l`ecole de nancy face aux questions politiques et sociales de son

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9 oct. 2015 – 25 janv. 2016
L’ECOLE DE NANCY
FACE AUX QUESTIONS
POLITIQUES ET SOCIALES
DE SON TEMPS
Musée des beaux-arts de Nancy
Musée de l’Ecole de Nancy
« Ceux qui vivent
ce sont ceux qui luttent… »
Victor Hugo
Dossier de Presse
Contact Presse :
Véronique BAUDOÜIN - 03.83.85.30.42 – [email protected]
Michèle THISSE – 03.83.85.33.16 –[email protected]
Cette exposition est reconnue d’intérêt
national par le ministère de
la Culture et de la Communication /
Direction générale des patrimoines
/ Service des musées de France.
Elle bénéficie à ce titre d’un soutien
financier exceptionnel de l’Etat
Sommaire
Le communiqué de presse Label Expositions
d’intérêt national 2015
Le communiqué de presse de l’exposition
La visite de l’exposition
Musée des Beaux-arts
Musée de l’Ecole de Nancy
p. 3
p. 6
p. 7
p.7-19
p.20-22
La chronologie
Le commissariat
Le catalogue
Le programme culturel
Les informations pratiques
Les visuels
p.23
p.27
p.28
p.29
p.30
p.31
2
3
4
5
Le communiqué de presse
L’ECOLE DE NANCY
FACE AUX QUESTIONS
POLITIQUES ET SOCIALES
DE SON TEMPS
Porteur d’un projet de société revendiquant le
passage à un art total et social, l’Art nouveau est un
mouvement engagé, qui s’épanouit dans un
contexte plus troublé que la légende de la « Belle
Epoque » ne le laisse supposer. A Nancy, cette
propension à s’intéresser aux enjeux de société et
aux questions politiques est accentuée par un
contexte particulier et prégnant, hanté par la
menace allemande.
Cette grande exposition, présentée au musée des
beaux arts et au musée de l’Ecole de Nancy, évoque
le contexte politique, intellectuel et artistique
nancéien, et en particulier, le rôle des deux
présidents de l’Ecole de Nancy, Emile Gallé et
Victor Prouvé. Républicains fervents et investis
dans le champ social et politique, ils ont fait de leur
recherche d’une nouvelle esthétique l’expression de
leur quête d’une société plus juste, plus humaine,
plus belle…
Cette exposition rassemble près de 200 œuvres, avec des prêts d’institutions prestigieuses
(Musée national d’Irlande- Dublin, Musée des Arts décoratifs - Paris, Kitazawa museum of
art - Japon, Badisches Landesmuseum- Karlsruhe, Museum Kunst Palast -Düsseldorf), et des
pièces présentées pour la première fois à Nancy depuis leur création.
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la
Communication / Direction générale des patrimoines / Service des musées de France.
Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat
----------------------------------------------------------------------------9 octobre 2015- 25 janvier 2016
Nancy
Musée des beaux arts
Musée de l’Ecole de Nancy
3 place Stanislas
36-38, rue du sergent Blandan
Tous les jours sauf le mardi
Du mercredi au dimanche
10h / 18h
10 h / 18h
er
Sauf les 1 novembre, 25 décembre et 1er janvier
---------------------------------------------------------------------------6
La visite de l’exposition
La partie principale de l’exposition est présentée dans les salles d’exposition
temporaire du musée des beaux-arts de Nancy (MBAN). Elle est complétée par
un parcours au musée de l’Ecole de Nancy (MEN), d’œuvres signalées dans les
collections permanentes ainsi que par une sélection de pièces et de documents
complétant les propos de la manifestation.
• Musée des beaux-arts
Un art nouveau, pour un monde nouveau
La création de l’Ecole de Nancy en 1901 est autant un aboutissement qu’un
commencement. Après des décennies de lutte, l’artisanat et l’industrie sont enfin
associés pour produire du beau et de l’utile. L’inspiration naturaliste bouscule et
renouvelle les codes esthétiques. Les objets fabriqués en série et à prix modérés
permettent une diffusion plus large. La frontière entre art mineur et art majeur
s’efface, faisant entrer les arts décoratifs dans les Salons officiels et les musées…
Si l’Ecole de Nancy représente avant tout un mouvement artistique -l’expression
nancéienne d’un élan international, l’Art nouveau-, elle est aussi porteuse d’une
ambition qui dépasse le champ esthétique, celle d’aider à la création d’un monde
nouveau. En mettant l’éducation des ouvriers et l’art pour tous au centre de son
discours, elle pratique une forme d’activisme social. Pourtant, rares sont les
membres de l’Ecole de Nancy à s’être engagés ouvertement et individuellement,
par crainte de nuire à leur activité peut-être, ou tout simplement par refus de
mélanger les genres.
Les personnalités qui dominent le sujet de l’engagement politique et social sont
les deux présidents successifs de l’association, Emile Gallé et Victor Prouvé. Dans
le cas du premier, l’engagement esthétique est indissociable de l’engagement
humaniste, et son art sert les causes qu’il défend. Pour le second, l’indignation de
la jeunesse est peu à peu remplacée par les espoirs placés en une république
idéalisée. Tous deux ont largement contribué à faire de l’Ecole de Nancy un
mouvement unique, sortant du seul cadre des arts décoratifs.
7
Le contexte Lorrain,
un passé mythifié au secours d’un duché mutilé
La défaite de 1870 pèse lourd sur le
destin de la Lorraine. Le traité de
Francfort coupe brutalement en deux
la région. Nancy devient la dernière
grande ville française à la frontière de
l’Empire allemand, à la fois vitrine de
la France et bastion défensif. Dans un
premier temps, la ville doit gérer
l’afflux de migrants, issus de toutes
les couches sociales, pour qui il n’est
pas
envisageable
de
devenir
allemands. C’est aussi tout un
système économique à reconstruire et
à réorganiser. Le développement
économique soutenu qui s’ensuit,
épaulé par une main d’œuvre
ouvrière abondante, est un enjeu
national, et dont on saura tirer profit
aux moments critiques. Le discours
moqueur et revanchard des premières
années suivant l’Annexion (service la
Ferme de Gallé, 1873), cède peu à
peu place à toutes les formes
d’espérance (Vase De la gangue
épaisse… de Gallé, 1888).
des territoires annexés telle que
l’expriment certaines œuvres de
Gallé en 1889 (table Le Rhin, vase
Espoir…) s’adresse d’ailleurs plutôt à
la France qu’à l’Allemagne pour lui
rappeler ses devoirs envers les « Ne
m’oublie pas », les lorrains – alsaciens
annexés.
