9 oct. 2015 – 25 janv. 2016 L’ECOLE DE NANCY FACE AUX QUESTIONS POLITIQUES ET SOCIALES DE SON TEMPS Musée des beaux-arts de Nancy Musée de l’Ecole de Nancy « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent… » Victor Hugo Dossier de Presse Contact Presse : Véronique BAUDOÜIN - 03.83.85.30.42 – [email protected] Michèle THISSE – 03.83.85.33.16 –[email protected] Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication / Direction générale des patrimoines / Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat Sommaire Le communiqué de presse Label Expositions d’intérêt national 2015 Le communiqué de presse de l’exposition La visite de l’exposition Musée des Beaux-arts Musée de l’Ecole de Nancy p. 3 p. 6 p. 7 p.7-19 p.20-22 La chronologie Le commissariat Le catalogue Le programme culturel Les informations pratiques Les visuels p.23 p.27 p.28 p.29 p.30 p.31 2 3 4 5 Le communiqué de presse L’ECOLE DE NANCY FACE AUX QUESTIONS POLITIQUES ET SOCIALES DE SON TEMPS Porteur d’un projet de société revendiquant le passage à un art total et social, l’Art nouveau est un mouvement engagé, qui s’épanouit dans un contexte plus troublé que la légende de la « Belle Epoque » ne le laisse supposer. A Nancy, cette propension à s’intéresser aux enjeux de société et aux questions politiques est accentuée par un contexte particulier et prégnant, hanté par la menace allemande. Cette grande exposition, présentée au musée des beaux arts et au musée de l’Ecole de Nancy, évoque le contexte politique, intellectuel et artistique nancéien, et en particulier, le rôle des deux présidents de l’Ecole de Nancy, Emile Gallé et Victor Prouvé. Républicains fervents et investis dans le champ social et politique, ils ont fait de leur recherche d’une nouvelle esthétique l’expression de leur quête d’une société plus juste, plus humaine, plus belle… Cette exposition rassemble près de 200 œuvres, avec des prêts d’institutions prestigieuses (Musée national d’Irlande- Dublin, Musée des Arts décoratifs - Paris, Kitazawa museum of art - Japon, Badisches Landesmuseum- Karlsruhe, Museum Kunst Palast -Düsseldorf), et des pièces présentées pour la première fois à Nancy depuis leur création. Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication / Direction générale des patrimoines / Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat ----------------------------------------------------------------------------9 octobre 2015- 25 janvier 2016 Nancy Musée des beaux arts Musée de l’Ecole de Nancy 3 place Stanislas 36-38, rue du sergent Blandan Tous les jours sauf le mardi Du mercredi au dimanche 10h / 18h 10 h / 18h er Sauf les 1 novembre, 25 décembre et 1er janvier ---------------------------------------------------------------------------6 La visite de l’exposition La partie principale de l’exposition est présentée dans les salles d’exposition temporaire du musée des beaux-arts de Nancy (MBAN). Elle est complétée par un parcours au musée de l’Ecole de Nancy (MEN), d’œuvres signalées dans les collections permanentes ainsi que par une sélection de pièces et de documents complétant les propos de la manifestation. • Musée des beaux-arts Un art nouveau, pour un monde nouveau La création de l’Ecole de Nancy en 1901 est autant un aboutissement qu’un commencement. Après des décennies de lutte, l’artisanat et l’industrie sont enfin associés pour produire du beau et de l’utile. L’inspiration naturaliste bouscule et renouvelle les codes esthétiques. Les objets fabriqués en série et à prix modérés permettent une diffusion plus large. La frontière entre art mineur et art majeur s’efface, faisant entrer les arts décoratifs dans les Salons officiels et les musées… Si l’Ecole de Nancy représente avant tout un mouvement artistique -l’expression nancéienne d’un élan international, l’Art nouveau-, elle est aussi porteuse d’une ambition qui dépasse le champ esthétique, celle d’aider à la création d’un monde nouveau. En mettant l’éducation des ouvriers et l’art pour tous au centre de son discours, elle pratique une forme d’activisme social. Pourtant, rares sont les membres de l’Ecole de Nancy à s’être engagés ouvertement et individuellement, par crainte de nuire à leur activité peut-être, ou tout simplement par refus de mélanger les genres. Les personnalités qui dominent le sujet de l’engagement politique et social sont les deux présidents successifs de l’association, Emile Gallé et Victor Prouvé. Dans le cas du premier, l’engagement esthétique est indissociable de l’engagement humaniste, et son art sert les causes qu’il défend. Pour le second, l’indignation de la jeunesse est peu à peu remplacée par les espoirs placés en une république idéalisée. Tous deux ont largement contribué à faire de l’Ecole de Nancy un mouvement unique, sortant du seul cadre des arts décoratifs. 7 Le contexte Lorrain, un passé mythifié au secours d’un duché mutilé La défaite de 1870 pèse lourd sur le destin de la Lorraine. Le traité de Francfort coupe brutalement en deux la région. Nancy devient la dernière grande ville française à la frontière de l’Empire allemand, à la fois vitrine de la France et bastion défensif. Dans un premier temps, la ville doit gérer l’afflux de migrants, issus de toutes les couches sociales, pour qui il n’est pas envisageable de devenir allemands. C’est aussi tout un système économique à reconstruire et à réorganiser. Le développement économique soutenu qui s’ensuit, épaulé par une main d’œuvre ouvrière abondante, est un enjeu national, et dont on saura tirer profit aux moments critiques. Le discours moqueur et revanchard des premières années suivant l’Annexion (service la Ferme de Gallé, 1873), cède peu à peu