
Olivier Bondéelle  Résumé-séminaire du MoDyCo   18 février 2009 
 
Université Paris X / Leiden University 
 
Propriétés combinatoires des bases verbo-nominales en wolof: exemples des émotions 
 
En wolof, certains lexèmes sont considérés comme  des bases  verbo-nominales (Nouguier-
Voisin, 2002 : 19) : ils ont la même forme et ils présentent la plupart du temps une polysémie 
régulière du type : Action ↔ Nom d’action, ou Action ↔ Nom d’Actant’ (Apresjan, 1992 :  
216-259). La double flèche se justifie par le fait que je ne préjuge pas d’un sens à priori de 
dérivation sémantique. 
XARITOO (B) ‘se lier d’amitié avec quelqu’un’ ↔ ‘liens d’amitié avec quelqu’un’. 
Lexème  verbal  et  lexème  nominal  ont  vraisemblablement  le  même  nombre  d’actants 
sémantiques :  ici,  les  deux  amis et  la cause  de leur  amitié.  Je  testerai  cette  hypothèse  en 
utilisant  le  formalisme  des  décompositions  sémantiques  sous  forme  de  graphes,  et  des 
fonctions lexicales qui associent un lexème nominal à ses verbes supports (Mel’cuk  et  al. 
1995, Mel’cuk 2004). 
Il est admis que la distinction nom/verbe en wolof se fait selon la position et le comportement 
combinatoire de l’unité lexicale (Nouguier-Voisin, 2002 : 19 et Robert 2003 : 103). 
Dans le cas ci-dessus, il est vrai que la présence du suffixe verbal de réciprocité –oo indique 
que la base est verbale. 
Je  propose  de privilégier  la combinatoire  des  bases verbo-nominales non  dérivées  comme 
BËQËT (B) ‘craindre, avoir peur’ ↔ ‘peureux, poltron’ ; JAAXLE (G) ‘être inquiet, être dans 
une  situation  embarrassante’  ↔  ‘inquiétude,  trouble’  (si le  suffixe verbal  « possessif »  -le 
existe en wolof, la racine JAAX n’existe pas en synchronie) ; MER (M) ‘être fâché, se fâcher’ 
↔ ‘colère’. La lettre majuscule entre parenthèses précise la classe nominale. Le wolof en effet 
est une langue à classes nominales dont les indices sont indissociables des noms.  
Les mêmes indices spatiaux modifiant les noms et les verbes ont déjà été mis en évidence 
(Robert 1998). J’étendrai cette question à d’autres indices qui n’ont pas forcément la même 
forme, selon qu’ils modifient le verbe ou le nom : l’indice d’aspect pour le verbe, et l’indice 
de nombre pour le nom. Ils ont ceci en commun qu’ils modifient tous deux le caractère discret 
ou continu du lexème. Les noms comptables acceptent le pluriel, et les verbes d’activité se 
combinent avec l’inaccompli à valeur progressive : RAGAL (B) ‘peureux’  ↔   ‘faire peur’. 
Cette base verbo-nominale est considérée comme une entité discrète. 
Le cas des humeurs sentimentales comme MER (M) ‘(être) en colère,  se fâcher’ ↔  ‘colère’ 
est intéressant parce que cette base n’est considérée ni comme une entité discrète ni comme 
une entité  continue  (Robert 1991). Ce  genre de  verbes peut  se combiner  avec les  aspects 
perfectifs et imperfectifs, tandis que ce genre de noms se combine de façon préférentielle avec 
des verbes d’état de quantité. 
Au cours de cette présentation, j’aurai parcouru des degrés de cohésion sémantique entre les 
deux  catégories  grammaticales  en  donnant  un  aperçu  de  polysémies  intra-catégorielles  et 
transcatégorielles. (Robert 2003 et Victorri 2002). 
 
Références 
Apresjan, 1992. Lexical semantics, user's guide to contemporary Russian vocabulary. Ann Arbor, Karoma 
Publishers 
Becher, J. 2003.  Experiencer constructions in Wolof. Hamburger afrikanistische Arbeitspapiere 2:1-89. 
Mel’cuk, I. and al. 1995. Introduction à la lexicologie explicative et combinatoire. Louvain-la-Neuve : Duculot. 
Mel’cuk, I.  2004. Actants in Semantics and Syntax I. Linguistics 42:1, 1-66. Berlin  
Mel’cuk, I.  2004. Verbes supports sans peine. Lingvisticae Investigationes 27: 2, 203-217. Amsterdam: Johns 
Benjamins  
Nouguier Voisin, S. 2002. Relations entre fonctions syntaxiques et fonctions sémantiques en wolof. s.n. 
Robert, S. 1991. Approche énonciative du système verbal: le cas du Wolof. Paris: CNRS.