10 - RYTHMES SCOLAIRES : COMPARAISONS
INTERNATIONALES
Les données internationales (OCDE ou Eurydice) permettent d’appréhender trois caractéristiques des rythmes scolaires :
- la quantité totale du temps scolaire, selon l’âge des élèves et le niveau d’enseignement, mesurée en nombre
d’heures par an ;
- l’étalement de ce temps sur le calendrier annuel, à travers le nombre de semaines et de jours scolaires par an,
mais aussi la fréquence et la durée des périodes de congés ;
- la charge hebdomadaire et quotidienne : nombre de jours d’école par semaine, durée moyenne de la semaine
scolaire et de la journée d’école, et durée des séquences d’enseignement.
La combinaison de ces différentes variables donne une image assez précise de la situation de la France au regard de celle
des autres pays.
1) Alors qu’un nombre croissant de pays tendent à étaler leur calendrier scolaire sur davantage de semaines, la
France reste parmi les pays dont la scolarité est la plus concentrée, avec 140 jours d’école au primaire et 178 jours au
secondaire, tandis que la moyenne OCDE est respectivement de 186 jours au primaire et de 184 jours au secondaire
(Regards sur l’éducation, 2011) ;
2) En matière de congés estivaux, la France se situe dans la moyenne haute de l’Union européenne, avec 9
semaines. C’est en France que les congés en cours d’années sont les plus longs, avec 4 périodes de près de deux
semaines réparties sur 10 mois de l’année scolaire. Dans la plupart des autres pays, les « petites » vacances dépassent
rarement une semaine (Eurydice, 2010) ;
3) Si le calendrier scolaire français est concentré sur un nombre de jours limité, le volume horaire annuel est l’un
des plus importants de l’OCDE. De ce fait, la journée des écoliers, collégiens et lycéens français est plus dense que
celle de la plupart des autres élèves dans le monde. Depuis l’introduction en 2008 de la semaine de 4 jours à l’école,
avec 24 heures de classe par semaine (heures de soutien non comprises), la journée d’école est passée à 6 heures, soit un
record au sein de l’Union européenne.
Au-delà des interrogations sur l’étalement des vacances ou sur le nombre de jours par semaine, les enjeux peuvent porter
sur l’usage et sur l’emploi du temps scolaire. Des expériences menées en France, en Suède et aux Pays-Bas sur des
emplois du temps scolaire « mobiles » ou « flexibles » où le temps est davantage référé aux objectifs pédagogiques et à leur
variété, conduisent à des résultats positifs en termes d'autonomie des élèves et de stratégies d'apprentissage. Elles se
fondent sur la mise en œuvre de pédagogies plus actives et favorisent leur développement.
En France, dans le cadre d’une recherche à l’INRP, Aniko Husti a mené deux expérimentations dans une trentaine de lycées
et collèges, entre 1980 et 1988. L’innovation portait sur l’introduction d’unités de temps « mobiles », définis par l’équipe
pédagogique. Les évaluations réalisées auprès des élèves, des enseignants et des chefs d’établissements ont mis en
évidence non seulement qu’une telle organisation est administrativement viable mais qu’elle est aussi porteuse de nombreux
intérêts :
- pour les élèves : plus grande implication personnelle dans le travail ; possibilité d’achever sa tâche ; meilleure
acquisition d’autonomie ;
- pour les enseignants : plus de réflexion sur la démarche pédagogique ; plus de travail en équipe et de
disponibilité aux besoins individuels des élèves ;
- pour les chefs d’établissement : renouvellement de la conception et de l’organisation du temps scolaire ; soutien à
l’innovation.
En Suède, une étude longitudinale menée pendant 5 ans (2000-2004) auprès de trois collèges introduit l’expérimentation de
planning flexible. Les emplois du temps ont été construits par périodes de 5 à 6 semaines, chacune consacrée à l’étude d’un
thème, abordé de façon transdisciplinaire et impliquant l’ensemble des enseignants. Le temps dédié aux enseignements par
classes a été réduit de façon à dégager des temps de dynamique de groupe mais aussi des plages d’étude individuelle,
pendant lesquelles chaque élève suit un plan de travail personnalisé.
