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35e FESTIVAL MONTPELLIER DANSE
435e FESTIVAL MONTPELLIER DANSE
L’Agora de la danse, ce n’est pas qu’un nom
de lieu. Cela doit être une nouvelle philoso-
phie de la ville. L’Agora doit renouer avec sa
vocation originelle, et devenir ce lieu où
l’on se retrouve pour échanger et partager
en commun un moment de culture. Où
s’installe le dialogue entre le spectacle
chorégraphique et le public, rendant la
frontière entre l’artiste et le spectateur moins
hermétique. Le Centre chorégraphique
national, sous l’impulsion de son nouveau
directeur, Christian Rizzo, sera naturelle-
ment associé à cette dynamique et à cette
réflexion. Ce dialogue que vous évoquez,
il prend naissance dans l’espace public et
c’est donc là aussi qu’il est le plus à même
de s’exprimer, de rendre compte, justement,
de l’incroyable diversité de formes que revêt
l’art chorégraphique.
Enfin, de manière générale, l’évolution des
pratiques artistiques, le besoin de disposer
d’espaces variés pour s’adapter aux formes
artistiques plurielles et transdisciplinaires et
les contraintes budgétaires nécessitent que
les structures institutionnelles travaillent
davantage ensemble, comme elles ont déjà
commencé à le faire cette saison.
C’est le nombre
d’événements gratuits
offerts au public
pendant le festival 2014.
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2014, Boris Charmatz donne une
grande leçon de danse ouverte
à tous sur la Place du Nombre
d’Or à Antigone.
© Etienne Perra
© Nicolas Reitzaum
UNE FORMIDABLE
EXPRESSION DU MONDE
FLEUR PELLERIN
Ministre de la Culture et de la Communication
Quel est votre premier
souvenir de danse ?
J’ai un souvenir d’enfance du
Boléro chorégraphié par Béjart
avec Jorge Donn, dans Les Uns
et les Autres, mais j’avais aussi
été très marquée par le ballet
Notre Dame de Paris de Roland
Petit, ou par Baryshnikov dans
des pièces de Balanchine, puis par la révélation que fut
pour moi Pina Bausch. J’ai eu par la suite la chance de
découvrir plusieurs chorégraphes contemporains comme
Maguy Marin ou le travail de Gregory Maqoma dans les
townships de Johannesburg. Je suis aussi très sensible à
la danse classique.
Montpellier Danse fête cette année sa 35e édition.
Comment qualifieriez-vous ce festival ?
Montpellier Danse est un festival de rayonnement
international extrêmement important pour la scène
chorégraphique. Depuis sa création en 1981 par
Dominique Bagouet, le festival a toujours œuvré pour
montrer la vitalité de la danse. Merce Cunningham,
Trisha Brown, Maguy Marin, Angelin Preljocaj.... Tous
les grands noms de la danse française et internationale
ont été présentés à Montpellier Danse. Ce festival a aussi
contribué de manière historique à asseoir l’identité et la
reconnaissance institutionnelle de la danse en France
dans les années 1980 grâce au soutien conjoint des
collectivités et de l’Etat, et au travail de son directeur
Jean-Paul Montanari. Je me réjouis de ce bel anniversaire.
De quelle manière le spectacle vivant et la danse
en particulier entrent dans la réflexion et l’élabora-
tion de votre prochaine loi sur la liberté de création
que vous allez porter au Parlement ce printemps ?
Le projet de loi sur la liberté de création réarme de
manière claire le principe de liberté de création pour les
artistes. C’est un principe auquel je suis personnellement
très attachée et le Premier Ministre également qui a
rappelé sa volonté de la voir s’inscrire à l’ordre du jour
du Parlement en 2015.
L’année dernière, Montpellier Danse fut perturbé
par le conflit de l’intermittence du spectacle.
Pouvez-vous nous informer sur la proximité d’une
réforme ?
La mission de concertation confiée à Jean-Patrick Gille,
Hortense Archambault et Jean-Denis Combrexelle, a
rendu ses conclusions début janvier. Le Premier Ministre
a indiqué le 11 février dernier que le régime spécifique
des intermittents du spectacle serait inscrit dans la loi
rapidement, dès la mi-2015 afin de pérenniser l’existence
des annexes d’une part (annexes qui définissent dans la
convention chômage le régime des intermittents) et pour
poser une nouvelle méthode de négociation avec
l’ensemble des acteurs du secteur d’autre part. Ces
nouvelles règles devront s’appliquer dès la prochaine
négociation de la convention d’assurance chômage,
qui interviendra d’ici le 1er semestre 2016. C’est une
mesure forte qui a été accueillie favorablement par les
parties en présence.
Pour Merce Cunningham, la danse, malgré son
absence de texte, est une manière de penser le
monde. Qu’en pensez-vous ?
La société française accorde une grande place au texte
et aux mots. Historiquement, la littérature y joue une
grande place. Je suis pour ma part attentive à toutes les
formes d’expression artistique. Merce Cunningham est un
des chorégraphes qui a poussé le plus loin les capacités
d’expression de la danse en travaillant sur sa grammaire
élémentaire : le corps, l’espace, le rythme. Et il est vrai
qu’elle est une formidable expression du monde, car elle
fait appel à ces notions archaïques et universelles qui
puisent leur force dans l’inconscient. La danse peut ainsi
être une source de plaisir et une célébration enthousiaste
de la vie, mais aussi un moyen pour l’individu d’explorer
le monde et de questionner la société. Je crois par ailleurs
que la danse contemporaine est une forme d’expression
artistique qui dialogue énormément avec les autres arts.
C’est en cela, je pense, que cette discipline artistique a
encore beaucoup de choses à nous dire.
ENTRETIEN