investissent dans les nouvelles technologies et s'internationalisent, souvent au prix d'une réduction
d'emplois et de délocalisations. Ces évolutions contrastées se traduisent dans l'espace avec
l'attractivité des grandes métropoles, des nouvelles technopoles et globalement des régions du Sud
et de l'Ouest.
Le virage libéral fait évoluer le modèle économique français. Les années 1980 et 1990 voient la
France se rapprocher des grandes puissances capitalistes. Ce virage libéral se traduit par le recul de
l'intervention de l'État dans l'économie et notamment par la privatisation des entreprises publiques
(banques, Renault, TF1). Le capitalisme français entame une série de mutations : diversification des
activités, essor de la concentration des entreprises et insertion dans le cadre européen et mondial.
L'État cherche à stimuler la croissance; mais ses capacités d'intervention sont désormais limitées, du
fait des contraintes budgétaires et des transferts de compétences monétaires à l'Union européenne.
Avec l'intégration européenne et la mondialisation, l'économie française perd de sa
spécificité. Le tournant libéral coïncide avec la progression rapide de la construction européenne. La
mise en place de l'Union économique et monétaire en est une étape déterminante.
Dans cette évolution complexe, entre croissance modeste, évolution libérale et ouverture
extérieure, l'économie française s'est peu à peu éloignée de son modèle traditionnel.
III) Le grand changement social
Depuis 1945, les Français sont les acteurs d'une Seconde révolution française qui bouleverse la
société. Cette évolution affecte diversement les groupes sociaux et met en cause la cohésion même
de la société française, surtout depuis la fin des Trente Glorieuses.
1) L’évolution des structures de la société
Le mouvement démographique est à la base du changement social. La population française passe de
40,5 à 61,7 millions d'habitants entre 1945 et 2003. Elle rajeunit jusqu'en 1968 : cette année-là, la
proportion de jeunes de moins de 20 ans atteint 33,8% de la population totale. Par la suite, la
population continue d'augmenter, mais à un rythme moindre, et l'allongement de l'espérance de vie,
la diminution de la natalité et la stabilisation de l'immigration contribuent à son vieillissement. Ainsi,
au 1eC janvier 2004, les moins de 20 ans ne représentent plus que 25,3% de la population totale, contre
16,2% pour les plus de 64 ans. Ce bouleversement de la pyramide des âges pose, notamment, le
problème du financement des retraites, réformées par une loi votée en 2003.
L'évolution des normes familiales et des moeurs. Jusqu'aux années 1950, la famille nucléaire,
composée des parents et des enfants, paraît stable, fortement soudée autour du mariage. Mais la
baisse de la fécondité, en partie liée à la diffusion des moyens de contraception autorisée depuis
1967 (loi Neuwirth), puis la loi sur l'interruption volontaire de grossesse votée'en 1975 aloi Veil),
contribuent à l'évolution des mentalités. Ces lois entérinent et facilitent le mouvement
d'émancipation des femmes au moment où elles sont de plus en plus nombreuses sur le marché
du travail. Amorcée durant les années 1980, l'évolution des normes familiales se confirme au début du
xxie siècle. Les mariages sont moins nombreux et moins stables : on compte un divorce pour trois
mariages, et 40 des naissances se font hors mariage. Les familles recomposées se multiplient,
tandis que le PACS prend de l'ampleur. -• p.234-23
Une société urbaine. Sous la triple pression de l'exode rural, de l'arrivée d'immigrés et de
l'excédent naturel, l'urbanisation progresse fortement durant les Trente Glorieuses : les villes gagnent
13 millions d'habitants entre 1954 et 1975. Après une première phase marquée par le développement
des banlieues et de l'habitat périurbain, le recensement de 1999 fait apparaître un retour modéré vers
les centre-villes ainsi que l'essor de la rurbanisation.
Les transformations de la population active. Entre 1945 et 2003, le nombre d'actifs passe de
19 à plus de 26 millions. L'arrivée sur le marché de l'emploi de la génération du baby-boom, les
progrès du travail féminin et le recours à l'immigration expliquent cette croissance, qui est toutefois
freinée par l'allongement de la durée des études et la réduction de la durée d'activité, puisque l'âge
de la retraite est abaissé à 60 ans en 1982. Dans les années 1950, les travailleurs indépendants,
agriculteurs, artisans, commerçants, représentent encore un tiers des actifs; ils ne sont plus que 10%
aujourd'hui. Le salariat est devenu prépondérant dans le monde du travail. Mais les ouvriers ne sont
plus la catégorie la plus nombreuse : leur nombre passe de plus de 8 millions en 1975 à 7 millions en
2002. Depuis les années 1990, ils sont devancés par les employés (7,8 millions). L'extension des