Les Pays-Bas ont récemment expérimenté un dispositif innovant qui repose également sur un emploi du temps flexible. Ce
dispositif cible volontairement le niveau du collège, où se cristallisent de multiples difficultés, en particulier le manque
d’attention et d’intérêt des élèves. Il vise donc à stimuler la motivation et l’implication des élèves, « à les faire travailler
davantage pendant les heures passées à l’école et à construire des lignes directes entre l’apprentissage à l’école et la vie
réelle, entre le temps passé à l’école et le temps en dehors de l’école ». Les élèves sont présents à l’école de 8h30 à 16h
cinq jours par semaine ; « il n’y a plus de cours proprement dits mais des blocs de travail thématiques » qui peuvent être
modulés entre 1h30 et une demi-journée. Aucun devoir à la maison n’est demandé. Les résultats s’avèrent là aussi probants
en termes de goût des élèves pour l’apprentissage.
Paris, le 14 juin 2012
Rythmes scolaires : éléments de comparaisons internationales
Pour comparer les rythmes scolaires selon les pays, il existe deux sources d’information1 :
- les données de l’OCDE, présentées dans la publication annuelle, Regards sur
l’éducation. Les indicateurs D1 et D4 fournissent respectivement des chiffres sur les durées
annuelles de scolarité des élèves et sur le temps de travail des enseignants. Nous utilisons ici
ceux de l’année de référence 2008, sur laquelle porte Regards sur l’éducation 2010. Ce ne sont
pas les données les plus récentes, mais le choix de cette année de référence autorise un
calage avec les données d’Eurydice synthétisées dans un rapport thématique (cf. infra) ;
- le réseau Eurydice qui décrit les caractéristiques des systèmes éducatifs de 33 pays (27 pays
de l’Union européenne, augmentés du Liechtenstein, de la Turquie, de la Suisse, de l’Islande,
de la Norvège, et de la Croatie), selon une grille d’analyse déterminée. Les données d’Eurydice
fournissent des informations plus précises sur l’organisation de la semaine et de la journée
scolaires. Nous nous référons ici à la publication transversale d’Eurydice, Organisation of
school time in Europe: Primary and general secondary education, 2010-11 school year.
Bruxelles : EACEA.2010.
Les données mobilisées permettent d’appréhender trois caractéristiques des rythmes scolaires :
- la quantité totale du temps scolaire, selon l’âge des élèves et le cycle scolaire,
mesurée en nombre d’heures par an ;
- l’étalement de ce temps sur le calendrier annuel, à travers le nombre de semaines et
de jours scolaires par an, mais aussi la fréquence et la durée des périodes de congés ;
- la charge hebdomadaire et quotidienne : nombre de jours d’école par semaine, durée
moyenne de la semaine scolaire et de la journée d’école, et durée des séquences
d’enseignement.
La combinaison de ces différentes variables donne une première image des rythmes propres à
chaque pays.
1 La présente note reprend, en les complétant, les éléments du Dossier d’actualité n°60, de
l’INRP (Agnès Cavet, février 2011).
Secrétariat
g
énéral
Direction de l’éducation
de la prospective et
de la performance
Mission aux relations
européennes et internationales
DEPP/MIREI n° 2012-0
Affaire suivie par
Florence Lefresne
Chef de la MIREI
Téléphone
01 55 55 60 79
Florence.lefresne
@education.gouv.fr
61-65 rue Dutot
75015 Paris
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OCDE, indicateur D1, Regards sur l’éducation 2010
OCDE, indicateur D4, Regards sur l’éducation 2010
La durée des vacances d’été (Eurydice, 2010)
La longueur des vacances d’été varie pour l’enseignement primaire du simple au double avec
12 ou 13 semaines dans 10 pays (la Bulgarie, l’Estonie, la Grèce, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie,
Malte, le Portugal, la Roumanie et la Turquie) et avec 6 semaines dans 5 pays (l’Allemagne, les
Pays-Bas, le Royaume-Uni et le Liechtenstein) ; la France avec 9 semaines se trouve dans un
groupe de 6 pays (la Belgique, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et l’Irlande du
nord). Avec 10 ou 11 semaines, on trouve encore 8 pays (Chypre, la Finlande, la Hongrie,
l’Irlande, la Pologne, l’Espagne, la Suède et l’Islande).
