et une
véritable stratégie de prévention construite
avec les infirmiers libéraux potentialiserait
les grandes actions de santé publique.
Emmanuel Adain
Président
Stratégie Nationale de Santé : le mois de
septembre aura tenu ses promesses en annonces
de rentrée. Un nouveau plan, un nouvel
élan. La ministre de la Santé veut « lancer la
révolution du premier recours ». Ce fameux
premier recours désigne les soins de proximités.
Quoi de plus surprenant que les infirmiers
libéraux n’y soient pas associés ! Surprenant,
en effet, quand nous constatons chaque jour
le bénéfice de notre travail et de nos réflexions
dans les travaux des URPS en région. Notre
URPS, c’est à dire la parole des infirmiers
libéraux, est sollicité sur de nombreux sujets.
Télémédecine, prévention, vaccination,
personnes âgées, pathologies font partie des
sujets sur lesquels l’ARS Océan Indien réclame
fréquemment notre avis. Il y aurait donc un
hiatus entre la volonté nationale et la réalité
territoriale ?
C’est d’ailleurs à l’échelle de notre territoire
que notre URPS prend tout son sens.
Vos élus travaillent obstinément à l’intégration
des infirmiers libéraux dans les politiques
régionales de santé publique.
Nous rencontrons les acteurs et les
institutions. Ce dynamisme nous vaut
régulièrement d’être cités en exemple.
Patiemment, nous construisons le réseau
indispensable que mérite notre profession.
LE JOURNAL DES INFIRMIERS LIBÉRAUX
À LA RÉUNION
Numéro 3 |NOVEMBRE 2013
32 rue Roland Garros | 97400 Saint-Denis
Directeur de la publication Emmanuel Adain
Rédatrice en chef Lisbeth Viard
Mise en page Azote
Impression Graphica
Editeur Réunion Editions
47 rue de Paris | 97400 Saint-Denis
EDITO
Le GCS Tesis travaille actuellement à la mise en place d’une messagerie
sécurisée de santé, qui sera d’abord déployée à titre pilote dans l’Est de l’île.
LA MESSAGERIE SÉCURISÉE
BIENTÔT généralisée
Le centre national des professions
de santé (CNPS) a été alerté par ses
organismes membres, dont l’URPS
Infirmier libéraux Océan Indien, de lacunes
importantes dans le versement de leur
dotation de fonctionnement.
Il apparaitrait en effet que lAgence
Centrale des Organismes de sécurité
sociale (ACOSS) chargée de collecter
DOTATIONS URPS : le compte n’y est pas
les cotisations prévues auprès des
professionnels de santé, et de les reverser
en totalité aux URPS n’effectue pas cette
mission de façon conforme. Le CNPS a
donc alerté le ministère de la santé afin
que ce dernier intervienne et débloque
l’argent versé par les libéraux de santé,
pour le fonctionnement de leur URPS
respectives.
PROCHAIN NUMÉRO :
Dossier spécial
DPC Dans notre prochaine
lettre à paraître en décembre/janvier,
nous traiterons du Développement
Professionnel continu. Nous vous
informerons sur les organismes à
contacter et les démarches à effectuer
pour mener à bien votre formation.
CONTACT
Développée à la Réunion par le
Groupement de Coopération Sanitaire
Tésis (GCS Tesis), la messagerie sécurisée
sera déployée à titre pilote d’ici quelques
semaines dans le bassin Est.
Comment cela va-t-il
fonctionner ?
Cent boites aux lettres seront créées pour
commencer, avant un déploiement auprès
de tous les professionnels courant 2014.
Elles concerneront les professionnels
de santé intervenant dans le
« parcours
coordonné du patient diabétique dans
l’Est »
, c’est à dire les infirmiers, médecins,
pharmaciens ou encore praticiens
hospitaliers.
La messagerie sécurisée permettra à ces
professionnels d’échanger des données
sur le patient. Et ce, de manière totalement
sécurisée puisque l’accès à la messagerie
se fera uniquement grâce à leur carte de
professionnel de santé insérée dans un
lecteur.