place à toutes les formes d’espérance (Vase De la gangue épaisse… de Gallé, 1888). des territoires annexés telle que l’expriment certaines œuvres de Gallé en 1889 (table Le Rhin, vase Espoir…) s’adresse d’ailleurs plutôt à la France qu’à l’Allemagne pour lui rappeler ses devoirs envers les « Ne m’oublie pas », les lorrains – alsaciens annexés. Les manufactures et les artistes nancéiens explorent un corpus de sujets lorrains appréciés par la clientèle locale : les figures historiques du roi Stanislas de Pologne, de Jeanne d’Arc ou Le Duc Le drame de l’Annexion de 1871 fait resurgir le souvenir du duché de Lorraine. Les grandes figures de ce passé sont exploitées pour affirmer, non pas une nostalgie rétrograde, mais bien plutôt l’union indéfectible d’un territoire arbitrairement coupé en deux. La revendication du retour 8 Ill . C. Martin, Soldat, vers 1880. Musée Lorrain, Nancy. E. Gallé, vase De la gangue épaisse…Les Arts Décoratifs, Paris de Lorraine René II, les symboles lorrains du chardon de Nancy et la croix de Lorraine. L’érudition de Gallé lui permet même d’invoquer la sagesse antique, à travers les vers de Tacite qui affirment que « le Rhin sépare des Gaules toute la Germanie ». L’espoir renaît grâce à la signature de l’alliance Franco-Russe en 1892. Les fêtes organisées à Nancy pour le séjour des gymnastes Tchèques (les Sokhols de Prague), ou les nombreux cadeaux envoyés par les artisans lorrains à la flotte russe stationnée à Toulon permettent de saisir l’intensité des espoirs placés en elle. En 1902, la République française offre à la Russie un ensemble de verreries de Gallé lors du voyage du président Loubet. Sur le plan politique, comme sur le plan artistique, la Lorraine a su s’imposer comme un élément clé du rayonnement de la France. Ill . E. Gallé, vase Espoir. Porte menu Plus penser que dire, vase Fleur de Passiflore, Nancy, Musée de l’Ecole de Nancy. Jardinière Stanislas, Lunéville, musée du Château des Lumières. Daum Frères, vase Donrémy la Pucelle, Nancy, musée des Beaux-arts 9 Emile Gallé, ou le devoir de Justice Fils unique de Charles et Fanny Gallé, Emile reçoit une éducation classique, marquée par un long séjour en Allemagne. Ses intérêts et connaissances sont vastes, de la botanique à la musique, en passant par la littérature et la science. De confession Protestante, il épouse en 1875 la fille d’un pasteur alsacien, Henriette Grimm. L’amie d’enfance d’Henriette, Mathilde Roederer, épouse en 1876 l’ancien communard, et membre de l’Internationale, Charles Keller, qui publie de nombreuses chansons populaires sous le nom de Jacques Turbin. Après ses premiers succès en 1884, puis en 1889, Gallé fréquente les salons parisiens de la Comtesse Greffuhle ou de la Princesse Bibesco où il rencontre des personnalités du Tout Paris, comme Robert de Montesquiou, Marcel Proust, Edmond de Goncourt, Sarah Bernhardt… Ses liens ne se limitent donc pas au cercle nancéien, et son amitié avec le critique Roger Marx, nancéien établi à Paris et défenseur acharné de l’Unité des arts, lui ouvre de nombreuses portes dans les milieux intellectuels et artistiques parisiens. L’utilisation récurrente des citations littéraires dans son œuvre démontre l’étendue de son érudition. Ses préférences, en premier lieu Victor Hugo, sont pour les Romantiques, mais Gallé connaît bien ses Classiques et apprécie les œuvres engagées. La personnalité qui se dessine à travers ces quelques éléments biographiques se superpose à une œuvre « parlante », qui résume les recherches, les engagements, les luttes, les déceptions ou les succès d’une vie menée sans concessions et sans demi-mesure. En 1889, Gallé annonce son credo sur un vase à décor orientalisant, sur lequel on voit s’élancer un chevalier, l’épée au clair : « Ma carrière est la justice ». Ill. E. Gallé, vase Hommes noirs, vase Ma carrière est la justice, Nancy, musée de l’Ecole de Nancy 10 La cause des Républicains Irlandais : Gallé offre en décembre 1890 un vase à l’homme politique et journaliste irlandais William O’Brien et à son épouse Sophie Raffalovich. Membre du Parlement, William O’Brien s’est imposé sur la scène politique du Royaume Uni comme le défenseur acharné de la cause paysanne Irlandaise, ce qui lui a valu plusieurs emprisonnements pour incitation à la révolte. La manifestation organisée à Londres le 13 novembre 1887, pour protester, entre autre, contre les conditions de son emprisonnement, est violemment réprimée par la police (3 morts, 200 blessés). En octobre 1890, il s’enfuit en France puis en Amérique. Après son mariage en juin 1890, O’Brien s’éloigne des partis politiques pour se consacrer à l’United Irish League et au mouvement nationaliste irlandais, qu’il supporte à travers ses journaux. Son mariage avec Sophie Raffalovich, fille d’un banquier russe, lui a en effet permis de gagner son indépendance financière. Son épouse et lui-même partagent une affection profonde pour la France où ils séjournent à plusieurs reprises. Les liens tissés entre O’Brien et Gallé, passent sans aucun doute par l’intermédiaire de Charles Keller, qui dédicace son poème Le Fruit « au patriote W. O. Brien », y associant la douleur de « l’Irlande sans pain, les Alsaces en deuils et les pâles Lorraines », et de Maud Gonne, militante de la cause irlandaise, du mouvement féministe et de l’indépendance, qui aurait séjourné à Nancy vers 1889, chez les Chalon, relations des Gallé. L’Irlande, sous le joug britannique, et l’Alsace-Moselle ont en commun l’oppression et la misère d’un peuple injustement traité. Cette propension de Gallé à dénoncer et à partager les souffrances des autres peuples montre la nature de sa conception de la