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Préface
Le texte de convergence: L’Église – Vers une vision commune relève de la vision biblique de l’humanité:
«En effet, prenons une comparaison: le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres; mais tous les
membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps: il en est de même du Christ.
Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou
hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit.» (1 Co 12,12-13).
Le but premier de la Commission de Foi et constitution est de «servir les Églises qui s’appellent
mutuellement à l'unité visible en une seule foi et en une seule communauté eucharistique, exprimée
dans le culte et dans la vie commune en Christ, par le témoignage et le service au monde, et
progresser vers cette unité afin que le monde croie» (Statuts, 2012).
L’objectif de cet appel mutuel à l’unité visible implique nécessairement que les Églises se
reconnaissent mutuellement en tant qu’Églises, en tant qu’expressions vraies de ce que le Credo
appelle «l’Église une, sainte, catholique et apostolique». Pourtant, dans la situation anormale que
constitue la division ecclésiale, la réflexion des Églises sur la nature et la mission de l’Église a fait
suspecter que les différentes ecclésiologies confessionnelles étaient non seulement divergentes mais
encore inconciliables. C’est pourquoi on considère depuis longtemps qu’un accord sur l’ecclésiologie
est l’objectif théologique le plus fondamental de la quête de l’unité des chrétiens. Ce second texte de
convergence de Foi et constitution fait suite au premier: Baptême, Eucharistie, Ministère (1982) – et aux
réactions officielles à ce document – qui a cerné des domaines clefs de l’ecclésiologie dans lesquels
les études devaient se poursuivre;
il fait également suite aux questions ecclésiologiques soulevées
dans le document d’étude: One Baptism: Towards Mutual Recognition (2011).
Pendant vingt ans, les représentant-e-s délégué-e-s des Églises orthodoxes, protestantes, anglicanes,
évangéliques, pentecôtistes et catholique romaine ont, lors d’une Conférence mondiale de Foi et
constitution (1993), de trois réunions plénières de la Commission de Foi et constitution (1996, 2004,
2009), de dix-huit réunions de la Commission permanente et d’innombrables séances de rédaction,
tenté de dégager une vision globale, multilatérale et œcuménique de la nature, du but et de la mission
de l’Église. Les Églises ont fait part de leurs réactions et critiques constructives aux deux premières
ébauches d’une déclaration commune. La Commission de Foi et constitution répond à ces Églises
par le présent document: L’Église – Vers une vision commune, qui constitue sa déclaration commune –
ou déclaration de convergence – sur l’ecclésiologie. La convergence à laquelle elle est parvenue dans
ce document constitue un progrès œcuménique extraordinaire.
Si la Commission de Foi et constitution envoie L’Église – Vers une vision commune aux Églises en leur
demandant de l’étudier et de lui communiquer leurs réactions, c’est dans deux intentions distinctes
mais étroitement liées entre elles. La première est le renouveau: du fait qu’il s’agit d’un texte
œcuménique multilatéral, on ne saurait l’identifier exclusivement à une quelconque tradition
ecclésiologique particulière. Au cours du long processus qui s’est déroulé de 1993 à 2012, les
expressions théologiques et expériences ecclésiales de nombreuses Églises se sont rapprochées à un
tel point que les Églises qui liront ce texte pourront se sentir appelées à vivre plus pleinement la vie
ecclésiale; d’autres y découvriront peut-être des aspects de la vie ecclésiale et de sa nature qui ont été
négligés ou oubliés; d’autres encore pourront y trouver une confirmation et un réconfort. À mesure
que les chrétiens vivent plus intensément la croissance en Christ, ils constateront qu’ils se
rapprochent de plus en plus les uns des autres, et qu’ils vont s’identifiant progressivement à l’image
biblique du corps unique: «Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps,
Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit».
Cf. Baptême, Eucharistie, Ministère, 1982 – 1990, Rapport sur le processus «BEM» et les réactions des Églises, document de Foi et
constitution n° 149, Cerf, Paris 1993, pp. 170-175.