Les manufactures et les artistes
nancéiens explorent un corpus de
sujets lorrains appréciés par la
clientèle
locale :
les
figures
historiques du
roi
Stanislas
de
Pologne, de Jeanne d’Arc ou Le Duc
Le drame de l’Annexion de 1871 fait
resurgir le souvenir du duché de
Lorraine. Les grandes figures de ce
passé sont exploitées pour affirmer,
non pas une nostalgie rétrograde,
mais bien plutôt l’union indéfectible
d’un territoire arbitrairement coupé
en deux. La revendication du retour
8
Ill . C. Martin, Soldat, vers 1880. Musée Lorrain,
Nancy. E. Gallé, vase De la gangue épaisse…Les Arts
Décoratifs, Paris
de Lorraine René II, les symboles
lorrains du chardon de Nancy et la
croix de Lorraine. L’érudition de Gallé
lui permet même d’invoquer la
sagesse antique, à travers les vers de
Tacite qui affirment que « le Rhin
sépare
des
Gaules
toute
la
Germanie ».
L’espoir renaît grâce à la signature de
l’alliance Franco-Russe en 1892. Les
fêtes organisées à Nancy pour le
séjour des gymnastes Tchèques (les
Sokhols de Prague), ou les nombreux
cadeaux envoyés par les artisans
lorrains à la flotte russe stationnée à
Toulon
permettent
de
saisir
l’intensité des espoirs placés en elle.
En 1902, la République française offre
à la Russie un ensemble de verreries
de Gallé lors du voyage du président
Loubet. Sur le plan politique, comme
sur le plan artistique, la Lorraine a su
s’imposer comme un élément clé du
rayonnement de la France.
Ill . E. Gallé, vase Espoir. Porte menu Plus penser que
dire, vase Fleur de Passiflore, Nancy, Musée de l’Ecole de
Nancy. Jardinière Stanislas, Lunéville, musée du Château
des Lumières. Daum Frères, vase Donrémy la Pucelle,
Nancy, musée des Beaux-arts
9
Emile Gallé, ou le devoir de Justice
Fils unique de Charles et Fanny Gallé,
Emile reçoit une éducation classique,
marquée par un long séjour en
Allemagne.
Ses
intérêts
et
connaissances sont vastes, de la
botanique à la musique, en passant
par la littérature et la science. De
confession Protestante, il épouse en
1875 la fille d’un pasteur alsacien,
Henriette Grimm. L’amie d’enfance
d’Henriette,
Mathilde
Roederer,
épouse en 1876 l’ancien communard,
et membre de l’Internationale,
Charles Keller, qui publie de
nombreuses chansons populaires sous
le nom de Jacques Turbin. Après ses
premiers succès en 1884, puis en
1889, Gallé fréquente les salons
parisiens de la Comtesse Greffuhle ou
de la Princesse Bibesco où il
rencontre des personnalités du Tout
Paris, comme Robert de Montesquiou,
Marcel Proust, Edmond de Goncourt,
Sarah Bernhardt… Ses liens ne se
limitent donc pas au cercle nancéien,
et son amitié avec le critique Roger
Marx, nancéien établi à Paris et
défenseur acharné de l’Unité des arts,
lui ouvre de nombreuses portes dans
les milieux intellectuels et artistiques
parisiens. L’utilisation récurrente des
citations littéraires dans son œuvre
démontre l’étendue de son érudition.
Ses préférences, en premier lieu
Victor
Hugo,
sont
pour
les
Romantiques, mais Gallé connaît bien
ses Classiques et apprécie les œuvres
engagées. La personnalité qui se
dessine à travers ces quelques
éléments biographiques se superpose
à une œuvre « parlante », qui résume
les recherches, les engagements, les
luttes, les déceptions ou les succès
d’une vie menée sans concessions et
sans demi-mesure.
En 1889, Gallé annonce son credo sur
un vase à décor orientalisant, sur
lequel on voit s’élancer un chevalier,
l’épée au clair : « Ma carrière est la
justice ».
Ill. E. Gallé, vase Hommes noirs, vase Ma
carrière est la justice, Nancy, musée de l’Ecole
de Nancy
10
La cause des Républicains
Irlandais :
Gallé offre en décembre 1890 un vase
à l’homme politique et journaliste
irlandais William O’Brien et à son
épouse Sophie Raffalovich. Membre
du Parlement, William O’Brien s’est
imposé sur la scène politique du
Royaume Uni comme le défenseur
acharné de la cause paysanne
Irlandaise, ce qui lui a valu plusieurs
emprisonnements pour incitation à la
révolte. La manifestation organisée à
Londres le 13 novembre 1887, pour
protester, entre autre, contre les
conditions de son emprisonnement,
est violemment réprimée par la police
(3 morts, 200 blessés). En octobre
1890, il s’enfuit en France puis en
Amérique. Après son mariage en juin
1890, O’Brien s’éloigne des partis
politiques pour se consacrer à
l’United
Irish
League
et
au
mouvement nationaliste irlandais,
qu’il supporte à travers ses journaux.
Son mariage avec Sophie Raffalovich,
fille d’un banquier russe, lui a en
effet
permis
de
gagner
son
indépendance financière. Son épouse
et lui-même partagent une affection
profonde pour la France où ils
séjournent à plusieurs reprises.
Les liens tissés entre O’Brien et Gallé,
passent sans aucun doute par
l’intermédiaire de Charles Keller, qui
dédicace son poème Le Fruit « au
patriote W. O. Brien », y associant la
douleur de « l’Irlande sans pain, les
Alsaces en deuils et les pâles
Lorraines », et de Maud Gonne,
militante de la cause irlandaise, du
mouvement
féministe
et
de
l’indépendance, qui aurait séjourné à
Nancy vers 1889, chez les Chalon,
relations des Gallé. L’Irlande, sous le
joug britannique, et l’Alsace-Moselle
ont en commun l’oppression et la
misère d’un peuple injustement
traité. Cette propension de Gallé à
dénoncer
et
à
partager
les
souffrances des autres peuples
montre la nature de sa conception de
la Justice, plaçant la liberté et la
dignité des peuples avant tout, à
l’écart des questions religieuses et
partisanes.
