Apprendre une chanson à gestes Toi, l’animateur, es-tu conscient de la richesse d’une chanson à gestes ? L’activité propose de s’exprimer, encore faut-il que le sujet soit riche et accessible. Croire qu’il suffit de chanter en mimant est illusoire. Il faut cadrer cette accessibilité. En un mot, comment agir en professionnel de l’éducation ? De la comptine à la chanson enfantine, on s’accorde à évoquer leur intérêt fonctionnel (tirage au sort), utilitaire (litanie des nombres, des lettres, des jours, …) ou simplement ludique (corporellement par les jeux de doigts ou verbalement par les jeux de mots). Ces trois caractéristiques font de notre groupe un acteur de son propre « renforcement » par la discrimination auditive, la perception temporelle, la maîtrise de la langue, du corps et l’activation de la mémoire, de l’imagination, de la socialisation. Apprendre « ALTERNATIVEMENT » est le maître-mot. Alternativement, l’animateur propose une phrase à la fois : celle-ci se définit comme étant une césure « confortable » à la mise en œuvre alternative : confortable pour les gestes, confortable pour le texte, confortable pour la mélodie. Toujours alternativement, on reprendra par couplet puis refrain puis couplet + refrain et autres couplets (en lecture suffit sauf si l’objectif est de travailler la mémoire). Enfin, l’imprégnation reste encore la plus fondamentale des façons d’apprendre car elle laisse le temps au temps et permet à chacun d’évoluer selon son « rythme » et ses propres capacités. On apprend par les gestes Il n’est pas nécessaire de séparer en deux étapes les paroles et les gestes car la chanson à gestes est un tout et chacun fera de lui-même la dichotomie de la gestuelle et du langage. Chaque « reprise » présentera invariablement les deux canaux simultanément. Apprendre les gestes ne signifie pas pour autant qu’il y ait un travail psychomoteur. L’amalgame n’est pas justifié car l’aspect psychomoteur est recherché pour « telle acquisition » alors que la gestuelle est un canal de transmission. La gestuelle relève plus de la symbolique en adéquation au texte, elle permet entr’autres aux déficients auditifs d’acquérir « l’image » à défaut du « verbe ». Elle joue un rôle porteur du contenu textuel, ainsi une chanson à gestes doit pouvoir être interprétée sans la verbalisation et permettre à chacun du groupe d’être synchrone avec les autres. Pour exploiter, on proposera au groupe des variantes qui joueront tant sur l’aspect verbal, corporel, temporel ou musical et ces libertés étant prises, on spécifiera aussi cette divergence de la formule initiale. De l’occupationnel à l’éducatif Outre l’aspect ludique qui se veut être respecté comme tel, la chanson à gestes devrait, dans le cadre éducatif, permettre un investissement par l’utilisation des acquis à des fins « pédagogiques » et/ou à des fins « thérapeutiques ». Aussi, si le répertoire à disposition ne répond pas au souhait de l’animateur, il est évident que rien ne lui interdit de la concevoir sur mesure pour son intérêt. Du patrimoine Pour autant qu’on utilise les chansons issues du domaine public, il est de la responsabilité de l’animateur de vérifier que la version qu’il connaît est belle et bien la bonne, en effet, chaque génération et chaque région apporte une empreinte différente. Si la version offerte diffère des écrits de référence, il est professionnel de mentionner cette différence (« version du Berry » par exemple) de façon à laisser entrevoir qu’il existe d’autres versions et, pourquoi pas, les apprendre aussi plus tard. Un patrimoine se respecte, il est intolérable de le galvauder par paresse, insouciance voire inconscience professionnelle.