Justice, plaçant la liberté et la dignité des peuples avant tout, à l’écart des questions religieuses et partisanes. Ill : Portrait de Sophie Raffalovich et William O’Brien, 1890. Collection particulière. E. Gallé, vase Dragon et Pélican, 1890. Dublin, musée national d’Irlande 11 fauchées, sur fond de village incendié. Le meuble, symboliquement réalisé en noyer de Turquie, et portant une citation de Victor Hugo, était accompagné d’un vase « étrange et terrible », où « se coagulaient, encore et toujours, de lourds, d’opaques caillots de sang ». Gallé, alors, en pleine Affaire Dreyfus, fustige à travers ces deux œuvres l’inaction et l’immobilité des puissances européennes, qu’il juge complices des massacres. C’est la même indignation, le même besoin impérieux de lutter, contre le silence, contre l’oubli qui président aux références probables à la guerre des Boers (1899-1902) que sont le vase Africana (1900, musée des Arts décoratifs, Paris) et la bibliothèque Afrika (1903), ainsi que le laisse penser un document préparatoire de la main de Gallé. La persécution des Arméniens dans l’Empire Ottoman : Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès prend la parole à la Chambre des Députés pour dénoncer le massacre des populations arméniennes. Depuis 1894, le Sultan Abd-Ul-Hamid II, connu sous le nom de « sultan rouge » ou « Grand Saigneur », a commencé la persécution du peuple Arménien, au nom de la menace contre l’Islam. Ces massacres répondent aux courants nationalistes et indépendantistes qui parcourent alors l’Empire Ottoman. Malgré les protestations des Européens, le sultan poursuit ses massacres jusqu’en 1897, faisant au moins 250000 victimes. L’écrivain Pierre Quillard fonde en octobre 1900 la revue Pro Armenia pour soutenir la cause arménienne. Dans le numéro de décembre 1900, un article évoque les œuvres d’Emile Gallé présentées à l’Exposition Universelle, manifestant « sa haine et son dégoût pour le grand assassin », dont la commode Le champ du sang ou Sang d’Arménie. Des rameaux de pêcher, arbre national du « pays martyr » sont taillés dans la tablette en onyx, tandis que la « console douloureuse » présente un décor de marqueterie illustré de tulipes Ill. E. Gallé, commode Le Champ du sang. Reims, musée des Beaux-arts, vase Africana, Les Arts décoratifs, Paris (non exposé). 12 Les préparatifs de l’Exposition Universelle de 1900, prennent une dimension politique : la citation d’Hésiode affichée sur le four verrier recréé par Gallé affirme que la lutte n’est pas éteinte : Descends, divine Sagesse ! Bénis nos fourneaux. Donne aux vases la belle nuance… Mais si les hommes sont méchants, faussaires et prévaricateurs, à moi les mauvais démons du feu !... éclatent les vases, croule le four ! Afin que tous apprennent à pratiquer la Justice. La tension générale retombe en France, mais le combat pour la réhabilitation de Dreyfus s’engage malgré tout. Celle-ci n’est acquise qu’en 1906, après la mort de Gallé. L’Affaire Dreyfus Ce qu’on a finalement appelé « l’affaire », représente dans l’histoire de la 3ème République, comme dans la vie d’Emile Gallé, un moment crucial. L’engagement Dreyfusard coïncide avec la publication dans l’Aurore du « J’accuse ! » de Zola le 13 janvier 1898. Le nom d’Emile Gallé apparaît sur la pétition des intellectuels parue le 16 janvier. Dans les semaines qui suivent, et lors du procès pour diffamation contre Zola, l’Affaire prend une nouvelle envergure, opposant dans une violence inouïe les pro- et les antidreyfusards, sur un fond d’antisémitisme violemment entretenu par une presse influente et non censurée. La crise s’étend et divise la France dans un climat frôlant la guerre civile. Gallé parle d’une atmosphère devenue irrespirable dans sa ville natale, où l’on ne le salue plus. Le procès de Rennes en 1899, suivi par la grâce accordée à Dreyfus et la loi d’amnistie envers les coupables réels, laisse les Dreyfusards stupéfaits et frustrés. L’ensemble des verreries exposées par Gallé sur le four verrier font référence à l’affaire Dreyfus : Les Hommes noirs, conçu en collaboration avec Victor Prouvé, le calice Le Figuier, l’Amphore du roi Salomon, la fiole à encre La Calomnie, etc… Les tables Sagittaire et Sicut Hortus s’ajoutent à la liste des œuvres dreyfusardes de l’exposition. La première affirme que « la grâce est une arme au combat pour l’idée », tandis que la seconde cite la Bible : « comme la terre fait sortir ses germes et un jardin germer ses semences, ainsi le Seigneur fera germer la Justice ». Ill. E. Gallé, photographie du four verrier, 1900. Rennes, musée de Bretagne, vase La Calomnie, 1900. Kitazawa museum of art, Japon 13 convaincu, il tente de rester à l’écart de l’action politique, tout en devenant président d’honneur de la Fédération républicaine de Meurtheet-Moselle. Cette situation intenable rend les dernières années de vie particulièrement difficiles. Malgré le soutien actif de sa femme Henriette, combattante acharnée de la cause dreyfusarde, Gallé, malade, laisse souvent libre cours dans sa correspondance à son amertume et sa déception. Il s’acharne à défendre la Justice - et lui-même - par voie de presse, inondant les journaux de tribunes et d’articles, et participe à la fondation du journal républicain d’opposition L’Etoile de l’Est. Sa participation active à la création de la Ligue de Défense des Droits de l’Homme puis de l’Université populaire sont autant de prolongements de son engagement, dont la complexité pourrait pourtant se résumer autour de la notion simple d’Humanisme. Les œuvres présentées en 1900 sont en premier lieu un témoignage de l’exceptionnelle maîtrise artistique atteinte par le