Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire (du 24 au 31 mai 2012)

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Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire
(du 24 au 31 mai 2012)
Sélection, sous forme de résumés synthétiques, de deux ou trois sujets majeurs de l’actualité (politique, économique, sociale,
culturelle) traités par les principaux titres de la presse écrite portugaise.
I – Les entreprises portugaises du bâtiment en mauvaise posture. « Les faillites dans le domaine
de la construction atteignent les 50 % en avril. » (Publico du 28 mai).
Le journal relève une initiative des deux plus importantes associations professionnelles portugaises
du secteur du bâtiment qui ont décidé d’organiser une rencontre cette semaine à Lisbonne pour
alerter les autorités et le public sur l’imminence d’une crise majeure les concernant. La gravité de la
situation aura un impact systémique sur l’économie, notamment sur le niveau du chômage qui, dans
ce domaine (y compris l’immobilier) continue d’augmenter. Si en 2000, ce secteur d’activité pesait
encore 18,2 % du PIB et 15 % en 2008, son amaigrissement s’accélère dangereusement selon les
deux responsables desdites associations.
Le nombre d’entreprises faisant faillite a en effet augmenté de 50,8 % sur les quatre premiers mois
de l’année et le rythme devrait se maintenir tout au long de l’année, alors que plus de 15 000 d’entre
elles ont déjà fermé leurs portes depuis 2002, le taux brut de production ayant chuté pour sa part de
47,8 %. Si ce scénario devait se vérifier, ce sont 140 000 postes de travail qui disparaîtraient d’ici la
fin de l’année, faisant alors exploser le taux de chômage officiel à 20 %. La facture pour l’Etat
atteindrait 1,7 milliards d’euros, en tenant compte du nombre des indemnités en hausse et d’une
baisse des recettes fiscales. Si les petites entreprises ont essentiellement été touchées jusqu’à
maintenant, les associations précisent que les moyennes commencent à être concernées également.
Certaines grandes entreprises quant à elles ont pu échapper à la faillite grâce à des opérations
financières de restructuration dans ce domaine d’activité, exigées par des banques créancières.
Les perspectives d’activité sont pessimistes. L’indice de commandes calculé par l’institut national
de l’économie a chuté de 32,8 % au premier trimestre, par rapport à celui de l’année dernière. Le
secteur se trouve dans une situation d’urgence due à une asphyxie financière provoquée à la fois par
l’accumulation de dettes qui au niveau bancaire atteignent 85 milliards, et par la raréfaction des
crédits. L’aggravation des retards de paiement s’accentue, l’Etat devant au total 1,4 milliards
d’euros.
II – « Les Portugais ont rapatrié 6,8 milliards d’euros des offshores. » titre le supplément
économique de l’hebdomadaire Expresso du 26 mai. Un effet direct de la crise économique et
financière que traverse le pays et qui concerne les banques, les entreprises et les particuliers.
« Les paradis fiscaux sont les plus touchés. »
Selon une étude de la banque nationale du Portugal, en un peu plus de deux ans les investissements
portugais dans les paradis fiscaux ont subi une chute drastique, puisqu’ils ont chuté pratiquement de
moitié depuis la fin de 2009. De plus, entre janvier 2010 et mars de cette année, 6,8 milliards
d’euros ont été réinjectés dans le pays, soit presque la moitié du total des fonds investis dans ces
régions depuis 1996, date à laquelle la banque nationale a commencé à étudier cette question.
L’économiste en chef de l’une des banques privées portugaises évoque plusieurs raisons pouvant
expliquer le phénomène. Les investisseurs particuliers ont retiré leur argent des fonds
d’investissement étrangers à risque pour le réinvestir dans des fonds nationaux moins risqués. Les
banques ont également réduit leur exposition à l’extérieur, tandis que le besoin grandissant de
liquidités en temps de crise a obligé les individus et les entreprises à aller chercher les capitaux.
D’ailleurs, les paradis fiscaux ne sont pas exclusivement concernés par la chute des investissements
à l’étranger puisque depuis 2009 le total investi a baissé de 20 %. Selon l’hebdomadaire qui s’appuie
sur des données de la banque nationale et du FMI, les Îles Caïmans absorbent 90 % des capitaux
portugais placés dans des paradis fiscaux. Cet archipel fait partie logiquement de la liste noire du
ministère portugais des finances.
Les actions menées par le fisc portugais pour inciter le rapatriement des capitaux placés illégalement
à l’étranger comptent également mais dans une moindre mesure. En effet, si à l’issue du troisième
TERC en juin (TERC : régime exceptionnel de régularisation tributaire avec un taux de taxation de
7,5 % des fonds rapatriés - le premier taxait à 2,5% et le second à 5 %), l’Etat portugais a vu le
volume croître de 30% par rapport au second TERC, le total ne dépasse pas les 1,6 milliards d’euros,
les caisses du ministère des finances récoltant environ 80 millions.
L’article souligne en exergue qu’en matière de dépôt bancaire, contrairement à la Grèce et à
l’Irlande, les deux premiers pays ayant bénéficié d’une aide financière internationale et qui ont subi
une fuite importante de capitaux, le Portugal vit un phénomène inverse. Les dépôts ont augmenté,
d’une part pour cause de taux de rémunération attractifs, développés par des banques à la recherche
de liquidités, et d’autre part pour cause de recherche d’investissements plus sûrs. Toutefois, le solde
positif entre les mouvements des résidents et ceux des étrangers explique en partie seulement le
rapatriement de capitaux extérieurs placés essentiellement dans les offshores.
III – « Le monde invisible des abus contre les travailleurs domestiques. » (Publico du 30 mai). Le
journal publie un article de deux pages sur un sujet peu traité mais pourtant symptomatique
de la vie difficile vécue par de nombreux « travailleurs pauvres » au Portugal, pour la plupart
immigrés.
La sécurité sociale portugaise dénombre 21 000 employées de maison (servantes, femmes de
ménage, garde de personnes âgées, etc) dont la moitié est de nationalité brésilienne. Le nombre
d’employées travaillant sans contrat est inconnu. 80 % des plaintes que le haut commissariat pour
l’immigration et le dialogue interculturel reçoit de la part de femmes employées de maison
concernent des problèmes de harcèlement moral, et 15 % des cas d’abus sexuels.
Les nombreux témoignages des personnes subissant des mauvais traitements démontrent une
mentalité de « colonialiste » encore bien ancrée. Des salaires non déclarés de misère, des horaires de
travail insupportables, des conditions imposées ne reflétant plus « la réalité du monde
d’aujourd’hui » et héritées de « l’époque des esclaves », des comportements sexuels « excusés » par
la sénilité, démontrent pour le haut commissariat un univers où les employeurs expriment un
sentiment d’impunité et de pouvoir abusif à l’égard des personnes vivant à domicile.
Leur isolement est parfois total, souvent imposé à dessein, et renforcé par la loi qui permet par
exemple au maître de maison de remercier son employé en 24 heures, ce dernier se retrouvant à la
rue sans préavis. Les dispositions légales encouragent le maintien de pratiques anciennes totalement
inacceptables aujourd’hui, dénoncent les associations venant en aide aux employées victimes d’abus,
qui osent en parler.
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