Les enjeux de la gouvernance des banques centrales v
Préface
Le rapport présente les différentes questions qui se posent dans les décisions touchant
à la gouvernance des banques centrales. Il s’appuie sur un vaste corpus d’informations
relatives à l’organisation et au fonctionnement des banques centrales, constitué par la
BRI depuis qu’elle a entrepris de travailler sur la gouvernance de ces institutions, au
milieu des années 1990. Trois préoccupations ont présidé à son élaboration. La
première était de prendre en compte la pluralité des situations : les banques centrales
diffèrent par l’étendue et la nature de leurs missions respectives, mais aussi par leur
histoire et leur contexte politico-économique. Ce qui est valable pour un pays ne l’étant
pas forcément pour un autre, il était d’emblée exclu de chercher à établir un ensemble
homogène de « meilleures pratiques ». Le rapport se contente donc de dresser un
inventaire dans lequel les responsables pourront puiser afin de concevoir les cadres de
gouvernance répondant le mieux à la situation. S’il recense des pratiques très variées
– voire peu communes –, il ne les cautionne pas nécessairement.
Une deuxième préoccupation était de rendre compte du caractère changeant de la
fonction de banque centrale. Depuis la création, en 1668, de la première institution du
genre (ancêtre de l’actuelle Sveriges Riksbank, la Banque Royale de Suède), cette
fonction a connu de profondes mutations, souvent à la suite de crises graves ou de
problèmes politiques persistants. À titre d’exemple, la nécessité d’enrayer l’inflation
chronique des années 1970 et 1980 a placé la stabilité des prix au cœur de la mission
officielle des banques centrales, conduisant à une refonte majeure des cadres de
gouvernance. La crise financière qui frappe le monde aujourd’hui pourrait bien avoir
des implications tout aussi importantes pour les banques centrales, notamment quant à
leur rôle de soutien de la stabilité financière. Il est trop tôt encore pour savoir par
quelles nouvelles adaptations cela se traduira. À n’en pas douter, la mission et le cadre
de gouvernance de ces institutions continueront d’évoluer à mesure que se transforme
l’environnement général dans lequel elles s’inscrivent.
Le troisième souci était de déterminer jusqu’où aller dans le détail. Les banques
centrales sont des institutions complexes : tenter d’en brosser un tableau complet, pour
toute la gamme de leurs opérations, risquait de faire perdre de vue l’essentiel. Le choix
a donc été fait de se limiter à huit grands aspects de la gouvernance des banques
centrales (chapitres 2 à 9) et de les traiter en profondeur. Pour en faciliter son
utilisation, le rapport commence par offrir un « guide de lecture », puis résume les
principaux thèmes retenus (sous « Résumé des grands thèmes») pour introduire, dans
le chapitre 1, les questions les plus importantes de la gouvernance des banques
centrales développées dans la suite du rapport.
Les banques centrales peuvent consulter des informations plus détaillées dans la base
de données qui a fourni la matière du présent ouvrage. La majeure partie des données
qui y sont stockées ont été communiquées par les 47 banques centrales et autorités
monétaires appartenant au Réseau de gouvernance, qui forme, avec le Groupe sur la
gouvernance des banques centrales, le Forum sur la gouvernance des banques
centrales. Au cours des dix dernières années, les membres de ce réseau ont participé
à plusieurs enquêtes sur la gouvernance et autres aspects organisationnels. La
dernière en date (BRI (2008b)), spécialement conduite aux fins de ce rapport, a permis
d’en actualiser les éléments essentiels.