Liberté, égalité, fraternité… agilité. Après
avoir accusé quelques années de retard sur
les pays anglo-saxons, la France est en passe
d’adopter massivement les méthodes agiles. Si
le développement rapide d'applications (RAD) a
été introduit dès 1994, l’agilité était longtemps
réservée à l’avant-garde de la conception
logicielle, à quelques « geeks » éclairés.
Au milieu des années 2000, les medias
spécialisés relayaient les premiers retours
d’expérience dans la conception de sites
web. Puis, ces dernières années, le champ
d’expérimentation s’est progressivement élargi
tant au niveau du périmètre des projets éligibles
- applications métiers ou décisionnelles - que du
nombre de références.
En reprenant divers témoignages de terrain,
ce carnet d’expériences montre combien
l’agilité concerne aujourd’hui toutes les
entreprises, petites ou grandes, du privé ou
du public, et, ce, quel que soit leur secteur
d’activité. Signe de maturité, ces entreprises ne
s’arrêtent pas à Scrum, Kanban et XP. Elles se
projettent dans les différents prolongements
que sont les démarches lean startup, DevOps
ou Management 3.0.
En 2015, il n’est plus concevable de gérer
un projet comme autrefois. Dans un climat
de compétition exacerbé et de restriction
budgétaire, comment livrer des produits « time
to market » en restant aux méthodes dites
classiques ? Les développeurs qui ont un peu de
bouteille ont tous connu le fameux effet tunnel
des projets en cycle en V. Ils devaient croiser
les doigts pour que le produit livré réponde
aux attentes formulées un an plus tôt et que le
contexte économique et réglementaire n’ait pas
changé entre-temps.
Les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon)
et, à leur suite, « les barbares du web » (Uber,
Airbnb…) ont définitivement changé les règles
du jeu. Par leur rapidité d’exécution, ils ont
montré leur capacité à générer de nouveaux
modèles économiques mais aussi à « disrupter»
des pans entiers de l’économie traditionnelle,
jusqu’au secteur qu’on croyait intouchable de la
banque-assurance.
L’agilité peut être un rempart à cette
« uberisation ». La dynamique ne vient plus
seulement des développeurs, de leur DSI mais
des métiers et du top management. Dans la
sphère privée, les décideurs voient les itérations
se succéder sur leur messagerie Gmail ou
leur page Facebook. Sur leur smartphone, les
5 | INTRODUCTION
L’agilité,
un rempart à l’uberisation de notre économie