Ill : Portrait de Sophie Raffalovich et William
O’Brien, 1890. Collection particulière. E. Gallé, vase
Dragon et Pélican, 1890. Dublin, musée national
d’Irlande
11
fauchées, sur fond de village
incendié. Le meuble, symboliquement
réalisé en noyer de Turquie, et
portant une citation de Victor Hugo,
était accompagné d’un vase « étrange
et terrible », où « se coagulaient,
encore et toujours, de lourds,
d’opaques caillots de sang ». Gallé,
alors, en pleine Affaire Dreyfus,
fustige à travers ces deux œuvres
l’inaction
et
l’immobilité
des
puissances européennes, qu’il juge
complices des massacres. C’est la
même indignation, le même besoin
impérieux de lutter, contre le silence,
contre l’oubli qui président aux
références probables à la guerre des
Boers (1899-1902) que sont le vase
Africana (1900, musée des Arts
décoratifs, Paris) et la bibliothèque
Afrika (1903), ainsi que le laisse
penser un document préparatoire de
la main de Gallé.
La persécution des
Arméniens dans l’Empire
Ottoman :
Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès
prend la parole à la Chambre des
Députés pour dénoncer le massacre
des populations arméniennes. Depuis
1894, le Sultan Abd-Ul-Hamid II,
connu sous le nom de « sultan rouge »
ou « Grand Saigneur », a commencé la
persécution du peuple Arménien, au
nom de la menace contre l’Islam. Ces
massacres répondent aux courants
nationalistes et indépendantistes qui
parcourent alors l’Empire Ottoman.
Malgré
les
protestations
des
Européens, le sultan poursuit ses
massacres jusqu’en 1897, faisant au
moins 250000 victimes.
L’écrivain Pierre Quillard fonde en
octobre 1900 la revue Pro Armenia
pour soutenir la cause arménienne.
Dans le numéro de décembre 1900, un
article évoque les œuvres d’Emile
Gallé présentées à l’Exposition
Universelle, manifestant « sa haine et
son dégoût pour le grand assassin »,
dont la commode Le champ du sang
ou Sang d’Arménie. Des rameaux de
pêcher, arbre national du « pays
martyr » sont taillés dans la tablette
en onyx, tandis que la « console
douloureuse » présente un décor de
marqueterie illustré de tulipes
Ill. E. Gallé, commode Le Champ du sang. Reims,
musée des Beaux-arts, vase Africana, Les Arts
décoratifs, Paris (non exposé).
12
Les
préparatifs
de
l’Exposition
Universelle de 1900, prennent une
dimension politique : la citation
d’Hésiode affichée sur le four verrier
recréé par Gallé affirme que la lutte
n’est pas éteinte : Descends, divine
Sagesse ! Bénis nos fourneaux. Donne
aux vases la belle nuance… Mais si les
hommes sont méchants, faussaires et
prévaricateurs, à moi les mauvais
démons du feu !... éclatent les vases,
croule le four ! Afin que tous
apprennent à pratiquer la Justice. La
tension générale retombe en France,
mais le combat pour la réhabilitation
de Dreyfus s’engage malgré tout.
Celle-ci n’est acquise qu’en 1906,
après la mort de Gallé.
L’Affaire Dreyfus
Ce qu’on a finalement appelé
« l’affaire »,
représente
dans
l’histoire de la 3ème République,
comme dans la vie d’Emile Gallé, un
moment
crucial.
L’engagement
Dreyfusard
coïncide
avec
la
publication
dans
l’Aurore
du « J’accuse ! » de Zola le 13 janvier
1898. Le nom d’Emile Gallé apparaît
sur la pétition des intellectuels parue
le 16 janvier. Dans les semaines qui
suivent, et lors du procès pour
diffamation contre Zola, l’Affaire
prend une nouvelle envergure,
opposant dans une violence inouïe les
pro- et les antidreyfusards, sur un
fond d’antisémitisme violemment
entretenu par une presse influente et
non censurée. La crise s’étend et
divise la France dans un climat frôlant
la guerre civile. Gallé parle d’une
atmosphère devenue irrespirable dans
sa ville natale, où l’on ne le salue
plus. Le procès de Rennes en 1899,
suivi par la grâce accordée à Dreyfus
et la loi d’amnistie envers les
coupables réels, laisse les Dreyfusards
stupéfaits et frustrés.
L’ensemble des verreries exposées
par Gallé sur le four verrier font
référence à l’affaire Dreyfus : Les
Hommes
noirs,
conçu
en
collaboration avec Victor Prouvé, le
calice Le Figuier, l’Amphore du roi
Salomon, la fiole à encre La
Calomnie, etc… Les tables Sagittaire
et Sicut Hortus s’ajoutent à la liste
des
œuvres
dreyfusardes
de
l’exposition. La première affirme que
« la grâce est une arme au combat
pour l’idée », tandis que la seconde
cite la Bible : « comme la terre fait
sortir ses germes et un jardin germer
ses semences, ainsi le Seigneur fera
germer la Justice ».
Ill. E. Gallé, photographie du four verrier, 1900.
Rennes, musée de Bretagne, vase La Calomnie,
1900. Kitazawa museum of art, Japon
13
convaincu, il tente de rester à l’écart
de l’action politique, tout en
devenant président d’honneur de la
Fédération républicaine de Meurtheet-Moselle.
Cette situation intenable rend les
dernières
années
de
vie
particulièrement difficiles. Malgré le
soutien actif de sa femme Henriette,
combattante acharnée de la cause
dreyfusarde, Gallé, malade, laisse
souvent
libre
cours
dans
sa
correspondance à son amertume et sa
déception. Il s’acharne à défendre la
Justice - et lui-même - par voie de
presse, inondant les journaux de
tribunes et d’articles, et participe à
la fondation du journal républicain
d’opposition L’Etoile de l’Est. Sa
participation active à la création de la
Ligue de Défense des Droits de
l’Homme
puis
de
l’Université
populaire
sont
autant
de
prolongements de son engagement,
dont la complexité pourrait pourtant
se résumer autour de la notion simple
d’Humanisme.
Les œuvres présentées en 1900 sont
en premier lieu un témoignage de
l’exceptionnelle maîtrise artistique
atteinte par le maître-verrier. Les
dimensions de l’Amphore du Roi
Salomon,
la
sophistication
des
superpositions de couches de verre,
l’audace des applications et des
inclusions confirment sa suprématie
technique et artistique absolue. A ce
titre, l’exposition est un succès.
