La valeur économique et sociale des espaces naturels protégés
biodiversité : guide à l'intention des décideurs qui a pour objet d’enseigner aux décideurs
publics comment établir une valeur économique de la biodiversité et la mettre en balance avec
le développement d’activités économiques. Parallèlement, la synthèse méthodologique intitulée
Analyse coûts-bénéfices et environnement : développements récents publiée par l’OCDE en
2006 se présente comme un appui à une démarche fortement encouragée par l’organisation de
comparaisons des coûts et bénéfices de politiques publiques ayant une incidence sur
l’environnement.
Le développement des démarches de valorisation des actifs environnementaux se situe à la
croisée de deux champs conceptuels fortement différenciés : la science économique d’une part
et l’analyse des politiques publiques de l’autre. En effet, fondées sur l’élaboration et la mise en
œuvre de théories et d’outils économiques complexes, ces démarches se veulent en même
temps mobilisables pour la décision publique. Le raisonnement économique qui sous-tend la
démarche d’évaluation de la valeur des espaces naturels est normatif. Le chiffrage devient la
norme qui consacre à la fois la valeur du bien public considéré et l’efficacité de l’action publique.
Ces éléments de valeur doivent, en principe, aider les décideurs et les gestionnaires d’espaces
naturels à argumenter le bien fondé d’une politique de protection et le mode de développement
socio-économique adaptés aux territoires considérés. Ils doivent également servir de base au
raisonnement évaluatif sur la politique publique considérée. Or, si le raisonnement économique
qui les sous-tend est aujourd’hui assis et conforté intellectuellement, il n’en va pas de même
pour l’utilisation et l’interprétation des résultats dans le cadre de l’élaboration, de la mise en
œuvre ou de l’évaluation des politiques publiques. Si la notion de « valeur » attachée aux
espaces naturels est largement convoquée pour justifier leur protection, il manque une
définition de ce que cette notion recouvre précisément, et une analyse critique des démarches
méthodologiques qui permettent de l’évaluer, ce qui nourrit des controverses sur la validité des
chiffres produits. On constate que le raisonnement économique de valorisation d’un actif
environnemental ne laisse que peu de place à la prise en compte des réalités socio-économiques
des territoires dans lesquels s’inscrivent les espaces protégés et des arbitrages locaux qui
s’opèrent autour des politiques de conservation, entre gestionnaires d’espaces naturels, élus
locaux, représentants des activités économiques, habitants, usagers…Ces processus d’arbitrage
et de négociation ont pourtant un rôle essentiel en ce qu’ils déterminent les conditions de mise
en œuvre de la politique publique de protection. Leur analyse est donc fondamentale dans le
cadre d’une approche évaluative de l’action publique.
La Banque Mondiale a publié en 2004 un texte de référence sur l’évaluation de la valeur
économique de la conservation des écosystèmes2 ayant pour ambition de clarifier les différents
objectifs susceptibles de sous-tendre l’analyse de la valeur d’un espace protégé. Le document
vise à montrer que l’évaluation de la valeur économique des espaces naturels peut répondre à
différentes questions opérationnelles dans le champ des politiques publiques (Les bénéfices
produits par l’espace protégé sont-ils équivalents aux coûts de la protection ? Quel est le
montant des retombées économiques d’une action de protection de l’espace ? Quels sont les
différents services rendus par l’écosystème en tant qu’il est protégé ?…) qui impliquent à
2 S. Pagiola, K. Von Ritter, Joshua Bishop [2004], Assessing the Economic Value of Ecosystem
Conservation, The World Bank Environment Department, paper N° 101.