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ASA SVV Infoméd 2007/2 ICLAM
Valeur des tests du fonctionnement du foie
Dr méd. Prof. Petra Munda
Prof. pour maladies de l’estomac et du foie
Faculté de médecine de l’Université de Vienne
Condensé
Les tests de fonctionnement du foie
(LFT) sont utiles lorsque l’on se pose
les questions suivantes :
1. Y a-t-il une maladie du foie ?
2. Quel est le degré de développe-
ment d’une maladie touchant cet
organe ?
3. Quelles conclusions peut-on tirer
au plan du pronostic ?
Des échantillons de LFT donnant des
résultats un peu élevés peuvent nous
aider dans la détermination du type de
maladie alors que les ordres de gran-
deur sont utiles pour définir la gravité
de la maladie et établir les pronostics.
Cet article décrit des échantillons LFT
ainsi que les maladies les plus fré-
quentes qui sont associées à un LFT
plus élevé que la norme.
Le terme « test de fonctionnement du
foie » prête à confusion car ces tests ne
disent pratiquement rien sur la fonction
véritable du foie. Par contre, ils nous
permettent de savoir si des processus
de maladie sont en cours de développe-
ment dans le foie, qui augmentent les
enzymes de cet organe. Mais lorsque
nous analysons un certain échantillon
LFT donnant des valeurs anormales,
nous sommes alors en mesure de dis-
tinguer quel est le processus de mala-
die qui se développe précisément.
Il y a deux classes de LFT :
Enzymes provenant des hépatocytes :
alanine aminotransferase (ALT) et as-
partate aminotransferase (AST).
Avec les paramètres associés aux voies
biliaires : bilirubine, phosphatase alca-
line (PAL) et transférase gamma-gluta-
myle (TGG).
Les fourchettes pour des valeurs nor-
males et anormales concernant ces LFT
devraient être communiquées par le la-
boratoire effectuant ces tests.
Diagnostic de maladies du foie
L’échantillon de valeurs anormales LFT
ne peut être déterminant que pour la
détermination du type de maladie du
foie. Un échantillon « hépatique » est
caractérisé par l’augmentation des
enzymes hépatocytes ALT et AST. En
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l’occurrence sont inclus des troubles
comme l’hépatite virale, la maladie du
foie auto-immune et des maladies du
foie induites par des médicaments.
Un échantillon « cholestatique » est l’ex-
pression de valeurs de mesure accrues
de cholestase (augmentation de biru-
biline, PAL et TGG). Celles-ci incluent
des troubles comportant des obstacles
mécaniques de l’écoulement biliaire
(comme des tumeurs ou des calculs
biliaires), des maladies alcooliques
du foie, ainsi que de rares maladies
comme la cirrhose biliaire primaire
(CBP) et la cholangite primaire scléro-
sante (PSC).
En cas d’appréciation diagnostique dif-
férenciée de LFT aux valeurs un peu
hautes, on devrait toujours se rappeler
quelles sont les maladies du foie les
plus fréquentes et quel échantillon
testé doit être attribué à celles-ci.
Le tableau 1 montre les maladies fré-
quentes et moins fréquentes, mention-
nées respectivement.
Hormis le LFT, d’autres analyses de
laboratoire nous fournissent des infor-
mations diagnostiques sur la nature de
la maladie du foie existante :
Anticorps anti-hépatite C (virus), an-
tigène HBS, antigène HBe hépatite
virale chronique
Ferritine du sérum et saturation de la
transferrine : preuve génétique d’hé-
mochromatose
Céruloplasmine dans le sérum et cui-
vre urine : Morbus de Wilson
anticorps anti-nucléaires (ANA), anti-
corps contre une musculature lisse
et anticorps microsomiaux foie-reins
(LKM) : hépatite auto-immune
Tableau 1 Maladies du foie fréquentes
Très fréquente Moins fréquente
Foie gras non alcoolique (NAFLD) Maladie du foie induite par des drogues
Hépatite C chronique Hépatite auto-immune
Hépatite B chronique Déficit en α1-antitrypsine
Maladies alcooliques du foie Maladie de Wilson
Hémochromatose Diverses conditions
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anticorps antimitochondriaux : cirrho-
se biliaire primaire
sérum α1-antitrypsine: maladie de dé-
ficit en alpha1-antitrypsine
Les marqueurs suivants de fonctions du
foie nous disent bien davantage que le
LFT sur l’étendue de l’atteinte au foie :
Baisse de la sérum-albumine
Réduction de la durée de la pro-
thrombine (fonction de coagulation
détériorée)
Baisse de la valeur totale de choles-
térine dans le sérum (ce qui n’appa-
raît qu’à un stade tardif de la maladie
du foie)
Réduction de la cholinestérage ; et
Baisse du nombre de thrombocytes
(très sensible, mais c’est une indica-
tion indirecte)
Cirrhose
La cirrhose est un processus progressif
de cicatrisation du foie, au cours du-
quel ses cellules sont de plus en plus
atteintes ; on en arrive à des forma-
tions de nodosités, et la fibrose per-
turbe l’architecture normale de l’or-
gane. Un moment absolument critique
dans l’évolution de la cirrhose est sa
première décompensation avec, par
exemple, la jaunisse, des saignements
variqueux de l’oesophage, des ascites,
ou à la première apparition d’encé-
phalopathie hépatique. Dès ce mo-
ment, la probabilité de survie diminue
nettement.