maître-verrier. Les dimensions de l’Amphore du Roi Salomon, la sophistication des superpositions de couches de verre, l’audace des applications et des inclusions confirment sa suprématie technique et artistique absolue. A ce titre, l’exposition est un succès. Fidèle à sa manière, et convaincu des vertus subversives de l’art, Gallé n’a sans doute pas mesuré les effets néfastes de son engagement public en faveur de Dreyfus. Si des références plutôt discrètes ou hermétiques ont pu passer inaperçu, le sceau du roi Salomon figurant l’étoile de David ou la citation anticléricale de Béranger devaient faire basculer sa participation dans la sphère politique. La déception de Gallé est perceptible, à un moment difficile du point de vue économique. La concurrence est rude et Gallé se sent pillé autant qu’isolé et incompris. Accusé d’anticléricalisme et de sionisme, il multiplie les références religieuses pour dénoncer l’insulte faite à la Foi. Patriote acharné, il est pourtant considéré comme un traitre à sa Patrie doublé d’un antimilitariste. Républicain Ill. E. Gallé, vase calice Le Figuier, table Sagittaire, 1900. Nancy, musée de l’Ecole de Nancy 14 Victor Prouvé, de l’île heureuse à l’action directe En 1896, Emile Gallé conçoit une œuvre toute particulière pour son ami Victor Prouvé. Le canthare Prouvé est une pièce commandée par les amis de l’artiste pour célébrer sa nomination dans l’ordre de la Légion d’Honneur, à l’occasion de l’exécution du Monument à Sadi Carnot. L’extrait des Châtiments de Victor Hugo, « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent, ce sont ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front» inscrit sur le vase est un hommage vibrant à l’artiste engagé par un artiste engagé… Victor Prouvé (1858-1943) grandit dans un milieu artistique et simple : son père est dessinateur en broderies et collaborateur occasionnel de la maison Gallé-Reinemer, sa mère, fine lingère. Grâce à une pension attribuée par la Ville de Nancy, Prouvé part étudier à l’école des Beaux-arts de Paris (1877-1882). Après une décennie marquée par de premières expositions dans les Salons parisiens, plusieurs échecs successifs au Prix de Rome et deux voyages en Tunisie, Prouvé participe à partir des années 1890 à de nombreux concours pour des décors officiels de mairie ou de monuments (Monument à Sadi Carnot, Nancy, 1896). On y voit composée une iconographie républicaine renouvelée, idéalisée, dans laquelle la société s’épanouit E. Gallé, vase Canthare Prouvé, 1896, V. Prouvé, Espoir, étude pour le décor de la mairie du XIème arrondissement de Paris, 1893, Janvier, étude pour le décor de l’Hôtel de Ville de Nancy, vers 1891. Nancy, musée de l’Ecole de Nancy. 15 hérités de l’imaginaire anarchiste, sont aussi des symboles de la liberté, dans une société sans entraves. Prouvé est alors « l’illustrateur de nos rêves sociaux » (RL, in Bulletin de l’Université populaire, 1907), dans lesquels la compassion et la fraternité transforment la Grève générale (1906) en une farandole joyeuse. dans l’harmonie, à l’encontre de la vision corrompue promue par les Boulangistes ou les nationalistes. La Paix et la Justice se dressent fièrement, dans la lignée de Rude ou de Delacroix… Dans le même temps ont lieu ses premières collaborations avec Emile Gallé pour l’Exposition universelle de 1889. Gallé fait appel à lui pour la conception des décors à figure humaine de plusieurs œuvres manifestes comme la table Le Rhin, le vase Orphée et Eurydice, ou encore le bassin Qui vive ? France Leur travail conjoint porte le patriotisme et l’affirmation d’une injustice à réparer, sans jamais donner dans les excès d’un lotharingisme xénophobe. Son mariage en 1898 avec Marie Duhamel, puis la naissance des ses 7 enfants, donnent une orientation nouvelle à sa carrière, dans laquelle la félicité familiale symbolise la victoire d’une République plus juste. La nouvelle collaboration avec Gallé pour les œuvres Dreyfusardes de l’exposition en 1900, permet de comprendre la position choisie par Prouvé. Son engagement, moins visible que celui de Gallé, n’en reste pas moins fort. Si son œuvre picturale se caractérise par sa lumière et ses coloris vifs, les modèles fournis à Gallé plongent dans des noirceurs qui ne lui sont pas familières. Il offre néanmoins des modèles d’une grande expressivité comme en témoigne le visage terrible de la Calomnie. Les « héros » de ses tableaux sont les gens du peuple : paysans, ouvriers, mères et enfants… mais on y trouve aussi les oubliés et les victimes du progrès, les chemineaux, les mineurs de Courrières, les inondés, les laissés-pour-compte d’une fausse Belle époque, marquée par de violentes crises politiques et sociétales. Les vagabonds de Prouvé, 16 d’un autre rêve, celui de l’Ecole de Nancy. Les années de la présidence de Prouvé ont creusé le fossé patiemment comblé par Gallé, entre artisanat et industrie. La question lancinante d’un enseignement des arts appliqués à l’industrie divise encore et toujours ses membres, tandis que l’Exposition internationale de l’Est de la France en 1909 donne le sentiment d’un chant du cygne pour un groupe réuni davantage par des souvenirs que par une vision commune de l’avenir. Prouvé est de l’aventure de l’Université populaire et de la Ligue de Défense des droits de l’homme. Il est aussi sollicité pour fournir les sculptures du fronton de la Maison du Peuple, financée par l’ami Charles Keller. Dans la continuité de son travail, et sur fond de haine et d’obscurantisme, sa représentation de la Pensée libre y exprime l’espoir de combattre l’ignorance par l’éducation. En 1912, Prouvé est élu conseiller municipal de Nancy, sur la liste