« L’idée, à terme, est de permettre une
fluidité dans les échanges, notamment
dans les cas d’hospitalisation, lorsque les
professionnels libéraux qui prennent en
charge le patient à la suite des hospitaliers
disposent le plus rapidement possible du
compte rendu afin d’assurer une poursuite
de soins adéquate »
explique Sylvie Molin, en charge du
déploiement de la messagerie au sein du
GCS Tesis.
Mais la messagerie sera également
pertinente pour effectuer des diagnostics
d’imagerie à distance,
« comme c’est déjà
le cas au Groupe Hospitalier Est Réunion
depuis un an avec un infirmier qui effectue
au sein de l’établissement des fonds d’œil
sur les patients, et qui fait parvenir les
images à un ophtalmologue afin que ce
dernier effectue rapidement un diagnostic
sans avoir besoin de se déplacer »
ajoute Sylvie Molin.
Comment améliorer LE PARCOURS
DE SANTÉ DU PATIENT DIABÉTIQUE ?
Dépister les rétinopathies
DIABÉTIQUES POUR IDENTIFIER LES MALADES
L’ARS souhaite accélérer la mise en place du dépistage et donc de la prise en
charge de malades non diagnostiqués.
L’URPS Infirmier en concertation avec l’URPS Médecin et l’ARS réfléchit
à la mise en place d’un « bus » de dépistage qui pourrait se rendre dans les
écarts et sur les marchés forains afin de dépister les rétinopathies diabétiques
et donc identifier les malades.
Le 12 septembre dernier, lARS OI
organisait en partenariat avec les URPS,
le Groupe Hospitaliser Est Réunion,
lAssurance Maladie, la Mutualité de la
Réunion et le Groupement de coopération
Ce n’est un secret pour personne,
le département compte un nombre expo-
nentiel de patients diabétiques.
Une grande partie de cette population est
prise en charge, mais beaucoup de
patients isolés ignorent encore leur ma-
ladie (souvent à un stade avancé) et sont
pour la plupart en défaut de soins.
Or il existe un moyen simple et totalement
indolore de les dépister, grâce à un fon
d’oeil réalisé à partir d’un rétinographe.
S’ils sont atteints de rétinopathie diabé-
tique, cela signifie que leur diabète est à
un stade déjà très avancé, et que ces
patients nécessitent des soins.
Des infirmiers formés pourraient être les
professionnels les plus à même d’effectuer
ces images sur rétinographe, avant de les
transmettre ensuite à des ophtalmo pour
diagnostic.
Si le cliché est positif, l’idée serait par la
suite, de leur proposer une prise en charge
pluridisciplinaire autour de leur maladie,
qui peut les conduire, si elle n’est pas trai-
tée, à une insuffisance rénale grave, voire
à un AVC.
La meilleure façon de dépister ces patients
est de leur proposer un simple examen
oculaire, un fond d’oeil à l’aide d’un rétino-
graphe.
sanitaire Tésis (GCS Tesis) une soirée
débat sur le thème de
« l’amélioration du
parcours de santé du patient diabétique
dans l’Est »
. Près de 150 professionnels de
santé avaient fait le déplacement, et parmi
ceux-ci de nombreux infirmiers libéraux.
LARS en a profité pour présenter les
actions prochainement mises en place sur
la problématique du diabète. Elle souhaite
notamment encourager le dépistage de
masse, avec l’organisation d’une campagne
au sein des pharmacies du bassin Est, des
cabinets infirmiers et au domicile même
des personnes suivies. Les médecins trai-
tants seront également mis à contribution
pour promouvoir une éducation thérapeu-
tique adaptée à chaque patient, avec des
formations spécifiques qui leur seront
proposées pour cela.
Et enfin lARS souhaite favoriser la coo-
pération entre professionnels de santé
avec la mise en place et l’utilisation de la
messagerie sécurisée santé (voir article
p2) ainsi que la constitution d’équipes plu-
ri-professionnelles à même de dialoguer
pour améliorer la prise en charge.