La moyenne de la durée de survie
s’élève, pour divers types de cirrhose,
à:
Cirrhose compensée : 9 ans
Cirrhose décompensée (symptômes
de la jaunisse, encéphalopathie, as-
cites, saignements variqueux): 1,6 an
Syndrome hépatopulmonaire (pou-
mons et défaillance du foie) : 10 mois
Péritonite bactériologique spontanée:
9mois
Syndrome hépatorénal : (reins et dé-
faillance du foie) : de 6 mois à 2 se-
maines
Maladies alcooliques du foie
Le stade final de la maladie alcoolique
du foie (ALD) est la cirrhose, mais il y
a plusieurs stades intermédiaires, qui
montrent une atteinte due à l’abus d’al-
cool. Dans 90 % des cas d’abus d’al-
cool, le premier stade est la formation
d’un foie gras. De huit à vingt pour cent
des cas de foie gras évoluent directe-
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ment en cirrhose, mais dans 10 % à
35 % des cas, on en arrive à une hépa-
tite alcoolique. Près de 40 % de ces cas
débouchant sur une hépatite alcoo-
lique se transforment ensuite, au fil du
temps, en cirrhose également.
Les chances de survie en cas de cir-
rhose alcoolique sont sensiblement ré-
duites :
En cas d’abus d’alcool avancé, la
chance de survivre 5 ans est de 40 %
à48%
En cas d’abstinence totale d’alcool,
le taux de ceux qui survivent 5 ans
passe à 60 % voire 70 %
Si les premiers signes de décompen-
sation sont déjà présents, la chance
de survie de 6 ans est encore de 21 %
Les causes de décès en cas de maladie
alcoolique du foie (et autres formes de
cirrhose) se présentent comme suit :
Défaillance du foie : 27 % à 51 %
Hépatome : 5 % à 16 %
Saignements gastro-intestinaux :
9%à47%
Infections : 3 % à 17 %
Défaillance des reins : 1% à 8 %
Les résultats d’analyse suivants peu-
vent indiquer une maladie alcoolique
du foie :
Une augmentation isolée de la CGT.
La CGT a une sensitivité et spécificité
de 50 % pour l’ALD. Des valeurs ac-
crues de CGT induites par l’alcool se
normalisent après 4 à 6 mois d’absti-
nence
Les niveaux AST sont supérieurs à
ceux de l’ALT. Le ratio AST-ALT est
supérieur à 1
De très hautes valeurs du volume
moyen des érythrocytes (MCV)
Le foie gras peut être découvert par
ultrasons ou images CT. 100 % des
personnes consommant plus de 60
grammes d’alcool par jour dévelop-
pent un foie gras
Une CDT accrue (transferrine défi-
ciente en carbohydrates)
Hépatite C
Connue précédemment comme hépa-
tite non A ou non B, l’hépatite C Virus
(HCV) infecte environ 170 millions de
personnes au monde. Entre 0,5% et 1%
environ des habitants d’Amérique du
nord et d’Europe du nord sont touchés.
EnAsiedusud-est,enChine,enAmé-
rique du sud et dans les pays méditer-
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ranéens, le taux est cependant nette-
ment plus élevé.
L’infection HCV est chronique chez près
de 85 % des individus infectés. Dans
15 % à 25 % des cas seulement a lieu
une guérison spontanée. Une HCV reste
souvent non découverte pendant des
décennies et se révèle normalement
pendant des examens de routine. Près
de 20 % ont un LFT normal et vivent
une bonne évolution de l’infection.
La période qui s’écoule jusqu’au déve-
loppement de la cirrhose dure de 10 à
50 ans. Des co-facteurs jouent un rôle
important dans l’accélération du pro-
cessus menant de l’infection à la cir-
rhose, ainsi la consommation et l’abus
d’alcool, la surcharge pondérale et des
substances hépatotoxiques. La proba-
bilité du développement d’une fibrose
augmente avec l’âge du sujet au mo-
ment de l’infection. Environ 100 % de
ceux qui sont âgés de plus de 50 ans
au moment de l’infection développent
une fibrose dans les 15 ans voire
moins, alors que seulement un tiers de
ceux qui ont moins de 21 ans dévelop-
pent une fibrose dans les 20 ans qui
suivent, ou plus tard encore.
La transmission de l’infection HCV par
les transfusions sanguines est prati-
quement exclue à l’heure actuelle. Au-
jourd’hui, le mode d’infection le plus
fréquent est l’abus de drogue par in-
gestion intraveineuse. Les tatouages et
piercings sont également considérés
comme des modes de transmission.
La transmission sexuelle est très rare et
ne se produit presque jamais dans les
partenariats stables.
Le taux de fréquence a baissé drasti-
quement depuis les années 1980, mais
le problème de santé causé par l’infec-
tion HCV est toujours très important.
Aux USA, l’étude NHANES III a révélé
que la propagation d’anticorps HCV
s’élève à 1,6 % (âge de 20 à 29 ans),
3,4%(de30à39ans),3,0%(de40
à49)et1,4%(de50à59ans).
Au cours des 15 dernières années, l’in-
fection HCV est devenue une maladie
guérissable : une thérapie combinée,
avec Interferon et ribavirine pendant
6 à 12 mois (selon le génotype), en-
traîne une élimination durable du virus
dans 50 % à 60 % des cas.
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