E D I TO L’URPS RENCONTRE LA COUR DES COMPTES Emmanuel Adain Président Stratégie Nationale de Santé : le mois de septembre aura tenu ses promesses en annonces de rentrée. Un nouveau plan, un nouvel élan. La ministre de la Santé veut « lancer la révolution du premier recours ». Ce fameux premier recours désigne les soins de proximités. Quoi de plus surprenant que les infirmiers libéraux n’y soient pas associés ! Surprenant, en effet, quand nous constatons chaque jour le bénéfice de notre travail et de nos réflexions dans les travaux des URPS en région. Notre URPS, c’est à dire la parole des infirmiers libéraux, est sollicité sur de nombreux sujets. Télémédecine, prévention, vaccination, personnes âgées, pathologies font partie des sujets sur lesquels l’ARS Océan Indien réclame fréquemment notre avis. Il y aurait donc un hiatus entre la volonté nationale et la réalité territoriale ? C’est d’ailleurs à l’échelle de notre territoire que notre URPS prend tout son sens. Vos élus travaillent obstinément à l’intégration des infirmiers libéraux dans les politiques régionales de santé publique. Nous rencontrons les acteurs et les institutions. Ce dynamisme nous vaut régulièrement d’être cités en exemple. Patiemment, nous construisons le réseau indispensable que mérite notre profession. LE JOURNAL DES INFIRMIERS LIBÉRAUX À LA RÉUNION Numéro 3 |NOVEMBRE 2013 32 rue Roland Garros | 97400 Saint-Denis Directeur de la publication Emmanuel Adain Rédatrice en chef Lisbeth Viard Mise en page Azote Impression Graphica Editeur Réunion Editions 47 rue de Paris | 97400 Saint-Denis Le 10 septembre dernier, l’URPS Infirmier était invité à venir dialoguer avec M. Alain Gillette, conseiller maître à la Cour des comptes de passage à La Réunion. Explication. La Cour des comptes, dont la mission est de s’assurer du bon emploi de l’argent public et d’informer les citoyens, prépare actuellement un rapport sur la santé Outre-mer. C’est à ce titre que nous avons été invités à faire part de nos observations. L’objectif de cette rencontre était de faire un état des lieux de la santé des populations Outre-mer et de l’offre de soin proposée. Après avoir rappelé l’engagement des infirmiers libéraux au service des Réunionnais dans leur mission de santé publique, nous avons formulé trois remarques. Il existe un déséquilibre évident dans l’offre de formation entre le territoire métropolitain et La Réunion. L’obligation de développement professionnel continu (DPC) va d’ailleurs accentuer le phénomène. Il est urgent de trouver un mécanisme qui permettrait soit une meilleure prise en charge des infirmiers libéraux désirant se former en métropole, soit une meilleure offre des organismes de formation à destination des DOM. Second thème, la répartition des professionnels de santé. Le maillage territorial des infirmiers associé à une progression dynamique de leur nombre doit être considéré comme une opportunité. En effet, le poids démographique des séniors à La Réunion connaitra une évolution exponentielle dans les prochaines années. Quand on connaît la part que représentent les soins infirmiers dans la dépendance, il faut maintenir une attractivité suffisante du choix d’exercice en libéral. Enfin, nous avons souligné l’importance du rôle de prévention et d’éducation des infirmiers libéraux. Il conviendrait de renforcer la mise en valeur de cette compétence. Notre département accuse un retard certain dans la prise en charge de pathologie telle que le diabète et une véritable stratégie de prévention construite avec les infirmiers libéraux potentialiserait les grandes actions de santé publique. C O N TA C T LA MESSAGERIE SÉCURISÉE BIENTÔT généralisée Le GCS Tesis travaille actuellement à la mise en place d’une messagerie sécurisée de santé, qui sera d’abord déployée à titre pilote dans l’Est de l’île. Développée à la Réunion par le Groupement de Coopération Sanitaire Tésis (GCS Tesis), la messagerie sécurisée sera déployée à titre pilote d’ici quelques semaines dans le bassin Est. Comment cela va-t-il fonctionner ? Cent boites aux lettres seront créées pour commencer, avant un déploiement auprès de tous les professionnels courant 2014. Elles concerneront les professionnels de santé intervenant dans le « parcours coordonné du patient diabétique dans l’Est », c’est à dire les infirmiers, médecins, pharmaciens ou encore praticiens hospitaliers. La messagerie sécurisée permettra à ces professionnels d’échanger des données sur le patient. Et ce, de manière totalement sécurisée puisque l’accès à la messagerie se fera uniquement grâce à leur carte de professionnel de santé insérée dans un lecteur. « L’idée, à terme, est de permettre une fluidité dans les échanges, notamment dans les cas d’hospitalisation, lorsque les professionnels libéraux qui prennent en charge le patient à la suite des hospitaliers disposent le plus rapidement possible du compte rendu afin d’assurer une poursuite de soins adéquate » explique Sylvie Molin, en charge du déploiement de la messagerie au sein du GCS Tesis. Mais la messagerie sera également pertinente pour effectuer des diagnostics d’imagerie à distance, « comme c’est déjà le cas au Groupe Hospitalier Est Réunion depuis un an avec un infirmier qui effectue au sein de l’établissement des fonds d’œil DOTATIONS URPS : le compte n’y est pas Le centre national des professions de santé (CNPS) a été alerté par ses organismes membres, dont l’URPS Infirmier libéraux Océan Indien, de lacunes importantes dans le versement de leur dotation de fonctionnement. Il apparaitrait en effet que l’Agence Centrale des Organismes de sécurité sociale (ACOSS) chargée de collecter les cotisations prévues auprès des professionnels de santé, et de les reverser en totalité aux URPS n’effectue pas cette mission de façon conforme. Le CNPS a donc alerté le ministère de la santé afin que ce dernier intervienne et débloque l’argent versé par les libéraux de santé, pour le fonctionnement de leur URPS respectives. sur les patients, et qui fait parvenir les images à un ophtalmologue afin que ce dernier effectue rapidement un diagnostic sans avoir besoin de se déplacer » ajoute Sylvie Molin. PROCHAIN NUMÉRO : Dossier spécial DPC Dans notre prochaine lettre à paraître en décembre/janvier, nous traiterons du Développement Professionnel continu. Nous vous informerons sur les organismes à contacter et les démarches à effectuer pour mener à bien votre formation. INSTITUTION Comment améliorer LE PARCOURS DE SANTÉ DU PATIENT DIABÉTIQUE ? L’ARS souhaite accélérer la mise en place du dépistage et donc de la prise en charge de malades non diagnostiqués. Le 12 septembre dernier, l’ARS OI organisait en partenariat avec les URPS, le Groupe Hospitaliser Est Réunion, l’Assurance Maladie, la Mutualité de la Réunion et le Groupement de coopération sanitaire Tésis (GCS Tesis) une soirée débat sur le thème de « l’amélioration du parcours de santé du patient diabétique dans l’Est ». Près de 150 professionnels de santé avaient fait le déplacement, et parmi ceux-ci de nombreux infirmiers libéraux. L’ARS en a profité pour présenter les actions prochainement mises en place sur la problématique du diabète. Elle souhaite notamment encourager le dépistage de masse, avec l’organisation d’une campagne au sein des pharmacies du bassin Est, des cabinets infirmiers et au domicile même des personnes suivies. Les médecins traitants seront également mis à contribution pour promouvoir une éducation thérapeutique adaptée à chaque patient, avec des formations spécifiques qui leur seront proposées pour cela. Et enfin l’ARS souhaite favoriser la coopération entre professionnels de santé avec la mise en place et l’utilisation de la messagerie sécurisée santé (voir article p2) ainsi que la constitution d’équipes pluri-professionnelles à même de dialoguer pour améliorer la prise en charge. Dépister les rétinopathies DIABÉTIQUES POUR IDENTIFIER LES MALADES L’URPS Infirmier en concertation avec l’URPS Médecin et l’ARS réfléchit à la mise en place d’un « bus » de dépistage qui pourrait se rendre dans les écarts et sur les marchés forains afin de dépister les rétinopathies diabétiques et donc identifier les malades. Ce n’est un secret pour personne, le département compte un nombre exponentiel de patients diabétiques. Une grande partie de cette population est prise en charge, mais beaucoup de patients isolés ignorent encore leur maladie (souvent à un stade avancé) et sont pour la plupart en défaut de soins. Or il existe un moyen simple et totalement indolore de les dépister, grâce à un fon d’oeil réalisé à partir