Fidèle à sa manière, et convaincu des
vertus subversives de l’art, Gallé n’a
sans doute pas mesuré les effets
néfastes de son engagement public en
faveur de Dreyfus. Si des références
plutôt discrètes ou hermétiques ont
pu passer inaperçu, le sceau du roi
Salomon figurant l’étoile de David ou
la citation anticléricale de Béranger
devaient
faire
basculer
sa
participation dans la sphère politique.
La
déception
de
Gallé
est
perceptible, à un moment difficile du
point de vue économique. La
concurrence est rude et Gallé se sent
pillé autant qu’isolé et incompris.
Accusé d’anticléricalisme et de
sionisme, il multiplie les références
religieuses pour dénoncer l’insulte
faite à la Foi. Patriote acharné, il est
pourtant considéré comme un traitre
à
sa
Patrie
doublé
d’un
antimilitariste.
Républicain
Ill. E. Gallé, vase calice Le Figuier, table
Sagittaire, 1900. Nancy, musée de l’Ecole de
Nancy
14
Victor Prouvé, de l’île heureuse à l’action directe
En 1896, Emile Gallé conçoit une
œuvre toute particulière pour son ami
Victor Prouvé. Le canthare Prouvé
est une pièce commandée par les
amis de l’artiste pour célébrer sa
nomination dans l’ordre de la Légion
d’Honneur,
à
l’occasion
de
l’exécution du Monument à Sadi
Carnot. L’extrait des Châtiments de
Victor Hugo, « Ceux qui vivent ce sont
ceux qui luttent, ce sont ceux dont un
dessein ferme emplit l’âme et le
front» inscrit sur le vase est un
hommage vibrant à l’artiste engagé
par un artiste engagé…
Victor Prouvé (1858-1943) grandit
dans un milieu artistique et simple :
son père est dessinateur en broderies
et collaborateur occasionnel de la
maison Gallé-Reinemer, sa mère, fine
lingère. Grâce à une pension
attribuée par la Ville de Nancy,
Prouvé part étudier à l’école des
Beaux-arts de Paris (1877-1882).
Après une décennie marquée par de
premières expositions dans les Salons
parisiens, plusieurs échecs successifs
au Prix de Rome et deux voyages en
Tunisie, Prouvé participe à partir des
années 1890 à de nombreux concours
pour des décors officiels de mairie
ou de monuments (Monument à Sadi
Carnot, Nancy, 1896). On y voit
composée
une
iconographie
républicaine renouvelée, idéalisée,
dans laquelle la société s’épanouit
E. Gallé, vase Canthare Prouvé, 1896, V. Prouvé,
Espoir, étude pour le décor de la mairie du XIème
arrondissement de Paris, 1893, Janvier, étude pour
le décor de l’Hôtel de Ville de Nancy, vers 1891.
Nancy, musée de l’Ecole de Nancy.
15
hérités de l’imaginaire anarchiste,
sont aussi des symboles de la liberté,
dans une société sans entraves.
Prouvé est alors « l’illustrateur de nos
rêves sociaux » (RL, in Bulletin de
l’Université populaire, 1907), dans
lesquels la compassion et la fraternité
transforment la Grève générale
(1906) en une farandole joyeuse.
dans l’harmonie, à l’encontre de la
vision corrompue promue par les
Boulangistes ou les nationalistes. La
Paix et la Justice se dressent
fièrement, dans la lignée de Rude ou
de Delacroix… Dans le même temps
ont lieu ses premières collaborations
avec Emile Gallé pour l’Exposition
universelle de 1889. Gallé fait appel à
lui pour la conception des décors à
figure humaine de plusieurs œuvres
manifestes comme la table Le Rhin, le
vase Orphée et Eurydice, ou encore le
bassin Qui vive ? France Leur travail
conjoint porte le patriotisme et
l’affirmation
d’une
injustice
à
réparer, sans jamais donner dans les
excès d’un lotharingisme xénophobe.
Son mariage en 1898 avec Marie
Duhamel, puis la naissance des ses 7
enfants, donnent une orientation
nouvelle à sa carrière, dans laquelle
la félicité familiale symbolise la
victoire d’une République plus juste.
La nouvelle collaboration avec Gallé
pour les œuvres Dreyfusardes de
l’exposition en 1900, permet de
comprendre la position choisie par
Prouvé. Son engagement, moins
visible que celui de Gallé, n’en reste
pas moins fort. Si son œuvre picturale
se caractérise par sa lumière et ses
coloris vifs, les modèles fournis à
Gallé plongent dans des noirceurs qui
ne lui sont pas
familières.
Il
offre néanmoins
des
modèles
d’une
grande
expressivité
comme
en
témoigne
le
visage terrible
de la Calomnie.
Les « héros » de ses tableaux sont les
gens du peuple : paysans, ouvriers,
mères et enfants… mais on y trouve
aussi les oubliés et les victimes du
progrès, les chemineaux, les mineurs
de Courrières, les inondés, les
laissés-pour-compte d’une fausse
Belle époque, marquée par de
violentes
crises
politiques
et
sociétales. Les vagabonds de Prouvé,
16
d’un autre rêve, celui de l’Ecole de
Nancy. Les années de la présidence
de Prouvé ont creusé le fossé
patiemment comblé par Gallé, entre
artisanat et industrie. La question
lancinante d’un enseignement des
arts appliqués à l’industrie divise
encore et toujours ses membres,
tandis que l’Exposition internationale
de l’Est de la France en 1909 donne le
sentiment d’un chant du cygne pour
un groupe réuni davantage par des
souvenirs que par une vision commune
de l’avenir.
Prouvé
est
de
l’aventure
de
l’Université populaire et de la Ligue
de Défense des droits de l’homme. Il
est aussi sollicité pour fournir les
sculptures du fronton de la Maison du
Peuple, financée par l’ami Charles
Keller. Dans la continuité de son
travail, et sur fond de haine et
d’obscurantisme, sa représentation de
la Pensée libre y exprime l’espoir de
combattre
l’ignorance
par
l’éducation.
En 1912, Prouvé est élu conseiller
municipal de Nancy, sur la liste
d’entente républicaine de Joseph
Laurent. En 1913, il réalise des
croquis de Jaurès à la tribune de
l’Eldorado. L’assassinat de Jaurès puis
la déclaration de guerre en août 14
interrompent brutalement ses rêves
idéalistes. Ces années coïncident
également avec la fin
Ill. page précédente : V. Prouvé, Pour les mineurs de
Courrières, programme, 1906, Nancy, musée Lorrain,
La grève générale, 1906, Nancy, musée de l’Ecole de
Nancy, E. Gallé, vase La Calomnie, détail, 1900,
Kitazawa museum of art, Japon.
