Villes, villages et quartiers… des lieux pour favoriser l’apprentissage
• À lire en ligne 2010 17
considérant son lien indissociable avec
les réalités sociales, culturelles, histori-
ques. La communauté d’apprentissage
fait contrepoids aux formes tradition-
nelles d’apprentissage en adoptant la
construction sociale du savoir comme
l’un de ses principes de base5. On pré-
tend ainsi créer des conditions stimu-
lantes et plus riches d’apprentissage,
qui permettent de rompre le manque
de liens, de relations signiantes et
structurantes et de valeurs communes
du contexte social actuel6.
Divers questionnements sont à l’origine
des pratiques actuelles de communauté
d’apprentissage : Comment confronter
les enjeux éducatifs liés aux réalités
actuelles en changement continuel, de
plus en plus complexes, et aux besoins
de développement humain? Comment
contribuer à faire contrepoids à l’inadé-
quation des solutions éducatives déjà
prescrites? Comment rendre l’appren-
tissage motivant, stimulant et pertinent
dans le contexte? Et aussi comment
contribuer, à travers les processus
éducatifs, à nous rebâtir comme êtres
humains, en harmonie, et comme
communautés responsables?
On a relevé également des questions
d’ordre social : Comment faire face aux
problématiques liées aux inégalités, à
la pauvreté, à l’injustice, à la discrimi-
nation, à l’oppression, à l’exploitation,
au manque de pouvoir décisionnel
des personnes et des groupes sociaux?
Comment développer nos capacités
de nous transformer nous-mêmes et
de transformer ces réalités? Comment
développer un savoir-faire et un savoir-
agir de manière à contribuer à la qualité
d’être des communautés humaines?
La communauté d’apprentissage,
inspi-
rée d’une diversité de pratiques éduca-
tives et sociales, apparaît associée à la
nécessité de construire des « espaces de
liberté », comme les qualie Reeves7.
Elle semble aussi liée à une vision où
l’apprentissage ne se présente plus
comme un processus de transmission de
connaissances, mais comme un proces-
sus de construction sociale de savoirs au
cœur d’une pratique rééchie, enraci-
née dans la réalité8, à travers un vécu
conscient de celle-ci, dans laquelle sont
mises à contribution, en étroite relation,
toutes les dimensions de la personne :
cognitive, sociale, aective, éthique,
morale, spirituelle, etc. Une trame de
relations de dialogue, de réexion et
de pratique est par conséquent à la base
même de cette vision de l’éducation.
La connaissance est ainsi indissociable-
ment liée à la conscience de l’autre, à
la compréhension de la diversité et de
l’hétérogénéité de la situation et au po-
sitionnement de l’autre. C’est le learning
by doing, learning as belonging, learning
as becoming de Wenger9.
La communauté d’apprentissage
s’inscrit dans une vision globale. Elle ap-
paraît comme une unité fonctionnelle
et organique constituée d’un groupe
structuré de personnes œuvrant autour
d’objectifs et d’un projet communs, au
cœur d’un processus éducatif perma-
nent et continuel, interpellant une
responsabilité globale10 au sein de la
communauté éducative (une trame de
relations éducatives de proximité) et de
son cadre global, la société éducative
(gure 1).
5 B. L. Withford et D. Wood, Teachers Learning
in Community. Realities and Possibilities, State
University of New York Press, 2010.
6 S. M. Robert, School as Professional Learning
Community, Thousand Oaks (Californie),
Corvin Press, 2009.
7 H. Reeves, L’heure de s’enivrer : L’univers
a-t-il un sens? France, Seuil, 1990.
8 J. Lave et E. Wenger, Situated Learning.
Legitimate Peripheral Participation, Cambridge,
University of Cambridge Press, 1991.
9 E. Wenger, La théorie des communautés
de pratique. Apprentissage, sens et identité,
Les Presses de l’Université Laval, 2005\
Communities of Practice. Learning, Meaning,
and Identity, Cambridge University Press,
1998.
10 Orellana, « La communauté
d’apprentissage en éducation relative à
l’environnement : signication, dynamique,
enjeux », 2002, thèse de doctorat, Université
du Québec à Montréal ».
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Figure 1 : La communauté d’apprentissage au sein d’une
société éducative (Orellana, 2002).
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Dans un groupe structuré se met
en œuvre un processus d’apprentissage
collaboratif, fondé sur une dynamique qui
favorise la synergie et la complémentarité
autour d’une action collective réexive
et critique, enracinée dans le
milieu de vie partagé.
Des liens éducatifs se créent entre les
institutions éducatives et les membres de la
communauté à travers la collaboration et l’échange
autour de préoccupations communes.
Les institutions et les membres de la société
entière participent activement, en concertation, à
un processus éducatif continu et permanent.