d’entente républicaine de Joseph Laurent. En 1913, il réalise des croquis de Jaurès à la tribune de l’Eldorado. L’assassinat de Jaurès puis la déclaration de guerre en août 14 interrompent brutalement ses rêves idéalistes. Ces années coïncident également avec la fin Ill. page précédente : V. Prouvé, Pour les mineurs de Courrières, programme, 1906, Nancy, musée Lorrain, La grève générale, 1906, Nancy, musée de l’Ecole de Nancy, E. Gallé, vase La Calomnie, détail, 1900, Kitazawa museum of art, Japon. Ill. V. Prouvé, Jaurès à la tribune de l’Eldorado, 1913, Nancy, musée de l’Ecole de Nancy 17 L’aventure de l’Université populaire Le grand mouvement de création des universités populaires est directement lié à l’affaire Dreyfus. La grande majorité de celles-ci fut fondée entre 1899 et 1901, grâce à la mobilisation de l’opinion et des intellectuels contre les excès antisémites et nationalistes. Le concept reprend l’idée des associations philotechniques créées en 1848 par Eugène Lionnet afin d’apporter aux adultes l’enseignement dont ils ont besoin. A Nancy, l’université populaire est créée en décembre 1899. Elle est précédée par la création d’un comité de la Ligue de Défense des Droits de l’homme, auquel appartiennent la plupart des acteurs de la future Université populaire – et dreyfusards nancéiens : Charles Keller, l’avocat Jean Grillon, Emile Gallé, l’industriel Spire, et le docteur Bernheim. Le comité accueille également des ouvriers de manufactures locales, mais sans l’appui des syndicats ouvriers. L’association Jeunesse Lorraine, sous l’impulsion du gendre de Gallé, Paul Perdrizet, propose dans la foulée les premières conférences destinées aux ouvriers, avec l’appui de la Fédération des syndicats. L’idée d’une université populaire se dessine et les fonds nécessaires à la location d’un local sont rapidement rassemblés. Le contexte de la création s’explique en particulier par le désir de capter la classe ouvrière, avec « le concours de tous ceux qui veulent faire triompher les idées de liberté, de justice, de solidarité qu’évoque le mot République », ainsi que le stipule les statuts. L’enseignement est varié et favorisé par la proximité de l’université : juristes, médecins, universitaires, artistes, instituteurs, chefs d’entreprises, se succèdent pour « soustraire les ouvriers aux effets de la démagogie et des extrémismes ». Si les thèmes d’actualités dominent, une large place est laissée à l’art, ou encore à la science. Ill. V.Prouvé, Le Forgeron, vers 1901-1902, Portrait du Professeur Paul Perdrizet, 1906, Nancy, musée de l’Ecole de Nancy, Portrait de Jacques Turbin (Charles Keller), 1895, Lunéville, musée du Château des Lumières. 18 La fréquentation de l’Université populaire par les ouvriers reste difficile à évaluer, et la qualité de l’enseignement proposé semble avoir attiré paradoxalement un public d’amateurs issu de la petite bourgeoisie. Après 1904, les principaux animateurs de l’Université populaire prirent peu à peu leurs distances, pour se consacrer à d’autres initiatives, parfois fort éloignées. Charles Keller proposa en 1907 à la Fédération des syndicats d’occuper sa Maison du Peuple, qui devint ensuite la Maison des Syndicats… L’Université Populaire s’installe dans les locaux construits en 1901-1902 par Charles Keller, rue Drouin, et baptisée « Maison du Peuple ». Le bâtiment est conçu par l’architecte Paul Charbonnier, avec des décors d’Eugène Vallin et Victor Prouvé. On y trouve, outre la salle de conférence, une salle de gymnastique et une bibliothèque. Le décor de la façade évoque à travers les deux figures sculptées par Prouvé, l’association du Travail, représenté par un forgeron, et de la Pensée libre, une femme surgissant des nuages, selon une conception plutôt inédite du partage démocratique de la culture. Ill. Fonds Prouvé, Modèle en plâtre de La Pensée libre avec le modèle ?, Nancy, musée de l’Ecole de Nancy 19 • Musée de l’Ecole de Nancy Les collections permanentes du musée de l’Ecole de Nancy présentent un grand nombre de pièces, pour certaines très modestes, témoignant de l'engagement politique et social de l'Ecole de Nancy. L'utilisation courante du chardon (symbole de la ville de Nancy) et de la Croix de Lorraine dans des pièces produites par les industries d'art nancéiennes et lorraines rappelle la situation de l'Alsace-Moselle annexées et le lien indéfectible qui les unit à Nancy et par là, à la France. La présence de la Croix de Lorraine dans les signatures de la manufacture Daum ou chez Gallé, associée à la mention "Nancy", réaffirme cette identité lorraine. Ces pièces, souvent d’un usage courant et destinées à une clientèle assez modeste, illustrent la volonté de l'Ecole de Nancy, de créer des objets d'art, nouveaux dans les formes et les décors, voués à une large diffusion et porteurs de message. A leurs côtés, des œuvres majeures et monumentales, complétées par des documents préparatoires, apportent un enseignement supplémentaire au propos de l’exposition proposée au musée des Beaux-arts. Emile Gallé présente pour la première fois à l’Exposition Universelle de Paris en 1889 les œuvres issues de sa nouvelle activité d’ébénisterie. Sur la table Le Rhin, Gallé fait sienne la phrase de Tacite, « Le Rhin sépare des Gaules tout la Germanie », pour rappeler à l’opinion publique l’injustice de l’Annexion de l’Alsace-Moselle par le traité de Francfort de 1871. La frise marquetée, au dessin confié à Victor Prouvé, illustre l’opposition historique des deux peuples, séparés et contenus par la figure imposante du Rhin, protégeant d’une main la Moselle. Cette seule référence à l’Antiquité fustige l’iniquité d’un traité désastreux. Le