Ill. V. Prouvé, Jaurès à la tribune de l’Eldorado,
1913, Nancy, musée de l’Ecole de Nancy
17
L’aventure de l’Université populaire
Le grand mouvement de création des
universités populaires est directement
lié à l’affaire Dreyfus. La grande
majorité de celles-ci fut fondée entre
1899 et 1901, grâce à la mobilisation
de l’opinion et des intellectuels
contre les excès antisémites et
nationalistes. Le concept reprend
l’idée
des
associations
philotechniques créées en 1848 par
Eugène Lionnet afin d’apporter aux
adultes l’enseignement dont ils ont
besoin.
A
Nancy,
l’université
populaire est créée en décembre
1899. Elle est précédée par la
création d’un comité de la Ligue de
Défense des Droits de l’homme,
auquel appartiennent la plupart des
acteurs de la future Université
populaire – et dreyfusards nancéiens :
Charles Keller, l’avocat Jean Grillon,
Emile Gallé, l’industriel Spire, et le
docteur
Bernheim.
Le
comité
accueille également des ouvriers de
manufactures locales, mais sans
l’appui des syndicats ouvriers.
L’association Jeunesse
Lorraine,
sous
l’impulsion du gendre
de
Gallé,
Paul
Perdrizet,
propose
dans la foulée les
premières conférences
destinées aux ouvriers,
avec l’appui de la
Fédération
des
syndicats. L’idée d’une
université populaire se
dessine et les fonds nécessaires à la
location d’un local sont rapidement
rassemblés. Le contexte de la
création s’explique en particulier par
le désir de capter la classe ouvrière,
avec « le concours de tous ceux qui
veulent faire triompher les idées de
liberté, de justice, de solidarité
qu’évoque le mot République », ainsi
que le stipule les statuts.
L’enseignement est varié et favorisé
par la proximité de l’université :
juristes, médecins, universitaires,
artistes,
instituteurs,
chefs
d’entreprises, se succèdent pour
« soustraire les ouvriers aux effets de
la démagogie et des extrémismes ». Si
les thèmes d’actualités dominent, une
large place est laissée à l’art, ou
encore à la science.
Ill. V.Prouvé, Le Forgeron, vers 1901-1902, Portrait du
Professeur Paul Perdrizet, 1906, Nancy, musée de l’Ecole
de Nancy, Portrait de Jacques Turbin (Charles Keller),
1895, Lunéville, musée du Château des Lumières.
18
La fréquentation de l’Université
populaire par les ouvriers reste
difficile à évaluer, et la qualité de
l’enseignement proposé semble avoir
attiré paradoxalement un public
d’amateurs issu de la petite
bourgeoisie.
Après
1904,
les
principaux animateurs de l’Université
populaire prirent peu à peu leurs
distances, pour se consacrer à
d’autres initiatives, parfois fort
éloignées. Charles Keller proposa en
1907 à la Fédération des syndicats
d’occuper sa Maison du Peuple, qui
devint ensuite la Maison des
Syndicats…
L’Université Populaire s’installe dans
les locaux construits en 1901-1902 par
Charles Keller, rue Drouin, et
baptisée « Maison du Peuple ». Le
bâtiment est conçu par l’architecte
Paul Charbonnier, avec des décors
d’Eugène Vallin et Victor Prouvé. On y
trouve, outre la salle de conférence,
une salle de gymnastique et une
bibliothèque. Le décor de la façade
évoque à travers les deux figures
sculptées par Prouvé, l’association du
Travail, représenté par un forgeron,
et de la Pensée libre, une femme
surgissant des nuages, selon une
conception plutôt inédite du partage
démocratique de la culture.
Ill. Fonds Prouvé, Modèle en plâtre de La Pensée
libre avec le modèle ?, Nancy, musée de l’Ecole de
Nancy
19
• Musée de l’Ecole de Nancy
Les collections permanentes du musée de l’Ecole de Nancy présentent un grand
nombre de pièces, pour certaines très modestes, témoignant de l'engagement
politique et social de l'Ecole de Nancy. L'utilisation courante du chardon (symbole
de la ville de Nancy) et de la Croix de Lorraine dans des pièces produites par les
industries d'art nancéiennes et lorraines rappelle la situation de l'Alsace-Moselle
annexées et le lien indéfectible qui les unit à Nancy et par là, à la France. La
présence de la Croix de Lorraine dans les signatures de la manufacture Daum ou
chez Gallé, associée à la mention "Nancy", réaffirme cette identité lorraine. Ces
pièces, souvent d’un usage courant et destinées à une clientèle assez modeste,
illustrent la volonté de l'Ecole de Nancy, de créer des objets d'art, nouveaux dans
les formes et les décors, voués à une large diffusion et porteurs de message. A
leurs côtés, des œuvres majeures et monumentales, complétées par des
documents préparatoires, apportent un enseignement supplémentaire au propos de
l’exposition proposée au musée des Beaux-arts.
Emile Gallé présente pour la
première
fois
à
l’Exposition
Universelle de Paris en 1889 les
œuvres issues de sa nouvelle activité
d’ébénisterie. Sur la table Le Rhin,
Gallé fait sienne la phrase de Tacite,
« Le Rhin sépare des Gaules tout la
Germanie »,
pour
rappeler
à
l’opinion publique l’injustice de
l’Annexion de l’Alsace-Moselle par le
traité de Francfort de 1871. La frise
marquetée, au dessin confié à Victor
Prouvé,
illustre
l’opposition
historique des deux peuples, séparés
et contenus par la figure imposante
du Rhin, protégeant d’une main la
Moselle.
Cette seule référence à l’Antiquité
fustige
l’iniquité
d’un
traité
désastreux. Le piétement de la table
rassemble tous les symboles de la
Lorraine (Alérions, croix de Lorraine,
chardon de Nancy, myosotis des
annexés, Rosa Gallica, lierre…) pour
redire encore l’unité indéfectible de
l’ancien duché Lorrain, et surtout
l’espoir et le souhait de le voir
réunifié.
Ill. V. Prouvé, étude pour le plateau de la table Le
Rhin, 1889. Fonds Gallé, photographie de l’intérieur
de la maison Gallé vers 1889 avec la table Le Rhin,
le bassin Qui Vive ? France et le vase Jeanne d’Arc,
(non exposé), Nancy, musée de l’Ecole de Nancy
20
Le cabinet De chêne Lorrain.