INSTITUTION
L’URPS Infirmier S’ENGAGE
DANS LE DÉPISTAGE DE LA BASSE VISION
Les infirmiers ONT DU TALENT
Guy Bounéa a obtenu son diplôme d’IDEL en 2000. Installé en libéral
depuis 2005, il souhaite créer un pôle éducatif de prise en charge globale
autour des maladies neurologiques dans le bassin Sud.
A La Réunion, près de 6000 patients
seraient atteints de basse vision,
autrement dit, auraient moins de
4/10ème de vision. Le plus souvent, les
causes sont connues, elles sont le fait de
glaucomes chroniques, de rétinopathies,
de rétinite pigmentaire ou encore de
dégénérescence maculaire liée à l’âge
(DMLA). Ces patients, bien souvent très
isolés n’avaient jusqu’à il y a quelques
années que très peu de possibilités
de rééducation et restaient donc chez
eux avec une pathologie invalidante.
Aujourd’hui les techniques ont évolué,
et ils sont éligibles à plusieurs types de
rééducation mais demeurent difficiles à
dépister du fait de leur isolement. Les
infirmiers, seuls professionnels de santé
à intervenir au domicile des patients de
façon fréquente et répétée sont les mieux
placés pour les dépister et les orienter
vers un centre de rééducation. Car au delà
des problèmes médicaux directement
liés à la basse vision, ces patients sont
bien souvent désinsérés socialement,
voire analphabètes. En étant orientés par
exemple vers le centre Horus au Port, ils
peuvent recevoir l’appui d’une assistante
sociale à même de les aider pour recevoir
des aides liée à leur handicap par exemple.
Avec l’appui du réseau des infirmiers
libéraux présent sur toute l’île, l’URPS
Infirmier souhaite donc mettre en place
avec lARS et les professionnels de la basse
vision un programme de dépistage des
patients isolés atteints de basse vision.
Dans ma pratique d’infirmier
libéral, j’ai toujours mis l’accent sur
l’autonomisation du patient. J’insiste
souvent pour que le patient, s’il est d’ac-
cord apÒprenne par exemple à se piquer,
comment il doit prendre ses médicaments,
l’hygiène qu’il doit respecter pour éviter les
escarres par exemple. Je reste convaincu
que les patients doivent être acteurs de
leur santé. Pour aller plus loin dans cette
idée, j’ai réfléchi avec mes confrères sur
ce que l’infirmier libéral pouvait apporter
en plus dans un parcours de soin. Et on a
eu l’idée de ce projet de pôle éducatif, avec
une prise en charge globale du patient au-
tour des professionnels concernés par leur
pathologie neurologique : orthophoniste,
masseur-kiné, infirmier, neuroradiologue...
autour de l’éducation thérapeutique. De-
puis quelques mois, j’essaie de mobiliser
le réseau, et il s’avère que j’ai des retours
très positifs, aussi bien au CHU Sud avec
le Dr Tournebize qui nous a énormément
aidés, qu’auprès de lARS et l’ordre des
médecins, ou encore notre député maire
Patrick Lebreton. Cela va d’ailleurs nous
amener dans quelques semaines au CHU
de Toulouse ou nous allons suivre une
formation car il se trouve que là bas, les
patients parkinsoniens ont une qualité
de vie bien meilleure due en partie à un
modèle d’éducation thérapeutique très
efficace. On va donc tenter de s’en inspirer
pour transposer cela à La Réunion, dans
notre micro-région Sud. En réalité, c’est un
gros travail de structure que l’on va mettre
en place, et comme on est au contact des
patients tous les jours, on est particuliè-
rement bien placés pour la coordination.
Finalement, on attend toujours beaucoup
du médecin traitant, qu’il fasse le pivot...
Mais en tant qu’infirmier, on est capables
de le faire tout aussi bien...il suffit juste de
s’engager à faire changer les choses.
MÉTIER
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