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Djamel ZENATI Verbe et phrase en langues romanes
Il est vrai que dans les langues qui opposent le verbe au nom, la
sémantèse verbale trouve en dehors d’elle même un support formel;
mais dans le cas de l’espagnol et de l’italien et de toutes les langues
romanes à l’exception du français, le support lui est intégré sous forme
d’une terminologie incorporée. Le passage dans le plan de l’expression
ne modie en rien la morphologie ou la constitution interne du vo-
cable issu de la langue. De ami, adori et deve de la langue à ami, adori
et deve du discours, il y a seulement ajout d’information notionnelle.
Ce faisant, le locuteur ctif1 de la langue signié par le morphème
-i c’est-à-dire celui de la seconde personne - et qui peut être Pierre ou
Paul pourvu que l’on se mêle de parler à l’un ou à l’autre de lui - est ici
singularisé. Il ne renvoie qu’à un seul et seulement à un seul référent.
Le discours lui assigne une identité qui permet de le particulariser
donc de le désambiguïser. La transition du langage puissantciel de la
langue au langage eectif du discours consiste à
associer à l’information formelle préétablie par la
langue, une information non formelle, particularisée,
actualisée, notionnelle que le simple fait d’user du verbe
sut à la produire. (Chevalier1978: 19).
De là, il n’est pas besoin, dans le discours, «d’ajouter au verbe ita-
lien un élément formel pour qu’il devienne un énoncé complet, pour
qu’il y ait prédication: le verbe se sut à lui même pour faire phrase.
Figurativement, nous pouvons représenter de la manière suivante la
transition de la langue au discours du verbe italien:
LANGUE S E
DISCOURS S E
1 En eet, tu infère à la personne à qui l’on s’adresse en lui parlant d’elle même. En
d’autres termes, tu se trouve être la personne de l’allocutaire et l’objet de la locution du lo-
cuteur.