Œuvre française fait également
partie des œuvres de l’exposition de
1889. Victor Prouvé conçoit les
figures de Velléda et du druide
cueillant du gui (plâtre). Le thème du
cabinet est inspiré des Poèmes
Antiques de Lecomte de Lisle, dans
lesquels sont évoqués la forêt
mythique divine, peuplées de cerfs
et de biches, d’aigles et de chênes
sacrés, source de vie éternelle. Le
cabinet, conçu à partir d’un chêne
lacustre trouvé en sol lorrain, affirme
à
travers
tous
les
éléments
symboliques
de
son
décor,
l’enracinement
profond
de
la
Lorraine dans le sol et l’histoire de la
France. Il apparaît comme le pendant
de la table Le Rhin, et la réponse de
Gallé aux (vaines) tentatives de
fouilles archéologiques allemandes,
ayant pour but de démontrer
l’origine franque des territoires
mosellans et alsaciens pour légitimer
l’Annexion. Ces deux œuvres sont à
nouveau exposées par Gallé en 1894
à Nancy puis, en 1900, à Paris, lors
de l’Exposition Centennale. Elles
invitent
une
fois
encore
à
s’interroger sur le sort sacrifié des
territoires perdus, et ce dans un
contexte politique bien différent,
secoué par deux années de tension
extrême
et
d’instabilité
avec
l’Affaire Dreyfus.
L’Amphore du roi Salomon (1900) est
une autre œuvre maîtresse de
l’Exposition universelle de 1900, où
elle occupait le centre du four
verrier.
Prouesse
technique
incomparable,
elle
affirme
la
suprématie de la maîtrise du verrier
face
à
l’émergence
d’une
concurrence nancéienne active. Mais
surtout, l’amphore s’impose comme
une œuvre dreyfusarde : le sceau du
roi Salomon, l’étoile de David, fait
clairement
référence
à
Alfred
Dreyfus, le juif, condamné par ses
origines par une opinion publique
largement antisémite. Gallé ressent
encore en 1900, malgré la grâce
accordée à Dreyfus, la nécessité
impérieuse d’évoquer une affaire qui
a
divisé
en
profondeur
et
durablement la France. Lui-même se
sent exclu et étranger dans sa ville
natale, Nancy la Catholique, où ont
eu lieu des manifestations antisémites
d’une violence inouïe. Il exprime le
goût amer laissé par les attaques
21
nombreuses, en particulier dans la
presse, envers son engagement public
en faveur de Dreyfus, et si l’ensemble
de sa présentation de 1900 relève en
premier lieu d’un « devoir de
Justice » au nom de la défense de
l’innocence, par certains aspects, elle
apparaît aussi comme la dénonciation
d’une injustice plus personnelle, faite
à lui-même. Ainsi la comparaison du
sacrifice christique avec celui de
Dreyfus, dans le calice Le Figuier,
montre-t-elle l’interprétation très
personnelle d’un homme, croyant et
blessé dans sa Foi par son
instrumentalisation au nom de la
haine. Ce que Gallé aurait aimé voir
demeurer au stade de références
discrètes et peu explicites à sa
souffrance, fut finalement interprété
- par ses amis mêmes - comme un
manifeste politique.
Ill. page précédente : V. Prouvé, La cueillette du
gui, 1888, E. Gallé, cabinet De Chêne lorrain,
œuvre française, 1889. Nancy, musée de l’Ecole
de Nancy
Ill. E. Gallé, Amphore du Roi Salomon, 1900.
Nancy, musée de l’Ecole de Nancy
Avec la fondation de l’Ecole de Nancy, en 1901, Gallé trouve une forme retour en
grâce dans sa ville, mais jusqu’à sa disparition en 1904, la « réserve d’ordre
politique » mentionnée dans l’hommage de l’Est républicain lors de sa mort, plane
sur l’interprétation de son œuvre. Ses dernières œuvres, le lit Aube et crépuscule
ou les Mains aux algues, exposées au musée de l’Ecole de Nancy, n’expriment plus
ni l’espoir, ni la force combative. On y voit représentée avec une intensité
poétique rare et une mélancolie immense, la vie qui s’éteint, trop brève,
inachevée…
22
La chronologie
En bleu, rappel des œuvres présentées dans l’exposition.
1870-1871
Guerre franco-prussienne (19 juillet 1870 – 29 janvier 1871). Nancy est occupée le
12 août 1870.
Création de la III° République (4 septembre 1870).
Traité de Francfort et annexion de l’Alsace-Moselle au Reich (10 mai 1871). Nancy
devient la capitale de « la Lorraine mutilée », première ville de l’Est de la France.
« Semaine sanglante » de la Commune de Paris (21 – 28 mai 1871). Charles Keller
(Jacques Turbin) est blessé sur la barricade de le rue du Château-d’Eau.
1873
Évacuation des troupes allemandes postées à Nancy (1° août).
1875
Emile Gallé épouse Henriette Grimm, cousine de Charles Keller par sa mère.
1877
Gallé reprend la direction de l’entreprise familiale.
1885
Gallé est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
1887
13 novembre : Bloody Sunday à Londres : la police réprime dans la violence une
manifestation organisée pour réclamer la libération de l’un des leaders du
mouvement républicain irlandais, le journaliste et député William O’Brien.
1889
Exposition Universelle. Gallé présente plusieurs œuvres à caractère patriotique
ainsi que son kiosque gaulois (Table Le Rhin, en collaboration avec V. Prouvé, vase
Espoir)
1890
Gallé offre à William O’Brien et son épouse Sophie Raffalovich le vase Dragon et
Pélican à l’occasion d’une rencontre à Paris à la fin décembre.
1891
Prouvé participe et échoue au concours de décoration de la salle à manger de
l’Hôtel de Ville de Paris et peint les médaillons du grand salon de l’Hôtel de Ville
de Nancy (Etude pour le mois de Janvier).
1892
Triple Alliance entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie.
Nancy accueille avec enthousiasme les Sokols de Prague.
La visite à Nancy du Président Carnot est saluée par 3 jours de fête (5, 6 et 7 juin).
Le comité nancéien de l’Union des Femmes de France offre un vase de Gallé à Mme
Carnot (Petit vase Carnot).
Convention militaire secrète franco-russe (17 août)
23
Gallé défend dans la presse locale le monument à Claude Gelée, conçu par Auguste
Rodin au parc de la Pépinière, et décrié par la critique.