piétement de la table rassemble tous les symboles de la Lorraine (Alérions, croix de Lorraine, chardon de Nancy, myosotis des annexés, Rosa Gallica, lierre…) pour redire encore l’unité indéfectible de l’ancien duché Lorrain, et surtout l’espoir et le souhait de le voir réunifié. Ill. V. Prouvé, étude pour le plateau de la table Le Rhin, 1889. Fonds Gallé, photographie de l’intérieur de la maison Gallé vers 1889 avec la table Le Rhin, le bassin Qui Vive ? France et le vase Jeanne d’Arc, (non exposé), Nancy, musée de l’Ecole de Nancy 20 Le cabinet De chêne Lorrain. Œuvre française fait également partie des œuvres de l’exposition de 1889. Victor Prouvé conçoit les figures de Velléda et du druide cueillant du gui (plâtre). Le thème du cabinet est inspiré des Poèmes Antiques de Lecomte de Lisle, dans lesquels sont évoqués la forêt mythique divine, peuplées de cerfs et de biches, d’aigles et de chênes sacrés, source de vie éternelle. Le cabinet, conçu à partir d’un chêne lacustre trouvé en sol lorrain, affirme à travers tous les éléments symboliques de son décor, l’enracinement profond de la Lorraine dans le sol et l’histoire de la France. Il apparaît comme le pendant de la table Le Rhin, et la réponse de Gallé aux (vaines) tentatives de fouilles archéologiques allemandes, ayant pour but de démontrer l’origine franque des territoires mosellans et alsaciens pour légitimer l’Annexion. Ces deux œuvres sont à nouveau exposées par Gallé en 1894 à Nancy puis, en 1900, à Paris, lors de l’Exposition Centennale. Elles invitent une fois encore à s’interroger sur le sort sacrifié des territoires perdus, et ce dans un contexte politique bien différent, secoué par deux années de tension extrême et d’instabilité avec l’Affaire Dreyfus. L’Amphore du roi Salomon (1900) est une autre œuvre maîtresse de l’Exposition universelle de 1900, où elle occupait le centre du four verrier. Prouesse technique incomparable, elle affirme la suprématie de la maîtrise du verrier face à l’émergence d’une concurrence nancéienne active. Mais surtout, l’amphore s’impose comme une œuvre dreyfusarde : le sceau du roi Salomon, l’étoile de David, fait clairement référence à Alfred Dreyfus, le juif, condamné par ses origines par une opinion publique largement antisémite. Gallé ressent encore en 1900, malgré la grâce accordée à Dreyfus, la nécessité impérieuse d’évoquer une affaire qui a divisé en profondeur et durablement la France. Lui-même se sent exclu et étranger dans sa ville natale, Nancy la Catholique, où ont eu lieu des manifestations antisémites d’une violence inouïe. Il exprime le goût amer laissé par les attaques 21 nombreuses, en particulier dans la presse, envers son engagement public en faveur de Dreyfus, et si l’ensemble de sa présentation de 1900 relève en premier lieu d’un « devoir de Justice » au nom de la défense de l’innocence, par certains aspects, elle apparaît aussi comme la dénonciation d’une injustice plus personnelle, faite à lui-même. Ainsi la comparaison du sacrifice christique avec celui de Dreyfus, dans le calice Le Figuier, montre-t-elle l’interprétation très personnelle d’un homme, croyant et blessé dans sa Foi par son instrumentalisation au nom de la haine. Ce que Gallé aurait aimé voir demeurer au stade de références discrètes et peu explicites à sa souffrance, fut finalement interprété - par ses amis mêmes - comme un manifeste politique. Ill. page précédente : V. Prouvé, La cueillette du gui, 1888, E. Gallé, cabinet De Chêne lorrain, œuvre française, 1889. Nancy, musée de l’Ecole de Nancy Ill. E. Gallé, Amphore du Roi Salomon, 1900. Nancy, musée de l’Ecole de Nancy Avec la fondation de l’Ecole de Nancy, en 1901, Gallé trouve une forme retour en grâce dans sa ville, mais jusqu’à sa disparition en 1904, la « réserve d’ordre politique » mentionnée dans l’hommage de l’Est républicain lors de sa mort, plane sur l’interprétation de son œuvre. Ses dernières œuvres, le lit Aube et crépuscule ou les Mains aux algues, exposées au musée de l’Ecole de Nancy, n’expriment plus ni l’espoir, ni la force combative. On y voit représentée avec une intensité poétique rare et une mélancolie immense, la vie qui s’éteint, trop brève, inachevée… 22 La chronologie En bleu, rappel des œuvres présentées dans l’exposition. 1870-1871 Guerre franco-prussienne (19 juillet 1870 – 29 janvier 1871). Nancy est occupée le 12 août 1870. Création de la III° République (4 septembre 1870). Traité de Francfort et annexion de l’Alsace-Moselle au Reich (10 mai 1871). Nancy devient la capitale de « la Lorraine mutilée », première ville de l’Est de la France. « Semaine sanglante » de la Commune de Paris (21 – 28 mai 1871). Charles Keller (Jacques Turbin) est blessé sur la barricade de le rue du Château-d’Eau. 1873 Évacuation des troupes allemandes postées à Nancy (1° août). 1875 Emile Gallé épouse Henriette Grimm, cousine de Charles Keller par sa mère. 1877 Gallé reprend la direction de l’entreprise familiale. 1885 Gallé est fait Chevalier de la Légion d’Honneur. 1887 13 novembre : Bloody Sunday à Londres : la police réprime dans la violence une manifestation organisée pour réclamer la libération de l’un des leaders du mouvement républicain irlandais, le journaliste et député William O’Brien. 1889 Exposition Universelle. Gallé présente plusieurs œuvres à caractère patriotique ainsi que son kiosque gaulois (Table Le Rhin, en collaboration avec V. Prouvé, vase Espoir) 1890 Gallé offre à William O’Brien et son épouse Sophie Raffalovich le vase Dragon et Pélican à l’occasion d’une rencontre à Paris à la fin décembre. 