élèves à la fois. Et, pendant un siècle, l’enseignement de la langue française au
Sénégal s’inspirera principalement de ce modèle.
L’article premier1 de la constitution sénégalaise précise que la langue
officielle de la république du Sénégal est le français. Cette option, prise en 1960
n’a encore jamais été remise en cause par les autorités sénégalaises, désireuses de
voire s’établir au Sénégal une véritable unité linguistique. C’est ce qui fait que le
français est présent dans tous les niveaux de l’enseignement : primaire,
secondaire, universitaire et professionnel. Malgré tout, sa pratique se réduit aux
gens cultivés qui se rencontrent pour la première fois ou par hasard.
Langue outil et langue enseignée depuis la période d’avant indépendance,
le français n’est guère utilisé que par moins de 15% de la population sénégalaise.
La politique linguistique définie au Sénégal sous l’impulsion de Léopol Sédard
SENGHOR est très nettement favorable à l’extension de la langue française dans
tous les domaines. Le français est encore la seule clé qui ouvre les portes de la
promotion sociale. Mais il ne s’agit pas seulement du français tel qu’on le
pratique, dans une salle de classe. Ce français est à la fois celui de la rue, des
villes, mais c’est aussi celui de la brousse (village par opposition à la ville), de
l’élite, de la masse. C’est un français né de ces contacts avec d’autres langues et
d’autres réalités, pratiqué par des locuteurs non natifs.
1 / PROBLEMATIQUE
Outre le problème purement linguistique né de l’importation de la langue
française au Sénégal, le problème politique et culturel de la cohabitation du
français et des langues nationales (du wolof en particulier) est posé dans ce pays.
Le président Senghor, auteur de nombreux articles sur les langues africaines
parlées au Sénégal, a souligné à maintes reprises que le problème linguistique, en
1
Loi constitutionnelle n° 63-22 du 8 novembre 1963, modifiée par la loi constitutionnelle n° 67-
32 du 20 juin 1967, 68-04 du 14 mars 1968 et 70-15 du 26 février 1970