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1.1.2.2.2 Limites de contrepartie
Les sales ont des limites de risque de contrepartie par client, en montant nominal et en
durée. Toutefois, ces limites peuvent être calculées selon différentes méthodes : Credit VaR
ou RCM au niveau client, Cooke (CWA) ou Mc Donough (RWA) au niveau groupe. Ce sujet
est abordé en détail dans la partie IX
1.1.2.2.3 Les opérations
Le mode d'opération des sales est à peu près identique quel que soit le produit négocié. En
aucune manière le sales ne gère de position de marché : il se contente de vendre ou
d'acheter des produits à ses clients sur la base de prix que lui fournissent les traders.
Il a d'ailleurs souvent le monopole de la relation avec le client : la réglementation interdit
généralement aux traders d'un établissement de traiter directement avec la clientèle de celui-
ci, ce qui est d'ailleurs de bonne gestion. Cela permet, en effet, aux deux acteurs principaux
d'une transaction, le trader et le client, d'œuvrer séparément et sereinement chacun au
mieux pour l'intérêt de son employeur, alors que les intérêts en question sont très
fondamentalement divergents à court terme.
Le sales se charge donc d'absorber l'ensemble des tensions, notamment psychologiques,
dues à la rencontre, dans une même transaction ou tentative de transaction, d'objectifs
contradictoires. Il doit à chaque fois gérer l'équilibre entre les intérêts à long terme de chacun
des deux établissements, engagés dans une relation complémentaire et mutuellement
bénéficiaire de fournisseur à client, et leur relation conflictuelle au quotidien, potentiellement
à chaque opération.
L’activité du sales comporte des phases passives et actives. La phase passive - qu'on
pourrait dire "assise" - est aisément compréhensible : il s'agit de répondre aux demandes
instantanées de la clientèle, quand elle se présente. C'est un peu un rôle de standard
téléphonique, de "permanence", certes indispensable mais pas nécessairement exaltant. La
phase active est plus complexe. Il s'agit, toujours dans le respect des intérêts économiques
de tous les établissements concernés, la banque et ses clients, de proposer des projets de
transactions aussi bien aux traders de la banque qu'aux clients, puis d'amener ceux-ci à
traiter. C'est la phase "debout" ou "ambulatoire" du métier de sales : il est à l'affût, il cherche
des idées, il va discuter avec les traders, avec d'autres sales sur d'autres produits, avec les
analystes et les économistes, il consulte des bases de données, il fait des simulations.
L'activité du sales est rémunérée par le "sales credit". Il en existe de deux sortes bien
différentes : le "soft" et le "hard".
Le sales credit "soft" est simplement une mesure monétaire du volume des transactions
effectuées par les clients du sales, établie suivant un barème forfaitaire. Ainsi, par exemple,
une transaction sur emprunts d'Etat américains, comme la banque en réalise des milliers par
jour, toutes à très faible marge, pourra rapporter en sales credit 0.005% du nominal de
l'opération, tandis qu'une opération sur une obligation "high yield" ("high yield" est le nom poli
des "junk bonds", cf. partie VI, chapitre 5), plus rare et beaucoup plus rémunératrice
potentiellement pour la banque, pourra être tarifée forfaitairement 0.15% de sales credit par
exemple. Même s'ils sont comptabilisés en unités monétaires, les sales credits "soft" ne sont
donc pas nécessairement du produit net bancaire.