1891 Prouvé participe et échoue au concours de décoration de la salle à manger de l’Hôtel de Ville de Paris et peint les médaillons du grand salon de l’Hôtel de Ville de Nancy (Etude pour le mois de Janvier). 1892 Triple Alliance entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. Nancy accueille avec enthousiasme les Sokols de Prague. La visite à Nancy du Président Carnot est saluée par 3 jours de fête (5, 6 et 7 juin). Le comité nancéien de l’Union des Femmes de France offre un vase de Gallé à Mme Carnot (Petit vase Carnot). Convention militaire secrète franco-russe (17 août) 23 Gallé défend dans la presse locale le monument à Claude Gelée, conçu par Auguste Rodin au parc de la Pépinière, et décrié par la critique. Gallé rencontre Maurice Barrès à Bayreuth. Leur amitié sera rompue avec l’affaire Dreyfus. 1893 Visite de l’escadre russe à Toulon à l’occasion de la venue du tsar Alexandre en France. La Lorraine offre à la Russie des témoignages du savoir-faire lorrain (service de verres Daum, bol à punch de Camille Martin, livre d’or de la Lorraine à la Russie (V. Prouvé, C. Martin), table Flore de Lorraine réalisée par Gallé). 1894 Exposition d’art décoratif et industriel lorrain aux Galeries Poirel. Charles André, son initiateur précise que « c’est une œuvre de propagande, c’est un acte dans la lutte engagée contre la France par nos adversaires et nos ennemis » Le capitaine Alfred Dreyfus est reconnu coupable de trahison au profit de l’Allemagne et condamné à la déportation sur l’île du Diable. Assassinat du Président Sadi Carnot (attentats anarchistes depuis 1892). Premiers massacres des Arméniens par le Sultan Turc. 1896 Victor Prouvé est chargé de la décoration de l’escalier d’honneur de la mairie d’Issy-les-Moulineaux (Les fiancés) et remporte avec l’architecte Désiré Bourgon le concours pour l’érection du monument à Sadi Carnot à Nancy (Figures de la Paix et de la Justice). Le 1er juillet, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur, ses amis lui offrent le vase Canthare d’Emile Gallé. Maud Gonne, figure de la lutte pour l’indépendance Irlandaise, séjourne à Nancy. 1898 Alliance franco-russe 13 janvier : Le journal L’Aurore publie « J’accuse » de Zola. Gallé le soutient et signe la deuxième pétition publiée par L’Aurore le 17 janvier. Rupture avec Barrès. Violentes manifestations antisémites à Nancy. 28 mars : Henriette Gallé, Mathilde Keller et Elise Grimm signent « L’Appel aux femmes de France » dans le journal Le Siècle. Victor Prouvé reçoit la commande de panneaux décoratifs pour la salle des fêtes de la mairie du XIème arrondissement de Paris (Etudes pour l’Ile heureuse, Espoir, la Joie, le Bonheur, Méditation) 1899 Création de la section nancéienne de la Ligue des Droits de l’Homme présidée par Charles Keller. Gallé en est le trésorier. Création de l’Université Populaire à Nancy présidée par Hyppolite Bernheim. Procès en révision de Dreyfus à Rennes, nouvelle condamnation, suivie le 19 septembre par la grâce accordée par le président Loubet. Début de la seconde guerre des Boers, opposant les états d’Orange et du Transvaal à l’Empire britannique. 24 1900 Exposition Universelle. Gallé présente son four verrier accompagné d’œuvres dreyfusardes (vases Les Hommes Noirs, Amphore du Roi Salomon, Le Figuier, Heracleum, la Calomnie,Les Ormes, Picciola, tables Sicut Hortus, Sagittaire …) Gallé dénonce le massacre des Arméniens avec la commode le Champ du sang. Après des défaites décisives, Kruger, le Président du Transvaal s’exile en Europe et passe à Paris. 1901 Constitution de l’association Ecole de Nancy. Gallé premier président. Création du journal l’Etoile de l’Est avec l’aide de Gallé. Construction de la Maison du Peuple à Nancy, financée par Charles Keller, sur les plans de l’architecte Paul Charbonnier, et avec la participation de Victor Prouvé (Le Forgeron). 1902 Inauguration de la Maison du Peuple. Gallé président d’honneur de la Fédération républicaine de Meurthe-et-Moselle et de l’association Gambettiste. Le Président Emile Loubet offre au Tsar Nicolas II 13 verreries de Gallé (Fleur de passiflore, Les Chênes, …) à l’occasion d’un voyage officiel en Russie. Mort d’Emile Zola. Janvier : Le colonel Boer Sandberg est reçu à Nancy et rencontre Gallé.Mai : traité de Vereeniging entérinant l’annexion des républiques Boers d’Orange et du Transvaal par l’Empire Britannique. 1904 5 mars : la cour criminelle décide la révision du procès Dreyfus. 18 avril : fondation du journal L’Humanité par Jean Jaurès. 23 septembre : décès d’Emile Gallé. Victor Prouvé lui succède à la présidence de l’Ecole de Nancy. Exposition de l’Ecole de Nancy aux Galeries Poirel. Hommage unanime rendu à Gallé, malgré une « réserve d’ordre politique » (L’Est républicain). 1906 La catastrophe minière de Courrières fait plus de 1000 victimes (10 mars). Georges Clémenceau, ministre de l’Intérieur, fait réprimer par l’armée le mouvement de grève des « gueules noires » survenu à la suite du drame. Victor Prouvé illustre les partitions de chansons de Jacques Turbin, l’Action directe et la Grève générale ou le programme du concert organisé en faveur des mineurs de Courrières. Réhabilitation du Capitaine Dreyfus et fin de l’affaire (12 juillet). 1908 Henriette Gallé fait paraître les Ecrits pour l’art d’Emile Gallé, rassemblant ses écrits botaniques et ses notices d’exposition entre 1884 et 1889. 1909 Exposition Internationale de l’Est de la France, au parc Sainte-Marie à Nancy. L’Ecole de Nancy expose pour la dernière fois en groupe. Le pavillon de l’Ecole de Nancy est conçu par Vallin et décoré par Victor Prouvé. 1910 Rétrospective des verreries d’Emile Gallé au Palais Galliera à Paris. 25 1912 Victor Prouvé élu conseiller municipal sur une liste d’entent républicaine, délégué aux beaux-arts à Nancy. 