Les vacances d’été sont de même longueur que le primaire pour le second degré sauf pour la
Bulgarie, Chypre, la Grèce et la Lituanie où elles sont plus courtes et sauf encore pour l’Irlande,
les Pays-Bas et l’Islande où elles sont plus longues.
S’ajoutent les "petites vacances" et les jours de fêtes nationales ou religieuses avec des
situations très différentes d’un pays à l’autre.
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En comparant ces données avec celles recueillies cinq ans plus tôt (Regards sur l’éducation
2005, année de référence 2003), on observe que plusieurs pays ont, dans cet intervalle,
procédé à un allongement de leur calendrier scolaire, pour atteindre 38 à 40 semaines. Il en va
ainsi de la Pologne (+ 1 semaine), de la République tchèque (+ 2 semaines), de la Corée (+ 3
semaines) et encore de l’Italie et du Japon (+ 5 semaines).
Cet allongement du calendrier semble bien viser un meilleur étalement de l’année scolaire : il ne
s’accompagne pas nécessairement d’une augmentation de l’horaire annuel et, lorsque c’est le
cas, cette augmentation reste limitée. Seuls deux pays s’inscrivent à contre courant puisqu’ils
ont réduit à la fois le calendrier et l’horaire scolaire annuel : la Grèce (- 4 semaines) et la
Fédération de Russie (- 10 semaines).
Sources : OCDE (2010), Regards sur l’éducation, indicateur D4.
On peut signaler que plusieurs pays européens limitent la durée des congés des enseignants à
8 semaines par an, le temps de travail hors de la présence des élèves étant principalement
consacré à la formation continue (Eurydice).
Rythmes scolaires hebdomadaires et quotidiens
Aucune enquête systématique ne permet de comparer l’organisation de la semaine ou de la
journée scolaire dans les différents pays (Voir DALSHEIMER-VAN DER TOL Nadine, 2010, « Les
rythmes scolaires à l’étranger ». Les dossiers Insertion, Éducation et Société, n° 198,
décembre, p. 63-123). Cependant, en extrapolant les données de l’OCDE (division du nombre
de jours d’école par le nombre de semaines scolaires), le modèle qui domine semble être
celui d’une semaine scolaire de 5 jours pleins.
Au-dessous de cette moyenne, la semaine de 4,5 jours est pratiquée en Belgique et dans le
secondaire en France. Quant à la semaine de 4 jours, elle n’est en vigueur que dans
l’enseignement primaire français. À l’autre extrême, la semaine de 5,5 jours est pratiquée en
Indonésie et dans certains Länder d’Allemagne et d’Autriche (OCDE, 2010 ; Eurydice).
En extrapolant encore les données de l’OCDE :
- la charge hebdomadaire moyenne des enseignements serait de 23h30 au
primaire et de 26h au secondaire (horaire total / nombre de semaines) ;
- la charge quotidienne moyenne des enseignements serait de 4h au primaire et
d’un peu moins de 5h au secondaire (horaire total / nombre de jours).
Dans les deux tableaux suivants, la différence entre l’horaire minimal et l’horaire maximal
correspond, selon les pays, à des enseignements optionnels ou à une certaine flexibilité à
disposition des établissements scolaires.
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Source : Eurydice 2010
Source : Eurydice 2010
Source : Eurydice 2010
De ces comparaisons internationales, il ressort plusieurs observations qui caractérisent les
rythmes scolaires en France :
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