Gallé rencontre Maurice Barrès à Bayreuth. Leur amitié sera rompue avec l’affaire
Dreyfus.
1893
Visite de l’escadre russe à Toulon à l’occasion de la venue du tsar Alexandre en
France. La Lorraine offre à la Russie des témoignages du savoir-faire
lorrain (service de verres Daum, bol à punch de Camille Martin, livre d’or de la
Lorraine à la Russie (V. Prouvé, C. Martin), table Flore de Lorraine réalisée par
Gallé).
1894
Exposition d’art décoratif et industriel lorrain aux Galeries Poirel. Charles André,
son initiateur précise que « c’est une œuvre de propagande, c’est un acte dans la
lutte engagée contre la France par nos adversaires et nos ennemis »
Le capitaine Alfred Dreyfus est reconnu coupable de trahison au profit de
l’Allemagne et condamné à la déportation sur l’île du Diable.
Assassinat du Président Sadi Carnot (attentats anarchistes depuis 1892).
Premiers massacres des Arméniens par le Sultan Turc.
1896
Victor Prouvé est chargé de la décoration de l’escalier d’honneur de la mairie
d’Issy-les-Moulineaux (Les fiancés) et remporte avec l’architecte Désiré Bourgon le
concours pour l’érection du monument à Sadi Carnot à Nancy (Figures de la Paix et
de la Justice). Le 1er juillet, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur, ses amis
lui offrent le vase Canthare d’Emile Gallé.
Maud Gonne, figure de la lutte pour l’indépendance Irlandaise, séjourne à Nancy.
1898
Alliance franco-russe
13 janvier : Le journal L’Aurore publie « J’accuse » de Zola. Gallé le soutient et
signe la deuxième pétition publiée par L’Aurore le 17 janvier. Rupture avec Barrès.
Violentes manifestations antisémites à Nancy.
28 mars : Henriette Gallé, Mathilde Keller et Elise Grimm signent « L’Appel aux
femmes de France » dans le journal Le Siècle.
Victor Prouvé reçoit la commande de panneaux décoratifs pour la salle des fêtes de
la mairie du XIème arrondissement de Paris (Etudes pour l’Ile heureuse, Espoir, la
Joie, le Bonheur, Méditation)
1899
Création de la section nancéienne de la Ligue des Droits de l’Homme présidée par
Charles Keller. Gallé en est le trésorier.
Création de l’Université Populaire à Nancy présidée par Hyppolite Bernheim.
Procès en révision de Dreyfus à Rennes, nouvelle condamnation, suivie le 19
septembre par la grâce accordée par le président Loubet.
Début de la seconde guerre des Boers, opposant les états d’Orange et du Transvaal
à l’Empire britannique.
24
1900
Exposition Universelle. Gallé présente son four verrier accompagné d’œuvres
dreyfusardes (vases Les Hommes Noirs, Amphore du Roi Salomon, Le Figuier,
Heracleum, la Calomnie,Les Ormes, Picciola, tables Sicut Hortus, Sagittaire …)
Gallé dénonce le massacre des Arméniens avec la commode le Champ du sang.
Après des défaites décisives, Kruger, le Président du Transvaal s’exile en Europe et
passe à Paris.
1901
Constitution de l’association Ecole de Nancy. Gallé premier président.
Création du journal l’Etoile de l’Est avec l’aide de Gallé.
Construction de la Maison du Peuple à Nancy, financée par Charles Keller, sur les
plans de l’architecte Paul Charbonnier, et avec la participation de Victor Prouvé
(Le Forgeron).
1902
Inauguration de la Maison du Peuple.
Gallé président d’honneur de la Fédération républicaine de Meurthe-et-Moselle et
de l’association Gambettiste.
Le Président Emile Loubet offre au Tsar Nicolas II 13 verreries de Gallé (Fleur de
passiflore, Les Chênes, …) à l’occasion d’un voyage officiel en Russie.
Mort d’Emile Zola.
Janvier : Le colonel Boer Sandberg est reçu à Nancy et rencontre Gallé.Mai : traité
de Vereeniging entérinant l’annexion des républiques Boers d’Orange et du
Transvaal par l’Empire Britannique.
1904
5 mars : la cour criminelle décide la révision du procès Dreyfus.
18 avril : fondation du journal L’Humanité par Jean Jaurès.
23 septembre : décès d’Emile Gallé. Victor Prouvé lui succède à la présidence de
l’Ecole de Nancy.
Exposition de l’Ecole de Nancy aux Galeries Poirel. Hommage unanime rendu à
Gallé, malgré une « réserve d’ordre politique » (L’Est républicain).
1906
La catastrophe minière de Courrières fait plus de 1000 victimes (10 mars). Georges
Clémenceau, ministre de l’Intérieur, fait réprimer par l’armée le mouvement de
grève des « gueules noires » survenu à la suite du drame. Victor Prouvé illustre les
partitions de chansons de Jacques Turbin, l’Action directe et la Grève générale ou
le programme du concert organisé en faveur des mineurs de Courrières.
Réhabilitation du Capitaine Dreyfus et fin de l’affaire (12 juillet).
1908
Henriette Gallé fait paraître les Ecrits pour l’art d’Emile Gallé, rassemblant ses
écrits botaniques et ses notices d’exposition entre 1884 et 1889.
1909
Exposition Internationale de l’Est de la France, au parc Sainte-Marie à Nancy.
L’Ecole de Nancy expose pour la dernière fois en groupe. Le pavillon de l’Ecole de
Nancy est conçu par Vallin et décoré par Victor Prouvé.
1910
Rétrospective des verreries d’Emile Gallé au Palais Galliera à Paris.
25
1912
Victor Prouvé élu conseiller municipal sur une liste d’entent républicaine, délégué
aux beaux-arts à Nancy.
1913
Mort de Charles Keller.
1914
Mort d’Henriette Gallé (22 avril).
Déclaration de la guerre (3 août)
L’Ecole de Nancy est officiellement dissoute en août.
1919
Victor Prouvé est nommé Directeur de l’école des beaux-arts de Nancy.
1933
Plusieurs œuvres de Victor Prouvé sont présentées à l’exposition « Le décor de la
vie sous la IIIème République » au Pavillon de Marsan, à Paris.
1943
Victor Prouvé meurt à Sétif, en Algérie (13 février).