1913 Mort de Charles Keller. 1914 Mort d’Henriette Gallé (22 avril). Déclaration de la guerre (3 août) L’Ecole de Nancy est officiellement dissoute en août. 1919 Victor Prouvé est nommé Directeur de l’école des beaux-arts de Nancy. 1933 Plusieurs œuvres de Victor Prouvé sont présentées à l’exposition « Le décor de la vie sous la IIIème République » au Pavillon de Marsan, à Paris. 1943 Victor Prouvé meurt à Sétif, en Algérie (13 février). 26 Commissariat François Parmantier, directeur adjoint, musée de l’Ecole de Nancy Valérie Thomas, conservateur, directrice, musée de l’Ecole de Nancy Assistés de Chloé Héninger Scénographie : Didier Blin, Paris – Centre Technique Municipal, Ville de Nancy Graphisme : Frédéric Rey, Nancy Relations Presse : Véronique Baudoüin, chargée de Communication, musée de l’Ecole de Nancy [email protected] – 03.83.85.30.42 27 Le catalogue Co-éditions Ville de Nancy - Somogy, Paris 248 pages, 250 illustrations couleur, 29 € Parution : octobre 2015 Sommaire : Préface de la Ministre de la Culture et de la Communication Préface de Monsieur Le Maire Avant-propos : François Parmantier, Directeur adjoint, Valérie Thomas, Conservateur, Musée de l’Ecole de Nancy Emile Gallé et Victor Prouvé, François Parmantier, Directeur adjoint, commissaire de l’exposition, Musée de l’Ecole de Nancy Henriette Gallé-Grimm, Jacqueline Amphoux, arrière-petite-fille d’Emile et Henriette Gallé Emile Gallé, l’art de la diplomatie, Bertrand Tillier, Professeur d’Histoire de l’art contemporain, Université de Bourgogne Charles Keller, ou la musique au service du militantisme, Didier Francfort, Professeur d’Histoire Contemporaine à l’Université Lorraine-Nancy Université Comment l’antisémitisme a regardé l’Ecole de Nancy, Philippe Thiébaut, Conseiller scientifique INHA L’Université Populaire de Nancy, Françoise Birck Catalogue des œuvres 28 Le programme culturel L’exposition est accompagnée d’un cycle de visites guidées et de conférences à destination du jeune public et des adultes. Le programme complet et actualisé de cette manifestation et toutes les informations pratiques sont disponibles sur le site Internet dédié à l’École de Nancy : www.ecole-de-nancy.com et sur le blog du musée http://off.ecole-de-nancy.com Evènement : L’hymne à la justice Albéric Magnard Concert par le Conservatoire Régional de Musique A l’Auditorium du Musée des Beaux-Arts de Nancy Mercredi 18 novembre à 18h Informations et inscriptions auprès du service des publics des musées : Tél : 03.83.17.86.77 Mail : [email protected] 29 Les informations pratiques L’exposition est présentée au Musée des Beaux-arts / MBAN 3, place Stanislas 54000 NANCY et au Musée de l’Ecole de Nancy / MEN 36-38, rue du sergent Blandan 54000 NANCY Horaires d’ouverture : MBAN Du mercredi au lundi Fermé mardi 10h / 18h MEN Du mercredi au dimanche Fermé lundi et mardi 10h / 18h Les musées sont fermés les 1er novembre, 25 décembre et 1er janvier Tarifs : Billet conjoint 2 musées : 8 € Entrée 1 musée : 6 € - tarif réduit : 4 € Entrée gratuite : Jusqu’à 12 ans – Carte Jeune Nancy – membres des associations d’amis des musées – Museum Pass – Carte Icom – Etudiants le mercredi Pass 6 musées valable 10 jours : 10 € (inclut MEN, MBAN, et musée Lorrain, muséum-aquarium, musée du Fer et Jardin botanique) 30 Les visuels presse Daum, verre à pied et coupe (Hommage de la Lorraine à la Russie), 1893 Verre gravé à l’acide, émaux H. 12,8 ; D. 6,8 cm H. 10,9 ; D. 7,7 cm Nancy, musée de l’Ecole de Nancy ©MEN. M. Bourguet Emile Gallé, vase Canthare Prouvé, 1896. Verre multicouche gravé, applications H. 24 ; D. 7,2 ; L. 19,5 cm Nancy, musée de l’Ecole de Nancy ©MEN. M. Bourguet Emile Gallé, vase Dragon et pélican, 1890. Verre multicouche, décor gravé H. 12,8 ; D. 11,1 cm Dublin, musée national d’Irlande © National Museum of Ireland Victor Prouvé, étude pour le vase Orphée, 1888-1889. Encre noire H. 19,2 ; L. 31,3 cm Nancy, musée de l’Ecole de Nancy ©MEN. Damien Boyer Emile Gallé, commode Le Champ du sang, vers 1900. Noyer de Turquie, marqueterie de bois divers, onyx. H. 84 ; L. 84 ; P.51 cm Reims, musée Saint-Denis © Musées de Reims. T Dewleeschauwer Emile Gallé, Vase De la Gangue épaisse…, 1888 Verre double, soufflé et gravé à la roue H. : 27 ; diamètre : 10,8 cm ©Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance 31 Emile Gallé, bureau d’Henriette Gallé, La Forêt Lorraine, 1899 Poirier, marqueterie de bois divers H.179 ; L. 70 ; l.38 cm Collection particulière © MEN Emile Gallé, en collaboration avec Victor Prouvé, vase Les Hommes noirs, 1900. Verre triple couche, décor gravé, marqueterie, applications. H. 40 ; D. 30,5 ; D.o. 16,6 cm Nancy, musée de l’Ecole de Nancy ©MEN. P.Caron Victor Prouvé, Espoir, Nancy, musée de l’Ecole de Nancy Huile sur toile H. 95 ; L. 93 cm © MEN. M. Bourguet Emile Gallé, vase la Calomnie, 1900. Verre Kitazawa museum of Art ©Kitazawa museum of Art Victor Prouvé, Les Fiancés (étude pour la décoration de l’escalier d’honneur de la mairie d’Issy-lès-Moulineaux), 1898 Fusain et rehauts de craie blanche H.130 ; L. 120 cm Lunéville, musée du Château des Lumières © T Frantz, musée du Château des Lumières – Lunéville, Conseil Général de Meurthe-etMoselle Emile Gallé, photographie du four verrier, 1900. Rennes, Musée de Bretagne © Musée de Bretagne 32 Victor Prouvé, portrait de Jacques Turbin (Charles Keller), 1895 Huile sur toile H. 196 ; L 134,5 cm Lunéville, musée du Château des Lumières © T Frantz, musée du Château des Lumières – Lunéville, Conseil Général de Meurthe-etMoselle Victor Prouvé, La Grève générale, 1906 Imprimé H. 32,7 ; L. 24,1 cm © Musée Lorrain, Nancy 33