d’un rétinographe. S’ils sont atteints de rétinopathie diabétique, cela signifie que leur diabète est à un stade déjà très avancé, et que ces patients nécessitent des soins. Des infirmiers formés pourraient être les professionnels les plus à même d’effectuer ces images sur rétinographe, avant de les transmettre ensuite à des ophtalmo pour diagnostic. Si le cliché est positif, l’idée serait par la suite, de leur proposer une prise en charge pluridisciplinaire autour de leur maladie, qui peut les conduire, si elle n’est pas traitée, à une insuffisance rénale grave, voire à un AVC. La meilleure façon de dépister ces patients est de leur proposer un simple examen oculaire, un fond d’oeil à l’aide d’un rétinographe. MÉTIER L’URPS Infirmier S’ENGAGE DANS LE DÉPISTAGE DE LA BASSE VISION A La Réunion, près de 6000 patients seraient atteints de basse vision, autrement dit, auraient moins de 4/10ème de vision. Le plus souvent, les causes sont connues, elles sont le fait de glaucomes chroniques, de rétinopathies, de rétinite pigmentaire ou encore de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ces patients, bien souvent très isolés n’avaient jusqu’à il y a quelques années que très peu de possibilités de rééducation et restaient donc chez eux avec une pathologie invalidante. Aujourd’hui les techniques ont évolué, et ils sont éligibles à plusieurs types de rééducation mais demeurent difficiles à dépister du fait de leur isolement. Les infirmiers, seuls professionnels de santé à intervenir au domicile des patients de façon fréquente et répétée sont les mieux placés pour les dépister et les orienter vers un centre de rééducation. Car au delà des problèmes médicaux directement liés à la basse vision, ces patients sont bien souvent désinsérés socialement, voire analphabètes. En étant orientés par exemple vers le centre Horus au Port, ils peuvent recevoir l’appui d’une assistante sociale à même de les aider pour recevoir des aides liée à leur handicap par exemple. Avec l’appui du réseau des infirmiers libéraux présent sur toute l’île, l’URPS Infirmier souhaite donc mettre en place avec l’ARS et les professionnels de la basse vision un programme de dépistage des patients isolés atteints de basse vision. Les infirmiers ONT DU TALENT Guy Bounéa a obtenu son diplôme d’IDEL en 2000. Installé en libéral depuis 2005, il souhaite créer un pôle éducatif de prise en charge globale autour des maladies neurologiques dans le bassin Sud. Dans ma pratique d’infirmier libéral, j’ai toujours mis l’accent sur l’autonomisation du patient. J’insiste souvent pour que le patient, s’il est d’accord apÒprenne par exemple à se piquer, comment il doit prendre ses médicaments, l’hygiène qu’il doit respecter pour éviter les escarres par exemple. Je reste convaincu que les patients doivent être acteurs de leur santé. Pour aller plus loin dans cette idée, j’ai réfléchi avec mes confrères sur ce que l’infirmier libéral pouvait apporter en plus dans un parcours de soin. Et on a eu l’idée de ce projet de pôle éducatif, avec une prise en charge globale du patient autour des professionnels concernés par leur pathologie neurologique : orthophoniste, masseur-kiné, infirmier, neuroradiologue... autour de l’éducation thérapeutique. Depuis quelques mois, j’essaie de mobiliser le réseau, et il s’avère que j’ai des retours très positifs, aussi bien au CHU Sud avec le Dr Tournebize qui nous a énormément aidés, qu’auprès de l’ARS et l’ordre des médecins, ou encore notre député maire Patrick Lebreton. Cela va d’ailleurs nous amener dans quelques semaines au CHU de Toulouse ou nous allons suivre une formation car il se trouve que là bas, les patients parkinsoniens ont une qualité de vie bien meilleure due en partie à un modèle d’éducation thérapeutique très efficace. On va donc tenter de s’en inspirer pour transposer cela à La Réunion, dans notre micro-région Sud. En réalité, c’est un gros travail de structure que l’on va mettre en place, et comme on est au contact des patients tous les jours, on est particulièrement bien placés pour la coordination. Finalement, on attend toujours beaucoup du médecin traitant, qu’il fasse le pivot... Mais en tant qu’infirmier, on est capables de le faire tout aussi bien...il suffit juste de s’engager à faire changer les choses.