26
Commissariat
François Parmantier, directeur adjoint, musée de l’Ecole de Nancy
Valérie Thomas, conservateur, directrice, musée de l’Ecole de Nancy
Assistés de Chloé Héninger
Scénographie :
Didier Blin, Paris – Centre Technique Municipal, Ville de Nancy
Graphisme :
Frédéric Rey, Nancy
Relations Presse :
Véronique Baudoüin, chargée de Communication, musée de l’Ecole de Nancy
[email protected] – 03.83.85.30.42
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Le catalogue
Co-éditions Ville de Nancy - Somogy, Paris
248 pages, 250 illustrations couleur, 29 €
Parution : octobre 2015
Sommaire :
Préface de la Ministre de la Culture et de la Communication
Préface de Monsieur Le Maire
Avant-propos : François Parmantier, Directeur adjoint, Valérie Thomas, Conservateur,
Musée de l’Ecole de Nancy
Emile Gallé et Victor Prouvé, François Parmantier, Directeur adjoint, commissaire de
l’exposition, Musée de l’Ecole de Nancy
Henriette Gallé-Grimm, Jacqueline Amphoux, arrière-petite-fille d’Emile et Henriette
Gallé
Emile Gallé, l’art de la diplomatie, Bertrand Tillier, Professeur d’Histoire de l’art
contemporain, Université de Bourgogne
Charles Keller, ou la musique au service du militantisme, Didier Francfort, Professeur
d’Histoire Contemporaine à l’Université Lorraine-Nancy Université
Comment l’antisémitisme a regardé l’Ecole de Nancy, Philippe Thiébaut, Conseiller
scientifique INHA
L’Université Populaire de Nancy, Françoise Birck
Catalogue des œuvres
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Le programme culturel
L’exposition est accompagnée d’un cycle de visites guidées et de conférences à
destination du jeune public et des adultes. Le programme complet et actualisé de
cette manifestation et toutes les informations pratiques sont disponibles sur le site
Internet dédié à l’École de Nancy : www.ecole-de-nancy.com et sur le blog du
musée http://off.ecole-de-nancy.com
Evènement :
L’hymne à la justice
Albéric Magnard
Concert par le Conservatoire Régional de Musique
A l’Auditorium du Musée des Beaux-Arts de Nancy
Mercredi 18 novembre à 18h
Informations et inscriptions auprès du service des publics des musées :
Tél : 03.83.17.86.77
Mail : [email protected]
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Les informations pratiques
L’exposition est présentée au
Musée des Beaux-arts / MBAN
3, place Stanislas
54000 NANCY
et au
Musée de l’Ecole de Nancy / MEN
36-38, rue du sergent Blandan
54000 NANCY
Horaires d’ouverture :
MBAN
Du mercredi au lundi
Fermé mardi
10h / 18h
MEN
Du mercredi au dimanche
Fermé lundi et mardi
10h / 18h
Les musées sont fermés les 1er novembre, 25 décembre et 1er janvier
Tarifs :
Billet conjoint 2 musées : 8 €
Entrée 1 musée : 6 € - tarif réduit : 4 €
Entrée gratuite :
Jusqu’à 12 ans – Carte Jeune Nancy – membres des associations d’amis des musées –
Museum Pass – Carte Icom – Etudiants le mercredi
Pass 6 musées valable 10 jours : 10 €
(inclut MEN, MBAN, et musée Lorrain, muséum-aquarium, musée du Fer et Jardin
botanique)
30
Les visuels presse
Daum, verre à pied et coupe (Hommage de la
Lorraine à la Russie), 1893
Verre gravé à l’acide, émaux
H. 12,8 ; D. 6,8 cm
H. 10,9 ; D. 7,7 cm
Nancy, musée de l’Ecole de Nancy
©MEN. M. Bourguet
Emile Gallé, vase Canthare Prouvé, 1896.
Verre multicouche gravé, applications
H. 24 ; D. 7,2 ; L. 19,5 cm
Nancy, musée de l’Ecole de Nancy
©MEN. M. Bourguet
Emile Gallé, vase Dragon et pélican, 1890.
Verre multicouche, décor gravé
H. 12,8 ; D. 11,1 cm
Dublin, musée national d’Irlande
© National Museum of Ireland
Victor Prouvé, étude pour le vase Orphée,
1888-1889.
Encre noire
H. 19,2 ; L. 31,3 cm
Nancy, musée de l’Ecole de Nancy
©MEN. Damien Boyer
Emile Gallé, commode Le Champ du sang,
vers 1900.
Noyer de Turquie, marqueterie de bois divers,
onyx.
H. 84 ; L. 84 ; P.51 cm
Reims, musée Saint-Denis
© Musées de Reims. T Dewleeschauwer
Emile Gallé, Vase De la Gangue épaisse…,
1888
Verre double, soufflé et gravé à la roue
H. : 27 ; diamètre : 10,8 cm
©Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance
31
Emile Gallé, bureau d’Henriette Gallé, La
Forêt Lorraine, 1899
Poirier, marqueterie de bois divers
H.179 ; L. 70 ; l.38 cm
Collection particulière
© MEN
Emile Gallé, en collaboration avec Victor
Prouvé, vase Les Hommes noirs, 1900.
Verre triple couche, décor gravé,
marqueterie, applications.
H. 40 ; D. 30,5 ; D.o. 16,6 cm
Nancy, musée de l’Ecole de Nancy
©MEN. P.Caron
Victor Prouvé, Espoir,
Nancy, musée de l’Ecole de Nancy
Huile sur toile
H. 95 ; L. 93 cm
© MEN. M. Bourguet
Emile Gallé, vase la Calomnie, 1900.
Verre
Kitazawa museum of Art
©Kitazawa museum of Art
Victor Prouvé, Les Fiancés (étude pour la
décoration de l’escalier d’honneur de la
mairie d’Issy-lès-Moulineaux), 1898
Fusain et rehauts de craie blanche
H.130 ; L. 120 cm
Lunéville, musée du Château des Lumières ©
T Frantz, musée du Château des Lumières –
Lunéville, Conseil Général de Meurthe-etMoselle
Emile Gallé, photographie du four verrier,
1900.
Rennes, Musée de Bretagne
© Musée de Bretagne
32
Victor Prouvé, portrait de Jacques Turbin
(Charles Keller), 1895
Huile sur toile
H. 196 ; L 134,5 cm
Lunéville, musée du Château des Lumières ©
T Frantz, musée du Château des Lumières –
Lunéville, Conseil Général de Meurthe-etMoselle
Victor Prouvé, La Grève générale, 1906
Imprimé
H. 32,7 ; L. 24,1 cm
© Musée Lorrain, Nancy
33
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