Parmi le nombre limité de gestionnaires
de fonds qui parviennent à générer un
‘alpha’ (excess return, supplément de
rendement par rapport à un indice de
référence pondéré en fonction de la
capitalisation), plus de 50 % le doivent aux
deux facteurs les plus populaires : value et
capitalisation boursière1. Ces deux styles
d’investissement sont déjà accessibles
au public depuis plusieurs décennies à
travers des fonds à gestion active. Mais
les chercheurs et fournisseurs d’indices
ont pris conscience qu’il était possible
de répliquer la performance de ces styles
d’investissement de manière simple et
bon marché à travers la construction de
nouveaux indices. Ces indices reposent sur
des critères préalablement définis en vertu
desquels les actions sont sélectionnées
sur une base fréquente et pondérées
sur la base d’autres paramètres que la
capitalisation boursière. Les conséquences
dans ce cas sont principalement un impact
préjudiciable sur l’industrie des fonds. Les
fonds à gestion active sont aujourd’hui
plus faciles à comparer avec des indices
factoriels plus pertinents. La gestion
active a ainsi un important concurrent
supplémentaire. Il est donc parfaitement
possible qu’un fonds value fasse mieux
qu’un indice pondéré en fonction de
la capitalisation, mais doive par contre
s’avouer vaincu face à un indice factoriel
répliquant le style value. Si c’est le cas,
un investisseur aura alors tout intérêt
à passer à un fonds ou tracker suivant
l’indice factoriel d’une manière nettement
moins chère. Les grands investisseurs
institutionnels savent aujourd’hui
parfaitement à quel point les statistiques
sur la gestion active sont négatives. Pas
étonnant donc que certains grands fonds
de pension (Calpers, ATP, Blue Sky Group,
…) placent une grande partie de leur
budget dans des stratégies indicielles au
détriment de la gestion active.
Les investisseurs se demandent surtout
si les facteurs connus vont à l’avenir
continuer à conduire à des suppléments
de rendement. Pour pouvoir y répondre,
il est important de connaître exactement
les raisons des suppléments de rendement
historiques. Plusieurs conceptions sont
ici possibles. Les partisans de la théorie
des marchés efficients argumenteront
principalement que ces primes offrent
une compensation pour la prise d’un
risque supplémentaire. Certaines
situations démontrent par exemple que
les actions de valeur et les ‘small caps’
sont davantage sensibles aux incertitudes
macroéconomiques et sont par conséquent
plus risquées. Les investisseurs capables
de braver cette volatilité en seront
récompensés à long terme. En principe,
selon cette théorie, la prime de risque
factoriel existera toujours. D’autres
experts argumentent que les primes
sont surtout la conséquence d’erreurs
FACTEURS DE STYLE MOMENTUM
VECTEUR DE
FONCTIONNEMENT
Les sociétés ayant connu un momentum important au cours
des 3 à 12 derniers mois restent très performantes les 3 à 12
mois suivants.
MESURE Performance sur les 3 à 12 derniers mois
(ou combinaison de)
EXPLICATION DE LA
PRIME DE FACTEUR
La persistance des flux de capitaux est également citée
comme raison possible. L’effet de momentum s’explique
aussi par d’autres erreurs comportementales.
FACTEURS DE STYLE MEAN REVERSION
(LONG TERM REVERSAL)
VECTEUR DE
FONCTIONNEMENT
Les actions ayant enregistré de faibles performances sur les 3
à 5 dernières années font mieux les années suivantes. Cet effet
chevauche l’effet value
MESURE Performance sur les 3 à 5 dernières années
EXPLICATION DE LA
PRIME DE FACTEUR
La prime s’expliquerait notamment par le fait que ces
actions sont sous-évaluées et ignorées en raison de
leurs mauvaises performances au cours des dernières
années.
FACTEURS DE STYLE CAPITALISATION BOURSIÈRE
VECTEUR DE
FONCTIONNEMENT Actions de petite capitalisation boursière
MESURE Les plus petites capitalisations boursières = small caps
EXPLICATION DE LA
PRIME DE FACTEUR
Causes : risque plus élevé, partie du marché marquée par une plus
grande inefficience et donc des valorisations plus attractives.
FACTEURS DE STYLE QUALITÉ
VECTEUR DE
FONCTIONNEMENT Actions de grande qualité
MESURE
Pas encore d’unanimité quant à la définition Plusieurs critères
sont utilisés par les fournisseurs d’indices, comme : ROE,
ROA, stabilité du rapport cours/bénéfice, score de Piotroski,
faible endettement, marge brute, rotation des actifs
EXPLICATION DE LA
PRIME DE FACTEUR
Les investisseurs à la recherche de risque surenchérissent
les valorisations de faible qualité et ignorent celles de
grande qualité, ce qui réduit la valorisation de ces dernières
et les rend donc plus attractives
FACTEURS DE STYLE VOLATILITÉ
VECTEUR DE
FONCTIONNEMENT Actions peu volatiles
MESURE Volatilité sur les 12 derniers mois. Ou composition d’un
portefeuille à variance minimale.
EXPLICATION DE LA
PRIME DE FACTEUR
Beaucoup d’investisseurs préfèrent les actions “loterie” qui
peuvent offrir des rendements très élevés mais présentent
aussi une forte probabilité de perte permanente de capital.
Par conséquent, les actions peu volatiles restent structurel-
lement sous-évaluées et donc attractives à long terme.
1 Can alpha be captured by risk premia?; Mok,Bender & Hamond (2013)