L`attention comme attitude éthique

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L’attention comme attitude éthique
« être a(en*f à », c’est prendre soin de (concept contemporain du « care »), avoir le souci de, veiller sur. Il s’agit d’une a"tude qui engage tout l’être. L’attention comme attitude éthique
Première théma*sa*on de l’a(en*on comme aDtude éthique: le stoïcisme. 1. Le souci de soi (epimeleia heautou) « Hâte-­‐toi donc au but ; renonce aux vains espoirs et porte-­‐toi secours si tu as, tant que c’est possible encore, quelque souci de toi-­‐même. » (Marc-­‐Aurèle, Pensées pour moi-­‐même, livre III, XIV). L’attention comme attitude éthique
Fonc*ons du souci de soi comme forme de vie (M. Foucault, L’Herméneu8que du sujet): • Fonc*on cri*que; • Fonc*on de lu(e; • Fonc*on cura*ve et thérapeu*que L’attention comme attitude éthique
2. La philosophie comme soin de l’âme (Cicéron, Tusculanes, 3. 1-­‐21; Galien) La sagesse est la santé de l’âme (animi sanitas). Les maladies de l’âme proviennent des émo*ons incontrôlées. La philosophie, qui aide à trier les représenta*ons, conduit vers la santé de l’âme. L’attention comme attitude éthique
Évolu*on de la maladie – moments d’ina(en*on: • Un premier stade, est celui de l’euemptôsia/proclivitas, c’est-­‐à-­‐
dire la cons*tu*on qui porte vers une maladie ; • Un deuxième stade est celui du pathos, ou mouvement irra*onnel de l’âme (perturba8o), qui est la maladie proprement dite ; • Un troisième stade est celui de la nosêma, c’est-­‐à-­‐dire le passage à l’état chronique de la maladie ; • Un quatrième stade est celui de l’arrôstêma (aegrota8o), l’état permanent de la maladie ; • Un cinquième stade est celui de la kakia/aegrota8o inverterata, ou vi8um malum, c’est-­‐à-­‐dire le vice, où l’individu est complètement déformé. L’attention comme attitude éthique
Le malade-­‐type est le stultus (idiot), figure de la dispersion. Le stultus: -­‐ Se disperse dans le temps en passant d’une ac*vité à l’autre; -­‐ Se disperse dans ses représenta*ons; -­‐ Ne dirige pas son a(en*on vers un but précis. L’attention comme attitude éthique
3. Le travail des représenta*ons « Souviens-­‐toi donc de ceci : si tu crois soumis à ta volonté ce qui est, par nature, esclave d’autrui, si tu crois que dépende de toi ce qui dépend d’un autre, tu te sen*ras entravé, tu gémiras, tu auras l’âme inquiète, tu t ’en prendras aux dieux et aux hommes. Mais si tu penses que seul dépend de toi ce qui dépend de toi, que dépend d’autrui ce qui réellement dépend d’autrui, tu ne te sen*ras jamais contraint à agir, jamais entravé dans ton ac*on, tu ne t’en prendras à personne, tu n’accuseras personne, tu ne feras aucun acte qui ne soit volontaire ; nul ne pourra te léser, nul ne sera ton ennemi, car aucun malheur ne pourra t’a(eindre. » (Epictète, Manuel, I, 1) L’attention comme attitude éthique
4. Ar*cula*on entre la philosophie comme système théorique et comme art de vivre. La philosophie vise à la compréhension du monde (physique) au travers d’un discours bien ordonné (logique) en vue de rendre son aDtude conforme à la nature (éthique). La philosophie se divise en trois par*es: physique, logique, éthique – organisées selon le principe de l’antakolouthia L’attention comme attitude éthique
Mais ce(e division tripar*te ne regarde que la théorie, car la philosophie engage tout l’être, en tant qu’art de vivre. Cet art de vivre suppose une aDtude générale d’a(en*on (prosochè), qui œuvre aussi bien dans le travail des représenta*ons que dans les ac*ons. L’a(en*on: 1. Permet de discerner ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous; 2. Est une concentra*on sur le moment présent; 3. Ouvre à une conscience cosmique; 4. Joue le rôle de réflexe ou d’habitude. L’attention comme attitude éthique
Le travail a(en*onnel s’effectue au moyen d’exercices: les « exercices spirituels » (P. Hadot)/ « techniques de soi » (M. Foucault) L’exercice de l’a(en*on est comparée à une habitua*on-­‐diges*on (e8smos; pepsis – Épictète). L’attention comme attitude éthique
Exercices spirituels: • Travail des représenta*ons; • Maximes; • Mémorisa*on; • Médita*on – médita*on des malheurs, médita*on de la mort; • Examen de conscience; • Ascèse. L’attention comme attitude éthique
Deuxième théma*sa*on de l’a(en*on comme aDtude éthique: le chris*anisme 1. Le souci de soi dans le chris*anisme (thèse de M. Foucault) 2. L’a(en*on chez saint Augus*n L’attention comme attitude éthique
De Trinitate, X L’homme est à l’image de Dieu, et l’image du divin est à chercher dans la connaissance la plus intérieure – « Dieu m’est plus intérieur que moi-­‐même ». -­‐ Premier schéma trinitaire: la connaissance sensible Chose vue – vision – a(en*on (aGen8o) L’a(en*on unit la vue et la chose vue. ! L’a(en*on est une inten8o, un a(achement du regard L’attention comme attitude éthique
-­‐ Deuxième schéma trinitaire: la mémoire vision intérieure – souvenir – a(en*on/volonté L’a(en*on/volonté unit la vision intérieure au souvenir. ! L’a(en*on est volonté d’orienter le regard intérieur. -­‐ Troisième schéma trinitaire: le cogito L’âme se prend elle-­‐même pour objet. L’âme comme mémoire – l’âme comme intelligence – l’âme comme volonté/amour (amor) C’est parce qu’elle s’aime que l’âme se connaît et se connaît être : la connaissance de soi présuppose l’amour que l’âme se porte, qui présuppose une mémoire d’elle-­‐même. L’attention comme attitude éthique
! L’a(en*on chez saint Augus*n: • L’a(en*on est inten8o : l’âme est tendue vers quelque chose, elle est une visée de quelque chose; • L’a(en*on comprise comme volonté oriente l’âme et le corps: en ce sens, l’a(en*on aux choses est une ina(en*on à soi et à Dieu; • L’a(en*on à soi est présence à soi, qui déconstruit le rapport objectuel et rend l’âme disponible pour accueillir la présence divine. En ce sens, l’a(en*on est ouverture et a(ente – elle ouvre à ce qui dépasse l’âme (elle peut d’ailleurs aussi bien ouvrir, à ce *tre, aux choses extérieures, et laisser l’âme sor*r d’elle-­‐même pour aller s’engluer dans les choses, qu’à la présence de Dieu). 
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